« A vrai dire », la chronique éco de Pierre Dussol – Inversions

Détail de la peinture "Les délégués des colonies et Jules Ferry", Frédéric Régamey (1892) © WKMC

On parle ici des sujets (en lien avec l’histoire économique) qui sont passés « de droite à gauche » au cours de l’Histoire. Il est intéressant de les citer et de se demander les raisons de ces inversions.

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Les langues et cultures régionales

Sous la Troisième République, elles étaient des survivances du passé catholique, traditionnel et provincial. Elles menaçaient l’établissement de la république jacobine parisienne ; il fallait donc les éliminer. Aujourd’hui, leur promotion sert à détruire l’unité du pays, donc devient désirable.

La décolonisation

Au début des aventures « coloniales », sous Louis-Philippe, la droite y était hostile, car il fallait respecter le droit des peuples à vivre chez eux selon leurs mœurs et coutumes. La gauche au contraire pensait indispensable d’aller « civiliser » les « races inférieures », expression employée ensuite par Jules Ferry et dont le rappel embarrasse la gauche. Après, la « décolonisation » est devenue une arme de destruction permettant de culpabiliser les peuples dominateurs-exploiteurs et donc la gauche s’en est emparée ….

L’immigration

L’immigration était une cible de la gauche au nom de la défense des emplois pour les nationaux. La relecture des lois du Front Populaire sur ce sujet est édifiante. De même, il faut réécouter les discours de Georges Marchais, homme de gauche et plus encore, communiste incontestable. La loi Gayssot vaudrait mise en prison de ses auteurs et même de ceux qui simplement les citent. Lues avec nos yeux d’aujourd’hui, elles se révèlent parfaitement discriminatoires, voire racistes. Actuellement, la Gauche est pour l’immigration. Or nous savons qu’elle n’a pas changé, certains même la trouvent archaïque… Quelle est la logique ?

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En 1936, il s’agissait pour la gauche de flatter sa clientèle électorale en semblant défendre l’emploi « des Français ». Aujourd’hui, c’est la même flatterie électoraliste, si ce n’est que le terreau électoral de la gauche, c’est la masse des assistés, des envieux et des paresseux. L’immigration d’aujourd’hui y correspond bien trop souvent.

L’internationalisme ou mondialisation

La gauche était internationaliste (l’union des prolétaires de tous les pays) et la droite supposée protectionniste et nationaliste attardée. Actuellement, les adversaires de la « mondialisation » sont à gauche. Où est la cohérence ? Comme toujours, dans la volonté des médiocres de se coaliser pour éviter d’être jugés selon leurs compétences car la concurrence internationale révèle les vrais niveaux de compétence.

La défense de la nature et l’écologie

La gauche surtout communiste, était « productiviste » au nom de sa vision du progrès. Elle considérait l’évocation de la « nature » comme conservatrice, surtout s’il était rappelé que c’était Dieu qui avait créé la nature ou « l’ordre naturel ». Actuellement, défendre la nature est surtout un moyen de culpabiliser les économies capitalistes de marché. Le fait que les plus gros pollueurs soient les anciennes républiques socialo-communistes ne dérange pas la gauche.

Citons aussi le laïcisme assumé de la plus grande partie de la gauche, la même gauche qui défend la religion musulmane et ses sectateurs et dénonce l’islamophobie.

Le meilleur pour la fin, l’instruction pour tous

C’est sans doute l’une des plus belles inversions recouvrant une constance de la stratégie. Pendant tout le XIXème siècle, les « républicains », autrement dit les socialistes de l’époque, ont promu le droit à l’instruction, de préférence « publique », c’est-à-dire organisée par l’Etat, surtout le jour où ils en ont été les maîtres.  Nous savons que l’Eglise et certaines communes offraient déjà de l’instruction sans distinction de milieu social.

Les socialistes ont donc promu l’enseignement « gratuit, laïque et obligatoire » afin d’élever le niveau du peuple pour que celui-ci soit en mesure de se libérer de l’emprise de la religion et de toutes les « forces conservatrices ». Cela nous a d’ailleurs valu la promotion au mérite républicain dont nous n’avons pas à rougir. Oui, mais…

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Aujourd’hui, et depuis une soixantaine d’années, les socialistes et tous les mouvements de gauche travaillent efficacement à la destruction de l’enseignement et à l’abaissement des esprits. Comment est-ce possible ?

C’est très simple : des personnes « du peuple » qui font de bonnes études et trouvent un travail intéressant après leur cursus ne voteront jamais socialiste. Conclusion logique : il faut surtout ne plus instruire le peuple. Objectif atteint. L’éducation nationale est même devenue « une fabrique de crétins » si l’on en croit le professeur Jean-Paul Brighelli. Certains malicieux remarqueront que les « Grands Groupes Capitalistes » ont eux aussi intérêt à ce que les consommateurs ne réfléchissent pas trop. Y aurait-il une « alliance objective » entre eux et les socialistes (voir, « Avachissement ») ?

Rassurons-nous, les « destructeurs » n’ont jamais changé d’objectif, mais ils changent de tactique ; ils enfourchent une autre monture mais vont dans la même direction. Leur seul but est la destruction du tissu social et culturel français. C’est une clé de lecture bien utile pour comprendre certaines contorsions.

Pierre DUSSOL

© DR

Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.