Peu de Marseillais se doutent que Marseille est devenue au fil des ans une des capitales nationales de la mode et qu’elle le doit pour beaucoup à l’implication et au travail de Maryline Bellieud-Vigouroux et à son musée méditerranéen de la mode. La réputation de Marseille dans un domaine que l’on croyait réservé aux grands couturiers parisiens est aujourd’hui égale à celle de Paris.
Voilà pourquoi on est en droit de s’interroger sur la tenue d’une vente aux enchères aujourd’hui et demain 12 février à la Cornette Saint-Cyr à Paris de plus de mille pièces de collection appartenant à l’association Maison Mode Méditerranée. On est d’autant plus intrigué par cette vente qu’elle sera animée par celle-là même qui a toujours âprement défendu ses collections : Maryline Bellieud-Vigouroux elle-même !
Pourquoi cette vente aux enchères plutôt confidentielle dont l’annonce demeure l’apanage des revues spécialisées ? Pourquoi personne ne s’en émeut ? Pourquoi la ville de Marseille, la chambre de commerce et le département des Bouches du Rhône qui ont largement contribué au succès de Maryline ne sont-ils pas associés à cette vente ? Que cherche-t-on à nous dissimuler en opérant ainsi en catimini ?
Qu’on le veuille ou non, les Marseillais sont intrigués par ce luxueux vide-grenier, même si le manifeste de la vente précise bien que les fonds recueillis serviront à financer et à soutenir les créateurs et créatrices de mode sur tout le pourtour méditerranéen : une cause louable qui a toujours été la préoccupation essentielle de Mme Vigouroux, laquelle s’est toujours battue pour un meilleur accès de tous aux métiers de la mode.
Si la mode n’est plus une chasse gardée parisienne, c’est surtout grâce à son obstination. C’est elle qui a participé, avec l’appui d’Yvon Berland, à l’ouverture de nombreuses filières concernant les métiers de la mode au sein de l’université d’Aix-Marseille. C’est elle qui a réussi à obtenir le concours de l’université pour l’entretien et la conservation des collections de Marseille Mode Méditerranée.
L’ensemble des pièces en vente représenterait grosso modo plusieurs dizaines de milliers d’euros et tout ce que l’on sait pour l’instant c’est que Mme Vigouroux n’en sera pas la bénéficiaire puisqu’elle n’est plus présidente de Marseille Mode Méditerranée. C’est désormais sa fille Aurélia qui en assure la direction, jeune talent soucieux de poursuivre l’œuvre de Mme Vigouroux en se fondant surtout sur la formation et la culture.
Il est vrai que la filière compte 12000 emplois dans les Bouches du Rhône et génère deux milliards d’euros de chiffre d’affaire en métropole, faisant de Marseille l’une des places fortes de la mode en France. Pour continuer à faire rayonner la mode à Marseille, il faut songer à l’accompagnement des créateurs et éviter de vendre les bijoux de famille, loin, très loin de Marseille, sans le moindre souci de clarté et de transparence.
Marianne COURTECUISSE