Basket (Pro B) : Robert Turner III, l’homme des tirs décisifs

L’arrière scoreur de Fos Provence Basket garde le moral malgré une série de défaites sur le fil avant la réception de Rouen ce vendredi soir au Palais des Sports de Marseille.

Son mental a été mis à rude épreuve ces dernières semaines, mais sa confiance reste intacte. Option numéro 1 de Fos Provence Basket en fin de match, lorsqu’il faut décider du sort d’une rencontre, Robert Turner III a pris toute la lumière à Vichy il y a près d’un mois, lorsqu’il a enchaîné deux paniers à 3-points monumentaux pour tirer les BYers d’affaire dans les dernières secondes (85-86) .

Depuis, le sort s’est acharné sur les Provençaux avec quatre courts revers, à Orléans (79-71) après un retour incroyable dont le numéro 33 a été le principal artisan, puis à la maison face à Poitiers (96-98 après prolongation, Boulazac (68-69), et enfin à Châlons-Reims vendredi dernier (81-79).

A chaque fois, Robert Turner III a mis des tirs difficiles en fin de match, dont un 3-points extraordinaire en déséquilibre en fin de possession face à Boulazac. Sauf que les « Black&Yellow » n’ont plus connu le goût de la victoire.

Le moral en a donc pris un coup, mais sa détermination à aider Fos Provvence Basket « avec le coeur » à remonter la pente sur cette fin de saison reste intacte. Pour que les dieux du basket penchent à nouveau du côté fosséen, Robert Turner III s’en est remis au travail, en s’infligeant des séances de tir en plus à l’issue de l’entraînement, comme ce fut le cas à la veille de ce Fos-Rouen au Palais des Sports de Marseille.

Robert Turner III, quel est l’état d’esprit du groupe après cette série de courts revers ?

Dans cette situation, il faut regarder le positif. On continue de se donner à fond, peu importe ce qui puisse se passer. On est toujours dans l’effort. On revoit les matchs, on voit ce qu’on a fait de bien. On regarde aussi ce qu’on fait de moins bien, et les petits détails. Même malgré nos petites blessures, nos petits pépins, on arrive toujours à rester dans les matchs et à jouer la gagne à la fin. On est toujours en position de gagner. Donc ce qu’il faut faire maintenant, c’est de regarder le positif et essayer d’inverser la tendance pour les matchs qui arrivent au mois d’avril. On va essayer de reproduire nos efforts mais sur 40 minutes, pas 30 ou 35. Si on peut s’appuyer sur tout ce qu’on a fait de bien et l’appliquer sur l’ensemble du match, ça ira pour nous.

Avez-vous tiré des leçons de ces fins de matchs qui ont finalement basculé du mauvais côté ?

Le money-time requiert toujours les mêmes choses, dont certaines ne s’apprennent pas. Il faut jouer ces moments avec le cœur. Et quand je parle de cœur, je ne parle pas rythme cardiaque, mais de volonté. Est ce que tu auras la volonté de faire le nécessaire pour te retrouver ouvert, ou faire les petites choses qu’il faut pour gagner un match.

Bien sûr, il faudra aussi savoir mettre nos tirs dans les moments décisifs. On sait que ça peut se décider sur un tir, que ce soit sur du un-contre-un ou collectivement. Le plus important, c’est que nous ayons tous ce cœur pour réaliser le geste juste, l’action juste, dans les moments décisifs.

Avez-vous toujours eu cette faculté à mettre de gros tirs dans les fins de matchs ? Comment on s’y prépare ?

En tant que joueur, c’est ce que tu recherches. Tu veux jouer pour ces moments là. Honnêtement, cette confiance vient du travail que les gens ne voient pas. C’est la préparation avant le match qui va t’apporter de la confiance pour ces moments. Certains des tirs que j’ai pris dans des situations comme ça, ce sont des tirs que j’ai pris des milliers de fois avant d’en arriver à le refaire en match. Quand personne n’est dans la salle. L’objectif est de mettre le même quand la salle est pleine.

Quand je suis à l’entraînement avec mes coéquipiers, je pense à ces tirs et à la répétition. C’est le seul moyen d’alléger en quelque sorte la pression. Je pense au travail que j’ai accompli avant d’en arriver là. Le fait de répéter le geste t’aide aussi dans l’aspect mental, dans le fait d’avoir un esprit discipliné à l’instant T. La répétition entraîne aussi ton mental.

Quand j’arrive à l’endroit où je me suis entraîné à prendre le même tir, je pense que j’aurais plus de chances de le mettre, justement à cause de la répétition. Et mentalement, le geste est intégré dans ma « mémoire musculaire » si l’on peut dire.

Comment gère-t-on le fait que les derniers matchs ne soient pas tombés de votre côté, alors que vous avez mis des tirs importants, comme ça a été le cas à Orléans, face à Boulazac aussi sur la fin, et à Châlons-Reims…

Tout d’abord, je suis heureux que tout le monde ait confiance en moi pour que je prenne ces tirs. C’est la confiance de mes coachs et de mes coéquipiers. Pour moi, c’est très important. Après les matchs, je peux me regarder dans le miroir. Bien sûr, il y a toujours du travail, des choses sur lesquelles progresser, mais j’ai fait le maximum pour être présent dans ces moments. Mais le plus important, c’est qu’on veut gagner. On a besoin de gagner. On pense toujours à ce qu’on aurait pu faire différemment. Donc j’aime ces moments, mais avant toute chose, j’aime gagner.

Quel a été le match qui a été le plus dur à avaler ?

Ce qui est fou, c’est que le match qu’on a gagné à Vichy était sans doute le plus compliqué au niveau du scénario. Mais le plus dur à avaler, je dirais que c’est celui face à Poitiers. On avait tellement bien joué, jusqu’à ce que tout ne s’écroule. Mais à vrai dire, tous ces matchs perdus de peu nous ont fait mal. Parce qu’à chaque fois, tu peux reprendre chaque match et te dire qu’on a eu une opportunité de le gagner à un moment donné.

Notre job est de jouer au basket, donc c’est toujours un plaisir de le faire. Mais quand tu perds comme ça, plusieurs fois de si peu, c’est toujours une grande leçon. Parce que ça veut dire que finalement, tout s’est joué parfois à un détail, ce truc qui nous a manqué pour gagner.

C’est un scénario auquel vous vous préparez à nouveau, de vous retrouver dans une fin de match au couteau ?

Déjà, à ce moment de la saison, on se doit de respecter tous nos adversaires. On ne sait jamais trop ce qui va se passer, à quoi s’attendre. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’être prêt pour le jour du match. On ne peut pas trop anticiper. Et honnêtement, ce que j’aimerais, c’est qu’on puisse gagner en ayant quelques points d’avance, qu’on puisse montrer quelle équipe nous sommes vraiment. J’aimerais qu’on puisse prendre 10 points d’avance et qu’on contrôle le match, et qu’on puisse finir plus sereinement, par 10 ou 15 points d’écart.

Si c’est un match serré, on a déjà montré qu’on avait assez de sang-froid pour gagner, même dans des situations très difficiles, et la mentalité nécessaire pour finir. Que ce soit une large victoire ou un match serré, on doit trouver un moyen de gagner. C’est le plus important.

Qu’est ce que ça fait de changer de salle et de revenir au Palais des Sports ?

J’adore jouer à Fos-sur-Mer, mais j’aime aussi beaucoup jouer à Marseille. L’ambiance est incroyable, l’Arena est vraiment sympa, plus grande. C’est un peu similaire aux États-Unis pour moi. C’était aussi le cas à Orléans, ces ambiances nous rappellent les matchs universitaires. C’est toujours bien de jouer dans ces atmosphères et dans de nouvelles salles. Ça ne rajoute pas de pression particulière. On vient juste jouer, en étant prêt à prendre du plaisir et entrant sur le parquet pour gagner.

Bonus : Le TOP 13 des tirs décisifs de Fos Provence Basket LNB (2010-2024)

Propos recueillis par Romain DAVESNE