Liban – Amrie Saurel : un chant d’espoir pour un pays meurtri

Amrie Saurel chante pour le Liban © Amrie Saurel

L’explosion survenue au port de Beyrouth au Liban le 4 août 2020 a fait 214 morts et plus de 6500 blessés et des milliers de personnes ont perdu leur logement. Apporter une aide humanitaire aux plus démunis demeure, un an après, une urgence absolue. Englué dans une crise socio-économique sans précédent, le Liban est à terre. Les familles des victimes et des militants luttent chaque jour pour que justice soit faite et organisent des marches, des veillées aux chandelles, des cérémonies religieuses. C’est une grande partie du peuple libanais qui crie sa souffrance aux oreilles du monde.

© Amrie Saurel

Choqués et traumatisés, de nombreux cas de détresse psychologique sont enregistrés ; ceux qui ont les moyens d’émigrer (médecins, avocats, étudiants) fuient l’enfer. Tout est devenu excessivement cher. La pénurie de médicaments, de matériel médical, de denrées de première nécessité accentue la douleur des Libanais. Ajoutée à un contexte politique tumultueux, la corruption est partout. De nombreux containers en provenance de l’étranger à destination des ONG, des associations locales sont détournés. Les bienfaiteurs étrangers utilisent d’autres canaux pour que les colis puissent être distribués en bonne et due forme.

En France, de nombreuses actions caritatives, associatives et culturelles sont organisées. L’auteur compositeur et interprète Magali Saurel, qui se produit sous le nom d’Amrie, incarne la première « voix de France qui chante en arabe ». Qualifiée par la presse française et étrangère d’Ambassadrice de Paix, de trait d’union culturel dans le sens nord-sud, Amrie a pour l’occasion enregistré la célèbre chanson « Li Beyrouth » interprétée initialement par la diva Fayruz. Sur une adaptation du concerto d’Aranjuez du compositeur Joaquin Rodrigo et des paroles du poète libanais Joseph Harb, la chanteuse libanaise avait déclamé en 1984 son amour et sa nostalgie à sa patrie alors en pleine guerre civile.

Attachée aux peuples de méditerranée, à la détresse des enfants, la chanteuse Amrie reprend cette chanson emblématique dans une version piano voix. Enregistrée spontanément au cours d’une répétition avec son pianiste Michel Tardieu, l’artiste a choisi de conserver volontairement le côté authentique et émotionnel de l’enregistrement de la chanson au lieu d’une version studio plus lissée. Amrie Saurel nous explique :

« La vibration émotionnelle à ce moment précis était un véritable moment de communion avec mon pianiste. Les yeux fermés, nous avons plongé dans une respiration commune pour le Liban et son peuple. En tant qu’artiste de Paix, il était normal que je vienne en soutien aux blessures morales des Libanais et des Libanaises. Le chant est un remède aux maux. Il apaise et fait renaître de ses cendres. Au-delà de cela, je voulais ancrer davantage l’amitié qui rapproche la France et le Liban en chantant cette belle langue qu’est l’arabe. Même si en France son image est écornée et réduite à des stéréotypes négatifs ; être curieux de l’autre, de sa langue, de sa culture pour mieux vivre l’Humain représente pour moi une richesse qui n’a pas son pareil.

En mémoire aux victimes, aux familles, aux orphelins et au nom de la fraternité qui nous relie au Liban par la mer et la francophonie, nous avons, avec mon équipe, tourné un clip dans le sud de la France sur le rivage nord de la Méditerranée. J’espère que ces images serviront à se souvenir et permettront également de faire cheminer les consciences sur le fait que la diversité linguistique est une chance, que la langue arabe est une source d’enrichissement personnel et un outil au service du mieux vivre ensemble. Participer au rayonnement culturel de mon pays à l’étranger et à celui des pays frères sur le territoire national me paraît un juste équilibre. »

Retardé à cause du covid, le dernier opus d’Amrie, « Rissala » (« Le message »), enregistré à Alger, sortira en octobre 2021 sur le territoire national.

Présidente de l’Espace des Rencontres Internationales d’Art en Méditerranée, accrédité par la Commission Nationale Française pour l’UNESCO, Magali Saurel alias Amrie œuvre pour le rapprochement des peuples et des cultures par l’éducation et l’organisation d’événements culturels.