« A vrai dire », la chronique éco de Pierre Dussol : Egalité, les bons moyens

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L’égalité est un refrain récurrent sans être tellement définie, tout comme les fameuses « inégalités », sujet de la semaine dernière.

Comment éviter le piège de l’égalité forcée par la redistribution qui tue la production, qui finance l’égalité par la redistribution ? Sans être économiste, on peut comprendre qu’il faut trouver mieux.

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Aucune société ne peut fonctionner durablement si « tout le monde est égal » et si « c’est quelqu’un d’autre qui ira vider les poubelles. »

Le principe économique de base est le non-gaspillage. L’égalité à rechercher est donc celle qui permet de ne pas gaspiller d’éventuels talents humains. Les talents des hommes sont une richesse variée et infinie, qui ne dépend pas de la répartition aléatoire des ressources naturelles, climatiques, minières ou agricoles. Gaspiller les talents humains, ou pire, ne pas les laisser émerger et s’épanouir, est le crime absolu d’une organisation sociale aux yeux de la science économique. « Il n’est de richesse que d’hommes », a écrit l’un des premiers économistes, Jean Bodin, au XVIème siècle.

le principe économique de base est le non-gaspillage

Soyons clairs. Que les hommes soient égaux en dignité humaine, évidemment, mais qu’ils soient équivalents en aptitudes ou en talents, absolument pas. D’ailleurs, les talents sont aussi infiniment variés que les hommes eux-mêmes, et c’est cela qui donne espoir.

Il est dit depuis assez longtemps – à juste titre -, que l’enseignement par l’école et l’éducation par les parents sont la clef de la question. Les esprits commencent même à comprendre que la question doit être abordée dès la plus petite enfance. En effet, c’est bien avant l’école qu’il faut commencer à repérer et faire fructifier les talents.

Evidemment, il ne serait pas politiquement correct d’exprimer la conclusion pourtant logique : certains parents incapables d’éduquer leurs enfants devraient se modérer dans leur reproduction. La « sociologie » haineuse inspirée par Pierre Bourdieu préfèrerait dire qu’il faut stigmatiser les familles éduquées, instruites et cultivés afin d’éviter le « reproduction sociale » des classes dominantes, mais cela ne donne pas de solution.

De même, il ne faudrait pas dire que l’accent mis par l’Education nationale (française) sur les collèges a eu le grand tort de négliger la « petite enfance » où tout se joue. Les enfants déjà nés dans de mauvais milieux, mal enseignés par de mauvaises méthodes, ne sont plus récupérables quand ils arrivent au collège. Un spécialiste a dit ainsi qu’ « une puéricultrice a plus d’impact social qu’un professeur d’université ».

la lutte contre les inégalités se joue dès le berceau

Je doute que mes collègues universitaires, épuisés de devoir apprendre l’orthographe à des étudiants vieux de plusieurs années d’enseignement dit « supérieur », contestent cette vérité.

Boris Cyrulnik, responsable de la commission des « 1000 jours du développement de l’enfant », créée en  2019 en France, l’a bien exprimé : « La lutte contre les inégalités du destin se joue dès le berceau. » Un émeutier d’une banlieue désespérante d’une grande ville française l’exprimait à sa façon plus crue en disant  : « Ici, dès que tu es dans le ventre de ta mère, tu es foutu. »

C’est donc clair : la première disposition est de responsabiliser les parents qui doivent être capables d’élever correctement leurs enfants, par exemple en subordonnant les allocations à des comportements convenables. Se reproduire ne peut être interdit, mais il n’est pas nécessaire de subventionner une mise au monde d’enfants sans espoir. Il est criminel de faire naître des enfants qui ne pourront s’épanouir, ni même parfois se nourrir convenablement. La question se pose dans beaucoup de pays évidemment, et nous y reviendrons dans un futur article sur la « Responsabilité démographique ».

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Toutes les études montrent malheureusement que la France ne se distingue que par sa capacité à reculer dans les classements internationaux, ceux de l’OCDE par exemple. Inutile de le cacher.

Après l’éducation et l’enseignement, vient le temps de l’activité économique : l’organisation de la société doit être telle que toute personne puisse travailler, investir, entreprendre si elle en est capable. La vraie égalité se trouve donc dans une organisation de concurrence ouverte et non faussée.

On aura reconnu les obstacles les plus courants que sont la bureaucratie et la fiscalité confiscatoire ajoutée à la connivence politique. La concurrence est le seul système, même s’il peut être imparfait, qui permet de donner toutes leurs chances aux talents les plus divers de proposer leurs services à la communauté où ils vivent et d’en tirer un profit légitime.

C’est un système profondément démocratique : tout le monde a sa chance, sans aucune discrimination. Il n’y a pas besoin d’être « fils de… » pour réussir, il suffit d’avoir des aptitudes et de les réaliser.

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Evidemment, la place de chacun dans la société dépend de ses aptitudes et celles de certains sont plus modestes que d’autres. Il y aura toujours des personnes pour s’en offusquer et il est vrai que si chacun doit savoir rester à la place que lui valent ses « vertus et talents » comme il est écrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, il s’en trouvera pour ne pas l’admettre.

Il se trouvera aussi des doctrines politiques pour justifier cette prétention et pour collecter ainsi des électeurs et ensuite voter des lois qui entretiennent l’enrichissement sans contribution, autrement dit la multiplication des assistés. C’est la faiblesse de toute organisation qui s’appuie sur les capacités des hommes de talent : il y aura toujours des envieux.

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Pourtant, il faut le reconnaître, l’égalité efficace en Economie est la situation où les meilleurs talents sont détectés et ne sont pas bridés. A long terme, c’est ce qui garantit la prospérité qui bénéficiera à tous. Il faut aller vers « une économie entrepreneuriale, peu régulée et faiblement taxée », conseille le ministre du Brexit démissionnaire, David Frost, au gouvernement britannique, pour améliorer la situation de la Grande-Bretagne. C’est le moyen durable d’assurer la compétitivité d’une Economie. Nous y reviendrons.

Pierre DUSSOL

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.