C’était devenu un rituel. Chaque année, le 31 décembre à vingt heures, Fazia Hamiche, animatrice de l’association « CAP », Citoyens en Actions de Proximité, organisait un réveillon pour les sans domicile fixe, les sans abris, les sans familles. Chaque année cette « soupe de l’amitié », organisée au café de France, face à la gare Saint-Charles, avait un grand succès et tout au long de la soirée des centaines de personnes venaient s’y restaurer sans bourse délier.
Hélas l’an dernier, Covid oblige, la traditionnelle « soupe de l’amitié » n’a pas pu avoir lieu. Mais ce 31 décembre Fazia Hamiche renoue avec la tradition. Cette initiative est bienvenue car de plus en plus de Marseillais, de tous âges, de toutes conditions et de toutes religions, se retrouvent en situation précaire. Lors de l’édition de 2020, j’avais été frappé par la présence de nombreux jeunes étudiants, mais aussi de femmes seules qui dépensent toutes leurs économies pour leurs enfants, d’hommes seuls qui font naufrage après un divorce ou un licenciement. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les personnes qui viennent s’asseoir aux tables de Fazia Hamiche sont bien mises et propres, mais elles n’ont pas un sou vaillant et n’osent s’en plaindre à personne.
« Notre seule ambition, explique Fazia Hamiche, est de permettre à ces personnes dans le besoin d’oublier leurs soucis quotidiens et de profiter quelques heures de la chaleur d’une compagnie agréable et d’un bon repas chaud.« Au restaurant très sympathique, le « Mund’Art », situé au 72 rue de la Joliette, partenaire de l’association CAP, une réunion de bénévoles aura lieu le 31 décembre de sept heures à quatorze heures trente pour participer à la préparation de ce festin du nouvel An.
Cette action de charité fait honneur à cette association dynamique dirigée par Fazia Hamiche fort bien aidée par une armée de « petites mains » qui viennent donner un coup de main plutôt que de se goberger toute la nuit. A méditer.
J.D’A.
Plus d’informations pour soutenir financièrement l’association ici.
Le territoire marseillais, et au-delà, celui de la Région Sud, connaissent un dynamisme économique particulier, qui les place en bonne position dans les initiatives de toutes sortes, à diverses échelles : innovation, numérique, finance, économie sociale et solidaire…
Le propre de l’actualité est d’être périssable; mais parce que les événements marquants ne manquent pas, Le Méridional, en cette fin d’année 2021, a sélectionné quelques-uns des sujets qui ont le plus touché les lecteurs, ou une partie des chroniques du journal.
Le 3 octobre dernier s’éteignait Bernard Tapie. L’homme n’était pas un enfant de chœur (voir l’article de José D’Arrigo, d’octobre 2020 : Faut-il encore juger Bernard Tapie ?) mais le Marseillais de cœur ne laissait personne indifférent.
On peut sans doute être étonné d’un titre qui annonce « Le management selon Jésus »… qui aurait jamais pensé le Christ comme le coach conseillant les chefs d’entreprise d’aujourd’hui, dépassés par le quotidien ? On ne cherchera pas, dans cet ouvrage, la justesse et la précision théologique. L’idée même est originale et intéressante.
Après tout, Jésus et son père charpentier travaillaient bien au sein d’une « PME » (Petite ou Moyenne Entreprise ») ; et oui, il faut dire que celui qui a commencé sa vie de prêcheur autour de la trentaine avait un sacré talent d’orateur et de meneur d’hommes : comment recruter une équipe d’apôtres, et leur transmettre leur mission ? Quand on y pense, les Evangiles nous livrent en effet le portrait d’un chef pédagogue, qui parle en paraboles pour faire comprendre à tous son message. Rien ne manque dans la façon de conduire son équipe : une phrase choc comme « aimez votre prochain comme vous-même » est ainsi exceptionnellement clairvoyante ; on le répète bien aujourd’hui, on ne peut estimer les autres si on ne s’estime pas d’abord soi-même… Sont aussi abordées les questions de la bienveillance, de l’exemple, mais aussi du pardon (comment traiter le « cas Judas » en entreprise… ?)
Pourquoi pas, dans ce cas, s’inspirer de ce charisme exceptionnel pour orienter les chefs d’entreprise de 2022 ? Les deux auteurs du « Management selon Jésus », Florian Mantione et Hervé Ponsot, ont conçu le livre comme un échange à bâtons rompus entre le Christ et un curieux du monde des Relations Humaines. Une initiative qui montre, d’une façon amusante, la modernité de la parole et de la façon d’agir du Christ.
Jeanne RIVIERE
« Le management selon Jésus », Florian Mantione et Hervé Ponsot, éditions du Cerf, novembre 2021, 243 pages, 20€.
En ces temps où il est plus sage, mais frustrant, de remettre ses voyages à plus tard, on peut tout de même avoir le plaisir de changer de ciel. A Aix-en-Provence, l’Hôtel de Caumont propose, jusqu’au 27 mars 2022, une superbe exposition de la collection Cini : son titre, « Trésors de Venise », ne nous déçoit pas.
Il faut souligner la chance de recevoir ici, en Provence, la première présentation de cette incroyable collection hors d’Italie. Sa vie durant, Vittorio Cini (1895-1977) n’a eu de cesse de rassembler des œuvres toutes plus belles les unes que les autres. D’une curiosité insatiable, il trouve des conseils avisés auprès de prestigieux historiens de l’art : en l’espace de cinquante ans, il réunit sculptures, peintures sur bois, dessins, gravures, mobilier, ainsi que des porcelaines vénitiennes et des ivoires français et des miniatures.
Pas besoin de s’approcher pour lire les noms des artistes pour être ébloui par les œuvres : les Toscanais comme Fra Angelico, Filippo Lippi, Piero di Cosimo ou Jacopo Pontormo côtoient les Vénitiens comme Lorenzo et Giandomenico Tiepolo. Entre peintures sur bois, dessins et enluminures, la Renaissance est mise à l’honneur. Vittorio Cini appréciait particulièrement les Primitifs italiens, les époques ferraraise, florentine et siennoise.
On retrouve la finesse et la profondeur d’une époque empreinte de spiritualité. Tous les visiteurs ne sont en revanche pas forcément sensibles au « dialogue » proposé avec des œuvres contemporaines… Mais ce qui est certain, c’est que la collection Cini reste une source d’émerveillement pour tous, et représente une source d’inspiration inépuisable pour les artistes d’aujourd’hui.
Nombreuses sont malheureusement les régions en Orient où les chrétiens s’apprêtent à fêter Noël dans des conditions précaires. L’association SOS Chrétiens d’Orient a à cœur de leur apporter un soutien moral et matériel. En Syrie, 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté à cause des sanctions économiques. Cette année, l’association se rendra pour Noël auprès des habitants de dix villages chrétiens de la région de Homs ; des cadeaux seront distribués à plus de 1 000 enfants. Ailleurs, au Liban, en Egypte ou en Arménie, des bénévoles organisent un moment chaleureux avec des familles qui ne peuvent pas célébrer dignement Noël.
Le sujet revient de plus en plus sur le terrain : le monde trufficole réclame une attention particulière et une protection de ses produits. Il faut savoir que la production de ce marché de niche est représentée à 60% par la Provence ! Un chiffre qui justifie largement l’engagement des politiques locaux. Jean-Marc Zulesi, député dans le 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône, a déposé le 30 novembre dernier une question à ce sujet à l’Assemblée nationale. Il nous éclaire sur les tenants et les aboutissants de ce dossier.
Truffes fraîches, huile de truffe, sel à la truffe, beurre à la truffe… la déclinaison ne s’arrête pas. A l’approche de Noël et du Premier de l’An, nombreux sont les Français qui vont ajouter la truffe à leur menu, la plupart de façon exceptionnelle. Pourtant, peu de consommateurs ont conscience de ce qui se joue autour de la « bataille de la truffe » ; actuellement, le flou demeure sur ce marché, aussi bien au niveau international qu’européen et national. Il faut savoir que le marché français se fait envahir par les produits issus d’autres pays, notamment la Chine, l’Espagne et l’Italie.
En Provence, c’est traditionnellement la truffe noire « Tuber melanosporum » qui est surtout cultivée. C’est un habitant vauclusois, Joseph Talon, qui a d’ailleurs inventé sa culture au XIXème siècle. En Région Sud, les grands marchés de la truffe se trouvent vers Richerenches, Valréas, Carpentras, Aups, Montagnac-Les-Truffes et Ménerbes.
Face à la concurrence déloyale : valoriser et renseigner
« La truffe provençale fait partie de notre patrimoine gastronomique local, souligne le député Jean-Marc Zulesi. Il ne faut pas fermer les yeux face à une concurrence déloyale ; nous devons nous organiser pour valoriser notre produit et avertir les consommateurs. » L’arme principale face à cette concurrence est l’acquisition du sésame « IGP », l’Indication Géographique Protégée, qui consacre une production existante et signale le savoir-faire qui y est attaché. Pour le député des Bouches-du-Rhône, « valoriser notre mine d’or qu’est la truffe provençale, c’est permettre aux consommateurs de goûter l’excellence ; surtout pour ceux qui découvrent le produit ! »
Au-delà de la question économique, c’est la véracité du produit qui est en jeu, puisque les consommateurs ne sont souvent pas à même d’identifier une truffe authentique par rapport à une truffe enrichie en arômes de substitution pour pallier le déficit de goût. Les nominations restent également extrêmement floues : il n’y a parfois même pas mention d’ajouts d’éléments de synthèse.
L’achat d’un produit mais aussi d’un savoir-faire
« L’IGP permettrait aux consommateurs d’acheter un produit mais surtout un savoir-faire ; et en Provence, où nous sommes fiers de nos productions, il faut faire le nécessaire le plus rapidement possible », explique Jean-Marc Zulesi. Les trufficulteurs, ici, privilégient la qualité à la quantité, à l’inverse de pays comme l’Italie. Si on ne veut pas que le marché français de la truffe, où la Provence pèse à 60%, soit noyé par la concurrence étrangère, l’IGP doit être accordée rapidement. » Les chiffres de la Fédération Régionale des Trufficulteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui regroupe six syndicats professionnels, donnent une idée du panorama de la région : ces syndicats rassemblent environ 7 650 ha plantés, dont environ 3 700 ha en Vaucluse, 1 700 ha dans les Alpes de Haute-Provence, 1 000 ha dans le Var, 800 ha dans les Bouches-du-Rhône, 250 ha dans les Alpes-Maritimes et 200 ha dans les Hautes-Alpes.
Des répercussions plus larges
Autour de la « pépite truffe », le monde naturel joue un rôle d’importance. Les chênes truffiers représentent une réserve de biodiversité et des puits de carbone particulièrement efficaces, dans une région où le climat leur est propice. Ils sont aussi d’excellents coupe-feu lors des incendies. Le dossier de la truffe rassemble donc les sujets. « C’est un dossier que nous n’allons pas lâcher, résume le député Jean-Marc Zulesi. Mes échanges avec les producteurs lors de l’Assemblée générale de la fédération régionale des trufficulteurs a confirmé nos intentions. »Aujourd’hui, la demande officielle d’un IGP pour la truffe provençale prend tout son sens. Les trufficulteurs attendent une réponse la plus rapide possible de la part du gouvernement.