Santé – A la clinique Sainte-Elisabeth de Marseille, on accompagne la vie jusqu’à son terme

© Pxb

C’est une ambiance de fête qui accueille les visiteurs à la clinique Sainte-Elisabeth, située dans le 4ème arrondissement de Marseille. Ce mardi 26 avril, l’établissement inaugure officiellement plusieurs nouveaux espaces qui permettront d’accueillir davantage de personnes, dans une ambiance paisible. Car la spécificité de Sainte-Elisabeth est de recevoir des patients porteurs de handicap lourds, et des personnes en fin de vie au sein d’une unité de soins palliatifs.

Le scandale Orpea a sans doute fait prendre conscience au grand public de l’ampleur d’un système de santé plein de failles. Le délaissement et la maltraitance des aînés est un sujet de société qui doit mener à repenser l’organisation des institutions de santé.

tout est fait pour que la personne passe les derniers instants de sa vie dans une ambiance de paix

A la clinique Sainte-Elisabeth, la présence constante de la mort n’empêche pas de ressentir le lieu comme un havre de paix. Fondée en 1881 par les « Dames du Calvaire » (dans l’esprit des maisons fondées par Jeanne Garnier), des religieuses engagées auprès des pauvres et des malades délaissés par les hôpitaux, l’institution est à présent gérée par l’Association de l’Œuvre du Calvaire.

© Le Méridional

Aujourd’hui, nous détaille Olivier Sillard, directeur de l’institution, il y a 87 lits au total pour les malades en soins palliatifs et polyhandicapés. Quatre unités se côtoient : 25 lits dans une maison d’accueil spécialisée pour les personnes lourdement handicapées, 12 lits pour les personnes en état dit végétatif, 13 lits pour les séjours courts, où les patients reprennent des forces ; enfin, 15 places sont donc nouvellement ouvertes au sein de l’unité de soins palliatifs, en plus des 22 précédentes.

Une attention délicate aux patients et à leur famille

Il n’est jamais simple de voir un proche parvenir au terme de sa vie : à l’unité de soins palliatifs de Sainte-Elisabeth, tout est fait pour que la personne passe les derniers instants de sa vie dans une ambiance de bienveillance et de paix. Musique, salon d’« arthérapie », sorties dans le jardin… les patients sont traités avec toute l’attention et la délicatesse possibles. Le temps n’existe plus. Les familles sont accueillies dans le lieu même, pour pouvoir accompagner leur proche le plus sereinement possible. « Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de souffrance, nous explique une aide-soignante. Mais c’est une façon de dire adieu de façon paisible. Il se passe ici des choses très belles. »

L’engagement des soignants et des bénévoles

Il faut dire que l’engagement des soignants y est pour beaucoup. Médecins, aides-soignants, aides-soignantes, infirmières, bénévoles : le fonctionnement de la clinique repose sur une organisation à différentes échelles, où chacun a son rôle à jouer. Une autre aide-soignante, la cinquantaine, nous raconte en souriant comment un certain nombre de ses collègues, comme elle-même, ne sont pas arrivés ici par hasard : « Je travaillais dans le secteur immobilier ; cela fait deux ans maintenant que je suis aide-soignante à Sainte-Elisabeth. Cette reconversion ne s’explique pas par un événement particulier : j’avais envie d’accompagner les personnes en fin de vie, d’être à leurs côtés. Je ne regrette pas du tout mon choix », conclut-elle sans cacher son émotion.

De gauche à droite sur la photo : Christine Blanc-Patin, présidente de l’association de l’Œuvre du Calvaire, Philippe De Mester et Didier Jau © Le Méridional

Des bénévoles se relaient également pour soutenir les soignants. « Aux heures de relève entre les soignants par exemple, détaille Olivier Sillard, des bénévoles sont là pour tenir compagnie aux malades. Entre 18 heures et 19 heures, les patients sont souvent inquiets et agités. La présence de personnes, qui viennent uniquement pour leur tenir compagnie et alerter les soignants en cas de besoin, les rassure et les apaise. »

Un « cœur battant » au sein de Marseille

Philippe De Mester, directeur de l’Agence régionale de santé PACA, salue ce métier qui « nécessite une solidité psychologique », et un engagement qui va au-delà justement du simple métier. Il faut dire que la clinique Sainte-Elisabeth est l’un des deux établissements référents de la Région Sud pour ce domaine des soins palliatifs et des soins aux personnes polyhandicapées.

sainte-elisabeth est l’un des établissements référents de la région sud

Didier Jau, maire du 4ème arrondissement, a tenu à assister en personne à cette journée d’inauguration : « Il existe très peu d’établissements comme celui-ci, nous fait-il observer. Ici, le réconfort des patients et de leurs familles passe avant tout. Pour un maire, c’est une fierté d’avoir cette clinique sur son secteur, un cœur battant où le travail des équipes est extraordinaire. » Sur le mur de l’accueil flambant neuf, le peintre Alban de Chateauvieux a d’ailleurs tenté de rendre l’ambiance qui règne à Sainte-Elisabeth : de multiples portraits mélangent soignants, patients, bénévoles : au-delà de la souffrance et de la mort, il a peint la vie.

Jeanne RIVIERE