vendredi 1 novembre 2024
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Il y a 30 ans, Gabriel Domenech nous quittait Portrait d’un journaliste de combat, à la plume tendre et féroce

La place qu’occupe Gabriel Domenech dans la presse marseillaise est plus que considérable : elle est unique. Très tôt, au lendemain de la Libération, par des enquêtes retentissantes sur le comportement des communistes pendant la guerre, et sur les crimes de l’épuration, il rompait avec l’omerta en vogue à l’époque. Et jamais il ne dévia de cette ligne : asséner des  vérités, sans complaisance. Journaliste de combat, tranchant avec la passivité béate de la plupart des confrères, il avait embrassé le métier avec passion. Il fut de la première équipe du Méridional, titre issu de la Résistance, fondé (rue de l’Abbaye) en septembre 1944 par des démocrates-chrétiens.  

Au fil des années et des reportages il peaufina un talent de plume qui, joint à un sens très sûr de l’événement, marqua le journalisme régional. Et même au-delà, certains de ses articles, en dissonance totale avec le politiquement correct, étaient déjà très commentés à Paris.  Point de fioritures ! Domenech ne faisait pas dans la dentelle ! D’une formule finement ciselée, il défrisait les petits marquis de la bien-pensance en leur opposant le bon sens populaire, la sensibilité du terrain, la fraternité du bistrot.

C’est d’ailleurs à la faveur d’un reportage qu’il fit sa première incursion dans la vie politique : alors qu’il sillonnait les Basses-Alpes dans le cadre d’une enquête sur l’affaire Dominici, en aout 1952, il prit goût à rencontrer les paysans et les « braves gens » de Lurs, de Forcalquier et des environs. D’autant que son livre Toute l’affaire Dominici, écrit d’une plume alerte et teintée d’humour, obtint un franc succès. Là-bas, chez les « Gavots » comme on disait,  il sut disséquer la psychologie du patriarche madré de la Grand’Terre. Parlant le provençal, il en comprenait toutes les nuances et subtilités.

Conseiller général et député 

Le journaliste fidélisa tant de lecteurs potentiels que ceux-ci, appréciant l’homme,  ne tardèrent pas, à la faveur d’une élection cantonale à Peyruis, de l’élire brillamment en 1958, porté par la vague gaulliste. Et d’en faire leur député, quelques mois plus tard, dégommant l’ancien ministre socialiste Edmond Naegelen dans la circonscription de Forcalquier. A l’Assemblée, Domenech siégea dans les rangs des Républicains populaires et Centre démocratique. En 1962, la dissolution de cette assemblée lui fut fatale. Prônant l’Algérie française, il  fut cette fois battu par le socialiste Claude Delorme, avocat maire de Forcalquier, président du conseil général. Il est vrai qu’entre-temps, Domenech, fidèle à ses convictions, s’était éloigné de la politique du général de Gaulle. 

Redevenu journaliste, il publia Comment devenir député suivi de La Provence buissonnière où le talent du conteur, fin connaisseur du pays, éclate à chaque page. Car cet homme parlait admirablement des autres. Si parfois, dans tel reportage, tel livre, l’humour véhiculé par des mots est irrésistible, Domenech allait plus loin que la dérision : il touchait aux fibres et rappelait alors plus Giono ou Armand Lunel que Chamfort ou Léon Daudet. En donnant à voir sans vaticinations ni rhétorique, il frappait au coin du bon sens. En 1971, le Méridional traversant une période économiquement difficile, il lui incomba de prendre la direction du journal, fonction assumée pendant quinze ans. Avec le souci constant de maintenir dans le Sud-Est l’indépendance du seul journal qui ne fut pas de gauche. 

L’amour du terroir

Ecrivain d’instinct, il avait cette perception rapide du sentiment diffus d’un individu ou d’un peuple à travers un événement. Il avait le don de communiquer son amour du terroir, le vrai pays profond. « Le seul guide doit être ta curiosité et c’est l’amour des hommes qui servira de clé à l’heure des secrets », me dit-il un jour où il me parlait de ses balades, au volant de sa voiture appelée Gobe-le-Vent, entre Chantemerle-les-Grignan et Saint-Ferréol Trente Pas. Et cet amour du terroir l’amena naturellement à écrire : Paris, ça suffit !,  un pamphlet dénonçant les abus du centralisme et la prétention de la ville-capitale à tout régenter. Epris de liberté, il sortira en 1981 le livre le moins conformiste de cette année-là : Eloge de l’ivresse. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce n’était pas l’alcool lui-même qui intéressait l’auteur, son brûlot était le cri de révolte d’un citoyen refusant de voir sacrifier chaque jour, à petite dose, les droits de la personne humaine. Plus qu’à célébrer l’ivresse qui réjouit les sens, c’est à celle qui exalte l’amour de la liberté que cet éloge est consacré.

De gauche à droite René Merle, ancien président du
Directoire du Méridional, Gabriel Domenech et Jean-Claude Gaudin en 1978. (Photo Claude NUCERA)

Lanceur d’alertes

Dans son « Entre Nous », billet quotidien qui traitait d’un sujet particulier, il ne ménageait personne, ce qui lui valut les inimitiés des gens du pouvoir, fussent-ils de ses amis. Attaqué en justice, vilipendé, mais ne cédant jamais à ses détracteurs, ce fils d’immigrés catalans défendait les étrangers respectueux des lois de la République. Il n’a jamais confondu les immigrés honnêtes, travailleurs et bons pères de familles, avec ceux qui commettaient des délits. Pourtant, il passait dans l’opinion des intellectuels et leurs épigones journalistiques comme un abominable raciste voire un facho. Qu’importe ! Il avait l’approbation des « gens d’en bas », du petit peuple qui lui témoignait (par d’innombrables lettres) de leur soutien. 

Trente ans après sa disparition, Gabriel Domenech demeure un proscrit de l’intelligtensia, relégué non au purgatoire mais dans les cercles de l’enfer. Ses livres (dont un prix Scarron pour La Provence buissonnière) sont ignorés par la gent littéraire. Sa détestation est telle qu’aucune rue de Marseille, comme il en avait été un moment question, ne portera son nom. Ce n’est pas faire son apologie que de le souligner : ce lanceur d’alertes avait perçu, parmi les tout premiers, et dès 1970, la gravité des sujets inhérents à l’immigration incontrôlée, à l’insécurité, à la paupérisation des grands ensembles, aux trafics de drogue, au délitement industriel de Marseille, et à l’effondrement des valeurs provençales. Qui peut nier aujourd’hui l’acuité de ces problèmes érigés en phénomènes de société ? 

Alors, avec le sentiment de prêcher dans le désert, un peu las et sentant venir la retraite, dès qu’il l’a prise, Gabriel Domenech rejoignit Jean-Marie Le Pen qu’il connut en 1958 sur les bancs de l’Assemblée nationale. Ainsi se retrouva t-il, la même année, député des Bouches-du-Rhône et élu au conseil régional PACA. Battu de justesse en 1988, il devint président de la Fédération FN des Bouches-du-Rhône. Il se présenta aux municipales l’année suivante, un peu à la dernière minute, ayant envisagé de concourir sur son propre nom.  Il sera battu, ce qui ne l’étonna pas, mais fit son entrée au conseil municipal de Marseille où son siège fut occupé par M. Berbérian, tandis que M. Savon le remplaçait comme conseiller régional.

Malade du cœur, Gabriel Domenech nous quittait le 13 mai 1990, à l’âge de 69 ans. 

Tel est, brossé à larges traits, le portrait de ce personnage assez singulier dans son genre, au don d’écriture remarquable, excessif parfois dans l’affirmation de ses convictions mais qui eût mérité un peu plus de respect de ses adversaires oublieux de la fameuse phrase de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire”.

Gabriel CHAKRA

Photo : Gabriel Domenech au cours d’un débat sur les
municipales à Marseille (Photo Claude NUCERA)

HATEIA : masques made in Marseille

 

« Marseille brille par les actions d’éclats des Marseillais », en latin : « actibus immensis urbs fulget massiliensis ». La devise de Marseille n’a jamais été aussi actuelle grâce aux heureuses initiatives dont font preuve de nombreux entrepreneurs marseillais pour pallier le manque de masques et d’équipements médicaux.

Par exemple, Julien Pretot et sa compagne Laura Dubois, co-fondateurs il y a six ans de la société « Hateia » spécialisée à Marseille dans la création et la fabrication de maillots de bains féminins haut de gamme, ont décidé, dès l’annonce du confinement, de se lancer dans la fabrication de masques haute couture.

Ces deux jeunes Marseillais soucieux de raffinement et d’élégance ont délibérément choisi de venir en aide à leurs concitoyens et aux autorités publiques en fabriquant sur leurs chaînes de production 500 masques par jour de catégorie 1, lavables et réutilisables au moins soixante fois. Ces masques « hyper-tendance » qui marient harmonieusement le chic français et le savoir-faire italien sont tissés à partir d’une étoffe très serrée produite par Chamatex et homologuée par les autorités médicales, la direction générale de l’armement et l’animateur du système français de normalisation.

Autant dire que ces petits bijoux sont imperméables à toute filtration et d’une résistance à toute épreuve : ils sont vendus quasiment à prix coûtant 3,50 euros pièce par Hateia qui ne peut espérer engranger quelques profits que sur l’importance du volume écoulé dans les mois qui viennent. Le succès de Julien Pretot et de Laura Dubois est tel que leur carnet de commandes est déjà garni pour huit mois au moins ! Ils ont doublé leur nombre de machines et embauché une dizaine d’employées supplémentaires pour métamorphoser leurs maillots affriolants en masques de protection vitale.

Le taux de filtration de ces masques haut de gamme a été évalué à 97 %, ce qui garantit une étanchéité totale aux particules nocives et aux postillons dévastateurs.

« Du jour au lendemain, nous avons bouleversé notre activité de confection de maillots pour nous lancer dans la fabrication de ces cônes en tissu recyclable offrant une barrière antimicrobienne efficace », raconte Julien Pretot. 

Cette nouvelle activité, imprévue au programme, n’empêche pas Hateia de recevoir  d’importantes commandes de maillots émanant des hôtels de la Côte d’Azur qui anticipent une fréquentation touristique en forte hausse cet été en raison de l’absence de liaisons internationales et de l’interdiction de sortie du territoire.

L’audace de Julien Pretot et l’imagination créatrice de Laura Dubois, styliste de formation et passionnée de mode, leur ont permis d’incarner à Marseille le chic à la française. Leur objectif, c’est le confort absolu et une sensation « seconde peau » apportée aux femmes, car l’ensemble de leurs créations visent à embellir les femmes et à galber leurs formes pour en révéler les charmes.

Marseille est donc devenue la capitale de…la revanche des masques, ces petits  bouts de tissu équipés d’élastiques, qui ont été traités avec tant de mépris naguère par nos dirigeants. On peut bien l’avouer aujourd’hui à visage découvert : nous sommes devenus « masquo-dépendants » et si vous êtes à court d’idée pour la fête des mères ou celle des pères, n’hésitez pas, offrez des masques marseillais. Les éminents scientifiques parisiens crieront sans doute au « carnaval » des calanques mais nous n’en avons cure.

Comme le conseillait François Mauriac : « Il faut s’attendre que bien des gens qui   manœuvrent  dans l’obscurité avec prudence jetteront le masque : il serait erroné de commencer maintenant une chasse aux sorcières et de voir partout des fantômes ». Les imposteurs seront probablement contraints un jour ou l’autre de mettre bas les masques !

José D’ARRIGO

Rédacteur en Chef du Méridional

Notre photo : Laura Dubois présente le fameux masque marseillais « Hateia ».

Conséquences économiques prévisibles de la crise sanitaire

La vision du professeur Pierre DUSSOL


Professeur honoraire agrégé de sciences économiques Aix-Marseille-Université
Propos recueillis par José D’Arrigo – Rédacteur en Chef

Le Méridional : L’Europe est d’ores et déjà entrée en récession ou en décroissance. Doit-on craindre une dépression économique mondiale identique à celle de 1929 ?

Professeur Pierre Dussol : « Identique » probablement pas ! En revanche quelques similitudes existent. Sans être ironique, la première est la contamination à l’ensemble du monde à partir d’un foyer d’infection. La crise boursière aux Etats-Unis et son départ spectaculaire le « Jeudi noir » le 24 octobre 1929, suivi de la diffusion à l’ensemble de l’Amérique et au reste du monde ressemblent un peu à l’épidémie actuelle.

Quant aux réactions des gouvernements, là aussi existe une certaine similitude : au début le déni et l’inertie comme l’a illustré le Président Hoover en 1929, et après, l’affolement, ainsi qu’à tout moment l’impression donnée d’incompétence, de manque de préparation et de vision, sans compter la cacophonie des « sachants » qui informent le public.

Soyons justes : la cause de départ en 2020 était imprévisible car totalement externe à l’Economie et n’est pas due à des manœuvres irresponsables des capitalistes  ou aux rigidités syndicales, non plus qu’à la maladresse bien connue des politiques en matière d’Economie..

Au contraire en 1930 il existait des signes annonciateurs. D’abord un emballement boursier attisé par les crédits bancaires imprudemment accordés pour la spéculation a constitué une « bulle » dont l’éclatement a fait démarrer la spirale des faillites, du chômage, de la baisse du pouvoir d’achat……

En 2020 il serait faux de dire qu’il y a eu des « signes annonciateurs » dans le domaine économique. Certes, un rapport de la CIA sur « Le monde en 2025 » avait tracé le scénario d’une pandémie mondiale, mais ce n’était pas à proprement parler une prévision économique.

Pour la suite, une fois la crise déclenchée,  divers enchaînements, déjà observés sont possibles. L’Economie est faite d’acteurs dépendants les uns des autres, c’est évident. Si les consommateurs consomment moins et les producteurs produisent moins, le flux des affaires se rétracte et tout le monde est touché de proche en proche à travers d’immédiats problèmes de trésorerie. 

L’INSEE, dans sa note de conjoncture du 26 Mars 2020 estime la diminution de la production à 35%, chiffre égal à la diminution de la consommation, ce qui est peu surprenant. L’Etat lui-même verra ses ressources diminuer puisqu’elles proviennent de prélèvements sur la valeur créée par les entreprises et les revenus de ceux que payent les entreprises.

Une extension mondiale de la récession économique est possible. « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés » a écrit La Fontaine dans « Les animaux malades de la peste ». (Il s’agissait d’une punition divine et la suite n’est pas transposable, faute de baudet pour servir de bouc émissaire si l’on ose écrire)

Tous les pays seront donc touchés d’autant plus qu’en 2020 la circulation des marchandises des hommes et des capitaux est plus intense que dans les années trente, ce qui entraine davantage d’interdépendance économique.  Ceux qui s’en sortiront le mieux sont les plus résistants, en Economie comme en médecine. 

C’est là que certaines leçons sont à tirer.

Les pays les plus « forts » sont ceux qui, soit par leur système naturel soit par les réformes qu’ils ont su faire à temps ont une économie résistante. Les pays qui ont su ne pas avoir, ou réduire, la bureaucratie qui alourdit, la fiscalité qui spolie, la haine sociale qui paralyse, seront plus réactifs, plus mobiles et finalement plus vite guéris.

Souvenons-nous qu’à la fin de la seconde guerre mondiale l’Allemagne s’est débarrassée de l’inflation dès 1948 et que la France l’a « trainée » au moins quarante ans, jusqu’en 1988, sans parler du déficit extérieur et de celui des finances publiques. Le même scenario s’est rejoué dans les années qui ont suivi la crise de 2008-2009. Certains pays ont su s’alléger des déficits budgétaires et des dépenses collectives mal gérées ainsi que du poids de la dette publique. Ne citons personne, c’est trop proche.

En France nous n’avons rien réformé et avons même ajouté des contraintes stupides comme les 35 heures. Nous souffrons toujours de rigidités et de l’incroyable et coûteuse inefficacité de l’action publique, dont la recension est à retrouver dans tous les rapports officiels, et dont le maintien obstiné est le seul programme commun de tous nos politiques depuis cinquante ans. Nous ne sommes pas les seuls et certains de nos voisins, aussi sympathiques qu’ils soient n’ont pas fait mieux…Maigre consolation et regardons plutôt du côté des meilleurs.

En Economie le court terme n’existe pas, et « tout n’est que conséquences ». Autrement dit, « il est trop tard pour prendre des mesures d’urgence » en matière économique : nous allons payer au prix fort l’absence de travail de fond en matière de réformes économiques. Au milieu de la faillite générale, il sera bien trop tard pour désigner des responsables et les sanctionner comme il se devrait.

LM : L’Etat français a-t-il les moyens de faire face à la cascade de faillites qui s’annoncent et à l’accroissement vertigineux du nombre de chômeurs ?

Professeur Pierre Dussol : Pour injecter de la confiance, il faut déjà inspirer confiance… 

Il y a fort longtemps que l’Etat en France est déficitaire et endetté très au-delà du raisonnable. Il est question de 100% du Produit Intérieur Brut mais encore faut-il comprendre ce que cela veut dire. L’Etat doit à lui seul à ses prêteurs une année entière de ce que produit le pays alors que ces richesses ne lui appartiennent pas ! Il aurait fallu déjà ne pas en arriver là et par la suite, réduire les dépenses, les déficits et donc les dettes…

Qui plus est, ces dettes sont dues en partie à des déficits dans les dépenses de fonctionnement et très partiellement à des investissements…

Certains pays ont fait des réformes,   mais pas tous : la France, l’Italie, l’Espagne sont trop endettés et aucune réforme qui irait dans le bon sens ne se dessine.

Pratiquement, cela veut dire qu’il n’existerait plus aucune marge de manœuvre si l’Etat devait être sollicité pour aider l’économie en période de crise : c’est au-dessus de ses forces.

Nous allons payer le prix des non réformes et de l’incompétence de nos dirigeants et largement aussi de leur électorat.

Une fois de plus, les plus aguerris, les plus forts, les plus compétents, s’en sortiront mieux. Or, on n’acquiert ces qualités par un travail de fond, de long terme, poursuivi avec persévérance …

Quant aux chômeurs, il y en a proportionnellement deux fois plus en France qu’en Allemagne, en Grande Bretagne et aux Etats Unis. Il faut le relier à la très grave insuffisance de notre enseignement. Cela ne se corrige pas en un jour !

Rassurons-nous, la Banque Centrale Européenne envisage de financer la crise et le redressement….

Pensez-vous que les pays « sérieux » accepteront de payer pour les pays mal gérés ?

LM : De nombreux hôtels ont déjà fermé leurs portes faute de clients et les compagnies d’aviation fonctionnent au ralenti : ces deux secteurs du tourisme et de l’aviation pourront-ils surmonter le chaos actuel ?

Professeur Pierre Dussol : Le secteur du transport aérien venait à peine de restaurer des marges d’exploitation convenables. Beaucoup de compagnies sont déjà fragiles et ont du mal à financer leurs flottes et rembourser leurs dettes. La conclusion s’impose : il y aura des faillites à commencer par les plus fragiles…

Pour le secteur touristique, c’est quasiment la même chose.

Le point commun à ces deux secteurs est que les clients peuvent très bien continuer à vivre en supprimant totalement les voyages et séjours lointains. Du jour au lendemain la clientèle peut disparaître. Ce même risque existe pour tous les produits dont on peut se passer sans risque vital : le Champagne en fait aussi partie.

Pour les produits « de base », la consommation continuera même si le niveau se réduit légèrement.

En veut-on une mesure récente ? Rappelons que l’INSEE dans sa dernière note de conjoncture (26 Mars 2020) estime la baisse globale de la consommation en France à 35% sur un mois, mais à 55% pour les services de transport et d’hôtellerie.

Une consolation : s’il y a une reprise économique, les transports et le tourisme repartiront peut-être quasi instantanément et en profiteront les entreprises qui auront survécu. 

Qui sont-elles ? C’est un peu évident : celles qui ont des réserves financières grâce à leur bon niveau de marge antérieur, une bonne clientèle, une bonne motivation de leurs équipes et de bons dirigeants… 

N’en est-il pas de même des Etats ?

LM : Pourra-t-on à votre avis profiter de cette crise sanitaire exceptionnelle pour repartir de zéro et inventer un modèle économique plus respectueux de l’homme et des nations ?

Professeur Pierre Dussol : Il serait un peu ambitieux voire prétentieux de se dire capable d’inventer un « nouveau monde » en repartant de zéro. En revanche, il est très possible de penser profiter des bouleversements actuels pour remettre en cause un certain nombre de dysfonctionnements avérés car parfaitement identifiés par d’incontestables autorités et surtout validés par de bonnes expériences dans certains pays.

Exemple le plus flagrant : le poids invraisemblable des dépenses publiques et des prélèvements fiscaux conséquents, en France (record mondial selon l’OCDE) est connu pour freiner les adaptations, d’autant que si  le montant est scandaleux, l’esprit qui préside à son acceptation est encore pire : la croyance aveugle en la compétence infaillible de l’appareil d’Etat pour gérer les situations par des mesures bureaucratiques.

« L’Etat »  n’est jamais composé que d’hommes en moyenne similaires aux autres quant à leurs compétences et à leur esprit de décision, mais fort différents quant à leurs responsabilités : ils ne sont aucunement punissables  pour leurs erreurs, ni « récompensables » pour leurs exploits !

Un système de décision fondé sur l’absence d’évaluation des résultats réels et l’irresponsabilité totale des décideurs ne pourrait être tenable que par miracle !

Si le diagnostic est bien posé, on peut espérer une bonne thérapeutique, mais en est-on certain ?

Bien évidemment il y aura des remises en cause, mais seront-elles les bonnes ?

Le pouvoir politique en France nous répète à l’envi l’importance de l’Etat-Providence et celui qu’il s’attribue, de soutien et redresseur des entreprises. Le problème est que c’est la lourdeur de l’appareil d’Etat, fiscale et règlementaire, qui « plombe » littéralement notre pays et le prive de ses capacités de réaction… Quant au climat social fait d’irresponsabilité, de haine de la réussite et d’assistance, comment changera-t-il alors que l’on s’en accommode, voire que l’on s’en vante ?

« Respecter l’homme et les nations », oui, c’est  bien évidemment un objectif noble.

Cependant « l’homme » en général, cela ne veut rien dire. Il faut respecter les hommes talentueux et responsables, ou plus exactement les comportements talentueux et responsables. Pour cela, il faut une culture de la responsabilité traduite dans des lois et règlements du pays entier. Une grande revue de nos législations devrait grandement y aider.

Ainsi expurgeons de nos textes tout ce qui pousse à l’irresponsabilité dans tous les domaines. Commençons par le début : les parents sont responsables des enfants qu’ils ont, de leur éducation, de leur instruction, de leur insertion dans la société.

N’employons plus le terme de « protection sociale » qui charrie avec lui des concepts d’irresponsabilité et d’assistance – présentée comme un droit – , mais parlons de « prévoyance personnelle et familiale »  , ce sera déjà un progrès, certes à concrétiser par une autre organisation des assurances contre les risques de la vie.

Chacun est responsable de ses choix professionnels, et en assume les conséquences.

De même, pour tout ce qui relève de la délinquance, plus ou moins grave. Les victimes doivent être davantage considérées que les délinquants. Ceux-ci sont des hommes comme les autres, parfaitement capables de comprendre le risque de sanctions. Dire le contraire serait de la discrimination : horreur !

« Madame la Société » n’a pas à financer les erreurs individuelles ou les accidents de la vie : il existe pour cela des compagnies d’assurance. La « Société », incarnée par la législation doit en revanche rendre chacun responsable de ses actes.

Nous ne voulons pas dire qu’aucune aide ne soit possible aux victimes d’accidents de la vie, mais comme le disait le Président Clinton, « l’assistance doit être  une seconde chance, pas un mode de vie ». C’est exactement notre opinion renforcée par l’observation que le « mode de vie » l’emporte trop souvent sur la « seconde chance ».

Un dernier mot pour la nécessité de supprimer un parfait moyen de stériliser les initiatives, les prises de risque et la réussite : la « redistribution » des revenus et des patrimoines par la violence fiscale. La redistribution n’a nullement lieu d’être si on la justifie par l’existence d’inégalités. Il est normal que celui qui réussit par sa compétence et son esprit de décision en retire les fruits. C’est ne pas respecter l’être humain que de prétendre le contraire : les talents, c’est la personne,  le fruit des talents  sont des revenus légitimes, et la propriété personnelle la suite des revenus. Toute mesure de spoliation est à proscrire car elle porte atteinte à l’homme lui-même. Voici où doit se situer le vrai humanisme.

Un monde correct serait éclairé par les trois principes suivants : responsabilité personnelle, respect de la compétence, sens de l’effort. Si vous inversez, vous trouverez ce qui explique notre difficulté à bien réagir : l’irresponsabilité érigée en système, la promotion des incapables, la paresse comme droit de l’homme, bref, le socialisme. Beaucoup de personnes qui se disent socialistes n’en ont probablement pas conscience ; il faut encourager leur  évolution vers la  lucidité.

LM : Compte tenu de l’accroissement faramineux des dépenses publiques pour colmater les brèches, pensez-vous que les Français risquent de voir leurs comptes d’épargne ou d’assurance-vie confisqués par l’Etat à brève échéance ?

Professeur Pierre Dussol : Cela est déjà arrivé, à Chypre par exemple au moment de la crise de 2008 et est en train de se passer au Liban.

En Argentine, aussi en 2001-2002 l’accès aux comptes des particuliers a été limité. 

Dans ces trois cas, il n’a pas été envisagé de s’assurer que certains politiciens avaient alimenté des comptes pas très légaux à l’étranger et que cela pouvait expliquer en grande partie la « crise financière » du pays.

Ce type de mesure sera sans doute rendu moins douloureux politiquement par la fixation de seuils : les comptes bancaires ne seront touchés qu’à partir de 100 000€ par exemple ce qui épargnera la plus grande partie de la population.

Evidemment, l’ignorance est vertigineuse en matière économique et bien peu comprendront que c’est le principe de la spoliation privée pour compenser l’incompétence publique qui est mauvais, et non le seuil.

Quand l’impôt sur le revenu a été institué en 1917 son taux était très faible. De  même, la CSG a commencé avec un taux plus faible qu’aujourd’hui. Non seulement le taux a augmenté, mais certains voudraient qu’il soit progressif !

Ce fut pareil pour les impôts sur les successions, dont, comme pour les impôts à prétention « redistributive », le principe est mauvais. L’impôt doit être la contribution aux frais généraux du pays, non un moyen de créer des distorsions économiques au détriment du talent, de la réussite et de la propriété.

LM : Peut-on craindre d’ores et déjà la création d’un « impôt solidarité sanitaire » d’un montant exorbitant à la sortie de la crise ?

Professeur Pierre Dussol : La chose est fort possible, si l’on relit la réponse à la question 5. Une variante serait un emprunt forcé ressemblant à l’Impôt sècheresse en 1976 : c’était un emprunt qui a été remboursé et non un vrai impôt malgré son nom, mais un prélèvement forcé en tout cas.

Le lecteur aura compris que le très beau mot de « solidarité » serait  encore une fois détourné pour couvrir la compensation des dépenses publiques d’un secteur public  qui ne remet pas en cause l’excès de ses dépenses précédentes dues à une inefficacité accumulée. Si la France avait le niveau de dépenses publiques de l’Allemagne, pays qui n’est pas sous administré que l’on sache et où il n’y a pas de « gilets jaunes » mécontents, ce serait dix points de PIB de moins, soit 240 milliards d’Euros – chiffre 2019. Voilà une bonne « réserve de productivité » qui n’a pas été exploitée et qui serait bien utile. Bref, on a gaspillé des ressources et maintenant il est bien tard !

LM : Le président de la République a évoqué la nécessité de s’adapter à une « économie de guerre » : de quoi s’agit-il en l’occurrence ?

Professeur Pierre Dussol : Il est toujours difficile d’interpréter les propos de M. Macron tant les principes qui les inspirent sont mal connus. 

Il n’y a pas de guerre au sens militaire des conflits précédents ou actuels. En revanche, s’il s’agit de mobiliser le pays afin de gérer une urgence vitale, le terme de « guerre » peut convenir. N’oublions pas aussi la nécessité pour un Président élu de satisfaire aux  canons de la communication politique.

Une partie de la population est  mobilisée et risque sa vie au sens littéral – les soignants de toutes les catégories –  et là aussi le terme de guerre n’est pas impropre.

Le fait que les laboratoires cherchent des armes pour combattre d’épidémie va dans le même sens.

Pour l’ensemble de la population, la nécessité d’adopter des comportements de survie, de se concentrer sur l’essentiel, de ne pas gaspiller, d’être discipliné face au danger commun, font bien penser à une guerre. Là aussi accordons que le mot peut convenir.

Malheureusement, pour conduire une guerre, il faut aussi des chefs de guerre à la hauteur des évènements et des dangers, et là, les doutes sont permis.

Souvenons-nous qu’à propos du terrorisme le même Président a dit d’un ton martial que nous étions en guerre. Quelle est la crédibilité de cette déclaration quand les terroristes sont chez nous dans les quartiers où ils vivent hors du droit républicain, protégés par leurs communautés « comme des poissons dans l’eau » et que ces communautés sont un vivier qui se remplit tous les jours ? N’insistons pas sur les « centres de formation » que sont certains établissements présentés comme des lieux de réunion uniquement religieux. 

Si la lutte contre le virus est aussi molle et tardive que celle contre le terrorisme, nous pouvons être inquiets.

D’ailleurs les différents politiques – Président, Premier Ministre, Ministre de la santé, nouveau et ancien – qui se sont exprimés et ont expliqué leurs prévisions et leurs décisions ont donné une impression d’improvisation  et de cacophonie assez pitoyables. 

Préparer et faire la guerre, pourquoi pas, mais pas la guerre précédente.

LM : A votre avis, la déferlante de mesures de relance déployées par les banques centrales peut-elle suffire à réanimer l’expansion économique en Europe ? L’injection de sommes colossales dans l’économie française par les banques centrales peut-elle enrayer ou retarder le naufrage annoncé ? Une des solutions envisagées par les banques centrales consiste dans le rachat des dettes publiques des Etats européens : qu’en pensez-vous ?

Professeur Pierre Dussol   : Bonnes questions. Il n’est pas absurde de prendre des mesures d’urgence pour faire cesser les symptômes les plus fâcheux d’une crise. Les médecins donnent souvent des calmants pour faire cesser la douleur. Ils savent bien que ce n’est pas suffisant et  ils mettent en œuvre au  plus vite le traitement de fond par des vrais remèdes.

Nous pouvons faire un parallèle avec la crise économique.

Le virus le plus dangereux dans le cas d’une crise économique est certainement le besoin de trésorerie. C’est par lui que vont se transmettre les désordres de la crise conduisant à la récession. Les clients achètent moins, les entreprises encaissent moins et auront du mal à assurer les salaires déjà à la fin du mois de mars. Que dire du mois d’avril ? Que dire aussi de recettes assises sur les dépenses des consommateurs comme la TVA ou la Taxe sur les produits énergétiques ?

Ces deux prélèvements ainsi que l’impôt sur les bénéfices des entreprises varient immédiatement en fonction de l’activité économique. Leur montant prévu par la loi des finances pour 2020 est au total de près de 190 milliards d’Euros soit plus de la moitié du total (TVA 126Milliards €, TICPE 15,5 Mds€, IS 48 Mds€). Si ces recettes baissent de 6% selon l’hypothèse d’un confinement de deux mois, cela représentera un manque à gagner de 6% de 190 milliards d’€, soit 11,4 Milliards. 

Comme nous l’indique  le document mensuel du Ministère des Comptes Publics paru le 3 Mars 2020, le déficit prévu cette année par la loi des finances votée fin 2019, était de 93 milliards d’€ . Il augmenterait donc de plus de 11 milliards d’€ soit de près  de douze pour cent. Voilà au moins un chiffre en augmentation, mais pour un Etat au- delà des limites d’endettement,  c’est beaucoup. 

Ce détour par le budget de l’Etat est fait pour montrer que l’action des Banques Centrales peut se comprendre. L’Etat ne pourra  agir seul avec ses caisses vides : cela n’inspire pas confiance.

Au contraire, les Banques Centrales peuvent donner une impression de pouvoir émettre de la monnaie presque infiniment. « Presque » tout de même.

C’est pour elles le moment d’agir en fournissant – ou en aidant l’Etat à fournir – le lubrifiant monétaire qui rassurera les acteurs économiques et ralentira ou stoppera la progression du virus des difficultés de trésorerie et des faillites. 

Techniquement, cela prendra probablement la forme de rachats ou de garantie des dettes des Etats. Comme la Banque qui sera probablement  sollicitée est la Banque Centrale Européenne, nous pouvons espérer une certaine mesure dans l’usage de cette « planche à billets » version contemporaine car son conseil des gouverneurs comporte des représentants des pays bien gérés qui équilibreront ceux qui le sont mal.

Autre argument, valable au moment de la reprise : il faudra alimenter les fonds de roulement des entreprises et là aussi un financement temporaire mais abondant sera bienvenu.

Répétons-le, l’alimentation des trésoreries, même au prix d’une émission monétaire importante, est un moyen de stopper la propagation de la crise. Il ne faut pas oublier cependant que, comme un antidouleur qui permet un traitement pas la suite, ceci n’est qu’un début. Il faudra ensuite revenir aux remèdes fondamentaux : remise à l’honneur de l’innovation et de l’esprit d’entreprise, respect du talent et de la propriété privée, modération des prélèvements fiscaux, ordre public et stabilité législative….

La liste est longue mais connue. Il reste à ce que nos « chefs de guerre » deviennent d’efficaces garants d’une vie économique saine en temps de paix.

Cela suffira-t-il à faire « repartir » des Economies bien malades ? Rien n’est certain à cet égard car cela dépend aussi des remèdes « fondamentaux » qui doivent suivre les mesures de première urgence.

A cet égard un très mauvais signal est donné par l’intention prêtée au Ministre des Finances français d’interdire la distribution de dividendes aux entreprises qui demandent l’aide de l’Etat. Pourquoi aussi ne pas interdire la distribution de salaires ?  Les dividendes rémunèrent une fonction économique que seuls les marxistes ne reconnaissent pas quand les actionnaires sont privés. Monsieur Bruno Le Maire serait-il aussi ignorant de l’Economie que les marxistes ? En matière de mesures de redressement, cela commence mal.

Il serait infiniment plus pertinent de donner de la confiance aux acteurs économiques en leur montrant le chemin du redressement. A cet égard l’annonce des réformes que l’on ne fait jamais ne suffit pas. 

A suivre…

Les salaires de la peur – Coronaphobie : la peur de la mort – partie 3

Asian woman working through paperwork

Coronaphobie : la peur de la mort

« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés », écrit La Fontaine dans sa fable « les
animaux malades de la peste ». Nous aussi nous sommes tous sidérés par le Coronavirus, comme
si nous ne pouvions détourner notre regard d’un serpent venimeux qui s’apprête à bondir sur
nous et nous fixe d’un œil implacable. Il n’y a pas d’armure contre le destin. La mort pose aussi
ses mains de glace sur le cou des puissants. Et c’est parce que nous avons clairement conscience
de l’affreux trépas solitaire que vivent les malades infectés du Coronavirus en phase terminale
que nous sommes terrifiés.
Lorsque nous croisons un congénère sans masque dans la rue, nous ne pouvons pas nous
empêcher de penser : « et si ses postillons me contaminent au passage que vais-devenir ? Vais-je
aussi mourir seul en décubitus ventral, intubé de part et d’autre, abandonné par ma famille et
mes proches à un sort funeste ? » Cet état d’esprit asphyxie notre joie de vivre et nous incite à des
précautions que nous n’avions jamais observées auparavant. Tel est l’abominable effet de la
« Coronaphobie »…

Vacances, argent, comptes bancaires, sorties, loisirs, matches de foot ou de rugby, tout nous
apparaît désormais dérisoire au regard de la menace invisible qui nous guette. Nous sommes
surpris par la révélation de notre fragilité. Ainsi se dispersent les fumées toxiques des illusions et
des polémiques illusoires. Le virus fera flamber nos impôts de demain, il va mettre à mal notre
épargne, il va faire exploser le chiffre des dépenses publiques et de la dette. Et après ?
Le slameur « Grand corps malade », dont le nom lui-même s’apparente à notre sinistre condition,
le dit fort bien dans son dernier chant : « Et si ce virus avait le don énorme de rappeler ce qui
nous est vraiment essentiel, les voyages, l’argent, les sorties ne sont plus la norme, et de nos
fenêtres on réapprend à regarder le ciel ».
On réapprend aussi à forger notre esprit critique. Lorsque, par exemple, on regarde dans une
vidéo la présidente de la commission européenne nous enseigner doctement comment nous laver
les mains « en neuf étapes » alors que l’Europe en confinement retient son souffle, on reste baba.
Lorsque la même présidente se permet, en pleine crise sanitaire, de commander une étude
détaillée sur les « fake-news », on a tendance à se dire : c’est ça l’Europe ?
Lorsque la Tchéquie confisque au passage les masques destinés par Pékin à l’Italie, lorsque le
Premier ministre des Pays-Bas se permet de faire la leçon à l’Espagne, lorsque Bruxelles inflige à
l’Italie une amende journalière pour « soutien aux hôtels de Sardaigne qui faussent la
concurrence » alors qu’elle peine à enterrer ses 20 000 morts, lorsque la Chine et la Russie volent
au secours de l’Italie, on ne peut pas s’empêcher de penser : c’est donc ça l’Europe ?
En vérité, nous nous apercevons avec stupéfaction que l’Union Européenne et le marché unique
ont été conçus pour un monde sans nations et sans tragédies. Les eurosceptiques, tels que la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie et la Pologne n’attendent plus rien de l’Europe et ils ont
apparemment mieux résisté que nous à la contamination, avec une poignée de morts seulement.
L’occasion historique qui se présente à nous est d’améliorer le fonctionnement du monde. La
mondialisation n’a été heureuse que pour les pauvres des pays pauvres et pour les riches des pays
riches. Il y a maldonne. Les classes moyennes et populaires sont en pleine déconfiture : elles ont
le sentiment d’être déclassées et saignées à blanc. Après l’accumulation des peurs, après avoir
vaincu notre « Macrophobie », notre claustrophobie et notre Coronaphobie, nous pourrons enfin
nous pencher sur notre destin salutaire, celui qui implique une révolution mondiale de la
responsabilité.
Il nous faut changer les paradigmes de notre pensée et de notre mode de vie : l’infantilisme et
l’assistanat sont morts eux aussi du Coronavirus. Balayés, oubliés. Le progressisme, la bien-
pensance socialiste, le politiquement correct, le féminisme hystérique, sont malades et
condamnés à brève échéance. Les allocataires du crétinisme et les bons apôtres du victimisme
sont invités à passer au large. La restauration de la nation française va commencer par une
réforme sensationnelle que tous les Français applaudiront des deux mains après l’avoir trop
longtemps dédaignée : elle consistera à rémunérer très correctement tous les « transparents de la
République », soignants, infirmières, médecins, éboueurs, agriculteurs, instituteurs, professeurs,
policiers, surveillants pénitentiaires, pompiers, ambulanciers, livreurs, boulangers et bouchers,
etc.
Certains d’entre eux ont risqué leur vie pour nous : nous ne pourrons jamais l’oublier.

José D’ARRIGO
Rédacteur en Chef du « Méridional »

Les salaires de la peur – Claustrophobie : la peur du silence – partie 2

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Claustrophobie : la peur du silence

Le Coronavirus ne détruit pas seulement les bronches des malades. Il abat toutes nos certitudes sur la « mondialisation heureuse ». La lutte contre un microbe aussi malin nécessite une pleine souveraineté nationale, sans dépendance stratégique, et une Europe des nations fondée sur une coopération étroite liée à des projets communs utiles pour l’humanité. Franchement, la vaillance de l’euro ou le maintien des critères de stabilité, on n’en a plus rien à faire lorsque la mort rôde à nos portes.

Tous les Européens sans exception s’aperçoivent aujourd’hui que la priorité des priorités, c’est la santé des populations, avant toute autre préoccupation. Qu’est-ce qui nous empêche, par exemple, de prendre à bras le corps les problèmes très douloureux causés par le cancer, la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson ? Pourquoi l’Europe ne s’est-elle jamais attelée à cette tâche ? Parce que nous sommes tous obnubilés par les exigences du capitalisme financier et du Cac 40. 

Il est grand temps de mettre en quarantaine le Cac 40 et d’étendre à l’Europe de nouvelles normes écologiques, une sorte de sobriété nouvelle pour faire pièce à l’hyper-matérialisme de la société de consommation. Tant que l’Europe édictera des règles strictes sur la taille des oursins comestibles dans le golfe de Saint-Tropez, on ne sortira pas de l’auberge…

Le productivisme effréné, l’agriculture intensive en batterie, la bougeotte perpétuelle et le mélangisme ont largement prouvé leurs limites. La transformation de la terre en immense centre commercial, c’est raté. La spirale infernale du « toujours plus » est en panne. Le narcissisme économique des Européens est dans le coma. Les milliards qu’on va injecter dans les membres nécrosés du malade pourront-ils le réanimer ? C’est probable. Mais au-delà des chiffres astronomiques, il faudra d’abord songer à réinstaller notre économie sur un socle souverain, loin de toute aberration bureaucratique et tatillonne, en forgeant un nouveau sentiment de destinée commune à l’intérieur de frontières sûres et protégées pour, vraiment, « faire nation ».

Si nous ne respectons pas ce principe national, ce qui nous pend au nez cet été, c’est une conjonction de catastrophes : sanitaire, financière, économique, sociale, écologique et migratoire. Les progressistes doivent impérativement cesser de déconstruire la nation, la famille, la patrie et de démanteler les uns après les autres tous les services publics qui ont fait la fierté de la France. Car le Corona n’est pas le seul virus que nous allons devoir affronter : il y aura aussi le terrorisme islamiste, le communautarisme, le séparatisme latent, l’écologisme délirant, la débâcle financière, le misérabilisme, l’infantilisme, l’inculture de masse et la préférence étrangère.

Cette contagion de dérèglements liés à l’idéologie diversitaire des progressistes est actuellement sous l’éteignoir du Covid-19, mais le feu couve sous la cendre. Un embrasement général n’est pas à exclure car l’Etat-providence est en ruines et ses zélotes sont déboussolés. Ils devront se rendre à l’évidence : leur Etat-providence est incapable de soigner correctement ses citoyens et de vaincre la pauvreté. C’est tellement vrai que les Marseillais ont envoyé au pays un nouveau signe d’indépendance en prenant fait et cause pour le professeur marseillais Didier Raoult, injustement moqué par ses pairs et par le « scientifiquement correct ».

Ne vous y trompez pas : ce qui s’est passé à Marseille est d’une importance capitale. Au fond, ce qui est en jeu, ce n’est pas tant la chloroquine qu’une affirmation de Marseille-Nation. Marseille a été jadis une république autonome et elle rêve de le  redevenir. La rébellion et l’indépendance sont dans les gènes des Marseillais. Il y a une trentaine d’années, le professeur Roger Luccioni m’avait confié qu’il se verrait bien à la tête d’une liste municipale glorifiant l’indépendance de Marseille et défiant l’Etat central. Son recrutement par Jean-Claude Gaudin en 1995 ne lui avait pas permis de donner corps à son rêve, mais d’autres y songent aujourd’hui. Avec un leader emblématique comme le professeur Didier Raoult qui hurlerait en brandissant le drapeau bleu et blanc de Marseille : « Paris ça suffit ! » (Titre d’un livre époustouflant de feu-Gabriel Domenech ancien rédacteur en Chef du « Méridional La France »).

L’une des vertus du virus est de nous inciter à la sobriété et à la frugalité. On redécouvre, éberlués, que le rôle d’un Etat est simplement d’assurer à ses administrés une bonne nutrition, une bonne santé, une bonne éducation, une bonne sécurité et une bonne justice. Rien de plus. Cet état d’esprit austère devrait nous éloigner de notre frénésie de plaisirs, de désirs et d’envies dont notre langage publicitaire est si friand. Le slameur « Grand Corps malade » le psalmodie fort bien dans sa dernière chanson : « Et si ce virus avait beaucoup d’autres vertus que celle de s’attaquer à nos poumons vulnérables, s’il essayait aussi de nous rendre la vue sur nos modes de vie devenus préjudiciables ? Si on doit sauver nos vies en restant bien chez soi, on laisse enfin la terre récupérer ce qu’on lui a pris, la nature fait sa loi en reprenant ses droits, se vengeant de notre arrogance et de notre mépris ».

Ceux qui croient à une boulimie débridée de sorties et de rassemblements festifs au sortir du confinement oublient que dans notre société viciée l’homme est devenu en lui-même une menace pour l’homme. Une toupie a besoin de mouvement pour tourner, mais elle s’écroule lorsque son ressort est cassé. Les hommes politiques, eux aussi, devront se métamorphoser. Renaud Muselier, Martine Vassal, Yvon Berland et Bruno Gilles l’ont déjà bien compris. Quant à nos gouvernants, il faudra qu’ils cessent d’être les ventriloques de leur propre incompétence. Leurs discours ne doivent plus être assimilés à une musique d’ascenseur, celle dont on a tellement pris l’habitude sur le palier que nous n’y faisons même plus attention…Leurs discours devront être, eux aussi, décontaminés car ils demeurent empreints d’une forte densité virale électoraliste et clientéliste. Et s’ils pouvaient se taire de temps à autre, ça nous ferait de sacrées vacances !

A suivre ….

                                         José D’ARRIGO 

                                          Rédacteur en Chef du Méridional

Les salaires de la peur – Macrophobie : la peur du vide – partie 1

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Macrophobie : la peur du vide

Bill Gates nous avait prévenus en avril 2015, il y a déjà cinq ans : le plus grand risque que court l’humanité n’est pas celui d’une guerre nucléaire mais celui d’un virus dévastateur : l’influenza virus. Selon le milliardaire, le monde n’était pas prêt à faire face à une épidémie propagée par ce virus hautement contagieux. Et il proposait aux dirigeants de notre planète de conjuguer leurs efforts en constituant une véritable armée médicale mondiale, une sorte d’OTAN de la recherche et du soin, pour anticiper au mieux la prochaine catastrophe.

Nul ne l’a entendu. Bill Gates était un visionnaire qui concluait son propos par cet avertissement : « we should be concerned », nous devrions nous sentir concernés. Eh bien, nous ne nous sommes pas sentis concernés, nous avons fermé les yeux et nous en payons le prix avec des milliers de morts aujourd’hui. Dans son livre prophétique « le nouveau rapport de la CIA : comment sera le monde en 2025 », Philippe Adler avait également décelé une menace identique pour…février 2020. Lui non plus n’a pas été suivi. Il n’est pire sourd…

Nous voilà réduits, faute de mieux, à essuyer les plâtres. La cacophonie touche le monde entier, à des degrés divers. Et nous assistons un peu partout à des scènes pitoyables dignes d’une cour de récréation. Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches du Rhône, vient d’en vivre une qui vaut son pesant de cacahuètes. Figurez-vous qu’elle a opportunément commandé six millions de masques à Shangaï en Chine pour endiguer la pénurie. La cargaison est arrivée à bon port le dimanche 5 avril à l’aéroport de Bâle-Mulhouse et elle a aussitôt été « réquisitionnée », c’est-à-dire volée, par la préfète du Grand Est au motif que sa région avait, elle aussi, un urgent besoin de masques pour équiper ses soignants.

« La vie des Provençaux ne vaut pas moins que celle de nos compatriotes de l’est de la France », s’est indignée à juste titre Martine Vassal. Comment peut-on tolérer que l’Etat fasse main basse sur un stock qui appartient à la collectivité marseillaise ? Cette préemption arbitraire de l’Etat est un crime qui doit être condamné comme tel. Le gouvernement français a le devoir d’anticiper la pénurie, pas d’adopter des pratiques de voyous ou de braqueurs en gants blancs. A la télévision, Emmanuel Macron assume dignement son rôle de syndic de faillite. Il incarne parfaitement le vide souriant, mais sidéral, de nos prétendues élites. Rassurez-vous bonnes gens tout ira mieux le 11 mai…

Chat échaudé craint l’eau froide : Martine Vassal s’est rendue elle-même à Marignane le vendredi 10 avril pour réceptionner une nouvelle commande de deux millions de masques en provenance de Chine et destinés aux soignants des Bouches du Rhône. Pour parer toute éventuelle « captation » par des « estrangers »,  elle a établi un pont aérien entre Shangaï et Marseille qui a bien fonctionné : cette fois, les masques ont bien été distribués à qui de droit en temps utile. L’occasion faisant le larron, Martine Vassal aurait pu rendre au gouvernement la monnaie de sa pièce en « s’appropriant » deux autres millions de masques destinés à la Bourgogne et au Grand Est. Magnanime, elle a laissé ces masques partir en direction de l’est de la France, il est vrai très touché par le virus.

La vérité, c’est que la crise sanitaire actuelle révèle l’état lamentable de notre système hospitalier victime de coupes budgétaires drastiques depuis des années. Ceux qui considèrent l’Etat comme une entreprise fonctionnant sans stock et à flux tendu se sont fourvoyés. L’impuissance de l’Etat, ses hésitations, ses atermoiements, ses éléments de langage répandus sur tous les « plateaux », se révèlent au grand jour. Souvenez-vous, c’était hier : « ce n’est pas une maladie grave », « les masques ne servent à rien », « les tests de dépistage sont inutiles », « le virus ne quittera pas la Chine », « restez chez vous mais allez voter », et blablabla, nous rassurait-on. Paroles, paroles, paroles…

Quatre mois après le déclenchement de l’épidémie, on est toujours aussi démuni. Et les policiers qui devaient être équipés de masques protecteurs le 16 mars ont eu la surprise de voir leur stock réattribué d’office au secteur hospitalier, preuve supplémentaire de notre insondable misère. On cherche désespérément des tests de dépistage, des lits d’hôpitaux – la France a supprimé 100 000 lits d’hôpitaux depuis vingt ans –  et des respirateurs artificiels. Pour nous faire avaler la pilule, on brandit des locutions guerrières et l’on fait un procès en charlatanisme au Professeur Didier Raoult qui a le tort de guérir à tour de bras des malades atteints du virus à l’aide d’un médicament vieux de soixante-dix ans associé à un antibiotique, l’Azithromycine, qui ne rapporteraient rien aux laboratoires pharmaceutiques…

Bref, c’est la chienlit à tous les étages, comme dirait le général. L’Etat et ses obsédés de la méthodologie scientifique, vacille sous nos yeux. La rumeur publique gronde. Elle clame avec bon sens qu’on ne saurait résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés. Les scientifiques accrédités par l’Etat et les télés viennent débiter chaque jour leurs arguments de communication calibrés pour nous faire admettre une politique d’austérité liée à la pénurie. Spectacle pitoyable.

Ce qui m’exaspère le plus, c’est leur mine confite de bonhomie. La cacophonie est telle désormais qu’elle pourrait donner naissance à une maladie, une peur systémique qui pourrait se répandre sur tout le territoire : la « Macrophobie », c’est-à-dire la peur vertigineuse du vide. Et la détestation généralisée de la Macronie.

A suivre …

                                            José D’ARRIGO

                                            Rédacteur en Chef du « Méridional »

Hiroki Sakaï et Ippei Uemura à Marseille : les bienfaiteurs du Soleil Levant

Ils ont des noms de Samouraï qui claquent comme des banzaï : Hiroki Sakaï et Ippei Uemura. Le premier est né à Kashiwa, le second à Kyoto. Ils sont tous deux Japonais et Marseillais mais leurs charges ne sont pas guerrières. Ce sont plutôt des « Shoguns » de générosité. Ils ont décidé de lutter à leur manière contre l’envahisseur barbare et le microbe qui tue en aidant de leur mieux le personnel soignant des hôpitaux de Marseille.

Je ne suis pas une star comme Neymar, mais je veux vous aider avec ce modeste présent 

L’arrière latéral virevoltant de l’OM, Hiroki Sakaï, trente ans, récemment opéré de la cheville et confiné chez lui avec femme et enfants, a demandé à son ami restaurateur Ippei Uemura de remettre en son nom un chèque de 20 000 euros destiné aux soignants marseillais. Un geste de grande classe, une sorte de « mawashi-geri » circulaire à la face du malheur, digne de Patrice Evra, qui a été salué par les supporters de l’OM dans la France entière.

Très admirateur du courage dont font preuve les médecins, les infirmières et les ambulanciers, Sakaï a voulu leur rendre hommage en ces termes : « Je ne suis pas une star comme Neymar, mais je veux vous aider avec ce modeste présent ».  Banzaï Sakaï ! Longue vie Hiroki !

L’histoire de son copain japonais Ippei Uemura n’est pas liée au football ni à un transfert via Hanovre, mais à un coup de foudre. Il a été formé dans un restaurant japonais traditionnel qui excelle depuis trois siècles dans son pays et il aurait pu aisément y poursuivre une fructueuse carrière. Mais son rêve à lui, Ippei, c’était de s’envoler pour la France, la douce France.

Quand un restaurateur cannois l’a invité à Cannes, il est venu avec joie, mais il n’y est resté que quelques mois, la ville ne lui a pas plu. Il a donc décidé la mort dans l’âme de rentrer au Japon et de prendre ses billets pour l’Empire du Soleil Levant. C’était en 2003. Avant d’embarquer à Marignane, il a fait un crochet par Marseille où il est resté quelques jours pour découvrir la ville…et il n’en est jamais reparti !

A Marseille, nous avons tout : des poissons frais, des aromates à profusion, du thym, du romarin, de la farigoulette et des légumes de folie, de quoi faire de Marseille la ville la plus gastronomique de France !

Ippei Uemura est aujourd’hui plus Marseillais que les Marseillais. Son accent asiatique est mâtiné d’intonations marseillaises. C’est le nouveau « Galligani » de la gastronomie marseillaise : à l’instar d’Alex Galligani, feu-patron du Rhul et roi de la bouillabaisse, Uemura est devenu un des ambassadeurs de l’excellence culinaire locale. Il a commencé à montrer son exceptionnel savoir-faire en installant le « Tabi » dans un endroit improbable, ingarable, au cœur du village de Sainte-Anne. Son établissement ne désemplissait pas. Il a donc décidé de déménager sur la Corniche, au-dessus du vallon des Auffes, un lieu tout aussi inaccessible pour les voitures, où il rêve de conquérir la première étoile au guide Michelin d’un restaurant japonais à Marseille.

Ippei Uemura a la ferme intention de s’inscrire dans le sillage prestigieux des chefs marseillais qui l’ont devancé : Gérald Passedat, Lionel Levy, Alexandre Mazzia, Guillaume Sourrieu, Sébastien Richard, Christian Ernst, Dominique Frérard, entre autres. «  A Marseille, s’enthousiasme-t-il, nous avons tout : des poissons frais, des aromates à profusion, du thym, du romarin, de la farigoulette et des légumes de folie, de quoi faire de Marseille la ville la plus gastronomique de France ! »

Le « Tabi », comme son nom l’indique, est un « voyage au bout des rêves ». L’essayer, c’est l’adopter. Uemura transporte vos papilles au bout de l’extase avec une science démoniaque des préliminaires et une savoureuse liturgie des textures salées, iodées, sucrées. Membre depuis six ans de l’association « Gourméditerranée » qui regroupe 58 chefs et artisans talentueux de la région marseillaise, Ippei a pris exemple sur son copain et meilleur client Hiroki Sakaï : avec tous ses collègues chefs, il a décidé de mitonner bénévolement 600 repas par jour destinés aux soignants marseillais de l’assistance publique. Comme l’approvisionnement en denrées de ses fournisseurs habituels manque parfois de variété, Uemura a sollicité Hiroki Sakaï qui a fait don de 10 000 euros à l’association pour lui permettre de fonctionner à plein régime.

Ils sont formidables ces Japonais. Et « Le Méridional » se plaît à leur rendre l’hommage qu’ils méritent. Banzaï Sakaï ! Longue vie à toi Ippei Uemura !

Coronacircus – OM-PSG et les garde-barrières – Le Pr. RAOULT le Sauveur – partie 2

Male doctor showing medical covid-19 corona virus report on a tablet in doctors office or hospital.

OM-PSG et les garde-barrières
Le Pr. RAOULT le Sauveur

… Quant aux travaux du professeur Didier Raoult à Marseille, ce sont des « couillonnades » émanant d’une assemblée de « fadas » sans la moindre rigueur scientifique. D’ailleurs ce Raoult, naguère conseiller d’Emmanuel Macron, n’est-il pas une copie conforme de « Panoramix », le druide d’Astérix, avec sa potion magique et son look de gourou du Mandarom, administrant sans précaution une combinaison de médicaments digne d’un messie cosmo-planétaire ?

Dites-moi, chers pédagogues endimanchés, à l’abri de professeurs estimables et de courbes bâtardes,  pourquoi a-t-on supprimé en 2015 l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires créé le 5 mars 2007 et fort de 2000 professionnels triés sur le volet ? Pourquoi avons-nous livré à la Chine dix-sept tonnes de matériel médical alors que nous allions en avoir un besoin impérieux ? Comment se fait-il que 80 pour cent des substances actives de nos médicaments sont fabriqués en Chine, en Inde et dans le sud-est asiatique ? Pour faire des économies ? Et lorsqu’on est mis au pied du mur, au lieu de répondre à ces questions légitimes, on préfère dédramatiser et se défausser de ses responsabilités sur l’inconscience populaire.

Que dit le professeur Raoult ? Il affirme à juste titre que l’objectif thérapeutique est de traiter les personnes qui présentent des infections à un stade suffisamment précoce pour éviter la progression vers un état grave et irréversible. Il est d’ailleurs soutenu dans sa démarche par le  professeur Jean-Luc Harousseau, une sommité mondiale de l’infectiologie lui aussi, ancien président de la Haute Autorité de Santé, qui clame urbi et orbi : « Il n’y a pas de risques majeurs à l’emploi de la Chloroquine, on a tout à gagner, nous n’avons pas de temps à perdre. Le protocole de soin mis en place par Didier Raoult est le seul espoir de guérison rapide. Il doit s’appliquer seulement aux personnes hospitalisées faisant l’objet d’une surveillance quotidienne de leur électrocardiogramme car il y a un risque cardiovasculaire avéré. Ceux qui s’opposent à la Chloroquine sont trop attachés à la rigueur scientifique, on se moque des gardiens du temple quand des milliers de vies sont en jeu ».

La plupart des grands patrons de médecine marseillais que nous avons interrogés font chorus avec le professeur Harousseau et Didier Raoult : on n’a pas le droit de ne pas délivrer de Chloroquine en attendant six semaines la preuve scientifique de son efficacité et de son  innocuité. Fermez le ban.

Le concert des épidémiologistes parisiens, souvent grassement rétribués par l’industrie pharmaceutique pour dire l’Evangile, ont beau s’indigner sur les étranges lucarnes, on ne les écoute plus. Vox populi, vox dei. On en revient aux exhortations classiques des Ultras-84 du virage sud : « Paris ! Paris ! On…t’annule ! »

 Il est vrai que de nombreux produits, administrés par exemple pour lutter contre les maladies rares, n’ont jamais fait la preuve, eux non plus, de leur efficacité scientifique. Il faut simplement savoir adapter la posologie au cas particulier de chaque patient. Certes, les essais contrôlés « en double aveugle » avec une cohorte de patients ayant absorbé de la Chloroquine et une cohorte identique de témoins n’ayant pris que des placebos, peuvent seuls permettre de décréter si un médicament est efficace ou pas.

Mais les chicaneries d’intellos ne sont pas de mise lorsque les cercueils s’empilent à nos portes. Tant que la balance « bénéfices-risques » penche à 90 pour cent sur le plateau des bénéfices, il n’y a aucun doute à avoir. On pourrait certes objecter au professeur Raoult que le niveau de preuves sur son traitement conjoint n’est pas assez élevé en « période froide » et que les bonnes pratiques médicales exigent une étude plus large sur 800 patients au moins. Mais le temps presse. Et lorsque Didier Raoult rappelle à ses détracteurs qu’il ne fait qu’honorer son serment d’Hippocrate qui lui commande de rétablir, préserver ou promouvoir la santé, il a parfaitement raison.

Il réhabilite au passage le droit naturel dont le serment d’Hippocrate est issu puisqu’il repose sur l’équité et l’humanité. « Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité », peut-on lire dans le serment d’Hippocrate. Moyennant quoi, Didier Raoult cultive son indépendance avec un goût certain de la provocation et demeure fidèle à sa déontologie médicale. Il jette son serment à la figure des fonctionnaires rigoristes de la méthodologie et discrédite leurs ferments d’hypocrites.

Les maniaques de l’Etat universel, ou de l’Etat profond décrit par Michel Onfray, ont perdu la partie. L’avenir est à la liberté tous azimuts. Telle est la leçon essentielle de cette crise sans précédent. Le logiciel de Maastricht est à terre. Ses promoteurs sont translucides et évanescents. On mesurera plus tard l’inconséquence criminelle de certains de nos gouvernants. Ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un monde. Bien entendu, les Thénardier de la santé devront rendre des comptes aux Français qui pleurent leurs proches disparus. Ils devront s’expliquer sur certaines de leurs collusions, sur leur impéritie, leurs connivences au plus haut niveau, et sur la faillite de l’union européenne quand les nations se recroquevillent sur elles même pour survivre. Ils devront répondre surtout de « non-assistance à population en danger ».

Sous sa défroque chevelue et hirsute de Panoramix, Didier Raoult est le gilet jaune de l’infectiologie. Il nous a permis de nous réunir autour d’une vérité très simple : c’est lorsque la vie devient précaire qu’on en découvre le prix et qu’on en savoure la valeur. Les militaires, eux, connaissent d’instinct cette règle car ils défient la mort et la côtoient tous les jours.

Le second enseignement majeur de cette crise sanitaire, c’est l’arrêt de mort du droit positif, du droit légal, du droit « posé », écrit, codifié, au regard des exigences de la liberté et de l’humanité. Si le droit constitué ne trouve pas son fondement dans le droit naturel, ce n’est plus du droit, c’est de la tyrannie. Mon voisin avait raison : il ne pouvait pas achever son portail car il n’avait plus de peinture.

Coronacircus – OM-PSG et les garde-barrières – Nos gouvernants parisiens – partie 1

Smart scientists in different age during science conference. The team leader speaking to microphone

OM-PSG et les garde-barrières
Nos gouvernants parisiens

Ce matin, en allant acheter mon pain, avec mon « Laisser-passer» dans les mains, je suis tombé sur un de mes voisins, juché sur une petite échelle, qui repeignait son portail à toute allure. Je me suis permis de lui demander le motif de sa hâte insolite. Il m’a montré son seau et m’a répondu :

« Je me dépêche de finir avant qu’il n’y ait plus de peinture… »  

Je dois vous dire que j’en suis resté estomaqué. J’ai pensé tout de suite en effet à la conférence, dite de presse, d’Edouard Philippe le Premier ministre et de son ministre de la Santé Olivier Véran. Je me suis dit qu’eux aussi étaient en train de repeindre le portail un peu terni de leur communication sédative. Ils l’ont fait avec une diligence et un  talent pédagogique éblouissant, mais ils n’ont pas pu cacher, eux non plus, que leur seau était presque vide.

L’histoire retiendra sans doute que MM. Philippe et Véran sont d’excellents gestionnaires de la pénurie. Comme dirait Raymond Devos, ils font une quantité de choses avec trois fois rien : pas de masques, pas de blouses, pas de charlottes, pas d’écouvillons, pas de tests, pas de lunettes de protection, pas de traitement reconnu par les autorités scientifiques pour lutter contre le Covid-19, mais en revanche…un torrent de mots et d’émotion compassionnelle.

On envoie au front des soldats en blouses blanches sans le moindre armement contre la contagion et l’on trépigne devant des courbes géométriques pour nous faire comprendre que les cancres, c’est nous. Nos ministres ressemblent à ces moulins à vent qui se rebellent contre leur propre imposture. Ils sont dépassés par les événements faute de les avoir anticipés et habillent leur ignorance d’une fausse humilité. C’est pathétique. Au lieu de reconnaître simplement qu’ils ne disposent d’aucun moyen sérieux pour endiguer la vague épidémique, ils bricolent des stratégies de fortune pour « aplatisseurs de courbes » et prêcheurs de garde-barrières qui expédient les trains de malades à l’abattoir.

Voilà des années que les infirmières, les grands patrons, les internes, tout le personnel hospitalier crient « au secours », voilà des années qu’ils s’époumonent dans le désert pour alerter l’opinion sur les carences de l’hôpital : on ne peut plus soigner correctement les Français avec des bouts de chandelles, clament-ils. Dans la foulée, 1000 médecins hospitaliers ont démissionné de leurs postes à la fin de l’année 2019 pour protester contre leur dénuement.

Et soudain, on se rend compte qu’ils avaient raison. Désormais, c’est la détresse respiratoire de milliers de malades qui éclairent leurs doléances et leurs détresses professionnelles d’une lumière aveuglante et d’un souffle nouveau.

« Si vis pacem para bellum » : si tu veux la paix, prépare la guerre, professe l’adage latin. La vérité, c’est que nos gouvernements successifs n’ont rien prévu du tout. La plupart des hôpitaux de France menacent d’être en surtension face à la croissance exponentielle du virus. Souvenez-vous de La Fontaine : « la cigale alla crier famine chez la fourmi sa voisine : pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau. Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien dansez maintenant ! »

Sur les réseaux sociaux, c’est la danse des canards et le ballet des brancards. Le bon sens populaire donne pourtant la recette à nos édiles indélicats et à nos scientifiques bornés : la meilleure stratégie pour ne pas être pris au dépourvu, c’est d’être en mesure de se défendre. En France, on colmate les brèches. On masque les fuites. On colle des rustines. Pendant qu’à la télé on nous promet des millions des masques de protection, un médecin marseillais de renom n’a pu en récupérer que quatre datant de 2001 dans une pharmacie de la rue Paradis à Marseille…

Que fera-t-on lorsque le nombre de malades placés en réanimation sera supérieur à notre capacité d’accueil ? Que fera-t-on lorsque la péréquation régionale des malades sous respirateur artificiel ne pourra plus s’exercer ? Que feront nos dirigeants lorsqu’ils auront fini de déshabiller Pierre pour habiller Paul ? Quand disposerons-nous enfin d’un matériel de dépistage et de réactifs susceptibles de tester l’ensemble de la population, comme l’ont fait les Allemands ? C’est curieux que le seul « journaliste » présent à cette conférence dite de « presse » n’ait pas posé ces questions élémentaires.

On commande à la va-vite 1000 ventilateurs mécaniques à Air Liquide alors que les cas sévères se multiplient, on racle les fonds de tiroir et l’union européenne reste coite face à la catastrophe, comme si elle était la première victime du Coronavirus. On nous parle de transferts de malades, de commandes de masques « alternatifs », d’un objectif hasardeux de 14 500 lits de réanimation alors que nous n’en avons que 5000, bref c’est la tactique de la poudre aux yeux. On ne fait plus de médecine, on fait de la politique.

Le 13 janvier 2020, Mme Agnès Buzyn, ministre de la santé, nous assure que la Chloroquine est à classer parmi les « substances vénéneuses », ce qui la rend impropre à la consommation, et deux mois plus tard, le 26 mars 2020, son successeur publie un décret pour nous expliquer que cette même chloroquine, prônée par le professeur Didier Raoult, est soudain redevenue comestible et admissible. Pourquoi une telle palinodie ?

Ce qui se profile aujourd’hui dans notre pays, au-delà de l’hécatombe prévisible à moyen terme, c’est le spectre de l’effondrement. L’Etat lui-même se fissure et les hommes politiques paraissent désarçonnés dans la tempête. Ils n’ont pas de mots pour exorciser la peur de la mort. Ceux qui ont tout fait pour déconstruire la nation et désintégrer la famille s’aperçoivent soudain que les frontières nationales et naturelles sont essentielles. Ils le reconnaissent en évoquant tout de même le « repli nationaliste », comme s’ils ne voulaient pas donner l’impression de manger leur chapeau.

Les progressistes multiplient les erreurs et n’en payent jamais le prix. Notre société n’est pas un laboratoire destiné à des cobayes de la modernité ou à des illuminés de l’intelligence artificielle qui délirent sur l’homme « augmenté » et sur l’immortalité éventuelle des bébés éprouvette.  La claustration obligatoire risque de ranimer les vieux réflexes de survie et d’attiser l’agressivité des individus. Il faudra, le « jour d’après », sonner la fin des incantations magiques du progressisme mondial et restituer à l’individu les vertus du droit naturel. Il faudra permettre aux anciens parias de danser sur les décombres de  la nouvelle société, idéalisée jadis par Jacques Chaban-Delmas.

Car soyez en certains, les dirigeants actuels ne se convertiront jamais à l’altruisme et à l’intérêt général. Ce sont les produits d’une caste qui les fait élire  précisément pour que rien ne change. On reparlera de l’épidémie, certes, mais il s’agira de la « peste brune » et les mal-pensants seront de nouveau confinés dans leur tour d’ivoire.

On fustigera l’incivisme de ces joggeurs inconscients qui osent sortir pour aller s’aérer et l’on se gardera de verbaliser les dealers des quartiers rebelles qui caillassent les pompiers et crachent sur les policiers au moindre contrôle d’identité. Non, la crise sanitaire ne changera hélas rien au schmilblick : l’Etat n’a plus aucun levier d’action dans les territoires perdus de la République.

… à suivre

La renaissance du « Méridional »

La renaissance du « Méridional » ?

C’est une blague ?

Non, c’est très sérieux. Un journal ne meurt jamais parce qu’il s’imprime aussi dans la mémoire des vivants.

« Le Méridional » a disparu des kiosques le 4 juin 1997 laissant deux orphelins, les bleus et les roses. Il réapparait en 2020 sur les réseaux sociaux ! 

C’est l’audace conjuguée d’un jeune entrepreneur de trente-trois ans, Jean-Baptiste Jaussaud, qui a eu l’ingénieuse idée de racheter le titre, et celle d’un entrepreneur du territoire, Francis Papazian, qui présidera le journal, qui lui permettent aujourd’hui de renaître de ses cendres.

Le « Méridional » était et sera farouchement attaché à la liberté d’expression parce que c’est la base même de toute démocratie populaire. Ici, nous exécrons la censure et aucun de nos écrits ou des vôtres ne sera la proie des ciseaux d’Anastasie. Sa devise, inscrite à la « Une », n’a pas changé : « les commentaires sont libres, les faits sont sacrés » (Beaumarchais). Les maîtres censeurs de la pensée obligatoire peuvent passer au large : ils ne sont pas les bienvenus dans les colonnes du « Méridional ».

L’aventure qui nous attend est passionnante car, à vrai dire, les Marseillais et les Provençaux en ont assez d’une presse inodore, consensuelle, sans saveur et misérabiliste. Ils veulent des opinions, des débats, des polémiques, de la verve, du brio, des vérités. 

Chers amis du « Méridional », voilà notre ligne et notre ambition éditoriale : restaurer une information pluraliste, porter la plume dans la plaie, rester indépendants de tous les pouvoirs constitués, et privilégier la défense et l’illustration des fondamentaux de notre civilisation.

Chers lecteurs, la Presse des convictions libérales, conservatrices, patriotes et de la Droite sociale est de retour !