vendredi 11 avril 2025
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À Marseille, Thani Mohamed Soilihi plaide pour un financement climatique plus juste

hani Mohamed Soilihi, ministre délégué à la Francophonie. © N.K.

Présent à Marseille pour le sommet Climate Chance, Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué à la Francophonie a défendu une réforme du financement climatique mondial. Taxation des pollueurs, rôle des diasporas, coopération avec les collectivitéS… il détaille pour Le Méridional les leviers à activer pour rendre la transition plus juste et revient sur la tenue du sommet « Ancrages » prévu à Marseille le 16 avril.

« Marseille, ville millénaire, pont entre les continents et les cultures… et ville de football bien évidemment. Vive l’OM ! » Thani Mohamed Soilihi a donné le ton. Invité à s’exprimer lors de la cérémonie d’ouverture du sommet Climate Chance, le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux a livré un discours, mêlant attachement personnel à la cité phocéenne – « une ville où je me sens toujours le bienvenu » – et appel à une réponse globale face à l’urgence climatique. Originaire de Mayotte, récemment frappée par le cyclone Gamane, il a rappelé les conséquences concrètes du dérèglement climatique en Afrique et dans les territoires ultramarins.

Dans son allocution, il a souligné le rôle des collectivités dans les coopérations internationales (avec Dakar, les Comores ou encore le Maroc), a appelé à la ratification du traité de protection de la haute mer, et a salué l’action de l’AFD dans les pays les plus exposés.

Ce déplacement marseillais avait aussi valeur de soutien politique à l’agence, régulièrement ciblée par les attaques de l’extrême droite. En marge de l’événement, Thani Mohamed Soilihi a accordé au Méridional un entretien sur les limites de l’action publique, les pistes pour réformer le financement de la transition, et la tenue à Marseille, en avril, du forum « Ancrages », dédié aux échanges entre la société civile et les diasporas africaines.

Les discours sur le climat s’enchaînent depuis des décennies. À quoi bon encore un sommet ?

Il faut en finir avec cette idée selon laquelle les discours seraient inutiles. Ce n’est pas comme si tout le monde était convaincu, loin de là. On assiste même à des reculs, y compris dans des pays majeurs comme les États-Unis. Continuer à parler du climat, c’est encore nécessaire. Mais il faut le faire autrement : de manière plus pragmatique, avec des ONG, des élus, des experts, des citoyens. Et surtout, en associant pleinement les pays africains. Il ne s’agit pas d’imposer les choses.

Quelles pistes concrètes explorez-vous actuellement ?

Il faut aider ceux qui ont moins de marge de manœuvre à agir. C’est tout l’enjeu du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète, porté par le président de la République. L’objectif est de proposer, d’ici au sommet de Séville en juin 2025, des solutions pour changer l’architecture financière du financement de l’aide au développement en général, mais des partenariats du climat en particulier. On travaille par exemple sur la taxation des plus gros pollueurs mondiaux – ce mécanisme n’existe pas encore à l’échelle planétaire – et sur la mobilisation de l’épargne des diasporas. Ce sont des sujets abordés lors de récentes réunions internationales, notamment en Afrique du Sud.

Cela suppose de mobiliser de nouveaux moyens financiers. Peut-on espérer un amorçage concret ?

Oui, et on l’a vu très récemment avec le sommet mondial sur la nutrition qui s’est tenu à Paris. Il a permis d’engager 28 milliards de dollars pour lutter contre la malnutrition, battant le précédent record de Tokyo… sans la participation des États-Unis. Ce type de sommet peut produire du concret, c’est ce que nous visons aussi sur le climat. Il faut des engagements, mais aussi de nouveaux leviers : taxes internationales, partenariats publics-privés, financements innovants.

Mais une taxe mondiale sur les grands groupes pollueurs est-elle réellement applicable ?

C’est comme ça que je conçois la politique : ça ne sert à rien de parler de choses que nous ne sommes pas en mesure de réaliser. Et si j’en parle, c’est parce que j’y crois. C’est peut-être la déformation professionnelle de l’avocat, mais je pense qu’il faudra le faire. Et si ça ne fonctionne pas du premier coup, il faudra recommencer, avec d’autres arguments, d’autres moyens.

Mais la France elle-même a réduit temporairement son aide au développement. Est-ce tenable ?

Je comprends que cela suscite des critiques, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Depuis 2017, nous avons doublé notre aide publique au développement. Certes, avec la situation budgétaire actuelle, tous les ministères ont été mis à contribution – y compris le nôtre. L’épisode de la note US7 (circulaire budgétaire de Bercy demandant à chaque ministère de proposer des économies pour 2024, dans un contexte de tension sur les finances publiques, ndlr) a conduit à des réajustements, mais cela ne remet pas en cause notre engagement. Nous devons faire plus avec moins, temporairement.

Concrètement, à combien s’élève aujourd’hui l’aide publique au développement ?

Le total est d’environ 13 milliards d’euros. La moitié passe par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, notamment via l’Agence française de développement (AFD). Et il faut souligner que 85% de l’activité de l’AFD repose sur des prêts levés sur les marchés, et non sur de l’argent public pris dans la poche des Français, contrairement à ce que certains insinuent. Les dons, eux, représentent environ 15 % de l’ensemble. Et ces dons ne sont pas distribués au hasard : la France assume de consacrer cette part à des projets qui favorisent l’égalité entre les femmes et les hommes, l’éducation des filles ou encore le soutien aux pays les plus en difficulté.

Et ces financements bénéficient aussi aux entreprises françaises ?

Environ 75% des projets portés par l’AFD bénéficient directement ou indirectement à des entreprises françaises. J’étais récemment au Cameroun, sur un chantier de barrage cofinancé par l’AFD et mis en œuvre par EDF. Ce projet va permettre d’alimenter 30% du pays en électricité et de créer 23 000 emplois. C’est du gagnant-gagnant. L’aide au développement, ce n’est pas de l’argent jeté par les fenêtres. C’est un investissement dans notre avenir commun.

La France reste-t-elle crédible dans sa trajectoire climatique ?

Oui, et je pense qu’on ne le dit pas assez. La France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre deux années de suite, au-delà des prévisions. Est-ce suffisant ? Non. Peut-on faire mieux ? Bien sûr. Mais on ne part pas de zéro. Et la convocation d’une conférence écologique nationale, même si cela peut sembler redondant, reste nécessaire pour rassembler tous les acteurs autour de la table.

Parlez-nous de la tenue du forum “Ancrages” à Marseille au mois d’avril. De quoi s’agit-il ?

C’est une rencontre prévue le 16 avril à Marseille, entre les diasporas africaines, des représentants de la société civile et les institutions. La précédente édition avait eu lieu à Lille. Marseille est un territoire symbolique, un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, une ville laboratoire d’initiatives qui peuvent essaimer ailleurs. L’objectif est de retisser du lien, de créer un espace d’échange sur les enjeux d’engagement, d’entrepreneuriat, de coopération. C’est aussi une manière de montrer que les solutions viennent parfois du terrain.

Propos recueillis par Narjasse Kerboua

Ils végétalisent, réparent, pédalent… six projets marseillais à l’avant-poste de la transition

© Ville de Marseille

Ils bricolent, végétalisent, pédalent ou cuisinent au solaire. Ce lundi, la Ville de Marseille et AtmoSud ont récompensé six projets qui donnent corps à la transition écologique.

Il y a ceux qui parlent de transition, et ceux qui la pratiquent. Lundi, à l’occasion du sommet Climate Chance Europe-Afrique, Marseille a salué six de ses enfants les plus remuants.

Les « Pionniers du Climat 2030 », un nom un brin solennel pour des acteurs souvent discrets, qui transforment la ville, une toiture après l’autre, un vélo cargo après l’autre.

Aux manettes, la municipalité et AtmoSud, l’observatoire Air-Climat Énergie, bien décidés à donner un coup de projecteur à ces pratiques qui réchauffent l’espoir sans réchauffer la planète.

Treize nommés au départ, six trophées au final. Pas de chèque, mais un objet sculpté à partir de déchets méditerranéens, signé Sauvage Méditerranée. Et surtout, une reconnaissance.

Fabrice Gaudiosio de Garage Comedy en maitre de cérémonie présente le trophée réalisé par l’association Sauvage Mediterrannée, à partir de déchets trouvés sur les plages de Mediterranée. © Ville de Marseille

Des fourneaux solaires et des toits végétalisés

Premier nommé : la Friche Belle de Mai. 45 000 m² de béton en pleine ville, 92% de surface imperméabilisée.

Et malgré tout, une ambition : réintroduire la nature, la vraie, celle qui absorbe les chocs thermiques, capte les eaux pluviales et invite les cigales à revenir. Elle repart avec le prix « adaptation ».

Dans un tout autre registre, Le Présage et sa cuisine solaire, murs en bois et produits de saison. C’est le goût local, mais en version bas carbone.

Ninety, de son côté, réinvente la pédagogie par la pratique avec visites d’usine, découverte des métiers du reconditionnement, l’objet numérique devient support de conscience climatique.

Des fourneaux solaires et des toits végétalisés

La logistique marseillaise peut-elle rouler à l’électrique sans moteur thermique ? Les Boîtes à vélo pensent que oui. Leur initiative : prêter des vélos cargos aux entreprises pour leurs livraisons. Une réponse concrète à l’impasse du dernier kilomètre.

Sénova, bureau d’études, accompagne les copropriétés pour qu’elles végétalisent et rénovent leurs immeubles. Une main verte sur les façades, et des économies d’énergie à la clef.

Enfin, le prix du public revient à Massilia Sun System. Une Scop qui ne vend rien, mais collecte l’épargne citoyenne pour financer des centrales solaires sur les toits de la ville. L’autonomie énergétique, mais à l’échelle du voisinage.

Tous bénéficieront d’un accompagnement technique et stratégique. Ramboll, Reset4impact, Arca avocat ou encore Atelier 2 tonnes sont mobilisés pour amplifier leur action.

N.K.

© Ville de Marseille

Le Sud s’offre un beau millésime dans le Guide Michelin

L’Auberge de Saint-Rémy, dirigée par Fanny Rey et Jonathan Wahid, obtient une deuxième étoile. © Alain Robert

Le palmarès 2025 du Guide Michelin, dévoilé lundi à Metz, distingue plusieurs établissements du Sud, de Marseille à Monaco, de Marseille à Monaco, en passant par l’arrière-pays varois, les Bouches-du-Rhône ou les hauteurs du Vaucluse. Un cru solide, sans bouleversement, mais qui confirme la vitalité de la scène gastronomique méridionale.

Le Sud avance à son rythme, sans tapage, mais avec constance. Lors de la cérémonie 2025 du Guide Michelin, organisée ce lundi à Metz, dix-sept restaurants du grand quart sud de la France ont été récompensés d’une première étoile, tandis que deux maisons ont obtenu une seconde distinction.

Une reconnaissance qui touche à la fois les grandes villes et des territoires plus discrets, de la Provence aux contreforts des Cévennes, des Alpes-Maritimes jusqu’en Corse.

À Marseille, Michel Marini rejoint la liste des étoilés avec son établissement Belle de Mars, situé dans le 6e arrondissement. C’est la seule nouvelle distinction pour la cité phocéenne, qui conserve par ailleurs ses piliers : Le Petit Nice de Gérald Passédat et AM par Alexandre Mazzia gardent leurs trois étoiles, Une Table, au Sud (Ludovic Turac), Signature (Coline Faulquier) et Alcyone (Lionel Lévy) maintiennent la leur.

Plus au nord, Loïc Pietri, à la tête du restaurant Étude à Aix-en-Provence, fait son entrée dans le guide.

À Barbentane, dans les Bouches-du-Rhône, Nicolas Thomas est également distingué pour son établissement Ineffable, tandis que Julien Allano obtient une étoile pour JU – Maison de Cuisine, à Bonnieux, dans le Vaucluse.

Côté littoral, Jean Imbert, associé à Christophe Nannoni, reçoit une étoile pour La Palme d’Or, à Cannes. À Théoule-sur-Mer, le chef Francesco Fezza est récompensé pour Mareluna.

Dans l’arrière-pays varois, Benjamin Le Balch rejoint le palmarès avec Chez Jeannette, à Flassans-sur-Issole. À Saint-Tropez, Arnaud Donckele et Maxime Frédéric décrochent une étoile pour le restaurant qu’ils signent chez Louis Vuitton.

La sélection 2025 confirme aussi la solidité de certaines tables déjà bien installées. À Saint-Rémy-de-Provence, L’Auberge de Saint-Rémy, dirigée par Fanny Rey et Jonathan Wahid, obtient une deuxième étoile.

Même distinction pour L’Abysse Monte-Carlo, mené par Yannick Alléno et le chef japonais Yasunari Okazaki, à Monaco. Deux progressions logiques, saluées par le guide pour leur exigence et leur régularité.

Enfin, la Corse n’est pas oubliée : deux établissements y obtiennent une étoile, Finestra by Italo Bassi à Bonifacio et Le Charlie de Richard Toix à Porticcio.

Pas de nouveau trois étoiles cette année dans le Sud, mais un ensemble de tables qui rejoignent ou confirment leur place dans un paysage gastronomique en évolution. Une sélection qui, sans révolution, témoigne d’une dynamique bien ancrée.

L.-R.M.

OM – Blessé au genou, Leonardo Balerdi sera absent plusieurs semaines

Balerdi OM
Leonardo Balerdi a déjà manqué quatre rencontres cette saison. En son absence, l'OM compte deux victoires pour deux défaites. Photo Alain Robert

Sorti prématurément samedi à Reims (3-1), Leonardo Balerdi souffre d’une entorse du genou fauche. Absent pour plusieurs semaines, le capitaine de l’OM rejouer-t-il cette saison ?

Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’Olympique de Marseille. En crise sportive après avoir concédé à Reims (3-1) une quatrième défaite en cinq journées, descendu à la 3e place de L1, le club olympien devra se passer durant « plusieurs semaines » de son capitaine Leonardo Balerdi.

Blessé au genou en début de match en Champagne, l’Argentin avait dû céder sa place peu après la demi-heure de jeu, après s’être montré fautif sur l’ouverture du score rémoise quelques minutes plus tôt.

Il a fallu attendre que son genou dégonfle pour enfin passer une IRM ce lundi et le verdict a confirmé le constat initial, le corps médical de l’OM indiquant devant les caméras du diffuseur que l’articulation avait tourné : Leonardo Balerdi souffre d’une entorse du ligament interne.

Cornelius, seul défenseur central de métier disponible

L’international argentin (26 ans, 23 matchs de Ligue 1 joués cette saison) va donc devoir observer « plusieurs semaines de repos », a indiqué le club, sans préciser avec exactitude la durée de son indisponibilité. « Cela me peine plus que la défaite », avait réagi Roberto De Zerbi samedi.

Sachant qu’il reste seulement sept rencontres à disputer lors des sept prochaines semaines, reverra-t-on le numéro 5 sur la pelouse d’ici au samedi 17 mai, date de la 34e journée, contre Rennes, au Vélodrome ?

Cette absence, d’une durée indéterminée, va contraindre Roberto De Zerbi à changer une nouvelle fois sa défense. À ce jour, il reste un seul défenseur de métier disponible, Derek Cornelius, dont les prestations récentes inquiètent.

Recruté début janvier, mais arrivé en manque de rythme, l’Italien Luiz Felipe Ramos cumule les blessures. Vendredi dernier, avant le déplacement à Reims (qu’il n’a pas effectué), le service communication de l’OM indiquait que l’international italien était en « phase de renforcement en salle », après une lésion à l’ischio-jambier droit.

Rongier
Photo Alain Robert

Hojbjerg ou Rongier contraints de dépanner derrière ?

Black listé depuis l’été dernier, sanctionné puis fugacement réintégré au groupe pro, Chancel Mbemba a disparu des radars olympiens. Et même s’il a disputé avec la RC Congo l’intégralité des deux rencontres comptant pour les qualifications à la coupe du monde, il semble parfaitement illusoire de revoir « Demi Dieu » avec la tunique de l’OM.

Roberto De Zerbi va donc encore devoir bricoler pour bâtir son arrière-garde. Il s’appuiera probablement sur des « habitués » du dépannage, le latéral Amir Murillo, de retour de blessure, et le milieu Geoffrey Kondogbia.

Un autre milieu de terrain sera sans doute recyclé en défenseur ce dimanche (20h45) pour la réception de Toulouse. Pierre-Emile Hojbjerg et Valentin Rongier ont été déjà vus une fois cette saison à ce poste, respectivement à Strasbourg et contre Lens. À chaque fois, l’OM s’était incliné 0-1.

« Sans Balerdi, on n’a pas de défenseur rapide », constatait encore Roberto De Zerbi samedi soir après la gifle rémoise. Et c’est bien ça tout le problème.

B.G.

Branchement à quai : quand Benoît Payan s’attribue un dispositif lancé par la Région

Marseille, France - October 25, 2019 : A ship of the company

C’est une phrase qui n’a pas échappé à ceux qui suivent le dossier depuis ses débuts. Lors du sommet Climat Chance, Benoît Payan a salué la mise en place du branchement électrique des navires à quai, comme une initiative municipale. Une manière bien commode d’oublier que le dispositif a été conçu, financé et mis en œuvre par d’autres. La Région Sud en tête.

« Je me souviens, il y a dix ans, quand nous portions cette question-là… Les élus riaient. Ils se demandaient comment nous vivions, ce que nous racontions. » Le maire (DVG) de Marseille a le sens de la formule. Et celui du timing. « Dire en 2015 que ce port, comme les autres ports, ne pouvait plus accueillir de navires qui tournent leurs moteurs 24 heures sur 24, ça faisait sourire. Le temps a changé. »

À l’ouverture du sommet Climate Chance Benoît Payan a sorti l’anecdote avec assurance du visionnaire incompris, pionnier moqué avant d’être imité. Mais dans les rangs de ceux qui suivent le dossier depuis le début, la sortie fait grincer.

Car l’électrification des quais à Marseille, ce n’est pas une idée municipale. C’est une politique régionale, lancée bien avant que la Ville de Marseille ne s’y investisse. Dès 2017, le Grand Port Maritime de Marseille engage son programme Cenaq (Connexion Electrique des Navires à Quai). En 2019, la Région Sud s’y connecte avec son plan Escale Zéro Fumée, 30 millions d’euros mis sur la table pour réduire les émissions des navires à quai.

« C’est un peu déplacé »

Il faut attendre 2022 et une pétition citoyenne largement relayée pour que la majorité municipale entre dans la danse. À l’époque, la pollution des croisières est devenue un sujet sensible. Une enveloppe de 10 millions d’euros est votée en conseil municipal en septembre. Mais aucun fléchage précis à ce moment-là. Il faudra attendre un an de plus, jusqu’à l’automne 2023, pour que 6 millions d’euros soient affectés aux activités portuaires, dont 3 à la réparation navale. L’électrification pure ? Elle n’apparaît pas dans les lignes budgétaires.

Du côté du conseil régional, on digère mal l’appropriation politique. « C’est un peu déplacé, juge Christophe Madrolle, élu écologiste régional, offusqué, à la sortie de l’ouverture du Sommet. Ce sujet, on le travaille depuis plus de quatre ans. La mairie de Marseille a mis du temps à venir. Aujourd’hui, elle annonce cela en ouverture du sommet, comme si c’était son projet. »

Le reproche n’est pas tant le soutien tardif – « on ne peut que se féliciter qu’ils aient fini par venir » – que la mise en scène. Une séquence où la Ville joue les premiers rôles alors qu’elle est arrivée au générique de fin.

La charge régionale

Vers 16 heures, la riposte tombe. Dans un communiqué* aux accents de recadrage, la majorité régionale accuse Benoît Payan de « réécrire l’histoire » et d’attribuer à la Ville un chantier auquel elle « n’a jamais voulu prendre part. »

La Région revendique des résultats concrets : -35 % de particules fines soufrées et dioxyde de soufre divisé par 7 dans les ports de Marseille, Toulon et Nice. Autant de données qui, selon elle, illustrent l’efficacité d’un plan structuré et piloté sans la Ville. « Certains découvrent aujourd’hui l’électrification des quais ? Tant mieux. Il n’est jamais trop tard pour se brancher à la réalité. »

Pendant ce temps-là, le port avance

Tandis que la Ville affine ses éléments de langage, le Grand Port Maritime de Marseille branche pour de bon. Une nouvelle phase d’électrification vient d’être lancée, avec près de 70 millions d’euros supplémentaires investis, qui s’ajoutent aux 81 millions déjà engagés ces dernières années.

Objectif : dix nouveaux postes à quai capables d’alimenter trois à quatre paquebots simultanément, répartis sur l’ensemble des bassins Est. Deux seront installés juste en face du Mucem, pour les croisières de luxe. Trois autres, dont deux dès 2025, sont prévus sur le môle Léon-Gourret. À Marseille, l’électrification avance. Avec ou sans storytelling.

N.K.


*article réactualisé avec le communiqué de presse de la Région Sud.

Marseille expérimente la vie sous 50 °C

Durant deux jours, en marge du sommet Climate Chance Europe-Afrique, Marseille accueille une installation inédite : une chambre climatique mobile chauffée à 50 °C. L’objectif est faire vivre aux visiteurs un avant-goût du climat extrême de demain.

À première vue, cela ressemble à un simple conteneur posé place Bargemon, à deux pas de l’Hôtel de Ville. Mais franchir ses parois, c’est entrer dans une projection climatique. Une faille temporelle ouverte sur les années 2050 ou 2060. Pas de science-fiction ici, juste de la chaleur. Suffocante. Réelle. Cinquante degrés Celsius. Une température extrême, désormais plausible.

Du 31 mars au 1er avril, dans le cadre du sommet Climate Chance Europe-Afrique qu’elle co-organise, la Ville de Marseille proposera une expérience immersive unique, conçue par l’Human Adaptation Institute, basé à Marseille.

Cette chambre climatique mobile est la première au monde à être accessible au grand public. Elle met à l’épreuve le corps et l’esprit durant 30 minutes : 10 minutes de marche ou de course, suivies d’exercices d’agilité, avant de passer à des tâches cognitives simples. Mais rien ne reste simple à 50 °C. Ni lire. Ni réfléchir. Ni même boire un thé.

Selon son concepteur, Christian Clot, explorateur-chercheur à l’origine du projet Climate Sense, il s’agit de rendre tangible ce que les rapports scientifiques chiffrent.

De faire ressentir dans le corps ce qui menace nos vies demain. Les épisodes caniculaires s’allongent, les îlots de chaleur urbains se multiplient, les ressources hydriques s’amenuisent. En France, le réchauffement moyen atteint déjà +1,7 °C. Il pourrait grimper à +4 °C d’ici 2100, selon le ministère de la Transition écologique.

« L’idée est de faire vivre aux visiteurs une situation climatique extrême pour prendre conscience des enjeux très concrets du réchauffement », indique l’Human Adaptation Institute, qui a conçu et financé l’expérience. Le projet, né dans l’esprit de Christian Clot en 2021, est le fruit de plusieurs années de recherches et d’observations sur les effets de la chaleur extrême sur l’être humain. Il s’inscrit dans une volonté de sensibiliser largement le public aux réalités climatiques de demain, là où la canicule n’est plus un épisode isolé, mais un nouveau normal.

Un corps mis à l’épreuve

Chaque participant entre avec sa température corporelle et en ressort transformé. À l’intérieur, des instruments de mesure enregistrent la signature thermique, le rythme cardiaque, les réactions physiologiques. Une caméra thermographique capte en direct les zones du corps les plus affectées par la chaleur. À la sortie, une restitution complète est proposée, accompagnée d’échanges avec les responsables du projet et d’une exposition pédagogique.

L’expérience met en évidence les effets de la chaleur sur les capacités motrices et mentales : réduction de la concentration, perte de préhension, fatigue cognitive. Mais aussi baisse de l’appétence sociale, comme l’ont montré les études de terrain menées par l’institut. Autant de signaux faibles appelés à devenir dominants dans un monde à +4 °C.

Du ressenti à l’action

À l’issue du parcours, chaque visiteur repart avec un document intitulé « Témoin du Climat », qui propose 50 gestes concrets à adopter en 40 jours. Réduction de son empreinte carbone, choix alimentaires, mobilité, gestion énergétique… Une façon de relier l’expérience individuelle à une réponse collective, et de transformer le ressenti en action.

La chambre climatique, pensée pour être mobile, marque une première mondiale. Si des installations fixes permettent déjà de simuler des conditions extrêmes dans des centres de recherche, jamais un tel dispositif n’avait été conçu pour le grand public, ni rendu itinérant. L’objectif est clair : faire passer la science du papier au vécu, du chiffre abstrait à l’épreuve du corps.

Pendant deux jours, Marseille n’imagine pas le climat de demain : elle l’inspire à plein poumons. Et pour qui y entre, la question n’est plus « si » ce monde peut exister. Mais s’il est encore temps de l’éviter.

Narjasse Kerboua


Place Bargemon, Marseille
31 mars et 1er avril 2025, de 9h à 20h
Expérience accessible dès 12 ans (accompagné), déconseillée aux femmes enceintes
climate-chance.org


Marseille : au Petit Séminaire, une coulée verte pour réconcilier ville, paysage et mémoire

Le quartier du Petit Séminaire, dans le 13e arrondissement de Marseille, a été retenu parmi les dix sites pilotes de la consultation nationale « Quartiers de demain ». Un projet emblématique, entre transition écologique, justice territoriale et réinvention du vivre-ensemble. Trois équipes ont été retenues pour imaginer sa transformation.

Le Petit Séminaire entame sa mue. Ancienne cité HLM construite dans les années 1960 pour répondre à l’urgence des bidonvilles, détruite en 2024 après des décennies de dégradation, le quartier s’apprête à accueillir une coulée verte de plus de deux hectares, le long de la rue de la Maurelle, dans une zone à la fois inondable, enclavée et marquée par un lourd passé urbain.

Sélectionné dans le cadre de la consultation nationale « Quartiers de demain » – une initiative de l’État pour repenser l’aménagement dans dix quartiers prioritaires – le site marseillais verra s’affronter trois groupements pluridisciplinaires dans le cadre d’un dialogue compétitif. Parmi eux, Folléa-Gautier (paysagistes-urbanistes), AMT (mobilités et infrastructures) et Ilex (urbanisme et paysage).

Leur défi : proposer une trame végétale capable de devenir un îlot de fraîcheur, un levier d’inclusion, et un exemple de ville adaptée au climat méditerranéen.

« On veut nature, culture, éducation, bien-être et logement »

Pour Marion Bareille, maire (DVD) des 13e et 14e arrondissements, ce projet doit incarner une vision globale du quartier. « Aujourd’hui, dès lors qu’on parle réhabilitation, construction de nouveaux logements, on pense au quotidien, à l’entretien et au bien-être des habitants actuels. Et puis, pour que ce soit séduisant pour les nouveaux habitants », explique-t-elle dans une vidéo réalisée par l’agence Capa avec les archives de l’INA.

Elle rappelle que le 13e arrondissement, le plus peuplé de Marseille avec 95 000 habitants, compte près de 40 % de logements sociaux, souvent construits dans les années 1960 autour de noyaux villageois. « On ne veut pas produire uniquement du logement, mais aussi de la nature, de la culture, de l’éducation et du bien-être. »

Le projet s’inscrit dans une relecture plus sensible du territoire, marqué autrefois par des bastides et une nature encore présente. La coulée verte devra s’y insérer sans effacer l’histoire, en valorisant les continuités paysagères et les usages partagés. Un enjeu écologique, mais aussi social et mémoriel.

Inventer la ville avec ceux qui y vivent

Dans la même vidéo, Nassera Bermarnia, adjointe au maire de Marseille en charge du retour de la nature en ville, insiste sur le changement de paradigme que porte le projet. « La nature, elle était là avant tout le monde. Donc aujourd’hui, on s’adapte à la nature et on construit autour des éléments de nature qui existent. »

Pour l’élue, le Petit Séminaire devient un terrain d’expérimentation grandeur nature pour une nouvelle manière de faire la ville : « Même si ça se passe au Séminaire, c’est là qu’on construit une politique publique qui peut nous servir d’exemple à déployer à l’échelle d’une ville. C’est une chance pour tous les Marseillais. »

Le projet repose sur une concertation étroite avec les habitants, au cœur de la méthode « Quartiers de demain ». À l’échelle nationale, trente équipes ont été sélectionnées pour intervenir sur dix quartiers prioritaires, avec pour objectif de construire leurs propositions en lien étroit avec les élus, les habitants et des jurys citoyens.

Valérie Létard, ministre chargée du Logement, souligne que « réhabiliter, adapter, améliorer le cadre de vie… ces dix quartiers pilotes doivent constituer des initiatives inspirantes et exemplaires pour penser la rénovation urbaine de demain, inclusive, durable et construite avec les habitants ».

Juliette Meadel, ministre déléguée chargée de la Ville, insiste quant à elle sur l’importance de cette co-construction : « La valeur incontestable de Quartiers de demain est de penser la ville du futur en additionnant le talent des urbanistes à l’expertise du quotidien des habitants. »

À Marseille, cette participation prendra corps tout au long de l’année 2025. Les habitants encore présents dans les logements restants seront invités à imaginer les futurs usages de la coulée verte : parcours sportif, lieu intergénérationnel, bancs pour se retrouver à la sortie de l’école… Autant d’idées pour façonner un espace commun à échelle humaine.

Une échéance fixée à novembre

Le projet du Petit Séminaire illustre la philosophie de la consultation « Quartiers de demain », pensée comme un laboratoire d’architecture, d’urbanisme et de paysage au service des quartiers populaires. Comme le rappelle Rachida Dati, ministre de la Culture, lors de la présentation des équipes à la Cité de l’Architecture : ces territoires « regorgent de créativité et d’initiatives qui méritent d’être mises en valeur ».

Le chantier n’est pas pour tout de suite. L’année 2025 sera consacrée à la co-construction avec les habitants et au dialogue entre les équipes en compétition. Le lauréat final sera désigné en novembre 2025, et la maîtrise d’œuvre confiée à l’équipe retenue pour un démarrage des travaux prévu à partir de 2027. Mais l’ambition est posée. Faire du Petit Séminaire un quartier où la nature redevient une alliée, et où l’avenir se construit sans effacer les racines.

Narjasse Kerboua


Sécurité : le Département muscle son soutien aux communes

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Vidéoprotection, renforcement des polices municipales, modernisation des infrastructures de secours, le Département des Bouches-du-Rhône a multiplié les investissements ces dernières années pour soutenir les collectivités locales en matière de sécurité.

Face aux préoccupations croissantes des habitants en matière de sécurité, le Département des Bouches-du-Rhône aide les communes à protéger les Provençaux.

Depuis 2015, plus de 76 millions d’euros ont été investis pour financer le déploiement de la vidéoprotection, la construction et la rénovation de commissariats ou l’équipement des policiers municipaux.

Le Département est également à la manœuvre pour construire de nouveaux centres d’incendie et de secours et de nouvelles casernes de gendarmerie.

De nouveaux commissariats dans les communes

Plusieurs communes ont bénéficié de financements pour la rénovation ou la construction de postes de police municipale.

À Aubagne, un hôtel de police a été récemment inauguré avec des équipements modernes, tandis qu’à Istres, un ancien commerce a été transformé en antenne de police.

D’autres communes comme Carry-le-Rouet, La Ciotat, Arles, ou Le Tholonet ont également rénové leurs infrastructures. 20 millions d’euros ont été alloués à ce volet sécuritaire.

La vidéoprotection gagne du terrain

Le développement des dispositifs de vidéoprotection s’est également accéléré. 1 600 caméras ont été installées autour de 92 collèges volontaires dans le cadre du Plan Charlemagne.

Établissements scolaires, bâtiments recevant du public, axes routiers stratégiques… au total, 26,8 millions d’euros ont été mobilisés pour soutenir l’installation de caméras dans des zones identifiées comme sensibles.

Plusieurs communes ont franchi le pas ces dernières années. À La Bouilladisse, les abords du futur Valtram sont désormais sous surveillance. À Maillane, le centre du village et les écoles ont été équipés.

Dans les espaces clos comme les parkings, les caméras permettent de prévenir certains délits, notamment les vols à l’arraché.

De nouvelles casernes pour les pompiers et les gendarmes

Le Département accompagne également la construction et la rénovation des casernes de gendarmerie. Depuis 2017, 43 millions d’euros ont été investis dans ce domaine.

À Roquevaire, une première caserne construite sur le modèle “100% sécurisation renforcée” a vu le jour. Une autre, à La Roque d’Anthéron, a été livrée fin 2024. À plus long terme, deux nouvelles casernes de gendarmerie verront le jour à Saint-Martin-de-Crau et à Trets d’ici à 2027.

Perspective – Caserne de Saint-Martin-de-Crau.

Dans le secteur des secours, l’effort porte sur la construction et la rénovation des casernes pour les sapeurs-pompiers. Après Sénas et Allauch l’an dernier, deux nouvelles casernes seront opérationnelles à Istres et Aix-en-Provence dans quelques semaines, suivies par Vauvenargues en fin d’année.

À Marignane, un nouveau Pélicandrome est désormais opérationnel pour permettre le remplissage rapide des avions bombardiers d’eau et ainsi mieux protéger le territoire contre les incendies.

Un appui logistique aux forces de l’ordre

Le soutien aux forces de sécurité passe aussi par la mise à disposition de matériel. En octobre dernier, six véhicules réformés ont été remis à la direction interdépartementale de la Police nationale, et la brigade de sécurisation des transports d’Aix-Vitrolles a reçu deux véhicules supplémentaires.

Si la gestion de la sécurité publique reste une compétence de l’État et des collectivités locales, l’intervention du Département dans ce domaine s’est renforcée ces dernières années. En accompagnant les communes dans leurs projets d’équipement, il contribue à la montée en puissance des dispositifs de surveillance et de prévention sur le territoire.

La Métropole aide à rouvrir les commerces vacants

Authentic French small shop or taverna, locked, at antient narrow street with cosy yellow houses in the old town La Panier in Sunny Marseille in Mediterrian France

Pour lutter contre la vacance commerciale, la Métropole Aix-Marseille-Provence lance un dispositif de soutien à l’installation de commerces et d’artisanat dans les centres-villes.

La Métropole Aix-Marseille-Provence déploie une nouvelle aide destinée aux commerçants, artisans et très petites entreprises (TPE) souhaitant s’implanter ou se développer dans des locaux vacants situés en centre-ville ou dans des noyaux villageois.

Ce dispositif vise à encourager la rénovation et l’exploitation de ces espaces afin de renforcer l’attractivité économique des cœurs de ville. Les dépenses éligibles couvrent notamment les travaux d’aménagement intérieur, la mise aux normes, la devanture commerciale ou encore l’acquisition d’équipements professionnels.

Le montant de l’aide peut atteindre 35% ou 20% du coût hors taxe des travaux selon la zone, dans la limite de 20 000 euros. Les projets doivent s’inscrire dans la stratégie de dynamisation commerciale de la commune.

Le dispositif s’inscrit dans le prolongement de l’Agenda du Développement Économique voté en 2022 et s’appuie sur un partenariat avec la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Provence-Alpes-Côte d’Azur et la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence. « Cette aide vient compléter les outils existants pour soutenir nos commerçants, nos artisans et nos entrepreneurs », indique Martine Vassal, présidente de la Métropole, dans un communiqué de presse.

Pour rappel, une foncière dédiée, Foncière Commerces Développement, a également été créée pour acquérir puis louer des locaux à vocation économique. Les périmètres éligibles sont consultables via le programme « Envie de Ville » sur le site Open Data de la Métropole.

> Les dossiers sont à déposer avant le 5 avril 2025 sur la plateforme www.demarches-simplifiees.fr.

À l’OM, c’est l’heure de la crise de printemps

OM
Photo OM

En dessous de tout à Reims (3-1), où il a concédé sa 4e défaite en cinq matchs, l’OM est en crise. Désormais 3es de Ligue 1, les Olympiens ont affiché d’importantes lacunes mentales. Roberto De Zerbi a puni ses joueurs, qui ont passé la nuit à la Commanderie.

Brouillons sur la pelouse du stade Auguste-Delaune samedi après-midi, incapables de dominer une équipe de Reims qui n’avait plus gagné depuis le 10 novembre dernier, joueurs et coach de l’OM ont enfin été offensifs dans leurs réactions d’après-match.

Comme si la lucidité qui leur avait fait défaut pendant 90 minutes en Champagne s’était soudainement manifestée après la bouillie de football proposée (3-1).

« Quatre défaites en cinq matchs, c’est un moment difficile », reconnaissait d’emblée le coach Roberto De Zerbi en conférence de presse. Puis il avouait : « Évidemment qu’il faut être préoccupé, on a perdu quatre matchs sur les cinq derniers ». Pire, il fallait aussi remonter au siècle dernier (1984) pour retrouver trace d’une équipe olympienne ayant encaissé au moins trois buts au cours de trois déplacements consécutifs.

La mentalité en cause

Déjà alerté par les défaites contre d’autres équipes mal en point (Auxerre, Lens), l’entraîneur italien constate : « Si on n’arrive pas à avoir la même mentalité que contre Paris et que l’on n’arrive pas à avoir cet état d’esprit contre les équipes qui sont en bas du classement, on ne sera jamais une grande équipe ».

Des propos forts, sans concession, qui rejoignaient les déclarations à chaud d’Adrien Rabiot au micro de beIN Sports.

« Ça fait mal d’afficher cet état d’esprit, regrettait le « Duc », qui a récupéré le brassard de capitaine après la sortir sur blessure de Leonardo Balerdi (entorse du genou ?). On a des objectifs et ça n’est pas suffisant. J’ai l’impression de voir des mecs qui n’ont pas envie d’aller en Ligue des champions, qui n’ont pas envie de se battre pour connaître ça. »

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Photo OM

Je ne comprends pas qu’on n’ait pas plus faim sur le terrain à l’idée d’aller jouer la Ligue des champions l’année prochaine

Adrien Rabiot

Déplorant des grosses lacunes dans les duels et le contre-pressing, Adrien Rabiot ne cachait pas son incompréhension : « Je ne comprends pas qu’on n’ait pas plus faim sur le terrain à l’idée d’aller jouer cette compétition l’année prochaine. Il faut avoir une autre mentalité. Il y a des équipes derrière qui ont envie ».

L’international français assénait alors : « Il faut se remettre en question. Il reste sept matches, il faut savoir ce qu’on veut faire, si on veut aller en Ligue des champions. Moi, je suis venu pour ça. Si d’autres n’ont pas envie, ils doivent le dire avant les matches et laisser d’autres jouer ».

Rongier : « On ne peut pas se permettre d’avoir un attitude pareille »

Passé en zone mixte devant les médias, après une très longue explication dans le vestiaire, Valentin Rongier, unique buteur olympien du jour, nourrissait les mêmes regrets. « On peut perdre des matchs, mais quand on est l’OM, qu’on veut aller en Ligue des champions, on ne peut pas se permettre d’avoir un attitude pareille », jugeait le numéro 21.

Valentin Rongier espère toutefois rapidement tourner la page. « Il faut repartir de l’avant, avec la tête haute, en travaillant surtout, en étant très humble, appuie celui qui a commencé milieu avant de terminer defenseur samedi, et pas exempt de tout reproche sur le deuxième but rémois. Parce que là, il faut qu’on fasse profil bas. Et qu’on montre un visage différent. »

Au vrai, les satisfactions olympiennes sont rares. Voire inexistantes. Les quelque mille fanas de l’OM présents à Reims ont entonné « Mouille le maillot ou casse toi » quand l’escouade à De Zerbi s’est présentée devant eux une fois la gifle encaissée.

La mentalité ne s’achète pas au supermarché. Celle que je veux pour mon équipe n’est pas celle que l’on a pour l’instant

Roberto De Zerbi

Un chant qui fleure bon la crise de printemps, d’autant que Monaco lui a chipé la deuxième place dans la soirée, après son succès dans le derby de la Côte d’Azur face à Nice (2-1). La défense fut aux bois, précipitée par la blessure puis la sortie de Balerdi. Luis Henrique et Mason Greenwood, hormis une entame intéressante, n’ont pas pesés sur les débats.

« La mentalité ne s’achète pas au supermarché, a tonné Roberto De Zerbi, qui a fait et défait plusieurs fois son animation et déplacé ses hommes au gré des changements, ce samedi. La mentalité que je veux pour mon équipe n’est pas celle que l’on a pour l’instant. Il faudra que j’explique aux joueurs ce que je veux au niveau de la mentalité. »

Alors qu’il ne reste que sept rencontres à disputer, le temps presse et l’objectif unique de cette saison (finir sur le podium pour être qualifié directement en Ligue des champions) semble de plus en plus illusoire à ce rythme-là.

Photo B.G.

Nuit à la Commanderie, deux jours de repos supprimés

« On n’a pas ce feu intérieur pour réussir à remporter ces matchs », estimait l’entraîneur italien de l’OM en réponse à une question sur la prestation de Mason Greenwood. Mais le constat vaut pour toute son équipe.

« D’un point de vue tactique, je ne pense pas que l’on doive changer quelque chose. Peut-être autre chose, l’aspect mental… », finissait par avouer Roberto De Zerbi.

L’Italien n’a pas tardé à taper du poing sur la table. Sur le chemin du retour en Provence, le coach a interdit à ses joueurs de rentrer chez eux, samedi soir. Tous ont dormi au Centre Robert Louis-Dreyfus, se voyant également privés de leurs deux jours de repos initialement prévus.

Les coéquipiers d’Adrien Rabiot ont ainsi repris l’entraînement dès ce dimanche. Autant pour les sanctionner leur prestation honteuse à Reims que pour remobiliser le groupe dans ce sprint final, à sept journées de la fin du championnat.

Benoît Gilles

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