jeudi 16 mai 2024
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J-7 : FID MED PROVENCE – 7 octobre 2020

Depuis 2015, le Financial Innovation Day Méditerranée, Provence (FidMed) s’est imposé comme LA journée du financement de l’innovation et des entreprises innovantes à Marseille.


En 2020 la 6ème édition, le 7 octobre, contribuera encore une fois à présenter les nouvelles tendances de financement, l’émergence des nouveaux acteurs du Private Equity.

Vous y retrouverez les experts qui interviendront en format en configuration de plateau TV, vous y
rencontrerez un visitorat qualifié d’entrepreneurs, de fonds et d’investisseurs, de startupers,…


En seconde partie, les startups qualifiées par un comité de validation présenteront leur business à un jury de VC privés et publics , de Business Angels,..

Programme, renseignements et inscriptions :

www.fid-med.fr/provence

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L’édition 2020 du FIDMED Provence respectera les mesures sanitaires en vigueur au mois d’octobre.

Résultats sénatoriales 2020 Bouches-du-Rhône

Les 3583 grands électeurs des Bouches-du-Rhône se sont exprimés et ont élu les 8 représentants du département au Sénat pour les 6 prochaines années.

La liste de Droite soutenue par LR et l’UDI remporte 3 sièges attribués à:

  • Patrick BORE, maire de la Ciotat et conseiller départemental du canton de la Ciotat,
  • Valérie BOYER, conseillère municipale de Marseille et députée,
  • Stéphane LE RUDULIER, maire de Rognac.

La liste d’Union de la Gauche soutenue par le PS, le PCF, Europe écologie les Verts et Génération solidaire remporte également 3 sièges attribués à :

  • Jérémy BACCHI, secrétaire départemental du PCF,
  • Marie-Arlette CARLOTTI, ancienne ministre, ancienne députée PS,
  • Guy BENARROCHE, conseiller municipal de la Bouilladisse et secrétaire régional d’EELV

Les sénateurs sortants, Stéphane RAVIER (RN) et Jean-Noël GUERINI (Force du 13) conservent leur siège de sénateur pour la prochaine mandature.

A noter, l’échec de la liste En marche-MODEM menée par le maire de la Roque d’Anthéron, Jean-Pierre SERRUS et celui de la liste Unité Républicaine provençale 13 menée par le leader du mouvement régionaliste Prouvènço Nacioun, Ludovic DUPOUX qui n’obtiennent aucun siège.

OM : les sanctions suite au Classico

KURZAWA : 6 matchs fermes

AMAVI : 3 matchs fermes

NEYMAR : 2 matchs fermes

PAREDES : 2 matchs fermes

BENEDETTO : 1 match ferme

DI MARIA : Convocation devant la commission de discipline. Risque une suspension de 6 matchs pour crachat.

ALVARO GONZALES : Dossier en instruction par la commission de discipline

Communiqué de presse

Marseille, le 18 août 2020

Le « Méridional » apporte son soutien à « La Marseillaise »

Le « Méridional » est un journal numérique d’opinion qui défend la presse d’opinion – toute la presse d’opinion – y compris celle qui n’émet pas les mêmes idées que lui.

Nous soutenons donc sans réserve le combat actuel des journalistes et employés de la «Marseillaise » qui luttent pour leur survie et nous les assurons de notre solidarité confraternelle, de la même façon qu’ils avaient soutenu Le Méridional en 1971 lorsqu’il a connu des turbulences financières qui ont conduit à son rachat.

Le « Méridional » fait sienne aujourd’hui la fameuse citation attribuée à Voltaire : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».

La liberté de la presse et le pluralisme d’opinions sont le fondement même de la démocratie et ils sont la marque de fabrique du « Méridional ». Voilà pourquoi nous souhaitons apporter notre soutien à la « Marseillaise » qui traverse de nouveau une grave crise et dont la société éditrice  a été placée en liquidation judiciaire le 13 juillet dernier.

Les effectifs de notre confrère ont déjà connu des coupes claires dans le passé et les offres de reprise qui garantissent le maintien d’un maximum d’emplois doivent être privilégiées. Fondé en 1943 par le parti communiste français, la « Marseillaise » ne sera pas reprise par la « Provence » qui a finalement renoncé à son offre d’achat face au tollé des salariés et des syndicats qui craignaient la création d’un monopole de la presse régionale.

Nous profitons de l’occurrence pour saluer aussi les efforts louables de l’équipe dirigeante de la « Provence » qui fait tout son possible pour maintenir à flot le quotidien alors même que le groupe Bernard Tapie, actionnaire majoritaire de la « Provence », a été lui-même placé en redressement judiciaire.

La vérité, c’est que le confinement et la concurrence des informations numériques ont gravement lésé l’économie de nombreux journaux et nous espérons de tout cœur que chacun d’entre eux parviendra à trouver le modèle économique salutaire du futur.

Francis PAPAZIAN,

Coralie et Jean-Baptiste JAUSSAUD

LeMeridional.com

« Beyrouth d’hier à aujourd’hui »

J’ai eu la chance de travailler quelques années au Liban, entre la fin de la guerre civile et l’autre guerre de 2006.

Propulsé soudainement de France à Beyrouth, j’avoue que cela a été un choc culturel et une richesse pour qui est curieux et avide de comprendre où l’on va vivre.

Il faut vite s’adapter au Liban, car tout va vite, très vite, parfois trop vite, et en même temps existe une forme de quiétude, c’est un paradoxe libanais, un partage de vie entre l’Orient et l’Occident.

Le quotidien est stressant : réveillé tôt, les gens sont déjà pressés de se rendre au travail en voiture pour la grande majorité. Les axes routiers, reconstruits à la hâte doivent absorber le flot énorme de voitures, au début c’est anxiogène de se retrouver dans cette circulation sur cinq voies alors que trois seulement sont prévues, et puis les règles du code de la route sont ici inexistantes et pourtant tout passe… D’ailleurs les termes de règles et de code ne font pas partie de la mentalité libanaise, c’est la base de compréhension de la vie ici. C’est un style de vie égocentrique et à la fois communautariste qui m’a assez vite fait qualifier cette façon de voir de « délicieux bordel »…

Les administrations, écoles et de moindre façon les entreprises au Liban sont aussi restées imprégnées par les horaires de guerre : très tôt le matin et clôture vers le début d’après-midi, chaque jour de la semaine hors week-end. La physionomie du pays change en fin de semaine : le silence remplace le brouhaha, les klaxons, les rues sont presque désertes, c’est un calme nécessaire et réparateur.

Comprendre les gens, c’est d’abord comprendre le confessionnalisme compliqué qui règne dans le pays et place chacun sur un échiquier où aucune place n’est vide, chacun est « encarté » par tradition familiale.

Et malgré cela, le consensus existe, une tolérance s’observe au quotidien, jusqu’au moment où un litige surgit et là, le confessionnel s’imbrique avec le politique et les prises de position s’exacerbent vite, à l’orientale !

Les libanais sont très attachants, surprenants, excessifs et très conservateurs au niveau de la famille. Ils sont très à l’écoute de l’Occident, mais aussi des pays du Golfe en pointe de modernité.

Ils veulent que leurs enfants bénéficient du meilleur et sont très protecteurs. La réussite scolaire et universitaire est au prix de sacrifices financiers énormes, mais c’est le prix pour viser un métier futur très qualifié, pour la plupart à l’étranger. C’est aussi le paradoxe entre la préservation de la cellule familiale et l’expatriation qui sera naturelle.

Il est ainsi naturel que dans cette vie où les carcans politiques et religieux sont forts, où le devenir professionnel est limité, la récente révolution dite du « Cèdre » ait rassemblée assez spontanément cette jeunesse avide de modernité et d’avenir. Ces carcans ont été refusés et ont provoqué cette volonté de « dégagisme » politique.

Partie d’un sentiment de liberté civique, le poids du conservatisme politique a tout fait pour bloquer cet élan devenu laïc. Grâce aux réseaux sociaux qui renseignent et accélèrent les processus, les politiciens en place ont été dévoilés dans leurs privilèges et leurs intentions, la corruption chiffrée a éclaté et a forcé à l’écoute de la rue.

Le plafond de verre a éclaté ! La crise financière a provoqué la crise sociale qui a plongé le Liban dans une misère subite. Comment passer d’une réputation des années soixante de « Suisse du Moyen-Orient » à celle de faillite, de pauvreté, de chômage ? Qui résisterait ?

L’analyse politique serait trop longue à développer, pourtant les conservatismes et privilèges malsains sont clairs et le refus de clarté par rapport aux demandes étrangères qui souhaitent aider sont édifiants, nous saurons bientôt…

Puis, ce drame planétaire sanitaire a frappé aussi ce beau pays, révélant aussi les défaillances du système hospitalier, pourtant performant mais qui n’est plus subventionné depuis longtemps, lui aussi.

Enfin, l’horrible a jailli pour plonger encore plus le Liban dans une désolation inqualifiable. La question de l’origine montre aussi l’incurie des responsables depuis quatorze années.

Quand on prononce « Beirut », on perçoit le goût sucré des douceurs libanaises, le parfum des narguilés, le bruit des pions du « tric trac », la joie et les rires, le bonheur des libanais, aujourd’hui, les images, le bruit, le souffle donne un autre goût à  « Beirut » : celui acide du désespoir, de la rage, de la détermination à connaître les responsables d’hier et d’aujourd’hui.

Ensuite viendra, encore et encore, le temps d’une énième reconstruction de ce pays si attachant.              

Gérard BAILLEUL

Ancien expert auprès de l’Ambassade de France au Liban

« Et maintenant, on va où ? » , le Témoignage d’une Libanaise de Beyrouth Souad KHALIFÉ

« Et maintenant, on va où ? »

Ainsi titrait Nadine Labaki un de ses films il y a quelques années. Elle racontait la solidarité entre les communautés dans un village libanais face à l’adversité.

Aujourd’hui, le « Libanais » est meurtri. Toutes les communautés ont subi des pertes dans leur chair et dans leurs biens. A l’heure où nous vivons cette catastrophe sans précédent, la solidarité dans ce village s’opère au niveau de la Nation. Des médecins soignent des blessés dans leur cabinet, des hôtels et des couvents ouvrent leurs portes aux personnes sans-abris, des propriétaires proposent sur tout le territoire des logements libres pour héberger les familles sinistrées. Le peuple tout entier se lance dans des initiatives de soutien et d’aide sans attendre les mesures gouvernementales.

Beyrouth, qui a été blessée et détruite plusieurs fois par le passé, a su se relever et renaître comme le phénix de ses cendres, grâce à son peuple courageux et volontaire.

Nous avions comme tous les peuples des problèmes politiques, économiques ou religieux, mais aujourd’hui, nous sommes, nous Libanais, unis dans la douleur.

Depuis des décennies, nous avons subi une guerre dite « civile » – pour moi c’est la guerre des autres sur notre terre -, une guerre économique qui dure depuis une trentaine d’années et enfin une crise sanitaire avec toutes les conséquences que l’on sait. Aucune puissance n’a réussi à mettre à genou le Libanais, Beyrouth et le Liban.

Beyrouth est à genou. Ce qui s’est passé hier dépasse l’imaginaire. Qui aurait pensé que Beyrouth allait vivre l’apocalypse en 2020. Le cœur du Liban a explosé avec Beyrouth.

Demain, Beyrouth ne restera pas à genou. Elle rebondira, renaîtra de ses cendres et rayonnera à nouveau dans le monde entier. Elle regagnera son titre de la Suisse du Moyen-Orient, grâce à l’union de ses communautés et à la volonté de son peuple.

Nous gardons l’espoir d’un lendemain meilleur et lançons au monde entier, malgré notre désespoir, une Colombe de paix et une note d’espoir.

Cette note d’espoir se traduit par le baptême ce matin, d’un petit Giovanni.

Ainsi va la vie.

Souad Khalifé

Libanaise d’origine et Marseillaise depuis 1981, Souad Khalifé est diplômée de l’Université Libanaise et d’Aix-Marseille Université en Phytoécologie. Au cours de sa carrière, notamment au Club de la Presse, cette Méditerranéenne a côtoyé de nombreux journalistes et personnalités étrangers et français tels que Taslima Nasreen, Rachid Mimouni, Paul-Loup Sulitzer, Henri Amouroux (Albert Londres), Josette Alia, Carmen Castillo…

Pendant la guerre civile du Liban , elle a enseigné l’arabe aux enfants arrivés à Marseille avec leurs parents. C’était sa façon de participer à leur intégration dans leur nouvelle vie sans pour autant les éloigner de leur pays d’origine.

Après avoir entrepris dans la communication et les relations presse, Souad s’est tourné vers le monde judiciaire où elle exerce dans ses deux langues d’origine.

Aujourd’hui, son cœur ne balance pas. Elle est Libanaise et Marseillaise, elle est Méditerranéenne.

Un petite vidéo accompagnée d’une chanson de Fayrouz : de tout mon cœur, un salut à Beyrouth.

https://www.facebook.com/740885286/videos/10163879940245287/

Vidéo Facebook Abdallah Khalife

Photo de couverture : Beyrouth par La Tribune de Genève – tdg.ch

MARSEILLE ET L’EXPERIENCE DU MALHEUR Notre série d’évocations par Gabriel CHAKRA 5.- Bombardée en 1940 par les Italiens, occupée par les Allemands en 1942, sous les bombes américaines en 1944, Marseille se libère après vingt-deux mois de terribles épreuves

La guerre et son cortège de malheurs. Elle impose aux hommes sa loi d’airain, bouleverse leur mode de vie, tandis qu’elle génère des événements qui s’enchainent avec autant de rapidité que de brutalité. Si Marseille n’a pas trop souffert de la Grande Guerre qui l’a épargnée physiquement, il n’en fut pas de même lors de la seconde. De 1942 à 1944, et même jusqu’en 1947, elle a vécu les années parmi les plus sombres de son histoire. Il y eut d’abord la « drôle de guerre », puis la défaite, l’occupation marquée par des bombardements, l’épuration et les plaies immenses à panser pour remettre sur pied la ville meurtrie et son port dévasté.

« En 1939, explique l’historien Pierre Guiral, Marseille subit la guerre sans enthousiasme et sans défaitisme. En raison de la présence de nombreux Italiens et des revendications italiennes sur la Corse, Nice et la Tunisie que les Marseillais, instruits par les impudences d’un actif consul d’Italie, connaissent depuis 1926, on redoute une guerre contre l’Italie qui s’ajouterait à celle contre l’Allemagne : elle éclata, mais quand la guerre contre l’Allemagne était perdue. Pas sans mal pour Marseille. Le 21 juin 1940, un raid de l’aviation italienne fait 143 morts et 136 blessés dont beaucoup périssent des suites de leurs blessures. Parmi ces victimes, de nombreux Italiens, mais les bombes ne choisissent pas. A la différence de la précédente guerre, Marseille, dès le début, est touchée dans sa chair. »

Pour autant, cette ville-refuge accueillit des réfugiés. Une bonne partie de la France s’y était repliée. Tchèques, Polonais, Hollandais, et parmi eux de nombreux Juifs fuyant les persécutions nazies : le peintre Kisling, l’écrivain Benjamin Crémieux, la philosophe Simone Weil, qui y rencontraient d’autres venus de Paris, la plupart anciens députés italiens. Mais aussi des écrivains, Roland Dorgelès, Maurice Druon, Michel Mohrt mêlés à des artistes de renom, Max Ernst et Fernand Léger. Les uns et les autres ne tardèrent pas à se familiariser avec Jean Ballard, infatigable animateur des « Cahiers du Sud », ou à fréquenter les salons de la comtesse Lily Pastré, à Montredon.

Cependant l’hiver était mordant et il fallut endurer les pénuries. Marseille manquait de charbon, de bois, de fruits et de légumes, le ravitaillement étant particulièrement lacunaire. La boulange ne fabriquait pratiquement que le pain filant dont la croûte seule était mangeable… Géographiquement excentrée, Marseille dépendait de l’arrière-pays et des colonies, mais tout se raréfia dans le commerce qui s’était inéluctablement rétracté. Conséquences : marché noir, hausse des prix, tickets et longues files devant les boutiques.

« la verrue de l’Europe »

Sauf que le pire était à venir… Suite au débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942 (Opération Torch), les Allemands franchirent la ligne de démarcation le 11 novembre et entrèrent dans Marseille le lendemain. Pour s’y installer en force. Le début d’un cauchemar de vingt-deux mois. Pour l’Occupant, cette ville de mauvaise réputation était un repaire de bandits, un « cancer » ou encore « la verrue de l’Europe », image véhiculée par des écrivains. « Sur la colline des Accoules, écrit Louis Gillet, entre l’Hôtel de Ville et la Major, gîte une Suburre obscène, un des cloaques les plus impurs où s’amasse l’écume de la Méditerranée, triste gloire de Marseille… »

 Ce périmètre à la trame serrée de la vieille ville, les Allemands craignaient de le voir se transformer en un lieu de résistance en cas d’émeutes ou de soulèvement. Fidèle à leur méthode expéditive, ils décidèrent en haut lieu – suivant le témoignage du général Karl Oberg, représentant de Himmler en France et sans doute avec l’accord préalable d’Hitler lui-même – de détruire tout le quartier Saint-Jean. On notera que si les nazis étaient à la manœuvre, l’ordre de mission avait été signé le 14 janvier par René Bousquet, secrétaire d’Etat chargé de la police du gouvernement Pétain installé à Vichy. Réquisitionnée, la « Reine des villes d’eaux » possédait une infrastructure hôtelière dont aucune autre ne pouvait s’enorgueillir, ainsi qu’un central téléphonique qui la reliait au monde entier.

 Dans la nuit du 22 au 23 janvier 1943, 1 110 inspecteurs et 8 000 policiers, gendarmes mobiles et miliciens, effectuèrent des contrôles d’identité et arrestations massives, en majorité juives. Dans la nuit, les rafles s’intensifièrent : 1865 personnes arrêtées et conduites illico à la prison des Baumettes. Les opérations se poursuivirent le samedi.

Dans la nuit de samedi à dimanche, 635 personnes furent encore arrêtées et acheminées aux Baumettes. Le matin du dimanche 24 janvier, 1300 détenus des Baumettes se virent transférés à la gare d’Arenc où, avec 300 autres préalablement raflés, ils furent conduits à l’Evêché (Hôtel de Police). Ensemble ils allaient former un convoi ferroviaire. Au total, 1 642 hommes et femmes dont 782 Juifs, furent envoyés via Drancy vers Sobibor (convois 50-51) et Auschwitz (convoi 52 et 53) dont personne ne revint. Dans la masse des arrestations, figuraient 600 « suspects » – étrangers en situation irrégulière, Tziganes, « vagabonds » ou homosexuels.

14 hectares détruits

Ce n’est pas tout. Le 24 janvier au matin, le quartier au-dessus du Vieux-Port fut encerclé par des milliers de policiers français et allemands. Maisons pillées et dynamitées. Films et photographies illustrent cette tragédie. En quelques heures, tout un large pan du passé de Marseille s’écroulait. Dans des nuages de fumée et de poussière, 14 hectares de ce qui fut le cœur de Marseille n’étaient plus qu’un champ de désolation au milieu duquel se tenait l’église de Saint-Laurent.

« Même Sabiani, déjà engagé dans une politique pro-allemande, jugea dans son journal intime cette opération ignoble, écrit Pierre Guiral. Il affirma qu’il intervint auprès du Maréchal et de Laval pour l’empêcher. Mais ses efforts ne changèrent rien à la terreur nazie. Bientôt ce furent le S.T.O. (Service du travail obligatoire), les déportations de travailleurs vers l’Allemagne, la chasse aux réfractaires avec l’aide des hommes de Doriot et de Sabiani. »

Sous le joug allemand, Marseille était solidement quadrillée. Tenue par 12 000 hommes de la 244e division de la Wehrmacht et 4 000 fusiliers ou artilleurs de la Kriegsmarine, sous les ordres du général Hans Schaefer.  Les uns campaient au Racati, près de la gare Saint-Charles, dans les forts Saint-Nicolas et Saint-Jean, à Gratte-Semelle et autour de Notre-Dame de la Garde, le long du littoral jalonné de batteries, et à la base sous-marine Martha. Mais aussi à Saint-Jérôme, à Beaumont, au Merlan, à Château-Gombert et au Frioul avec de grosses pièces d’artillerie. Une deuxième ligne de défense englobait Carpiagne, Aubagne, Saint-Menet, Septêmes, les routes d’Aix et de Salon.

Mais vingt-deux mois d’occupation, c’en était trop pour 650 000 habitants. Excédés par les privations, les contraintes policières, les rafles et la destruction des quartiers du Vieux-Port, et cette épreuve improbable, des plus inattendues, le bombardement américain du 27 mai 1944, qui a inutilement meurtri leur cité, alors oui, à bout de patience, parce qu’ils en avaient assez de vivre ainsi, les Marseillais se rebellèrent. Leur révolte s’exprima en manifestations, grèves, sabotages, attentats, nonobstant les menaces de la Kommandantur. Installée 425 rue Paradis, la Gestapo sévit mais des militants la défièrent. La peur se dissipa, l’action s’engagea.

Un mouvement irrésistible rendit sa fierté à une population qui ne courbait plus l’échine. Des réseaux se constituèrent en se ramifiant. Un Comité départemental de libération (CDL) animé par avec Max Juvénal et Francis Leenhardt s’activa parallèlement aux Mouvements Unis de la Résistance, les MUR. A côté d’eux, il y avait les Francs-Tireurs et Partisans Français(FTPF)  auxquels s’ajoutait l’ORA, l’Organisation de Résistance de l’Armée. Ajoutons que depuis février 1944, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) quadrillaient les Bouches-du-Rhône en six secteurs. D’autre part, une Résistance intérieure réussissait avec éclat des évasions de patriotes et des attentats contre les Allemands dans les hôtels, les bars, les bordels, les cinémas…

Manifestation et grève

Le 18 août 1944, comme le rappelle l’historien Pierre Guiral, les organisations politiques et sociales de la résistance passèrent de la guérilla à la lutte ouverte. La grève générale insurrectionnelle était proclamée. La pénurie alimentaire mettait les nerfs à vif. N’avait-on pas déjà réclamé du pain juste avant le bombardement américain du 27 mai en manifestant ouvertement ? Comment une cité portuaire pouvait-elle espérer une embellie quand les bateaux étaient à quai, les dockers au chômage, les usines quasiment à l’arrêt, d’autres congédiant leur personnel, faute de matières premières ? Le préfet s’en inquiétait : « Aucun stock de céréales ou de farine n’a pu être constitué… Aucune distribution de viande n’a pu être faite au mois de février. Enfin, pour ne citer que les aliments principaux, l’approvisionnement en lait, terriblement déficitaire, provoque les angoisses les plus vives au sujet de la nourriture des enfants ». Cette situation ne pouvait perdurer.

Alors, munis de leurs brassards FFI ou FTP, des résistants s’attaquèrent aux agents de police ou aux Allemands pour tenter de les désarmer. Chez ces derniers, le doute commença à s’installer. Sans aviation, plus statiques que mobiles, ils furent acculés à la seule défense.

 Le contexte ne leur était plus favorable. Ils savaient qu’un débarquement en Méditerranée était inévitable, que si elle avait été décalée avec l’opération Overlord du 6 juin en Normandie, c’était pour des raisons de logistique. Car il fallait du temps pour acheminer chars et camions à bord des landing ships tankers, navires à fond plat de 3 000 tonnes. Et puis se posait la question technique du lieu de débarquement. A Sète, Hyères ou Marseille ?

 « J’ai absolument besoin de Marseille, trancha le général Eisenhower. C’est le meilleur port en France et sa capacité dépasse de beaucoup nos besoins. » Ike avait gagné contre les Anglais qui, depuis l’Italie investie en septembre 1943, préconisaient une percée dans les Balkans ou en Autriche.  Et de Gaulle était ravi. Le débarquement aura lieu en France. D’abord baptisée Anvil (enclume en anglais) puis Dragoon, l’opération en Méditerranée se déploiera sur le sol français. Cette terre que d’aucuns embrasserons en la foulant. Dès lors, tout s’accéléra.

Une guérilla généralisée

Les forces alliées (450 000 hommes partis d’Afrique du Nord, de Corse et d’Italie du Sud) débarquèrent le 15 août dans le Var, entre Agay, Saint-Raphaël et Cavalaire. Mais, éprise de liberté, Marseille se souleva. Le 19 août, le Comité de libération de Francis Leenhardt, épaulé par les M.U.R. et l’ORA, mobilisèrent quelques centaines d’hommes qui, appuyés par les milices patriotiques, s’attaquèrent aux Allemands dans les rues d’une ville insurgée. 

Surpris par tant d’audace, les Allemands évacuèrent le centre-ville en se repliant sur leurs points d’appuis fortifiés. Ils furent pourchassés par les F.F.I. de Sainte-Marguerite à Saint-Loup, de Saint-Tronc à Saint-Antoine en passant par le Merlan et Château-Gombert. « A chaque assaut victorieux des armes et munitions récupérées. 20 000 citoyens étaient bientôt dans l’action, active ou passive, pour réduire ou désorganiser l’Occupant », lit-on dans un compte-rendu.           

Ce même 19 août, le général de Lattre de Tassigny reçut l’ordre du général Patch, commandant la 7e Armée américaine de prendre Toulon et Marseille. Tandis que le général Larminat filait vers le port de guerre varois, le général Goislard de Monsabert était chargé de prendre Marseille avec 12 000 hommes, essentiellement la 3e Division d’Infanterie Algérienne, les groupements de tabors marocains et du CC1 (Combat Command 1 de la 1ère DB). Allez, zou ! Version provençale de la blitzkrieg.

Le 20 août Allauch était libéré. Le même jour, le CDL organisait une manifestation devant la préfecture qui, selon le tract, « doit coïncider avec la guérilla généralisée contre l’ennemi. » Le 21 au matin, le préfet Maljean fut arrêté. Dans toutes les rues des voitures diffusèrent l’appel du CDL, invitant à la lutte.

Face à des Allemands armés qui patrouillaient en lâchant parfois des rafales, des cortèges se formaient et les milices patriotiques entraient en action. Les balles sifflaient, les coups de feu claquaient, les grenades explosaient, les sons fusaient, se dilataient tous azimuts, mais en fin d’après-midi le drapeau tricolore flottait sur la préfecture.

A ce moment-là, et Pierre Guiral le souligne à juste titre, « la boucle est bouclée. Marseille a balayé Vichy ; elle a répondu aux espérances d’Alger qui prévoyait des comités de libération dirigeant les affaires pendant la période insurrectionnelle, de quelques heures à quelques jours ». De son côté, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide lance un appel « pour reconquérir nos droits de citoyens libres dans la France de demain. »

Fulgurante offensive

Pendant ce temps, l’offensive militaire se déployait. Toutefois, le général de Lattre voulait d’abord prendre Toulon avant de viser Marseille. Mais le général de Monsabert n’avait en tête qu’une idée : foncer, surprendre l’ennemi, et s’appuyer sur les résistants locaux.

Le 21 août, alors qu’Aubagne n’était pas encore tombé, le fougueux officier dit au colonel Chappuis :

 « Après-demain, je boirai le pastis à Marseille ! ».

Mais il fallait agir vite car le 22 août, les Allemands aux abois faisaient sauter à Marseille les infrastructures portuaires, un pylône du pont transbordeur, et obstruaient la passe du Vieux-Port. Alors de Monsabert lança le 7e Régiment de Tirailleurs algériens et les tabors marocains, appuyés par des blindés dont la rapide progression facilita sur le terrain la marche des fusilleurs-voltigeurs.

 A l’aube du 23 août, ces intrépides étaient sur la Canebière ; l’hôtel des Postes occupé par les Allemands fut pris par la 2e Compagnie du lieutenant Reiber, qui fit prisonniers 108 ennemis, tandis que de Monsabert installait son PC rue Armény. Ses instructions : pas de raid aérien destructeur ni de recours à l’artillerie, mais des interventions ciblées.

En attendant, la liaison était établie entre belligérants. Des pourparlers s’engageaient au Cap Janet avec le commandement allemand mais n’aboutissaient pas. C’est un prêtre, le capitaine Crosia qui servit d’interprète, et une seconde rencontre, cette fois au Vieux-Port, fut tout aussi vaine. Alors les combats continuèrent. Succès français au Merlan, à la Pomme, à Saint-Marcel. Et l’on se battait à la Pointe-Rouge, à Menpenti, à Castellane, partout.

A l’assaut de la colline sacrée

 Le 24 août, alors que Raymond Aubrac, commissaire régional de la République s’installait à la Préfecture, de Monsabert préparait l’assaut de Notre-Dame de la Garde. La possession de la colline assurerait sans doute la victoire. L’ordre fut donné au général Sudre de s’emparer de ce « rocher truffé de casemates. »

A l’aube du 25, la 1ère Compagnie du lieutenant Pichavan, s’engouffra dans les escaliers de la rue Abbé-Dassy, par la rue Vauvenargues ; les combats furent acharnés, les blessés nombreux, le char Jeanne d’Arc flamba et le Jourdan sauta sur des mines.  Prêtant main forte à Pichavan, la section Herbelin emmenée par Pierre Chaix-Bryan emprunta un discret escalier qui, de la rue Cherchell – l’actuelle rue Jules-Moulet -, monta jusqu’au plateau. Des hommes s’y infiltrèrent avec des ruses de Sioux. Parmi eux, l’aspirant Roger Audibert dont le témoignage, reproduit dans le livre de Pierre Guiral, restitue, phase par phase, l’âpreté de la progression vers la basilique, sous le feu ennemi.

Et puis… et puis les derniers quatre cents mètres, sous les rafales, avant de franchir le portail et le mur de clôture. Mgr Borel, évêque de Notre-Dame était là, avec des religieuses-infirmières. Et tandis que l’aspirant Ripoll allait « visiter » le clocher, la jonction s’opéra avec la section Herbelin. Faits prisonniers, les Allemands s’avouaient enfin vaincus. Aidé par le sergent-chef Duval, Ripoll hissa le drapeau tricolore. De la ville monta une immense clameur.

Deux jours plus tard, le 27 août, les tabors marocains s‘emparèrent du fort Saint-Nicolas, soutenus par des chars. Le lendemain, les forcenés du Racati rendirent les armes.  Des deux côtés, le bilan humain des combats était très lourd. Le 28 août, la reddition allemande fut signée à 7 heures sur le capot d’une jeep. Ce jour-là, pour paraphraser Victor Hugo, « le jour sortit de la nuit comme d’une victoire. »        

Gabriel Chakra                                                       

Politique et Kamasutra Actes et postures : les Verts prennent la position du missionnaire par Jean-Paul Brighelli

Titreur, c’est un métier. Trouver la formule qui accrochera le lecteur, qui l’incitera à aller plus avant dans sa lecture, qui donnera une petite part de l’information, mais juste assez pour l’intriguer, est un job à plein temps. Le Canard enchaîné ou l’Equipe en ont fait leur marque de fabrique.
Alors, un grand bravo au metteur en page de la Provence, qui le 27 juillet collait sur une grosse photo de Michèle Rubirola souriante la citation suivante : « Les actes avant les postures ». Et de préciser sur deux colonnes à droite que le maire de Marseille constitue avec Benoît Payan « un binôme parfait ».

J’ai sans doute l’esprit mal tourné, mais l’allusion érotique sous-jacente du titre ne m’a pas échappé — à vous non plus, j’imagine.

« Actes » est déjà suffisamment clair, « postures » — allons, le titreur a quand même évité « positions » — est presque en trop.
Certes, la « posture », en français, est une attitude non suivie d’effet. On se donne une posture guerrière, mais on se replie quand l’ennemi arrive. Mais mis en balance avec « actes », le mot prend une connotation étrange. Jean-Claude Gaudin en restait-il aux « postures » sans passer à l’acte — c’est le sous-entendu évident ? Benoît Payan, le « binôme » de Mme Rubirola, sait-il passer aux actes ?

Quittons cependant le registre de la gaudriole involontaire. Benoît Payan justement passe aux actes, et propose d’interdire les cirques animaliers. Dans une ville qui va à vau-l’eau, c’est sans doute la mesure la plus urgente. Le dernier tronçon de la rocade sud ne sera pas achevé — une quasi-autoroute se conclut donc sur un rétrécissement majestueux. C’est d’une logique imparable, pour désengorger des boulevards de contournement déjà embouteillés. Ces actes ne seraient-ils, en fin de compte, que des postures ?

Mais la majorité PS-EELV (puisque c’est de cela qu’il s’agit, peu importe les étiquettes pour gogos analphabètes du genre « Printemps marseillais ») n’en restera pas là. Restaurer et réaménager les écoles primaires est un travail de longue haleine, mais transformer les cours d’école en jardins potagers, afin que les garçons ne les monopolisent pas pour jouer au foot (ce sont les écolos grenoblois qui ont accouché de cette idée formidable et citoyenne), voilà qui est plus facile à mettre en œuvre.

 La même interview du quotidien de référence (et monopolistique) marseillais demande à Mme Rubirola si le fait que 4 piscines seulement soient en état de marche à Marseille lui paraît satisfaisant. En attendant qu’on en construise ou réhabilite quelques autres, peut-être la majorité s’inspirera-t-elle de la décision des Verts lyonnais, qui sous la pression d’un groupe pas du tout communautariste ni islamisé, l’Alliance citoyenne, qui avait envahi « pacifiquement » (rappelez-vous Orwell, « la paix, c’est la guerre ») la salle de sport Interval dans le IIIe arrondissement, laissera désormais les femmes faire du sport en hijab — un grand progrès pour la liberté.

Cette même association avait squatté les piscines grenobloises en burkini, pour forcer la main aux élus — qui vont incessamment sous peu faire preuve de la même indulgence que leurs homologues lyonnais. La paix est en marche et Allah est grand.

Il paraît que les Verts se sentent pousser des ailes en prévision des présidentielles de 2022. En tout cas, à force d’« actes » courageux, ils sont sûrs de récolter les voix de tous les « citoyens » « alliés » pour le pire et pour le pire. Parce que, promis, ceux-là n’en resteront pas aux « postures ».
Quant à la question de savoir qui va se faire empapaouter je laisse le lecteur libre d’y répondre.

Jean-Paul Brighelli Professeur émérite, écrivain, journaliste

En couverture, la Une de La Provence du 27 juillet 2020 par Jean-Paul Brighelli

Ecolos farceurs sur la Canebière Marseille, la double tromperie de l’écologie politique Par Pierre DUSSOL, professeur agrégé d’économie

Le « Printemps Marseillais » s’est installé à Marseille et son programme est d’une richesse et d’un détail tout à fait réjouissants : tout est nécessaire et possible dans tous les domaines, sans que les contraintes financières puissent être des obstacles à l’évolution vers « l’incarnation nouvelle » d’un monde municipal idéal.

Pourquoi la supposée « vague écologiste » municipale n’aurait-elle pas atteint Marseille ?

Pour la nouvelle mairesse marseillaise, paraît-il écologiste dissidente,  l’incroyable programme qui lui a valu 13% pour cent des suffrages marseillais – mais cela a suffi –  doit pousser le citoyen à se demander quelle bouillabaisse marseillaise, ou quelle salade russe lui est servie.

Si nous éclairons le chemin, nous voyons une double tromperie .

D’abord  les alliances dites « écologistes » ne sont qu’une manœuvre électorale pour capter des voix de gauche socialistes et France insoumise ; l’écologie n’a pas grand chose à y voir.

Ensuite l’écologie punitive progressiste est elle-même largement une tromperie. Cela commence à se savoir.

Commençons par les alliances électorales opportunistes.

Farfelu, cool et rebelle, au premier abord, le programme du Printemps Marseillais est inspiré par l’extrême gauche totalitaire.

On y trouve il est vrai quelques mesures que l’on peut rattacher à des préoccupations écologiques : nettoiement, propreté en général, agriculture « de ville », quelques projets d’espaces verts, l’opportun rappel que Marseille est au bord de la mer, bref on y enfonce des portes ouvertes.

Tout cela est bien aimable, mais tous les candidats le proposent plus ou moins. La phraséologie est lourde, enflée et solennelle puisque nous sommes sommés d’adhérer à un « projet audacieux » et « d’incarnation nouvelle», mais qui proposerait un  projet routinier et une incarnation régressive ?

Après ces banalités, viennent des bizarreries, du moins dans un programme municipal, qui plus est fort loin de l’écologie. Ainsi est-il question de « l’altérité vécue comme une chance », ce qui veut peut-être dire qu’il faut unir des talents différents et c’est sans doute pour cela que nous sont proposés pèle mêle une mosquée, la défense des lesbiennes et gays,  juste à côté des handicapés (est-ce voulu ?), et enfin la culture hip-hop.

Que cache ce programme ?

La fameuse promotion de la diversité dont on nous rebat les oreilles …s’agit-il de la seule valable, la diversité des talents ? Ainsi à côté des polytechniciens y aurait-il aussi des Centraliens et des HEC, à côté des mécaniciens,  des agriculteurs  ? 

Vient ensuite la lutte contre les discriminations où nous attendrions la lutte contre les brimades bureaucratiques et fiscales qui portent atteinte à la liberté des citoyens.

La délinquance n’est pas oubliée, mais d’ailleurs rien n’est oublié, nous l’avons écrit plus haut, ce sont les méthodes et les moyens qui pèchent.

Derrière ce fatras, gluant d’empathie mal orientée, se trouvent en effet clairement les logiciels habituels de la gauche qui sont répétés inlassablement par le politiquement correct actuel.

Qui oserait se dire raciste, homophobe ou islamophobe dans la France actuelle, mais sont-ce des sujets de politique municipale ? Cela relève de l’Etat et la récupération de ces sujets dans des élections locales ne se comprend qu’à partir des combinaisons électorales destinées à optimiser la « part de marché » de certains démagogues.

On aura compris, l’écologisme confus, et désuet du Printemps Marseillais n’est que tromperie électorale : il ne se comprend qu’avec les ingrédients de la gauche habituelle, partis socialistes ou plus ou moins insoumis.

Les écolos ont besoin du PS, de La France Insoumise et autres mouvements de gauche plus ou moins radicale pour augmenter leur « part de marché politique ». L’inverse est également vrai a-t-on remarqué !

Peut-on alors dire comme l’annonce le programme qu’il s’agit de rompre avec « un système à bout de souffle rongé par le clientélisme » ? (page 3 du programme).

Passons à la seconde tromperie : l’écologie elle-même est-elle une cause aussi pure que l’ont voudrait le croire ?

S’il s’agit d’agir pour la propreté de la ville et d’éviter les gaspillages et que l’on veuille baptiser cela « écologie »,  admettons .

Si l’on veut en faire une doctrine irréfutable dont seront déduites des actions indispensables pour « sauver la planète », il y a doute.

Nos écologues marseillais – et de nombreux autres – ont-ils eu connaissance de la récente publication de Michel Shellenberger « Apocalypse, jamais » ? (« Apocalypse never », dans l’édition originale)

Ce militant bardé de magnifiques références dans le combat écologiste passe aux aveux. Il aurait menti de façon répétée en exagérant le danger du changement climatique et aurait été depuis des années « alarmiste par peur ». Peur de quoi et de qui ? Peur des représailles de la « bien-pensance » et peur de s’écarter du troupeau sans doute. Tout d’un coup, accablé par des doutes qui le rongent depuis  longtemps, il avoue que le vrai moteur de l’action de l’écologie officielle est « l’hostilité envers la civilisation moderne », et peut-être ajouterions-nous, envers la civilisation tout court.

Une longue série de repentirs

Ce repenti récent – mais qui n’est quand même pas le premier – présente ses excuses pour avoir menti, rien de moins. D’autres suivront car c’est nécessaire.

Ce cas est le plus récent d’une longue série de « repentirs » ou de réfutations que l’on commence à mieux entendre.

On se souviendra des travaux de l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie sur l’histoire du climat. Il écrivait bien avant la mode du « réchauffement climatique » et ne peut donc être suspecté d’intentions « réactionnaires ».

Les années chaudes, voire caniculaires, ont été nombreuses dans l’histoire des mille dernières années en Europe. Il n’y a pas de tendance visible. Les scientifiques sont loin d’être tous d’accord sur le réchauffement climatique, contrairement à ce que disent les media. Beaucoup de mantras du discours dominant sont remis en cause par des scientifiques comme Richard Lindzen, du MIT, ou Patrick Moore, fondateur de Greenpeace Canada, qui se livre à un véritable acte de contrition pour ses mensonges alarmistes. (Interview dans le magazine Breitbert News). Les travaux de Milankovitch prouvant qu’il existe des cycles climatiques liés aux mouvements naturels de la terre, connus de la NASA depuis plus de cinquante ans, ressortent…

Il faudra sans doute encore d’autres repentis pour que les manipulations faites au nom de l’écologie soient remises à leur place mais espérons que le mouvement va s’accélérer et ce sera au bénéfice des vrais comportements écologiques qui devraient être ceux de tout le monde dans tous les partis et non un sujet de manœuvres électorales pour gauche en perdition.

Si la doctrine écologique veut que l’on évite les pollutions et les gaspillages pour sauver la planète, conseillons aux doctrinaires du Printemps Marseillais de commencer par remédier aux gaspillages budgétaires de leur municipalité : déficits et dettes sont le boulet que traine la ville de Marseille depuis de nombreuses années. Comme la nouvelle équipe n’en est en gros pas responsable, elle peut s’y attaquer énergiquement sans risquer de critique « en boomerang ». Espérons, sans trop y croire qu’elle le fera.

Sinon, il faudra souhaiter aux Marseillais une courte vie à ce trompeur « Printemps Marseillais ».

Professeur agrégé Pierre DUSSOL

 Université d’Aix-en-Provence

Une découverte historique du Dr. Juan Iovanna Marseille : le cancer du pancréas n’est plus invincible

« Désolé, Monsieur, vous mangez trop, vous buvez trop et vous fumez trop. Vos douleurs lancinantes à l’estomac et votre jaunisse ne sont pas liées à un mauvais fonctionnement de vos intestins. Vous souffrez d’un cancer du pancréas. »

Le diagnostic du médecin est sans appel. L’annonce est rude, le choc est brutal. Le patient est sonné, il ne peut plus articuler un mot. Il sait. Oui, il sait comme tout un chacun, que le cancer du pancréas est un des plus agressifs qui soit et que son taux de survie n’est que de 6 % à cinq ans, ce qui revient à dire que la grande majorité des personnes atteintes de ce type de tumeur maligne décède avant cinq ans…

Donc, dans l’état actuel de la recherche médicale et médicamenteuse, ce malade prévenu sans ambages par son oncologue sait qu’il va probablement mourir avant 2025…comme la plupart des 14000 nouveaux cas recensés chaque année en France au sein de la population âgée. 

Cependant, une petite lueur d’espoir s’est allumée dans la nuit tumorale pancréatique. Grâce à un médecin obstiné, pugnace, qui a livré durant vingt ans un combat sans merci contre les cellules malignes du pancréas. Il s’appelle Juan Iovanna. Il est d’origine italienne et argentine et s’est installé à Marseille en 1983 en s’inspirant des travaux d’un des pionniers de la discipline, le professeur Henri Sarles qui avait fondé à l’hôpital Sainte Marguerite « l’école du pancréas ». Il n’est jamais plus reparti. Avec ses 60 collaborateurs du centre de recherche en cancérologie de Marseille, Juan Iovanna et son équipe ont tellement fait progresser les investigations scientifiques dans ce domaine que la perspective d’un traitement efficace du cancer du pancréas dans moins d’une décennie n’est plus une utopie, mais une réalité.

10 cancers : 10 maladies différentes

« Le problème majeur qui se posait aux chercheurs, explique le Dr.Juan Iovanna, c’est qu’ils pensaient avoir toujours affaire à la même tumeur. On se penche sur dix cas de cancer du pancréas et l’on croit que ce sont dix cas identiques. C’est faux. Nous avons pu déterminer qu’il s’agit dix fois d’une maladie différente. »

En réalité, « le » cancer du pancréas n’existe pas. Il y a autant de cancers du pancréas que de personnes touchées par ces cellules malignes. Le seul traitement curatif de ce cancer, c’est la chirurgie. On opère une résection de la partie du pancréas sur laquelle la tumeur s’est développée. Encore faut-il que le pronostic soit assez précoce pour éviter la propagation de métastases à d’autres organes.

Les autres thérapies expérimentées jusqu’ici sont hélas souvent lourdes et n’ont qu’un effet palliatif. Certes, depuis une vingtaine d’années les perspectives de survie se sont améliorées puisqu’elles sont passées de deux ans à cinq ans, mais force est de reconnaître que sur dix cancers du pancréas, un patient meurt dans les trois mois, quatre décèdent dans les six mois et cinq survivent parfois jusqu’à cinq ans.

Ce qui a intrigué le Dr. Iovanna dès le départ, c’est « l’hétérogénéité tumorale », c’est-à-dire l’impossibilité de réduire ce type de tumeur à l’aide d’un seul médicament. « Nous nous sommes évertués à comprendre pourquoi le même traitement  ne faisait sentir ses effets que dans 10 % des cas alors que 90 % ne répondent pas, souligne le chercheur, si neuf sur dix ne sont pas concernés par le médicament proposé, c’est que toutes leurs tumeurs sont différentes». CQFD.

Il a fallu lutter à la fois contre le fatalisme ambiant et contre l’image mortifère du cancer. Fort heureusement, le Dr Iovanna et son équipe ont été aidés par des partenaires financiers tels que la Ligue contre le cancer, l’Institut Paoli Calmettes (qui abritera bientôt leur laboratoire sur 4500 mètres carrés), le pôle anti-cancer de la région sud, l’institut national du cancer et l’institut national de la santé et de la recherche médicale.

    Démasquer les cellules cachées

L’arsenal médicamenteux mis à la disposition des médecins n’était pas satisfaisant. Dans le meilleur des cas, la combinaison de trois médicaments permettait de stabiliser la tumeur mais pas de l’éradiquer. « La totalité des cellules malignes n’écoutaient pas ce que la drogue leur disait », regrette le Dr. Iovanna. De fait, la difficulté essentielle pour les chercheurs est de parvenir à démasquer les cellules qui jouent à cache-cache avec le système immunitaire pour éviter d’être broyées.

Si l’on est parvenu à guérir de nombreux cancers du poumon ou de la peau grâce à « l’immunothérapie », il n’en est pas de même pour l’instant du cancer du pancréas, un petit organe qui demeure profondément enfoui derrière l’estomac et se blottit contre l’intestin. Tout se passe comme si les cellules infectieuses dissimulaient volontairement leur malignité pour ne pas être mangées par le système immunitaire.

Le traitement consiste alors à augmenter l’immunité de l’organisme et sa résistance naturelle par l’injection d’anticorps ou d’antigènes appropriés. On oblige en quelque sorte la cellule maligne à subir un « stress » et l’on établit un catalogue des diverses réponses à l’agression permettant d’assurer sa survie.

Le laboratoire dirigé par le Dr. Iovanna a traqué sans relâche les cellules cancéreuses pour comprendre leur ressort vital. Les tumeurs de 200 patients atteints d’un cancer du pancréas depuis 2011 ont été récupérées. Les chercheurs ont implanté ces tumeurs sur des souris « immunodéprimées », c’est-à-dire incapables de se défendre contre l’agression que provoque la tumeur implantée. Ils ont analysé l’évolution de chaque tumeur, ils ont enregistré leurs mutations successives, ils ont repéré les modifications des protéines et des gènes, et c’est ainsi qu’ils ont pu établir une cartographie biochimique, génétique et moléculaire des cancers du pancréas en vue d’un traitement « à la carte », susceptible de fournir une médecine personnalisée pour chaque patient.

    Iovanna a trouvé la bonne cible

Un véritable champ d’investigations pancréatiques a été défini avec des groupes de réponses pour chaque médicament ou combinaison de drogues. Le mérite de Juan Iovanna est d’avoir trouvé la bonne cible, celle qui s’adapte à chaque patient. « Vous pouvez avoir une cellule à cheveux longs, une autre à souliers marrons, une troisième barbue, et pour chacune d’elles le traitement sera différent », explique le médecin.

Ce qui est certain, et c’est historique, c’est qu’en 2025 chaque patient pourra être traité à la carte et que son pronostic vital sera significativement amélioré.

Dans tous les cas, c’est l’état de la tumeur primaire qui va permettre de déterminer le temps de développement de la maladie. C’est ce qui s’est passé avec le cancer du sein dont la détection rapide a permis la guérison d’un grand nombre de femmes naguère condamnées. En ce qui concerne le pancréas, le défi a consisté à inactiver le gène meurtrier, le « NUPR1 » présent dans les cellules cancéreuses afin de faire disparaître la tumeur.

« En travaillant main dans la main avec nos collègues Italiens, Espagnols et Chinois, souligne le Dr Juan Iovanna, nous avons découvert une molécule qui neutralise ce gène terrible dans dix cas sur dix. C’est une avancée considérable… »

Les 60 chercheurs du laboratoire sont parvenus en effet à cerner sur des souris les mécanismes de défense déploie par les cellules cancéreuses pour mieux les débusquer et les cibler chimiquement. L’ennui, c’est qu’il a fallu rendre opérationnelle cette technique d’inactivation des cellules malignes sur l’homme. S’ils y ont finalement réussi, c’est parce qu’ils ont tablé sur une stratégie d’attaque multidisciplinaire combinant la biophysique, la biochimie, la bio-informatique, la chimie et la biologie afin de déterminer avec précision le meilleur médicament possible pour tuer dans l’œuf le terrible « NUPR1.

Le « ZZW-115 » : une sacrée trouvaille

Le Dr Iovanna et ses collègues ont d’abord jeté leur dévolu sur un produit utilisé d’ordinaire dans le traitement de la schizophrénie (une maladie mentale) mais les effets secondaires sévères sur le système nerveux central les ont dissuadés de continuer. Ils se sont patiemment mis en quête de dérivés de ce médicament permettant d’augmenter sa vigueur anti-cancéreuse en évitant les effets secondaires nocifs. Et là, miracle, ils ont mis au point le « ZZW-115 », nom d’un agent secret anti-cancer qui dézingue tout ce qu’il touche sans affecter les cellules saines de l’organisme.

Mine de rien, c’est une découverte historique qui fait honneur à Marseille et à son laboratoire de recherches. Elle devrait permettre à l’avenir de s’attaquer plus précisément aux cellules tumorales et de les neutraliser. Mais il ne faut pas se réjouir trop vite car il y a en France 50 millions d’euros de différence entre la découverte de la molécule adéquate et la fabrication en série du médicament.

Trois brevets ont d’ores et déjà été déposés auprès des autorités de santé publique pour protéger cette découverte marseillaise. Les tests cliniques de ce nouveau médicament ne seront achevés que vers 2030 à l’issue d’un long processus incluant la phase 1, la phase 2 et la phase 3.

Pour accélérer ce processus de validation lié aux exigences de l’agence nationale du médicament, une start-up marseillaise a été créée : « PanCa Therapeutics » qui testera ce médicament sur une cohorte de patients locaux volontaires.

Oui, Dr. Iovanna, grâce à votre abnégation et à votre lutte incessante, une petite lueur d’espoir brille au bout du tunnel pancréatique. On croise les doigts : 14 000 vies sont en jeu chaque année en France et…400 000 dans le monde !

José D’Arrigo

Rédacteur en Chef du Méridional.   

Notre Photo : le Dr Juan Iovanna, nouveau pionnier de la lutte anti-cancer. (Photo José D’Arrigo pour Le Méridional)