Le troisième homme de cette élection municipale, n’en déplaise aux observateurs socialistes, c’est incontestablement Stéphane Ravier, le candidat du Rassemblement National. Ceux qui voudraient gommer son existence et réduire le second tour à un duel Rubirola-Vassal, font une erreur grossière ou obnubilent délibérément leur jugement. Pour deux raisons.
D’abord parce que les candidats de Stéphane Ravier sont présents au second tour dans les huit secteurs de Marseille et, ensuite, qu’un simple coup d’œil sur les résultats de M. Ravier en 2014, de Marine Le Pen en 2017 et de M. Bardella aux européennes de 2019 permettent de démontrer que près de 50 % des électeurs traditionnels du Rassemblement National ne se sont pas déplacés aux urnes le 15 mars dernier par peur du Coronavirus. Donc, par voie de conséquence, un simple retour dans les isoloirs de l’électorat frontiste pourrait modifier du tout au tout les résultats du scrutin.
Lors de notre entretien dans son fief de Château-Gombert, M. Ravier nous a répété à plusieurs reprises que son défi majeur pour ce second tour était de mobiliser son électorat et de le convaincre de sortir de chez lui. Pour M. Ravier, ce second tour du 28 juin est en réalité « un nouveau premier tour ». Et nous ne pouvons pas ignorer sa représentativité, quoi qu’en pensent les inquisiteurs de l’idéologie diversitaire et leurs zélés complices qui s’agitent dans la presse locale pour discréditer la Droite et son bilan.
Il n’est pas question pour le « Méridional » de plier, et encore moins de s’agenouiller, devant les oukases de la gauche moralisatrice et de diaboliser Stéphane Ravier sous le prétexte fallacieux qu’il serait xénophobe, réactionnaire, raciste, fasciste, etc. Notre rôle à nous, c’est de donner la parole à Stéphane Ravier parce que son parti, le Rassemblement National, représente à Marseille un bon tiers de l’électorat (lorsque la participation est significative) et qu’on ne peut décemment pas mettre ces nombreux citoyens Marseillais sous l’éteignoir.
Stéphane Ravier, c’est bel et bien le troisième homme de cette élection, celui que personne n’attend. Il se bat à la fois contre Mme Rubirola, « le péril rouge pour Marseille » et contre Mme Vassal, qu’il a le tort de mettre dans le même panier en l’accablant de tous les péchés d’Israël. « L’abstention massive a permis à l’ultragauche de réaliser un bon score car, dans leur camp, on a au contraire massivement voté au premier tour » estime-t-il. Donc, il fait la chasse aux casaniers, aux pêcheurs à la ligne, aux plagistes, il tracte, il fait du porte à porte, il se livre à une rude bataille d’affiches contre ses adversaires qui collent et sur-collent les siennes toute la sainte journée. Mais surtout, il ne manque pas de se démarquer du « parachuté » (c’est ainsi qu’il a baptisé David Galtier, le candidat de tous les partis ligués contre lui dans le 13/14) en rappelant les actions qu’il a menées au secours des populations durant la crise sanitaire (paniers de vivres, masques à profusion, dépistages, don de 150 000 euros à la mairie centrale pour faire face).
Les retraits des candidats de Gauche au profit de ce seul Galtier ne manquent pas de l’interroger et il évoque à ce sujet « un suicide de la Gauche », un « déni de démocratie » et une « entente entre de faux ennemis et de vrais alliés du système politique marseillais ». Selon lui, l’état-major des Républicains s’est arrangé avec celui de Mme Ghali pour que chacune des candidates retire leur candidat, l’une dans le 13/14, l’autre dans le 15/16. L’échange de bons procédés se solderait par un vote de Mme Ghali en faveur de Mme Vassal au troisième tour de scrutin et par une rétribution en grands électeurs lors des prochaines sénatoriales en faveur de Mme Ghali pour permettre sa réélection au Sénat.
Nul ne peut prédire la configuration du second tour, même si les sondeurs s’accordent à reconnaître que Mme Rubirola, la candidate de Jean-Luc Mélenchon, sera la prochaine mairesse de Marseille. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que M. Stéphane Ravier et ses conseillers joueront un rôle essentiel au sein du prochain conseil municipal et qu’il serait déloyal et arbitraire de passer sous silence leurs propositions pour Marseille.
Nasser Larguet, 62 ans, directeur du centre de formation de l’OM depuis un an après avoir été directeur technique national du Maroc, se félicite de l’excellente saison de la pépinière olympienne mais il avertit les joueurs qui seraient portés sur le dilettantisme : « il faut se surpasser, il faut donner tout ce que l’on a pour son équipe et ne pas se concentrer sur sa personne. »
Nasser Larguet est un éducateur pragmatique. Lorsqu’il est arrivé à la tête du centre de formation de l’OM en juillet 2019, il a compris que le personnel venait de vivre une période de turbulences et il s’est mis à l’écoute des éducateurs et du staff médical pour comprendre ce qui pouvait être amélioré dans le domaine de la formation. Il a été agréablement surpris de constater que la politique de jeunes mise en place par le président Jacques Henri Eyraud et Andoni Zubizaretta portait ses fruits puisque, au cours des dernières années, onze joueurs issus du centre de formation se sont retrouvés au sein de l’équipe professionnelle et 95 % des pensionnaires du centre ont obtenu leur bac.
Sa priorité a été d’abord « d’unifier » le travail des entraîneurs, des préparateurs physiques et du staff médical, car chaque entité avait tendance à travailler toute seule. Il a fallu recentrer les esprits autour de l’institution OM. « Quand je suis arrivé au club, il n’y avait plus d’entraîneur pour la Nationale 2. Au niveau des U 17, il y avait deux entraîneurs et un seul pour les U 19, j’ai donc dû m’atteler à restructurer le centre de formation en recrutant des gens compétents ».
La chance de Nasser Larguet est d’avoir pu enregistrer l’arrivée de Philippe Anziani et de Maxence Flachez, deux formateurs aguerris, pour s’occuper de la Nationale 2 qui est l’équipe réserve de l’OM. Il a convaincu ensuite Olivier Januzzi et Jacques Abardonado de prendre en charge les U 19 car l’objectif premier de cette équipe qui était descendue au niveau régional était de remonter.
Nasser Larguet a donc recruté deux nouveaux éducateurs pour l’équipe des U 17 : Stéphane François et Titou Hasni, ancien entraîneur de Gémenos et formateur expérimenté. Il est ensuite passé à la seconde phase de son projet : la mise en concordance du staff médical, des préparateurs physiques et des entraîneurs. « Dans le foot tout est lié, estime Nasser, on entraîne des joueurs qui courent, sautent, frappent, et font des efforts énormes pour réussir en raison de l’investissement physique très élevé exigé par les compétitions actuelles ».
« L’état d’esprit est essentiel »
Cet objectif de « former une équipe » transversale susceptible de s’occuper d’un joueur et de l’accompagner de A à Z a été atteint et ce n’était clairement pas le cas avant son arrivée. Avec un beau fair-play, Nasser rend hommage à son prédécesseur Jean-Luc Cassini et au président Jacques Henri Eyraud qui ont obtenu, grâce à leur travail, le label « Prestige » de la fédération française de football.
Ce que veut améliorer Nasser Larguet, au-delà des résultats, en tous points excellents cette année, c’est l’état d’esprit, la volonté, l’envie de se surpasser à tous les échelons du club. On ne peut valablement juger une politique de formation qu’à long terme. Mais d’ores et déjà, chacun peut constater que les U 19 sont montés en National et que les U 17 terminent premiers devant des équipes comme Montpellier ou Nice dont l’excellence en matière de formation n’est plus à prouver. Quant aux U 16 ils ont réalisé eux aussi un superbe parcours en championnat.
« Pour obtenir de tels résultats, estime Nasser, il faut se surpasser, il faut donner tout ce que l’on a pour son équipe et ne pas se concentrer sur sa personne. C’est un peu le défaut actuel des jeunes : qu’est-ce que je vais devenir ? Est-ce que je vais signer un contrat pro ? Oui, mais il faut pour cela que le jeune s’intègre dans un collectif qui essaie de suivre et d’imiter les très bons résultats de l’équipe première en Ligue 1. Le joueur qui ne pense qu’à lui en ne fournissant pas les efforts nécessaires court à l’échec. »
Nasser, c’est l’antidilettante. « A l’OM, dit-il, il faut être très exigeant. On doit se hisser vers l’excellence car on a un public qui attend et ne pardonne pas. S’il constate que son équipe se surpasse, il peut pardonner une défaite. Mais si les joueurs ne se surpassent pas, il ne pardonnera rien ! » Cette vision guerrière du « mouiller le maillot ou cassez-vous !», popularisé par les Ultras, sera désormais l’axe principal des éducateurs de l’OM. Et gare aux feignants ou aux mal-lunés, ils seront écartés.
La politique de recrutement de l’OM est axée sur son vivier interne. Grâce au travail conjugué de Januzzi, Abardonado et Marek les U 18 ont réussi à remonter en National. Et cela n’a pas été simple car de nombreux jeunes se sont blessés et certains ont été promus au sein de l’équipe réserve de l’OM. De même les excellents Stéphane François et Titou Hasni ont permis à l’équipe des U 17 de terminer en tête de leur poule lors de l’arrêt des compétitions. Il est vrai qu’ils disposent de la magnifique génération 2003 qui a permis l’éclosion, entre autres de Bertelli, Rahou et Sciortino. Les U 16, ont terminé premiers haut la main avec des pépites à suivre la saison prochaine, les U 15 et U 14 ont obtenu des résultats honorables mais peuvent mieux faire. Le potentiel est là, mais il faut améliorer le sens du rythme, la vitesse, l’explosivité, et surtout…le caractère guerrier. En s’identifiant à Dib ou Abardonado par exemple !
Nasser Larguet a confié que l’entraîneur Andres Villas-Boas était très sensible au travail du centre de formation et il profite de chaque trêve internationale pour passer en revue les jeunes du centre de formation. Il fait ensuite un retour d’examen à Nasser Larguet en pointant les faiblesses et les points forts : « il est essentiel de se frotter au plus haut niveau si l’on veut y accéder un jour sans compromettre son avenir », conclut Nasser Larguet.
J’aurais mieux fait ce matin de diriger mes pas (et accessoirement ceux de mon chien) ailleurs qu’aux Catalans. Je souhaitais voir l’état de la Tour qui, depuis le milieu du XVI° siècle domine et veille sur la plage.
Durant des mois, depuis l’année dernière, des échafaudages entouraient, en effet, les quatre faces de l’édifice, laissant envisager une restauration, celle au demeurant promise, même si les Services de l’État, comme les Services municipaux compétents en matière de patrimoine, reconnaissaient n’avoir été mis au courant de rien. La Tour n’a jamais été classée et n’est donc pas protégée. Mais, enfin, les échafaudages étaient bien dressés. De même, dit le proverbe, qu’il n’y a pas de fumée sans feu, de même pouvait-on penser qu’il n’y a pas d’échafaudages sans prévision de travaux.
DES ÉCHAFAUDAGES DE MISE EN SCÈNE ?
Des échafaudages mais, durant des mois, point d’ouvriers, ni le moindre bruit de truelle, ni de marteau, ni de poulies … quels que soient les jours ou l’heure. La Tour à la plage dormante dans toute sa splendeur et cela bien avant le confinement. Le prince charmant ne semblait pas près de la réveiller. Ce n’était pas un somme, ni une sieste, ni une longue nuit XXL. Non, vraisemblablement la Tour avait été placée en « coma architectural avancé » (CAA), dit encore « coma patrimonial de longue durée » (CPLD). Les échafaudages fièrement dressés jouaient à merveille leur rôle d’acteurs immobiles dans une mise en scène pagnolesque. Le bruit finit par courir que des travaux d’étanchéité de toiture allaient être engagés.
La Tour des Catalans (de g.à d.) : les 6 mai et 12 juin 2020
L’ANNÉE DU TRICENTENAIRE DE LA PESTE DE 1720
Faut-il rappeler que cette année 2020 marque le tricentenaire de la Peste. Cet anniversaire était l’occasion rêvée de restaurer la Tour des Catalans, vestige du lazaret de Saint-Lambert de 1558, le second dans l’histoire de Marseille après celui du Moyen-Âge situé au delà de la Porte de l’Ourse, au nord, et avant celui d’Arenc. Du premier et du troisième il ne reste rien. Absolument rien. C’est dire si ce seul vestige de la Tour des Catalans est essentiel. Unique. S’il convenait, de prime abord, de prendre une décision d’importance concernant ce « lieu de mémoire » c’était de procéder à son classement au patrimoine comme monument historique. Mais ces deux termes de « classement » et de « patrimoine » ont-ils un sens ?
HONTE : RIEN N’A CHANGÉ
Exit les échafaudages. La toile de protection enlevée laisse réapparaître les mêmes murs lépreux, dégradés, scandaleusement lézardés. Les anciennes ouvertures béantes au pied du monument sont toujours là, comme une bouche criant sans écoute « au secours ». Le coût de la mise en scène des échafaudages durant des mois aurait, à lui seul, suffi à engager une véritable restauration de cet édifice patrimonial dans des conditions honorables. Qui donc a pu me dire que Marseille avait été élue, il n’y a pas si longtemps, Capitale européenne de la Culture ?
L’histoire contemporaine de la Tour est une triste série d’abandons successifs. Et cela continue. À la suite d’une pétition lancée en 2016 totalisant plus de 10 000 soutiens, une délibération municipale de décembre 2017 prévoyait enfin la « réhabilitation de la tour du lazaret » (et des bâtiments adjacents !).
Il y a loin, dit le proverbe, de la coupe aux lèvres. Il y a plus loin encore de la délibération aux faits, de la parole aux actes. Je ne peux que relire avec un léger sourire les déclarations de l’époque : « Je dévoile notre intention de sauver la « Tour du lazaret » témoin important de l’épopée marseillaise pour lui redonner son visage d’autrefois ».
Le léger sourire se transforme en rire ! On ne classe toujours pas. On ment scandaleusement. L’Histoire et la Culture sont jetées aux oubliettes au profit de la réfection des bordures de trottoirs et d’un nouveau revêtement des chaussées. Ce n’est pas étonnant : la culture est foulée aux pieds.
L’identité des Catalans continue d’être gommée. Inexorablement. Edmond Dantès et Horace Bertin peuvent en convenir : « L’heure marseillaise n’est décidemment pas à la préservation des Catalans. Elle est passée depuis longtemps ! »
L’interview que Martine Vassal a accordée au « Méridional » est sans la moindre ambiguïté (voir la vidéo ci-jointe). Elle ne mâche pas ses mots et appelle les électeurs à la raison : ce sera elle ou le chaos. L’aventure ou l’avenir.
Martine Vassal nous a paru droite dans ses bottines. Si elle a refusé de débattre avec ses adversaires au premier tour, c’est simplement parce qu’elle sait qu’un débat entre dix personnes se transforme vite en brouhaha inaudible, chacun défendant âprement son bout de gras dans la confusion générale. Aujourd’hui, en revanche, elle se déclare prête à confronter sa vision de Marseille avec celle de l’étrange « Printemps marseillais », une appellation très verdure-rossignol qui masque en réalité un attelage hétéroclite formé par la France Insoumise de Mélenchon, le parti communiste, Europe Ecologie les Verts, des collectifs anarchistes, le Parti Pirate, la CGT et les éternels recyclés du parti socialiste.
C’est Mme Michèle Rubirola, princesse du bric-à-brac, qui refuse aujourd’hui le débat qu’elle appelait de ses vœux au premier tour. Souvent femme varie, et bien fol qui s’y fie…Toujours est-il que de nombreux citoyens ignorent le contenu du programme du duo « Rubirolenchon » et ils aimeraient en savoir davantage. Peut-être leurs objectifs délirants dessilleraient-ils les yeux des abstentionnistes du premier tour ? On sait en effet aujourd’hui que « Rubirolenchon » veut transformer la ville en capitale européenne des migrants et y développer à fond la caisse le logement social, surtout dans les quartiers sud. On sait aussi que ce couple qui avance masqué veut faire de Marseille un « laboratoire » du mélangisme, de l’idéologie diversitaire, de l’assistanat et du tout permis.
Est-ce pour dissimuler au public ces billevesées qu’il préfère surfer sur la vague du premier tour ? Je ne parle même pas de l’augmentation drastique des impôts pour doubler la capacité d’accueil des transports en commun, ni des salles de shoot destinées aux drogués et parsemées dans divers quartiers, ni de l’arrêt du financement des écoles privées et de l’émasculation de la police municipale.
Il est probable que si les Marseillais étaient mis au courant de ces objectifs fantasmagoriques, ils réfléchiraient à deux fois avant de rosir, de verdir ou de rougir leur bulletin de vote. Le choix du 28 juin est d’autant plus décisif que la coalition brinquebalante de « Rubirolenchon » va voler en éclats dès le lendemain du scrutin. Non seulement parce qu’elle s’est déjà écharpée avant de sceller un accord de fortune mais parce que la mine réjouie qu’ils affichent n’est qu’un consensus de façade : ils ne sont d’accord sur rien en réalité et leurs divergences éclateront forcément au grand jour.
Au-delà des mimiques de circonstance et du traditionnel slogan « tous ensemble, tous ensemble, tous… » le vernis de l’union va craquer et c’est Marseille qui restera en carafe. La ville ne saurait se satisfaire d’un duo de zorros masqués qui avancent en tapinois pour s’approprier le pouvoir, rançon d’un long confinement depuis 1968. Jean-Claude Gaudin a mis en garde l’électorat contre les polémiques stériles qui « détournent les électeurs du véritable enjeu ». Et il a réaffirmé son soutien à Martine Vassal qui « incarne le mieux l’avenir de Marseille par sa volonté, son dynamisme et son expérience ».
Le choix est clair : ce sera l’aventure ou l’avenir, la révolution ou la progression. C’est Martine Vassal qui sera désormais la porte-drapeau de l’adage maintes fois formulé par Renaud Muselier : « ni système, ni extrêmes. Servir sans se servir ». Faites donc le bon choix amis marseillais !
C’est une tempête dans un verre d’eau. Une histoire de cornecul aux effets « abracadabrantesques », comme dirait Jacques Chirac.
De quoi s’agit-il ? De vraies-fausses procurations ? Pas du tout. De procurations permettant de faire voter les morts, comme le faisaient naguère les caciques du parti socialiste et leurs sbires stipendiés ? Pas du tout. De l’usage de faux documents visant à s’octroyer indûment des votes ? Pas du tout.
Il s’agit simplement d’un excès de zèle de certains militants des Républicains qui ont cru bon de faciliter les démarches administratives destinées à l’établissement des procurations. Normalement, pour être valables, les procurations doivent être homologuées par un officier de police judiciaire qui vérifie de visu l’identité de la personne qui désigne un mandataire pour voter à sa place.
Or, l’exhortation principale de Martine Vassal, comme celle de ses adversaires, vise à mobiliser les 69 % d’abstentionnistes du premier tour. Et ils ont tous raison : sans une participation plus importante de l’électorat marseillais, ce scrutin pourrait être considéré comme illégitime et peu représentatif de l’opinion réelle des Marseillais. Rameuter les brebis égarées du premier tour pour solliciter leurs suffrages, est-ce un crime ?
Non, bien sûr. Il n’y a rien de répréhensible dans ce labeur ingrat de réveil citoyen, quel que soit le parti en cause. Ce qu’on reproche à une poignée de militants républicains débusqués de façon honteuse par les agents de propagande de France 2 opérant comme des espions en caméra cachée, c’est d’avoir simplifié la procédure pour faciliter la tâche aux citoyens n’étant pas en mesure de se déplacer le 28 juin. C’est un geste humanitaire qu’on essaie de transformer en une sordide affaire de magouilles à la marseillaise.
Holà Rubirola ! Halte là Mélenchon ! N’en jetez plus ! Voilà que de nombreux médias emboîtent le pas de France 2 et se jettent à bras raccourcis sur Martine Vassal. Voilà que le tribunal médiatique la presse de se justifier d’une fraude gigantesque et de manœuvres déloyales visant à altérer la sincérité du scrutin. Passez au large messieurs et mesdames les inquisiteurs au petit pied ! Vous vous trompez d’adresse. Vous vous trompez d’époque.
Pour qu’il y ait, en effet, un «soupçon de fraude avérée », comme dirait M. Castaner, faudrait-il encore que la candidate des Républicains ait extorqué le consentement des signataires des procurations et ce n’est pas le cas. Encore faudrait-il aussi que ces procurations dites « litigieuses » ou « irrégulières » par la meute des journalistes socialistes n’aient pas été signées par un officier de police judiciaire, ce qui n’est pas le cas non plus. La question qui se pose désormais est la suivante : pourquoi reprocherait-on à Martine Vassal d’avoir eu un geste de générosité envers les personnes âgées ou les absents qui ne peuvent pas se déplacer le 28 juin ?
Une odieuse campagne de diffamation
Pourquoi ? Je vais vous le dire : parce que la Gauche et les médias parisiens veulent « enFilloner » Martine Vassal dans les rets d’une procédure judiciaire qui ne tardera pas à faire « pschitt », voilà la vérité. Les mêmes ont réussi à faire élire M. Macron à l’issue d’une odieuse campagne de diffamations visant M. Fillon et sa famille. Ils veulent rééditer leur (sale) coup à Marseille. Et vous croyez que les Marseillais vont avaler cette couleuvre ?
Le vrai scandale, il est là. Les Mélenchonistes et autres gauchistes qui rêvent de voir Mme Vassal traduite en justice pour une peccadille en seront pour leurs frais. Les Marseillais ne seront pas dupes d’une forfaiture délibérément préméditée dont l’objectif est de faire chuter la favorite du scrutin au profit d’un assemblage hétéroclite de revanchards et d’utopistes.
Il faut cesser de prendre les Marseillais pour des andouilles. Parce qu’ils savent pertinemment ce que signifie « fraude électorale ». Souvenez-vous de 1983. Les sbires du parti socialiste n’hésitaient pas alors à renverser les urnes dans les secteurs où la Gauche était minoritaire (en particulier les 11/12). Des individus encagoulés et armés avaient menacé les candidats de droite dont les bulletins de vote avaient été sciemment altéré par des rayures pour entraîner leur annulation, de mystérieuses pannes d’électricité avaient plongé dans le noir des lieux de dépouillement pour y favoriser le bourrage des urnes au profit de Gaston Defferre, et les fraudeurs avaient abondamment utilisé le procédé dit du « fer à repasser » pour glisser dans l’urne des centaines de bulletins socialistes…
Je me souviendrai toute ma vie de la mine sidérée des conseillers d’Etat amenés à se prononcer sur ces tripatouillages et concluant : « la fraude au profit du maire sortant est manifeste, mais l’ennui c’est que ce maire est également ministre de l’Intérieur et le condamner reviendrait à condamner la République. Je vous demande donc de débouter les demandeurs… » Une injustice d’Etat. Indigne de la France.
Et l’on viendrait aujourd’hui chicaner Martine Vassal pour une poignée de procurations tamponnées à la va-vite par un officier de police débordé ? On voudrait la faire passer pour une fraudeuse de bas étage alors qu’elle dirige à la satisfaction générale le conseil départemental depuis cinq ans ? On voudrait la prendre dans les rets de « l’enfillonage » ? Vous verrez que ces tripatouillages ne marcheront pas et que les électeurs rendront justice à Martine Vassal d’une façon claire et nette. En l’élisant le 28 juin prochain comme la première mairesse de l’histoire de Marseille !
Non, eux n’ont pas été confinés, non, ils n’ont pas respecté l’obligation de signer des attestations pour sortir de chez eux. Et ils ont bien fait. Ils ont d’autant mieux fait que ces hommes exceptionnels ont obtenu tous les sauf-conduits nécessaires pour circuler librement jour et nuit dans tout Marseille. La préfète déléguée à l’égalité des chances, Marie Aubert, leur a donné illico toutes les autorisations pour se transformer en missionnaires de la charité. Elle les a aidés, appuyés, sollicités, épuisés. Parce qu’elle, elle savait. Elle savait qu’un drame gigantesque risquait de décimer Marseille et que toutes les initiatives, toutes les mains tendues devaient concourir à empêcher cette tragédie collective annoncée.
Souvenez-vous. C’était il y a trois mois à peine. Soudain, la ville s’est tue. Apeurés par la hantise de la contamination, les Marseillais se sont terrés chez eux. Un silence de mort s’est installé. Les rues se sont vidées. Les lampions se sont éteints. Une chape de peur a saisi la population, comme un linceul immense déployé sur la ville. L’ère du Coronavirus venait de s’ouvrir avec ses décomptes macabres et ses polémiques médiocres. Et le syndrome de la peste a lentement empoisonné Marseille en empêchant tous les rapprochements humains.
S’il est vrai que ces périodes de crise révèlent les personnalités hors du commun, celle que nous venons de connaître n’a pas échappé à la règle. Le vice-amiral Charles Henri-Garié, Fabrice Raoul, Frédéric Jeanjean, Vincent Fenech ou Jean-Marc Aveline, quelles que soient leurs fonctions ou leurs professions, sont des hommes ordinaires dont la destinée est devenue extraordinaire car ils ont contribué à sauver des milliers de sans-abri, de mendiants, de clochards, de chiffonniers, de squatteurs et de personnes vulnérables qui, sans leur aide, auraient pu mourir d’un autre virus, tout aussi redoutable : celui de l’indifférence et de la solitude.
Avec une grande humilité, ces Marseillais m’ont raconté comment et pourquoi ils ont réagi dès le second jour de confinement, après le KO du premier jour. Ils sortent acheter du pain ou quelques victuailles à proximité de chez eux et se rendent compte aussitôt du désastre : plus de circulation, plus de bruit, plus de points d’eau, plus d’associations, plus de centres d’accueil, plus de manche possible : des milliers de personnes vivant dans la rue vont être dans l’incapacité de se laver, de se nourrir et de solliciter une aide publique. Témoin, ce SDF qui s’agrippe à la veste de Frédéric Jeanjean à la sortie d’une boulangerie des Chartreux et qui l’implore : « Monsieur, par pitié, je ne veux pas d’argent, je ne veux pas de cigarettes, donnez-moi juste de quoi manger ».
Cet appel à l’aide bouleversant, l’ancien « Pacha » du bataillon des marins-pompiers de Marseille, Charles-Henri Garié, mais aussi Fabrice Raoul, président exécutif de l’union des professionnels de la mode et de l’habillement, responsable de « Mod’Spé Central Europe à Bratislava en Slovaquie, ancien responsable export de Didier Parakian, Vincent Fenech, curé de la paroisse de Saint-Mauront, un des quartiers les plus déshérités de Marseille, religieux de Timon-David, Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, l’ont reçu eux aussi cinq sur cinq. Et ils ont répondu présent. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, ces hommes se sont dévoués corps et âme pour sauver leurs prochains d’une issue fatale. Ils n’avaient rien à y gagner. Ils ont pris tous les risques. Leur action conjuguée devra s’inscrire en lettres de noblesse dans la légende de Marseille et, s’il ne tenait qu’à moi, je leur décernerais à tous les cinq, ou plutôt à tous les six en incluant aussi Marie Aubert, la médaille d’honneur de la ville de Marseille.
En photo, de gauche à droite : Charles-Henri Garié, Frédéric Jeanjean et Fabrice Raoul (photos D.R.)
Les caddies de l’espérance
Il est vrai qu’ils sont tous animés d’une fibre sociale qui les incite à aider les plus vulnérables. Fabrice Raoul, enseignant au sein de l’école de mode Mod’Spe Paris Central Europe de Bratislava, n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il est congratulé par un étudiant en fin de cursus universitaire : « Merci, monsieur le professeur, grâce à vous je vais faire un métier que je n’aurais jamais imaginé faire ». Ce sentiment d’un devoir accompli habite également Charles-Henri Garié quand il visite les « cadets du bataillon », ces jeunes pompiers qu’il aide à franchir marche après marche « l’escalier social », jeunes qui iront ensuite prêcher d’exemple dans leur cité afin d’extraire de l’enfer de la drogue d’autres adolescents qui s’y perdent. Ces sauveurs d’hommes ont appris à se connaître en déployant leurs réseaux en même temps pour secourir les Marseillais en détresse. Plus ils cheminaient, plus la demande s’amplifiait. C’était comme le tonneau des Danaïdes : dès lors qu’on croyait avoir fini de le remplir, il fallait tout recommencer.
Pendant que Fabrice Raoul répondant à un appel au secours du vice-amiral Garié, se mettait en quatre pour dénicher des sous-vêtements destinés aux SDF, Frédéric Jeanjean, lui, persuadait le directeur de « Métro » aux Pennes Mirabeau de lui fournir plusieurs palettes de bouteilles d’eau « Cristalline ». Pendant que Fabrice Raoul parvenait à convaincre de grandes marques de lui procurer des caleçons et des tee-shirts haut de gamme pour habiller les nécessiteux, Charles-Henri Garié faisait ouvrir deux gymnases pour permettre aux clochards de se doucher. C’est une véritable spirale de solidarité qui s’est enclenchée avec le secours catholique, le secours populaire (qui ont œuvré main dans la main), les Restos du Cœur, la banque alimentaire, la croix rouge. En deux mois, la plupart de ces associations caritatives ont épuisé leur budget de l’année…
Ils ont fait feu de tout bois. Sans compter les heures, la fatigue, l’incompréhension, les tracasseries administratives. Au-dessus d’eux, le missi dominici, l’archange du ciel, Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, tel Lino Ventura dans l’armée des ombres, coordonnait les efforts au sein d’un service diocésain de la solidarité impliquant toutes les petites mains du catholicisme à Marseille. Pour ces braves secouristes, la période a été très intense et ils l’ont vécue avec l’esprit missionnaire des hussards de la république : « on détecte les invisibles et on les forme dans nos chantiers de la pilotine au savoir-faire et au savoir-être », explique M. Garié. Ce qu’ils font de concert au service de l’éducation en tentant d’en combler les failles, ils l’ont réalisé avec le même dévouement, la même abnégation au service des plus vulnérables, y compris ceux qui n’osent s’avouer comme tels, les vieux disposant d’une maigre retraite et qui viennent fouiller les poubelles, les femmes seules isolées avec plusieurs enfants, les errants en quête d’un toit et les handicapés relégués dans leur appartement.
Ces hommes ont créé en deux semaines six restaurants solidaires capables de distribuer 3500 repas gratuits par jour, ils ont réuni plusieurs milliers de gourdes de cyclistes remplies d’eau pour les donner aux SDF en évitant le verre qui peut blesser les marginaux en cas de rixe, ils ont mobilisé des traiteurs, des restaurateurs, des épiciers, de grands distributeurs, ils ont créé le « caddie de l’espérance », ils ont tapé à toutes les portes, ils se sont démultipliés.
Et…le résultat est là : zéro mort dans la rue ! Un succès total lié à cette chaîne incroyable de la charité et de la générosité humaine.
Ils ont même réussi à faire prolonger la validité des tickets restaurant jusqu’à la fin de l’année pour que les associations de bienfaisance puissent les accepter.
Ces sauveurs d’hommes n’agissent pas pour qu’on le sache. Ils ont aussi été des sauveurs d’âme, l’âme de Marseille, celle de Mgr De Belzunce, l’homme qui soignait les pestiférés à main nue. Si vous les rencontrez dans la rue, vous pouvez les saluer, ils le méritent.
Il y a sept ans, très précisément le 20 mai 2013, Adrien Blès nous quittait. Comment ne pas rappeler en ces jours la mémoire si vivante de cet homme exceptionnel et exceptionnel sous tant d’aspects.
S’il fallait résumer en trois expressions, évidemment imparfaites, la richesse d’un tel homme, je dirais :
L’ouverture permanente aux autres,
L’amour inconditionnel de sa ville de Marseille,
La droiture dans la pensée et l’action.
Adrien Blès vit le jour le 11 février 1921 à Marseille, quartier du Camas, dans une maison construite entre 1665 et 1685. Dès la fin de son élévation en 1685, elle est acquise par l’arrière grand-père, côté maternel, d’Adrien. Le lieu est à l’image de l’homme : paisible et pénétré d’esprit. Le fils d’Adrien, André, l’habite toujours.
Il me sera facile de mettre en lumière les trois qualités annoncées ci-dessus au travers de trois exemples. Dans un tableau qui mériterait d’être bien plus vaste, ce ne sont que trois éclairages.
L’ouverture permanente aux autres
En 1963 Adrien Blès réalise un film historique, une de ses passions, sur l’Abbaye Saint-Victor à l’occasion de la Chandeleur et dans lequel il retrace la vie de la digne abbaye depuis le temps premier des Catacombes. À la même époque, en fonction des nouvelles prévisions de modalités liturgiques, un bronzier parisien, Jean Bernard, propose au Père-Curé de Saint-Victor de réaliser un autel en remplacement de celui existant. Le curé signe. Mais le tronc de l’Abbaye est vide !
« Dieu y pourvoira » répète le saint homme.
Dieu qui pourvoit va prendre le visage d’Adrien Blès. L’histoire est inimaginable. Adrien crée alors, avec son ami Jean Deltort, les Concerts deSaint-Victor. Le premier concert en novembre 1966 avec le jeune clarinettiste Jean-Christian Michel attire tant de monde qu’une nouvelle prestation, non initialement prévue, est délivrée le lendemain
Le nouvel autel du bronzier est financé au delà des espérances. Adrien se tenait à l’entrée de l’Abbaye ; son fils André, âgé de 15 ans, plaçait les participants … L’année suivante les Concerts de Saint-Victor résonnaient sous les hautes voûtes durant … huit jours.
Adrien Blès
Adrien Blès poursuivait naturellement son activité professionnelle de représentant d’une grande maison spécialisée en matière de chemiserie et d’habillement, visitant plusieurs départements du Sud de la France. Secrétaire du syndicat de sa branche professionnelle, il est élu au Conseil des Prud’hommes (1965-1982) dont il devient, s’en étonnera t-on, président général en 1976. De telles qualités professionnelles et humaines ne peuvent qu’être reconnues. Notons, au passage, qu’il est élu à la présidence du Conseil à l’unanimité des conseillers, ce qui ne s’était jamais vu.
L’amour inconditionnel de Marseille
Passionné d’histoire de sa ville, Adrien Blès ne cessera d’écrire, de filmer, de photographier, de communiquer sur Marseille. Il filme en 16 mm, adhère avec quatre de ses amis aux Cinéastes amateurs de Provence (CACP). La maison du Camas se transforme en studio et en salle d’enregistrement. Le film qu’il réalise sur le percement du tunnel du Vieux-Port est présenté en séance privée au maire Gaston Defferre. Ses films sont couronnés de nombreux Prix. Rien n’atteint la simplicité si noble et désintéressée de l’homme qui est élu à l’Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Marseille en 1993, au fauteuil 14, celui de … Frédéric Mistral.
Il devient conseiller de l’Académie. Rien ne change dans la sérénité de son visage frappé au coin inégalé de l’amitié. Son attachement viscéral à sa ville le conduit à prendre la présidence du Comité du Vieux-Marseille qui, malade, retrouve sous sa direction et son impulsion une santé de jeune homme. Aux prix d’efforts inlassables, tout ce que Adrien Blès prend sous sa responsabilité, secondé magnifiquement et amoureusement par son épouse Maguy, est couronné de succès. Comment cet homme parvient-il à conduire tant de projets ? Il écrit, publie sur Marseille, ses quartiers et réalise son ouvrage fondamental : Le Dictionnaire Historique des rues de Marseille (Ed Jeanne Laffitte).
Il s’engage naturellement dans la défense, la préservation et la valorisation du patrimoine marseillais. Je n’ose imaginer ce qu’il penserait aujourd’hui du naufrage de la carrière grecque antique de la Corderie, de l’abandon durant tant d’années de la Tour des Catalans … . Je préfère ne citer que ces deux exemples. J’en ai tellement d’autres en tête. Par respect pour Adrien, je choisis de ne pas les évoquer. Le lecteur comprendra de lui-même.
De 1973 à 1987, le voilà responsable pour Marseille du Pré-inventaire des Richesses Artistiques de la France, puis nommé Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur.
La droiture dans la pensée et l’action
Je n’ai pas à développer : mon titre se suffit à lui-même. Encore une dernière image. Adrien ne manquait jamais d’humour. Je vous le dis, un homme exceptionnel sous tant d’aspects ! Un jour dans un téléphone il m’annonce, tout heureux en parlant de l’olivier qui resplendit au fond de son jardin et à l’ombre duquel il me conduisait :
« J’ai doublé cette année la production de mes olives ! J’en ai récolté deux … d’habitude je n’en ai qu’une seule ! ».
On reconnait l’arbre à la qualité de son fruit, dit un texte sacré. Adrien, tu étais un sacré arbre et nous ne finirons jamais de goûter, de savourer la richesse et la beauté de tous les fruits que tu nous as donnés.
Diagnostic de la situation financière du pays et sur la nécessité d’investir son épargne dans les actions, par Yves Blisson, spécialiste des finances dans la région.
Tout d’abord, permettez-moi, chers lecteurs, de vous exprimer mon plaisir de vous retrouver, quelques décennies plus tard, dans les colonnes, fussent-elles virtuelles désormais, du « Méridional ».
J’y tenais, au siècle dernier, une chronique boursière hebdomadaire et je reprends ce flambeau au moment où la crise économique suscite des idées parfois dangereuses, voire suicidaires pour nos entreprises.
Les dernières péripéties politiques et l’émergence à la gauche « d’En Marche » d’un nouveau groupe parlementaire bien résolu à augmenter la fiscalité sur le patrimoine pour payer une partie de la note engendrée par la crise du Covid-19 est un préambule à la question suivante : de quelle façon l’Etat français résoudra-t-il le problème financier posé par le fameux « quoiqu’il en coûte » proféré par Emmanuel Macron lors de sa première intervention en mars ?
On a pu vérifier ces derniers jours que la dette serait au rendez-vous, mais même si un accord européen se profile pour endiguer l’hémorragie, il faudra bien aussi trouver des solutions nationales. Et là, on assiste au réveil des bonnes âmes qui, de Thomas Piketty à Cécile Duflot – l’écart est certes grand – prônent des mesures qui vont d’un nouvel Impôt Sur la Fortune (ISF-bis) à l’abandon de distribution de dividendes par les sociétés cotées en 2020.
Ces idées sont incohérentes et catastrophiques tant le timing est mal choisi. L’Etat envisage aujourd’hui de renforcer, ne serait-ce que temporairement, son rôle d’actionnaire auprès de fleurons de l’économie française comme Air France ou Renault. Mais surtout, les experts soulignent que les problèmes de trésorerie qui seront évidemment prépondérants dans les mois à venir, passeront aussi par des solutions en fonds propres, plus pérennes, ainsi que le préconise dans notre région Medinsoft , l’association des entreprises du numérique.
Investir dans les projets des entreprises, c’est acheter des actions. On peut bien sûr le faire sur des sociétés cotées en bourse dont le prix a en général nettement baissé ces derniers mois, déclenchant ainsi de véritables opportunités, mais aussi avec des sociétés non cotées, le tout en bénéficiant d’une fiscalité relativement favorable, par exemple par le vecteur d’un plan d’épargne en actions.
Le garagiste et le gazier
Cet investissement est d’autant plus envisageable que l’inertie de la consommation depuis trois mois a regarni les bas de laine…Hélas, même si c’est compréhensible dans une période anxiogène, ce sont plutôt des produits patrimoniaux à rendement très faible, comme le livret A, qui ont bénéficié de cette manne inattendue. Il serait autrement plus efficace pour l’économie, et plus performant à moyen et long terme pour les patrimoines, d’investir ces ressources inopinées en actions de sociétés françaises pour renforcer leurs fonds propres.
Certes, il s’agit d’une prise de risque mais avec une contrepartie espérée sur la progression du cours des actions et sur leur rendement, les fameux dividendes.
Un mot sur le « risque » que vous prenez en…passant à l’action. Les bonnes âmes citées plus haut nous assènent doctement que les plus fortunés, ceux qui auraient joui d’un confinement agréable, doivent participer par une contribution fiscale exceptionnelle à une sorte de « solidarité nationale ». Chiche ! Et prenons le parti d’être provocateur !
Oui, beaucoup de travailleurs ont pris un risque pour leur santé en restant au contact de la population. Eh bien, demandons aux ménages qui en ont la capacité d’orienter leur épargne vers une autre forme de risque, financier cette fois !
Ce sera plus productif que de les matraquer fiscalement. Quant aux dividendes, on oublie souvent en France qu’ils font l’objet d’une double imposition et qu’ils contribuent ainsi grandement à nourrir le budget de l’Etat. En effet, l’impôt sur les bénéfices éventuels est dans un premier temps prélevé sur la société et dans un second temps acquitté par l’actionnaire (petit ou gros), privé comme institutionnel. Il s’agit là d’une aberration française à peine compensée par Emmanuel Macron il y a trois ans.
Si l’on fait pression sur les sociétés pour qu’elles ne versent pas de dividendes cette année, ce sont donc des ressources fiscales en moins et des petits porteurs qui seront lésés. Au contraire, il faut inciter les Français à aller en Bourse malgré leur aversion pour les placements risqués. Le challenge est jouable. Des ministres d’horizons aussi variés que René Monory, Edouard Balladur et Pierre Bérégovoy y sont parvenus en leur temps avec des solutions simples, beaucoup de pédagogie, du pragmatisme et de la sagesse populaire.
Il est vrai que le premier était un ancien garagiste et le troisième un ancien gazier, des expériences professionnelles qui sont bien utiles dans les périodes de crise et qui valent bien toutes les mesures technocratiques concoctées à Bercy.
Un seul mot d’ordre pour sortir de la panade financière : passons à l’action !
Le second tour des élections municipales à Marseille pourrait se solder par l’affrontement de trois blocs composites de gauche, de droite et du Rassemblement National, trois cartels de force sensiblement équivalente qui rendront la ville quasiment ingouvernable.
Si l’on s’en tient à une stricte logique arithmétique en analysant les résultats squelettiques du premier tour de scrutin dans les huit secteurs de Marseille (67,24 % d’abstention !) et en tenant compte des éventuels reports de voix à gauche (désistement de Sébastien Barles en faveur du Printemps marseillais) et à Droite (désistement de Bruno Gilles en faveur des listes LR de Martine Vassal), on aboutit à un sacré méli-mélo : trois secteurs remportés par la Gauche (le premier, le second, et le troisième), trois secteurs conservés par la Droite (le quatrième, le cinquième et le sixième), le septième secteur (13/14) devrait échoir au sénateur RN Stéphane Ravier mais il risque d’être talonné de près par David Galtier, le candidat de Martine Vassal qui bénéficiera probablement de l’appui, déclaré ou pas, de Samia Ghali.
Car il faut bien comprendre que, dans les quartiers nord, Martine Vassal et Samia Ghali ont des intérêts convergents. A toi la rhubarbe, à moi le séné. Dans le huitième secteur, le 15/16, Samia Ghali a besoin des voix de Moussa Maaskri (13,70 %), le candidat de Vassal, et de celles de Jean-Marc Corteggiani (4,33 %), le candidat de Bruno Gilles, si elle veut damer le pion au Rassemblement National qui a recueilli à peu près autant de voix qu’elle au premier tour. Inversement, dans le 13/14, David Galtier, le candidat de Martine Vassal, a un urgent besoin des suffrages qui se sont portés sur Julien Rossi (11,30 %), le candidat de Samia Ghali, et même sur ceux de la République en Marche (5%), s’il veut espérer titiller Stéphane Ravier dans son fief.
Evidemment, ces procédés de « rabouilleurs », c’est-à-dire de pêcheurs en eaux troubles, ont toujours eu cours à Marseille, et c’est même la raison pour laquelle de nombreux Marseillais se désintéressent de la politique. Mais ces alliances occultes, ces concessions souterraines ou ces calculs partisans peuvent être balayés d’un revers de main par une forte participation de l’électorat, même si personne n’y croit vraiment. On se dirige donc vers une majorité acquise au forceps, une majorité composite, étroite et transversale, source de coups tordus et de coups d’éclats, qui risque de rendre Marseille ingouvernable, exauçant ainsi le vœu secret de nombreuses sectes et chapelles qui œuvrent en coulisses dans cette ville au maintien du statu quo pour conserver leurs prérogatives et leurs avantages acquis.
Samia Ghali, forte de son petit pécule de 3275 voix, une misère donc, pourrait être l’arbitre majeur du second tour de cette élection et permettre (ou pas) à Martine Vassal d’être la prochaine mairesse de Marseille par quatre secteurs à trois, le Rassemblement National préservant son strapontin. Encore faudrait-il pour cela que Martine Vassal ait la possibilité de dégager un certain nombre de postes pour les amis de Samia Ghali, ce qui promet au passage quelques crêpages de chignons et des ajustements difficiles pour intégrer aussi les candidats de Bruno Gilles qui ne seront pas forcément d’accord avec la composition de cette bouillabaisse marseillaise.
Jean-Claude Gaudin, le grand absent du scrutin, affiche ici un petit sourire en coin qui en dit long. Peut-être songe-t-il à jouer avec son ami Jean-Pierre Foucault à « qui veut gagner des millions ? » (Photos Claude NUCERA)
Le « pacte de la raison »
Bref, Renaud Muselier, président du conseil régional, a pris conscience du danger résultant de la faiblesse de son camp et il a appelé ses ouailles à la raison. Peut-être va-t-il lui aussi sortir sa boîte à promesses magiques dans la perspective des régionales de 2021 ? En tout cas, l’ancien ministre de Jacques Chirac a su se poser en garant de la continuité de la droite républicaine dans notre région en tempérant les élans partisans des uns et des autres. Grâce à son énergie et à son intelligence politique, grâce aussi à sa magistrale gestion de la crise sanitaire, Muselier a désormais une stature de « commandeur » : son appel à l’union tous azimuts ne peut qu’être entendu et partagé.
Muselier fait simplement observer que « tout le monde est faible et que personne ne peut gagner seul ». Comme il ne souhaite pas que Marseille soit livrée aux amis de M. Mélenchon, il plaide pour que ceux qui sont arrivés derrière se désistent ou fusionnent avec ceux qui sont arrivés devant. C’est simple comme un bonjour. De fait, ce cartel des droites et du centre est la condition sine qua non d’un éventuel succès final de Martine Vassal. Pour convaincre les récalcitrants de s’unir, Muselier les invite à faire comme Giscard en 1982, après la trahison de Chirac aux présidentielles de 1981, et donc à « jeter la rancune à la rivière », ce qui n’est pas gagné d’avance.
Bruno Gilles acceptera-t-il ce « pacte de la raison » ? C’est probable, surtout s’il veut figurer sur la liste des prochaines sénatoriales. Samia Ghali acceptera-t-elle le deal de son nouvel ami Renaud Muselier ? C’est très possible car elle ne peut survivre en politique et sauver son siège au Sénat qu’à la faveur d’alliances opportunes…
En tout état de cause, cette élection de 2020 restera insolite à tous égards et pourra être inscrite dans les annales de la bizarrerie. Il est fort probable que l’abstention sera moins importante qu’au premier tour, mais elle ne rebattra pas forcément les cartes.
Il est vrai qu’au premier tour, ce sont surtout les jeunes, les plus motivés, qui se sont rendus aux urnes et qu’une majorité d’entre eux a voté pour la liste de gauche du « Printemps Marseillais ». Mais il n’est pas dit cette fois que les électeurs plus âgés, ceux des Républicains et du Rassemblement National, bouderont de nouveau les urnes face à l’imminence du danger gauchiste. Surtout si on leur accorde le droit de voter par correspondance ainsi que le réclame avec insistance Martine Vassal.
Ce qui est certain, c’est que la campagne électorale va radicalement changer de nature en raison des craintes sanitaires : pas de serrements de mains, pas d’embrassades, pas de meetings, pas de distribution de tracts. Elle sera axée sur les messages Internet, les réseaux sociaux, la propagande téléphonique, les incantations virtuelles et probablement un déluge d’affiches destinées à nous persuader subtilement que « Rubirola est là » et que « Ghali est ici »…Une campagne qui promet donc d’être inodore, sans saveur et sans débats polémiques. Dans ces conditions, on comprend que la moitié des électeurs marseillais soit favorable à un second tour le 28 juin prochain et l’autre moitié résolument hostile car elle estime que c’est « un déni de démocratie ». Ce qu’ils craignent, c’est le déroulement insipide d’une campagne au rabais, nourrie de discussions low-cost, réservée au sérail politique où le virus de l’entre soi risque d’entacher la sincérité du scrutin et donc sa légitimité.
La « revoyure réversible »
Martine Vassal a fait valoir à juste titre la nécessité impérative d’installer au plus tôt les exécutifs locaux qui ont la main sur la commande publique et peuvent ainsi contribuer au redémarrage de l’économie. En revanche, les amis de M. Mélenchon pointent le risque sanitaire et une campagne en trompe l’œil, contaminée par les restrictions en vigueur. Ceux qui pensaient benoitement « se refaire » à la faveur de deux nouveaux tours de scrutin en septembre en seront pour leurs frais. Il n’en sera rien, sauf si le conseil scientifique revient sur son autorisation initiale et applique la clause dite de « revoyure ».
Génial ça, la « revoyure » ! Les sages, extrêmement prudents, évoquent une décision « réversible », ce qui revient à dire qu’ils pourraient proposer une « revoyure réversible ». C’est vraiment épatant ce charabia. Chapeau les artistes. On en vient à songer, malgré soi, à la fameuses chanson « l’opportuniste » de Jacques Dutronc : « Je suis pour le communisme et pour le capitalisme parce que je suis opportuniste. Il y en a qui contestent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste. Je suis de tous les partis, je suis de toutes les patries, je suis le roi des convertis… »
Comme le fait remarquer très justement Yvon Berland : « les Marseillais n’ont pas l’esprit à la politique, ils n’ont aucune envie d’aller voter en ce moment ». Nul ne peut prédire à ce jour, même pas « Madame Soleil », quelle femme sera la prochaine mairesse de Marseille. Ce que l’on sait avec certitude en revanche, c’est que le parti du président de la République va prendre une claque mémorable et une sacrée veste (réversible bien entendu) à Paris, à Lyon et à Marseille. Il deviendra la République en Marche Arrière. Telle sera la rançon de… la quête des maires.
José D’Arrigo
Rédacteur en Chef du Méridional
En couverture : Jean-Claude GAUDIN – Photo Claude NUCERA