« A vrai dire », la chronique éco de Pierre Dussol – « Défavorisés »

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Mot souvent employé à tort pour désigner les personnes à revenus modestes.

Toutes ne sont pas « défavorisées ». En effet de nombreuses personnes à revenu modeste sont assistées, c’est-à-dire vivent au détriment des autres, ce qui fait d’eux de véritables privilégiés. D’autres ont des revenus modestes, mais ne méritent pas davantage, voire méritent moins si l’on considère le travail et la contribution véritable qu’ils fournissent : salariés « abrités » de toute sanction, agriculteurs subventionnés, « intouchables d’Etat » selon le titre d’un ouvrage inspiré… Dans ce dernier cas, il s’agit donc de « favorisés » véritables.

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Il existe bien en tout cas des personnes ou des familles à revenus modestes que le langage habituel des politiques qualifie de « défavorisées », appréciation, semble-t-il, bien sommaire. Certaines sont en effet défavorisées par la nature, le manque de formation, l’isolement géographique et comme indiqué plus haut, mériteraient d’être aidées si elles font leur part des efforts. D’autres sont seulement incapables ou paresseuses et profitent de notre « modèle social ».

L’ennui est que cette assimilation sommaire « revenus modestes-défavorisés » nuit aux personnes véritablement défavorisées, par leur naissance, ou leur malchance, personnes qui mériteraient d’être aidées.

A l’autre extrémité du spectre existent des personnes défavorisées à hauts revenus, qui plus est mérités par leur compétence et leurs efforts : ce sont ceux que le système fiscal discrimine par la progressivité de l’impôt, la surtaxation du patrimoine, et notamment les droits de succession.  Ces discriminations ne résultent pas du hasard mais de la production législative inspirée par les idéologies de haine sociale et d’envie.

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Tout ceci contribue de façon décisive à la stagnation de l’économie française particulièrement imprégnée et contaminée par ces idéologies politiques. Qui finalement en souffre le plus ? Evidemment les plus modestes, mais ils ne le savent pas, abusés qu’ils sont par les démagogues anti-talent et anti-réussite.

Beaucoup de vocations d’entrepreneurs sont ainsi littéralement étouffées par la complexité bureaucratique française et européenne avant même de commencer, freinées ensuite par la fiscalité et toujours l’excès de règlementations, assommées à la fin par les droits de mutation et de succession.

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Le meilleur moyen qu’il y ait moins de « défavorisés » serait de dégager la route de ceux qui peuvent créer des richesses. Malheureusement, les références culturelles françaises diffusées par le « système » dit éducatif font que le talent, la compétence, l’effort, et pire, la réussite sont désignés comme les ennemis du peuple !

Pierre DUSSOL

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.