Nasser Larguet, 62 ans, directeur du centre de formation de l’OM depuis un an après avoir été directeur technique national du Maroc, se félicite de l’excellente saison de la pépinière olympienne mais il avertit les joueurs qui seraient portés sur le dilettantisme : « il faut se surpasser, il faut donner tout ce que l’on a pour son équipe et ne pas se concentrer sur sa personne. »
Nasser Larguet est un éducateur pragmatique. Lorsqu’il est arrivé à la tête du centre de formation de l’OM en juillet 2019, il a compris que le personnel venait de vivre une période de turbulences et il s’est mis à l’écoute des éducateurs et du staff médical pour comprendre ce qui pouvait être amélioré dans le domaine de la formation. Il a été agréablement surpris de constater que la politique de jeunes mise en place par le président Jacques Henri Eyraud et Andoni Zubizaretta portait ses fruits puisque, au cours des dernières années, onze joueurs issus du centre de formation se sont retrouvés au sein de l’équipe professionnelle et 95 % des pensionnaires du centre ont obtenu leur bac.
Sa priorité a été d’abord « d’unifier » le travail des entraîneurs, des préparateurs physiques et du staff médical, car chaque entité avait tendance à travailler toute seule. Il a fallu recentrer les esprits autour de l’institution OM. « Quand je suis arrivé au club, il n’y avait plus d’entraîneur pour la Nationale 2. Au niveau des U 17, il y avait deux entraîneurs et un seul pour les U 19, j’ai donc dû m’atteler à restructurer le centre de formation en recrutant des gens compétents ».
La chance de Nasser Larguet est d’avoir pu enregistrer l’arrivée de Philippe Anziani et de Maxence Flachez, deux formateurs aguerris, pour s’occuper de la Nationale 2 qui est l’équipe réserve de l’OM. Il a convaincu ensuite Olivier Januzzi et Jacques Abardonado de prendre en charge les U 19 car l’objectif premier de cette équipe qui était descendue au niveau régional était de remonter.
Nasser Larguet a donc recruté deux nouveaux éducateurs pour l’équipe des U 17 : Stéphane François et Titou Hasni, ancien entraîneur de Gémenos et formateur expérimenté. Il est ensuite passé à la seconde phase de son projet : la mise en concordance du staff médical, des préparateurs physiques et des entraîneurs. « Dans le foot tout est lié, estime Nasser, on entraîne des joueurs qui courent, sautent, frappent, et font des efforts énormes pour réussir en raison de l’investissement physique très élevé exigé par les compétitions actuelles ».
« L’état d’esprit est essentiel »
Cet objectif de « former une équipe » transversale susceptible de s’occuper d’un joueur et de l’accompagner de A à Z a été atteint et ce n’était clairement pas le cas avant son arrivée. Avec un beau fair-play, Nasser rend hommage à son prédécesseur Jean-Luc Cassini et au président Jacques Henri Eyraud qui ont obtenu, grâce à leur travail, le label « Prestige » de la fédération française de football.
Ce que veut améliorer Nasser Larguet, au-delà des résultats, en tous points excellents cette année, c’est l’état d’esprit, la volonté, l’envie de se surpasser à tous les échelons du club. On ne peut valablement juger une politique de formation qu’à long terme. Mais d’ores et déjà, chacun peut constater que les U 19 sont montés en National et que les U 17 terminent premiers devant des équipes comme Montpellier ou Nice dont l’excellence en matière de formation n’est plus à prouver. Quant aux U 16 ils ont réalisé eux aussi un superbe parcours en championnat.
« Pour obtenir de tels résultats, estime Nasser, il faut se surpasser, il faut donner tout ce que l’on a pour son équipe et ne pas se concentrer sur sa personne. C’est un peu le défaut actuel des jeunes : qu’est-ce que je vais devenir ? Est-ce que je vais signer un contrat pro ? Oui, mais il faut pour cela que le jeune s’intègre dans un collectif qui essaie de suivre et d’imiter les très bons résultats de l’équipe première en Ligue 1. Le joueur qui ne pense qu’à lui en ne fournissant pas les efforts nécessaires court à l’échec. »
Nasser, c’est l’antidilettante. « A l’OM, dit-il, il faut être très exigeant. On doit se hisser vers l’excellence car on a un public qui attend et ne pardonne pas. S’il constate que son équipe se surpasse, il peut pardonner une défaite. Mais si les joueurs ne se surpassent pas, il ne pardonnera rien ! » Cette vision guerrière du « mouiller le maillot ou cassez-vous !», popularisé par les Ultras, sera désormais l’axe principal des éducateurs de l’OM. Et gare aux feignants ou aux mal-lunés, ils seront écartés.
La politique de recrutement de l’OM est axée sur son vivier interne. Grâce au travail conjugué de Januzzi, Abardonado et Marek les U 18 ont réussi à remonter en National. Et cela n’a pas été simple car de nombreux jeunes se sont blessés et certains ont été promus au sein de l’équipe réserve de l’OM. De même les excellents Stéphane François et Titou Hasni ont permis à l’équipe des U 17 de terminer en tête de leur poule lors de l’arrêt des compétitions. Il est vrai qu’ils disposent de la magnifique génération 2003 qui a permis l’éclosion, entre autres de Bertelli, Rahou et Sciortino. Les U 16, ont terminé premiers haut la main avec des pépites à suivre la saison prochaine, les U 15 et U 14 ont obtenu des résultats honorables mais peuvent mieux faire. Le potentiel est là, mais il faut améliorer le sens du rythme, la vitesse, l’explosivité, et surtout…le caractère guerrier. En s’identifiant à Dib ou Abardonado par exemple !
Nasser Larguet a confié que l’entraîneur Andres Villas-Boas était très sensible au travail du centre de formation et il profite de chaque trêve internationale pour passer en revue les jeunes du centre de formation. Il fait ensuite un retour d’examen à Nasser Larguet en pointant les faiblesses et les points forts : « il est essentiel de se frotter au plus haut niveau si l’on veut y accéder un jour sans compromettre son avenir », conclut Nasser Larguet.
José d’Arrigo
Rédacteur en chef du Méridional
Retrouvez l’interview de Nasser Larguet sur le site officiel de l’OM.