Rentrée du Roudelet Felibren : le rayonnement de la Provence en France et au-delà

© Le Roudelet Felibren

Dans la région, peu d’associations peuvent se targuer d’être aussi anciennes que le « Roudelet Felibren » (« association de tradition provençale ») : créée en 1927 par Jean-Baptiste Julien Pignol, ami de Frédéric Mistral (qui à la même époque se battait pour la reconnaissance de la langue provençale), elle s’est donné pour mission de défendre l’ensemble du patrimoine traditionnel de la Provence. Le samedi 4 septembre, elle invite tous ceux qui le veulent à passer au siège de l’association (Château-Gombert) découvrir les multiples activités proposées pour l’année, et aussi, tout simplement, l’ambiance conviviale et animée du Roudelet Felibren. Son président, Denis Pantaléo, nous en offre un avant-goût.

« Le Roudelet Felibren, avant la crise du Covid, n’avait jamais cessé son activité, y compris pendant la guerre », souligne d’emblée Denis Pantaléo. Celui qui est entré dans l’association à 14 ans et en a désormais 55, a donc dû faire face à une situation inédite. Ces derniers mois ont vu une reprise progressive des activités, avec la nécessité pour les membres d’un investissement d’autant plus important afin de rattraper les moments d’inactivité. Début juillet a eu lieu un des événements phares de l’association : le Festival International de Folklore, qui offre aux visiteurs spectacles, danses et musiques traditionnelles du monde entier. Cette année, il a évidemment été légèrement modifié, puisque beaucoup de danseurs de pays étrangers n’ont pu se rendre à Marseille.

La défense du « folklore« 

Le mot « folklore » ne semble-t-il pas aujourd’hui un peu trop… folklorique ? Le président plaide pourtant pour son usage, avec raison : « C’est un terme qu’on associe maintenant au passé ; mais au contraire, nous voulons l’employer pour le débarrasser de cette étiquette ! Le public découvre lors de nos événements une vision à la fois traditionnelle et moderne des coutumes provençales, ce qui n’est absolument pas incompatible. »

© Le Roudelet Felibren

Il faut dire que pour tous ceux qui veulent entrer dans la « dimension provençale », le Roudelet Felibren propose une exceptionnelle palette d’activités, très complète : musique, danse, chorale, art des costumes… et bien sûr, langue provençale.

Cela, pour tous les âges. Avec mention spéciale pour les enfants et les adolescents, à qui il est plus facile d’apprendre les secrets des danses et des musiques et qui représentent les formateurs de demain. A l’origine, le premier groupe de farandoleurs marseillais créé par Jean-Baptiste Julien Pignol était réservé aux hommes ; qu’on ne lui en tienne pas rigueur : les danses et instruments s’inspiraient en grande partie de ceux des armées royales. Rapidement, tout cela a été remodelé et ouvert aux femmes. Aujourd’hui, « il y en a pour tous les goûts », avec plus de 60 chorégraphies différentes.

Une attractivité au-delà des frontières régionales et nationales

Dès ses débuts, le Roudelet Felibren a connu un succès certain, grâce à son prestige. Il faut dire qu’à l’époque, de telles activités étaient peu nombreuses. Sans conteste, l’association a réussi à conserver ce côté attractif, notamment en raison de ses déplacements. En effet, le Roudelet participe à de nombreuses rencontres de folklore à l’étranger : il a déjà présenté ses talents partout en France et dans les cinq continents à l’occasion de 75 voyages dans 32 pays. Ces voyages sont une chance particulière pour les jeunes, qui découvrent le monde. Parallèlement, ils prennent conscience de leurs racines régionales tout en s’ouvrant à de multiples cultures.

© Le Roudelet Felibren

Le seul bémol reste sans aucun doute le manque de reconnaissance sur le territoire provençal même, contradiction que ne manque pas de souligner Denis Pantaléo : « C’est très paradoxal : il est plus facile pour l’association de faire rayonner la Provence à l’étranger que de susciter l’intérêt et l’engagement des Provençaux ! C’est en partie en raison du manque de visibilité offert par les médias du territoire, au sens large. » Mais de conclure : « Si on a atteint presque 100 ans, c’est bien que l’on a fait nos preuves. »

Les preuves, elles, se concrétisent à travers les quelque 300 adhérents bénévoles, dont plus de 200 membres actifs – parmi lesquels un certain nombre de jeunes – qui représentent l’association lors des événements. En 57 ans, le Festival International a fait intervenir 20 000 artistes, avec évidemment toute l’organisation matérielle qui va de pair.

Une école de valeurs

Le Roudelet Felibren est aussi une formidable école d’apprentissage de la vie : communauté, collectivité, sens de l’effort et de la persévérance. Les petits apprennent à travailler de façon ludique et pédagogique. Ce que le président attend de cette nouvelle année ? « Qu’elle nous voie reprendre une activité normale, que l’on puisse recruter de plus en plus de jeunes, notamment pour la musique et la chorale. »

© Le Roudelet Felibren

Si l’on devait piquer l’orgueil des Provençaux ? On leur dirait, ce qui est vrai, que les Bretons sont bien en avance sur eux pour ce qui est du dynamisme de leurs traditions. La tradition provençale se situe au carrefour des influences : racines gréco-romaines, monde de la mer, chants populaires du XVIème-XVIIème siècles, musiques de guerre ou coutume des santons… une tradition que le Roudelet Felibren s’attache à faire rayonner.

Jeanne RIVIERE

Portes ouvertes de l’association le Roudelet Felibren, samedi 4 septembre de 14h à 20h. 45, boulevard Bara, 13013, Marseille (Château-Gombert).