« L’aventure des manuscrits »: à l’origine d’œuvres mondialement connues

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Les épisodes de « L’aventure des manuscrits » (Arte) s’intéressent à l’origine et à l’histoire de certaines des œuvres les plus célèbres du patrimoine européen (littérature, musique…) Alors que les manuscrits tendent aujourd’hui à disparaître, puisque les auteurs utilisent pour beaucoup les ordinateurs, ils présentent un intérêt particulier et un témoignage émouvant. Par ailleurs, les manuscrits peuvent aussi connaître un parcours atypique : dérobés, échangés, vendus, cachés… comme on l’a vu récemment encore avec la retentissante histoire des manuscrits de Louis-Ferdinand Céline. Nul doute que ces écrits et leur histoire constituent de véritables pépites.

J.R

Dimanche 29 août à 11h45 : Alice au Pays des Merveilles, de Lewis Carroll
Réalisé par Anne-Sophie Martin & Olivier Lemaire

Par une chaude après-midi de l’été 1862, Charles Lutwidge Dodgson alias Lewis Carroll, professeur de mathématiques à Oxford, promène sur la Tamise les trois filles du doyen du collège, Edith, Lorine et Alice Liddel. Pour les distraire, il invente au fil de l’eau un conte dans lequel il est question d’un gros lapin blanc qui passe tout près d’une petite fille prénommée… Alice. La véritable Alice tombe sous le charme du récit et demande au professeur d’écrire ce conte pour elle. Dodgson s’y attelle durant plusieurs mois puis décide de l’illustrer lui-même et lui en fait cadeau à Noël 1864. Le livre est publié l’année suivante et connaît rapidement un succès retentissant. Alice conserve le cadeau de Dodgson auprès d’elle, avant de le mettre en vente chez Sotheby’s en 1928. Acheté par des Américains, le manuscrit change de mains plusieurs fois avant de revenir à Londres où, désormais conservé à la British Library, il fait figure de véritable trésor national.

Dimanche 5 septembre à 10h45 : Les Misérables, de Victor Hugo
Réalisé par Anne-Sophie Martin

Avant de se poser à la BNF, le manuscrit des Misérables de Victor Hugo a épousé le parcours mouvementé de la vie de son auteur. Dix-sept années se sont écoulées entre le début et la fin de l’écriture de ce chef-d’œuvre qui voit le jour dans des circonstances scabreuses. Hugo, pris en flagrant délit d’adultère en juillet 1845 est contraint de se cloîtrer chez lui pour laisser retomber le scandale. Un confinement propice à l’écriture de Jean Tréjean rebaptisé Les Misères. Ainsi naissent les personnages de Cosette, Gavroche, Jean Valjean et les Thénardier. La révolution de 1848 vient interrompre sa rédaction et ce n’est qu’en 1860, qu’Hugo reprend l’écriture. En 12 ans, ses idées sociales ont progressé, il veut maintenant exprimer ses convictions républicaines à travers un roman engagé qui dénonce les souffrances du peuple. Pour déjouer la censure, Les Misérables est publié au printemps 1862 en trois tomes sur trois mois, à la fois en Belgique et en France. Le roman connaît instantanément un immense succès populaire. 

Dimanche 12 septembre à 11h : Le Procès, de Franz Kafka
Réalisé par Anne-Sophie Martin

Kafkaïen ! C’est le mot qui convient pour décrire le parcours rocambolesque du manuscrit du Procès de Kafka. Quand l’écrivain pragois meurt à 40 ans, en 1924, alors qu’il n’a publié que de courts textes, il charge son ami et exécuteur testamentaire Max Brod de brûler l’ensemble de ses manuscrits… Cet ami découvre et publie les trois grands romans de Kafka : Le Procès (1925), Le Château (1926), et America (1927). Une trahison qui donna naissance à des chefs-d’œuvre de la littérature du XXème siècle. Quand les Allemands envahissent Prague en 1939, Max Brod s’exile en Palestine avec le manuscrit du Procès qui, à sa mort reviendra à sa secrétaire, Esther Hoffe avec le reste des œuvres. Elle en conserve certains et revend les autres. En 1988 chez Sotheby’s à Londres, les archives littéraires allemandes de Marbach acquièrent le manuscrit du Procès pour 1,7 millions $. Il devient le manuscrit le plus cher du monde.

Dimanche 19 septembre à 11h20 : Don Giovanni, de Wolfgang Amadeus Mozart
Réalisé par Anne-Sophie Martin

Quand le directeur du Théâtre des Etats de Prague passe commande d’un Opéra en janvier 1787, il accorde au compositeur huit mois avant la première représentation. Selon sa femme Constance, lorsque Mozart rejoint Prague en septembre pour régler la mise en scène, l’écriture du Don Giovanni est encore inachevée: l’Ouverture sera écrite sur place, peu avant le lever de rideau… Le 28 octobre 1787, la première du Don Giovanni est dirigée par Mozart lui-même. Peu après la mort du musicien en 1791, Constance vendra le manuscrit à un éditeur allemand. Il réapparait sur le marché à Londres en 1855, au moment même où la cantatrice française, Pauline Viardot, triomphe à l’opéra et décide de vendre ses bijoux pour acquitter les 150 livres sterling demandées pour le manuscrit. Elle crée un véritable culte autour des précieux feuillets présentés dans un coffret de bois sculpté sur mesure. En 1902, la diva fait don du coffret au Conservatoire National de Paris, dont les écrits rejoindront plus tard les collections de la Bibliothèque nationale.

Tous les dimanches du 29 août au 19 septembre vers 11h et sur arte.tv