L’enchainement des mauvais résultats, les tensions dans le vestiaire et les déclarations de Jacques-Henri Eyraud perçues comme insultantes envers les Marseillais, ont fait s’accumuler trop de rancœur chez certains supporters qui ont fini par exploser samedi 30 janvier après-midi à la Commanderie. Cette action, qui ne devait être qu’une manifestation, a dégénéré et une cinquantaine de supporters ont pénétré à l’intérieur du centre d’entrainement pour tout casser. D’après la direction de l’OM, les dégâts s’élèvent à des centaines de milliers d’euros. Ces heurts ont également eu pour conséquence le report du match OM/Rennes qui devait avoir lieu le soir même. Retour sur ces événements.
Une manifestation qui dégénère
Certains groupes de supporters s’étaient donnés rendez-vous pour une action coup de poing à la Commanderie. C’est donc un cortège d’environ quatre cents supporters qui s’est rendu à la Commanderie, armés de fumigènes, de feux d’artifices et de pétards pour mettre la pression sur la direction et les joueurs. Leur principale revendication était la démission du Président Eyraud. Alors que la tension montait entre les supporters, la sécurité et les policiers sur place, une cinquantaine de supporters ont profité du chaos pour s’introduire à l’intérieur des bâtiments et tout saccager.
La colère est légitime, la violence jamais
Si l’on condamne les actes de violence, on ne peut que comprendre la colère des supporters qui, depuis trop longtemps, ne se sentent pas respectés et pris de haut par la direction actuelle. La mauvaise communication d’Eyraud a attisé la haine des supporters, avec notamment la malheureuse séquence où il annonçait privilégier le recrutement de salariés « non marseillais ». Comme depuis le début de son aventure marseillaise, il semble déconnecté de la réalité et ne pas comprendre le contexte particulier de l’OM. On ne dirige pas l’OM comme n’importe quel club en France et encore moins comme n’importe quelle entreprise. En plus de cela, viennent s’ajouter les mauvais résultats et les tensions du vestiaire, perçues par les supporters comme des caprices de stars, avec en point d’orgue la guéguerre entre Payet et Thauvin. La colère des supporters est bien légitime et compréhensible. En revanche, les actes de violence qui ont été perpétrés sont eux incompréhensibles. En faisant cela, les supporters se tirent une balle dans le pied et viennent d’atteindre un point de non-retour.
Des joueurs et employés terrorisés, Alvaro touché par un projectile
Quelques rares joueurs et André Villas-Boas sont sortis sur la passerelle pour essayer d’entamer un dialogue avec les supporters mais impossible de s’entendre avec le bruit. Les joueurs étaient effrayés et ont pris conscience de la gravité de la situation. Certains témoignages décrivent des joueurs et salariés sous le choc. Certains auraient déjà fait part de leur envie de départ à la direction à la fin de la saison. Ce n’est pas sans rappeler l’événement similaire qu’il y avait eu au Sporting Portugal et qui avait vu une vague de départ massif des joueurs. Parmi les joueurs qui sont sortis pour essayer d’établir le dialogue, on y retrouve Alvaro récemment nommé vice-capitaine. C’est d’ailleurs lui qui aurait reçu un projectile dans le dos, ce qui serait l’une des principales raisons du report du match. Les salariés présents ont été aussi très choqués et ont dit avoir évité le drame de peu.
Cette action coup de poing ternit l’image de l’OM et risque de repousser d’éventuels repreneurs espérés par les supporters. La situation entre les supporters et la direction a atteint un point de non-retour. Difficile de prévoir la suite des événements et de savoir comment va se passer cette fin de saison sur et en-dehors des terrains.
Mayeul LABORDE