« A vrai dire », la chronique éco de Pierre Dussol : Inégalité, les mauvais procédés

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Si le dictionnaire des idées reçues du politiquement correct existait on trouverait  : « Inégalités : les réduire à tout prix ».

Un titre de journal entre mille autres : « La France corrige mieux les écarts de revenus que beaucoup de ses voisins ». « Corriger », mais pourquoi sans même se demander si les écarts sont justifiés ou non ? Il est vrai qu’il s’agit du « Monde » (4 décembre 2020), journal sournoisement socialiste. D’ailleurs la préconisation est immédiate : « Le pays gagnerait à augmenter la progressivité de ses prélèvements obligatoires, selon France Stratégie. »

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Un écrivain connu, M.Piketty consacre son temps de militant à une croisade déchainée contre toutes les formes d’inégalités qu’il prétend mesurer et voir s’aggraver selon une tendance séculaire. Ce sont des exemples d’une ambiance générale : « Les inégalités, il faut être contre ». Comme souvent le postulat de départ est faux et la suite en découle logiquement.

Premier postulat : il faudrait réduire les inégalités dont l’origine est supposée injuste, qu’il s’agisse des inégalités de revenus, de patrimoine, de talents, ou d’autres encore comme la santé, l’éducation, la joie de vivre…. Il est considéré comme évident que l’on sait parfaitement les mesurer, mais qu’importe puisqu’elles sont illégitimes.

les inégalités peuvent stimuler les talents

Second postulat : l’Etat, brillant gestionnaire et détenteur de toute vérité en toutes matières, serait compétent pour l’opération, à l’exclusion par exemple des groupes familiaux, des églises ou communes. Pourquoi l’Etat ? Parce qu’il dispose de moyens de contrainte, surtout aujourd’hui.

Troisième postulat : les prélèvements obligataires, fiscaux et sociaux seraient les bons instruments, dont l’usage, bien évidemment ne coûterait rien. L’idéologie sous-jacente est bien perceptible : malheur au talent, à la réussite et aux familles qui transmettent leur patrimoine financier, immobilier et surtout culturel.

C’est une vue très étriquée et fausse de la vie économique : le jeu n’est pas à somme nulle, mais au contraire, les inégalités stimulent les talents, l’audace, le travail et l’innovation. De toutes façons, il y a davantage à partager à la fin, mais évidemment ceux qui ont le plus contribué ont une part plus importante.

Les hauts revenus et la richesse méritée profitent aux méritants, justement, et les envieux se focalisent les « 1% les plus riches »… Ceux-ci sont cependant et de plus en plus des entrepreneurs de première génération et ils ne sont pas toujours les mêmes : ils changent d’un classement à l’autre : il y a de la mobilité sociale.

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Il s’agit là de la « bonne inégalité économique », celle qui stimule la croissance, finalement profitable à tous. Il existe des inégalités « injustes » sans doute, mais comme l’origine de l’égalisation forcée est idéologique, toutes les inégalités sont écrasées, y compris les inégalités utiles et stimulantes. Cela nuit en fin de compte à ceux que l’on prétend aider, mais ils votent : et le discours politique sur les inégalités est électoralement payant !

Il faut repenser l’approche de la question : ce sera l’objet d’une prochaine chronique sur « L’égalité, les bons moyens ».

Pierre DUSSOL

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.