vendredi 9 mai 2025
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Il y a 100 ans, Yves Montand : une enfance marseillaise

Yves Montand en 1965 © WKMC

L’acteur et chanteur français d’origine italienne aurait eu 100 ans cette année. Celui qui s’appelle en réalité Ivo Livi naît dans un village toscan le 13 octobre 1921. Sa famille fuit le fascisme et vient habiter à Marseille alors qu’il est âgé de deux ans. Au cours de son enfance puis de son adolescence marseillaises, il se passionne pour le cinéma et les jeux de rôle. Il commence de modestes productions, notamment dans un cabaret de music-hall, entre ses petits boulots.

C’est au cours de sa jeunesse qu’il troque son nom contre celui d’Yves Montant (d’abord orthographié avec un « t »), un clin d’œil à sa mère qui lui répétait souvent « Ivo, monta ! » pour lui demander de rentrer à l’appartement.

C’est finalement par la chanson que débute sa carrière. Il fait ses armes à Marseille, avant de monter à la capitale une fois finie la Seconde Guerre mondiale.

Toujours en Provence, du côté de Nice cette fois, Yves Montand fait une rencontre décisive : à Saint-Paul-de-Vence en 1949, c’est le coup de foudre entre l’actrice Simone Signoret et lui.

Montand se fait un nom dans le cinéma à partir de 1953, et tourne avec les plus grands réalisateurs, acteurs et actrices de l’époque, y compris à l’international.

Il revient à Marseille pour un film du réalisateur Jacques Demy, « Trois places pour le 26 », où il incarne son propre rôle, arrivant dans la ville pour un spectacle de music-hall. L’acteur et chanteur décède le 9 novembre 1991, alors qu’il était encore en pleine carrière.

Alors qu’il est engagé dans les milieux communistes (sans appartenir officiellement à un courant politique), son revirement idéologique est complet à partir des années 1960. Il adhère au libéralisme et dénonce le régime communiste, notamment à travers plusieurs de ses rôles. Dans « L’Aveu » (1970), il incarne ainsi un vice-ministre tchèque emprisonné et torturé par le régime communiste. Yves Montand rend d’autant mieux les persécutions du régime qu’il reconnaît s’être laissé berner par les idéaux communistes.

A Marseille, un buste de l’artiste (du sculpteur Bruno Catalano) se trouvait dans l’ancien square de la Place Jean-Jaurès.

Jeanne RIVIERE

Marseille, hockey sur glace : les Spartiates affrontent Strasbourg, vie-champion de France

© FBR productions / Noé Thevenin Bourneuf

Mercredi 10 novembre à 20h au palais Omnisports Marseille Grand-Est, les Spartiates, champions de France, affrontent Strasbourg, vice-champion de France. Le match s’annonce serré et palpitant…

Il se tiendra au profit du Bleuet de France, de l’ONAGVG (Office national des anciens combattants et victimes de guerre).

Marseille : guérilla urbaine à la Capelette

© GSV

Ils se sont bien amusés les jeunes. Ils ont cassé au passage tout ce qui leur tombait sous la main : trottinettes, vélos BMX, terrorisant les mères de familles qui accompagnaient leurs enfants. Oui, ils ont passé un bel après-midi les jeunes en organisant une sorte de happening violent à l’anglaise. Obéissant sur Tiktok et Instagram aux suggestions imbéciles d’un « influenceur », des centaines d’adolescents ont fait irruption dès l’ouverture samedi au palais de la glisse à la Capelette (10ème). L’ambiance était formidable. Un policier qui tentait de s’interposer a même été giflé par un jeune de dix-sept ans.

Commentaires de la presse socialiste : « il faut bien que jeunesse se passe », ce sont des « enfants qui commettent des bêtises », sous-entendu ce sont des irresponsables qui ont échappé à la surveillance de leurs parents, on ne va pas en faire un plat. Le rédacteur en chef de « La Provence » a commenté cet événement à mots couverts lundi matin sur « France-Bleu » en dénonçant à plusieurs reprises des « bêtises ».

Des « bêtises » ? Voilà un mot choisi pour minorer la gravité de ces déprédations sauvages. 10 000 euros de dommages en quelques minutes. Une meute déchaînée. C’était Marseille « Orange Mécanique ».

Ils ont déferlé d’un même mouvement sur le skate-park et la patinoire en se filmant les uns les autres et en criant des insanités, tagguant les murs, jetant des vélos et des trottinettes par-dessus les barrières. La trentaine de policiers dépêchés n’a pas pu endiguer cette vague humaine qui déferlait dans l’enceinte sportive.

« La racaille  des quartiers ne respecte rien et assume ses méfaits », a sobrement commenté une élue de droite. L’adjoint aux Sports de la ville, ulcéré par cette irruption délibérée et préméditée, a décidé de porter plainte. Le plus fort, c’est que « l’influenceur » à l’origine de ces dégâts insensés, est revenu le lendemain après-midi sur les lieux pour tenter de recommencer son cirque avec quelques complices mais ils ont fort heureusement pu être refoulés par des agents de sécurité.

Remettons les choses à leur place : il ne s’agit pas de « bêtises » mais de délits caractérisés et prémédités. Le fameux « influenceur » qui n’est rien d’autre qu’un agitateur enragé doit être traduit devant la justice et sévèrement condamné. Si les délinquants se sont permis de telles infractions, c’est parce qu’ils avaient l’assurance de leur impunité. Si l’un d’entre eux a même giflé un policier et outragé plusieurs autres, c’est parce qu’il savait qu’il ne risquait strictement rien, vu sa qualité de mineur.

Si ce genre de méfait peut se produire aujourd’hui au cœur de Marseille, c’est parce que les jeunes des quartiers hostiles et réfractaires refusent désormais toute autorité, toute discipline, toute obéissance aux adultes. Ils sont semblables aux Dalton de Lyon qui sèment la terreur dans les rues piétonnes avec leurs motos.

Les policiers marseillais ont gazé la foule pour la disperser mais  ils n’ont pas pu empêcher les bagarres et le désordre. Vous verrez que tous ces « sauvageons » vont s’en sortir sans la moindre peine, ni la moindre amende. Il faut bien que jeunesse se passe, n’est-ce pas ? Mais si l’on obligeait les parents à rembourser les dégâts, si on les privait d’allocations durant quelques mois, il y a fort à parier que ce genre d’événement ne se reproduirait pas.

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional

Le Bleuet de France : une aide pour ceux qui restent

© Le Bleuet de France / Fb

Le Bleuet de France aide au quotidien les veuves et veufs de guerre, les pupilles de la Nation, les victimes de guerre et d’actes de terrorisme, soutient les anciens combattants et favorise des projets pour l’accompagnement et la reconstruction psychique et physique des blessés de guerre.

Du 8 au 13 novembre 2021, le Bleuet organise des collectes sur la voie publique. Il est également possible de faire un don en ligne. A quelques jours des commémorations de l’Armistice de 1918 et de celles des attentats de 2015, le soutien à ceux qui restent est d’autant plus mesurable.

Marseille : avec l’inauguration du 1er Cyclopark Indigo, « Il se passe quelque chose »

© Indigo

Ce lundi 8 novembre avait lieu l’inauguration du premier « Cyclopark » installé par le groupe Indigo. Le leader mondial du stationnement et de la mobilité individuelle entend faciliter l’usage du vélo dans les villes. A Marseille, le projet se concrétise par l’installation de Cyclopark, un espace conçu comme pratique et sécurisé : il sera possible d’y garer facilement son vélo, de s’y changer, d’utiliser divers outils et de recharger sa batterie électrique. Indigo projette d’installer 300 parks d’ici à trois ans, pour atteindre 30 000 places de vélo sécurisées. Pour Charles Mahé, directeur général de la filiale Indigo Wheel (consacrée au vélo), « il se passe quelque chose ». Lors de sa rencontre avec Le Méridional, il nous livre sa vision des choses pour Marseille.

Charles Mahé connaît déjà Marseille. Il a travaillé à l’étranger, puis pour un organisme marseillais. Il crée ensuite sa propre start-up, dans le monde du sport. « C’est vrai qu’il est intéressant d’avoir une double casquette : le côté international et le côté entrepreneur », avoue-t-il. Il y a quelques années, il commence à s’intéresser au secteur du vélo électrique. Il raconte en riant comment il y a accordé son attention : « A l’époque, j’utilisais un scooter ; quand j’avais rendez-vous avec une personne qui venait à vélo électrique, elle arrivait toujours en même temps que moi, alors que nous partions à la même heure. Je me suis dit que c’était à tenter, entre le prix économisé, le sport, la rapidité… et éviter les bouchons ! » Il vend alors son scooter et s’achète un vélo électrique.

Le premier Cyclopark à Arenc : un emplacement stratégique

« Le groupe Indigo a une connaissance fine à la fois du secteur de la mobilité et de celui des entreprises. Nous ne sommes pas les précurseurs sur le marché, mais il reste encore relativement naissant », souligne Charles Mahé. L’objectif à Marseille est de déployer des espaces qui encouragent à la pratique du vélo.

Le premier Cyclopark se trouve à Arenc. L’usage des parks est destiné bien sûr aux résidents du quartier, mais Indigo cible principalement les gens qui se déplacent entre chez eux et leur lieu de travail.

Les prix des abonnements sont très attractifs en ces premiers mois d’essais : de 8€ par mois à 80€ l’année. « Pour l’instant, les prix ne correspondent pas à ceux du marché : nous voulons analyser les réactions des Marseillais », explique le PDG. L’avantage d’avoir les entreprises pour cœur de cible dans ce quartier d’affaires, c’est que de nombreux salariés bénéficieront de packs d’abonnement pris par les entreprises (ce qui est déjà le cas à Arenc).

Les prochains projets d’implantation : un Cyclopark à Bourse, puis dans cinq autres lieux identifiés comme opportuns. Autour de Marseille, Salon et La Ciotat sont également dans la ligne de mire.

Un travail avec les institutions

Les parks, d’habitude, appartiennent à la ville dans laquelle ils sont implantés. Ce n’est pas le cas à Marseille pour ce Cyclopark, financé entièrement par Indigo. « Dans l’idée, on pourra aussi travailler avec les institutions ; à Marseille notamment, la question de l’usage du vélo est très présente », opine Charles Mahé. « Le but est d’abord de leur montrer des preuves du travail et de l’organisation fournis. Et du succès des Cycloparks ! » L’organisation recouvre aussi la question de la gestion des abonnements, celle des clients etc. Indigo, aujourd’hui, possède à la fois la technique et l’expérience. Avec ce premier Cyclopark, Indigo inscrit donc symboliquement sa participation au sujet du vélo dans le paysage marseillais. Avec l’intention de faire de la sécurité et de la praticité des mots d’ordre convaincants.

Raphaëlle PAOLI

11 novembre : hommage au Marseillais Désiré Bianco, le plus jeune soldat mort pour la France

© Le Méridional

13 ans : c’est l’âge qu’a Désiré Bianco lorsqu’il meurt au front en 1915. Né à Marseille dans une famille pauvre d’origine italienne, il se porte volontaire en 1915. Il est restitué à ses parents quelques mois plus tard, mais n’abandonne pas son idéal. Il s’embarque clandestinement depuis Toulon pour le front d’Orient. Le 8 mai 1915, alors qu’il doit demeurer dans une tranchée, il s’élance avec ses camarades, et meurt fauché par les balles ennemies.

Il est considéré comme le plus jeune soldat de la Grande Guerre mort au front pour la France.

Ce jeudi 11 novembre, à l’occasion des commémorations de l’armistice de 1918, le Département des Bouches-du-Rhône a choisi de lui rendre un hommage particulier. La cérémonie aura lieu à 14h30 au cimetière Saint-Pierre, devant la crypte militaire où reposent plus de 1 100 Marseillais morts pour la France durant la Première Guerre mondiale.

La cérémonie se tiendra en présence des autorités civiles, militaires, d’associations citoyennes et d’associations d’anciens combattants, des élus, et de jeunes du territoire. La transmission mémorielle aux nouvelles générations est essentielle, d’où l’importance d’une cérémonie comme celle-ci qui rend hommage aux femmes et aux hommes qui se sont battus pour défendre nos libertés.

J.R

Cimetière Saint-Pierre, 380 rue Saint-Pierre, 13005 Marseille.

Défi « 36h Chrono » : de l’idée à l’entreprise

© Le Méridional

Les 4 et 5 novembre se déroulaient à Marseille, à l’Hôtel de la Région Sud, les « 36h Chrono », défi annuel organisé par Pépite Provence (Aix-Marseille université). Les étudiants des établissements membres de Pépite Provence participaient, certains pour une nouvelle fois, au défi de la conception et de la présentation d’un projet entrepreneurial. Cette année, ils étaient 130, contre 250 participants les années précédentes (covid oblige).

36 heures, ce n’est pas si long ! Et si les duvets et oreillers sont posés dans un coin, puisque le défi se déroule sans interruption, ils ne servent sans doute que peu… L’Hôtel de la Région accueille les cerveaux, ce qui revêt un sens particulier, puisque ces jeunes sont pour beaucoup les futurs entrepreneurs du territoire. « Avec la fin de nos études qui s’approche, on considère de plus en plus nos projets comme pouvant être rendus réels, nous explique un étudiant d’Aix-Marseille université. Participer aux 36h Chrono nous « met la pression » dans le bon sens du terme, et nous force à regarder l’avenir avec un angle concret. »

© Le Méridional

Les équipes de trois ou quatre étudiants sont mixtes et pluridisciplinaires. Le jour J, les étudiants peuvent venir avec leur propre idée ou choisir la « thématique mystère ». Les deux branches ont chacune leur jury. Cette année, le sujet « Innover pour préserver nos ressources » renvoie avec justesse aux thématiques et préoccupations actuelles, en lien d’ailleurs avec les « cop » de la Région Sud. Le principe des équipes est d’apprendre à travailler rapidement, en coordination avec tous les membres et sans s’éparpiller.

Le rôle-clé des experts

Pour orienter et critiquer les projets des étudiants, une cinquantaine d’experts volontaires ont répondu présents. Certains, parce qu’ils savent l’importance des conseils reçus pour des jeunes entrepreneurs. Alexandre Matheron, ancien étudiant, est ainsi passé « de l’autre côté de la barrière » et a endossé sa veste d’expert pour rendre ce qu’il a reçu dans ses années d’études. Aujourd’hui, son entreprise « My City Memory » (qui produit des paillassons personnalisés) cartonne dans toute la France. Bref, le rôle des experts dans ces 36h Chrono est d’aider les étudiants à identifier et circonscrire les problèmes, à aller au bout du projet.

Parallèlement, des « workshops » forment en accéléré les étudiants. Des entrepreneurs reconnus, comme ceux de l’Incubateur Belle de Mai, ont à cœur de transmettre leur expérience, tout en laissant les jeunes les adapter à leurs projets. C’est le propre de l’innovation !

Qu’est-ce qu’une bonne idée ?

La richesse de ces échanges réside dans leur côté à la fois théorique et pratique. Car attention, il ne s’agit pas seulement d’avoir une bonne idée, mais de s’interroger sur ce qui la rend intéressante. L’innovation est un domaine si large qu’il faut nécessairement établir une feuille de route précise pour ne pas échouer. « Pour se préparer, il faut circonscrire les problèmes, pour devancer les échecs ou les surmonter », explique un expert.

Bien sûr, si 36 heures ne suffisent pas à monter une entreprise, les étudiants, sans entrer dans les détails techniques à 100%, doivent vérifier la faisabilité du projet.

Nous rencontrons un groupe qui travaille à la réutilisation de l’énergie produite par les appareils du quotidien. Quel est le produit dont ils vont tirer profit ? Quelle est la cible des personnes intéressées : entreprises, particuliers ? Une montagne de questions, qu’il s’agit de hiérarchiser méthodiquement.

Remise des prix par Ludovic Perney à l’Hôtel de la Région Sud © ML

Sans décourager les étudiants, les experts et les formateurs les avertissent de la difficulté pour les start-ups de trouver leur place sur le marché. « Votre graal, résume un intervenant, c’est l’adéquation parfaite entre le produit, le marché et le prix : un ensemble pas évident à trouver, mais réaliste, et réalisable ! » Plus de 8 000 euros et plusieurs prix sont gagnables par les lauréats, une jolie somme pour de jeunes entrepreneurs. Le Méridional vous présentera très prochainement les lauréats de cette année !

Les 5 équipes gagnantes pour la thématique « Innover pour préserver nos ressources » :

  • Souspousses : pour le projet d’un développement de fermes sous-terraines dans des zones désaffectées, pour une agriculture locale nouvelle génération.
  • Lucie : pour le projet d’un couvercle hermétique à placer sur le verre du « SAM » en soirée, en nylon recyclé.
  • Noystique : pour le projet de fabrication d’un plastique biosourcé à base de noyaux d’olives.
  • Okos : pour le projet d’un agenda recyclé et recyclable, composé de graines permettant de donner une deuxième vie au matériel scolaire, avec une approche pédagogique pour les enfants.
  • Winearth : pour le projet de bennes de recyclage connectées qui recompensent avec un système de points (du type gaming) les bons gestes, et incitent les utilisateurs au tri des déchets.

Les 5 équipes gagnantes qui ont travaillé sur un projet qu’ils avaient apporté au challenge :

  • Harmonie : pour le projet de digitalisation des partitions de musique, afin de faciliter la pratique des musiciens et des orchestres.
  • Bouchon voyageur : pour le projet d’un camion ambulant proposant des dégustations de vin et de produits locaux, afin de redynamiser les petits villages.
  • Robcook : pour le projet d’un robot apprenti cuisinier qui s’occupe des tâches répétitives en cuisine.
  • Switchwear : pour le projet d’un dressing partagé nouvelle génération.
  • Durabilis : pour le projet d’un kit de sensibilisation éco-conçu proposant des jeux en bois pour les enfants afin de les éloigner des écrans.

Le défi des 36h Chrono est l’un des meilleurs exemples d’initiatives prises pour donner aux étudiants le goût de l’entrepreneuriat : un temps défini, une formation, des conseils… un aperçu du monde qu’ils vont peut-être rejoindre « pour de vrai » dans un avenir pas si lointain.

Raphaëlle PAOLI

Paysans Ville : fruits et légumes d’automne locaux vendus en plein cœur de Marseille

© MPG / B. Bechet - JP Garabedian

Le marché Paysans Ville s’est installé à Marseille, cours Saint-Louis, et sera présent jusqu’à fin février. Il est accueilli par Marseille-Provence Gastronomie, qui veut mettre en valeur les produits de la région et les rendre accessibles aussi aux citadins. Les fruits et légumes sont directement achetés auprès des producteurs de l’ADEAR 13, qui regroupe les paysans du territoire.

Marseille-Provence Gastronomie ; 3, cours Saint-Louis ; les jeudis de 14h30 à 19h, les vendredis de 9h à 13h et de 14h30 à 18h, les samedis de 9h à 13h et de 14h30 à 18h.

Sacrés frères Goncourt ! Leur Journal, un tableau vivant du XIXème siècle

Edmond (à gauche sur la photo) et Jules de Goncourt, photographiés par Nadar © WK

Si le public connaît bien ce nom des « Goncourt » par le prix littéraire attribué chaque automne (il y a quelques jours à Mohamed Mbougar Sarr pour « La plus secrète mémoire des hommes ») par l’Académie du même nom et voulue par Edmond de Goncourt, moins nombreux sont ceux qui connaissent leurs œuvres, et moins nombreux encore ceux qui connaissent leur vie.

Leur « Journal », rédigé à quatre mains, puis à deux après la mort de Jules en 1870, est une peinture vivante de la vie littéraire et historique du XIXème siècle. A qui veut approcher cette époque charnière, passage entre le monde « traditionnel » et le monde moderne, il offre un point de vue complet. Mais puisque ce Journal est sans doute encore plus impressionnant que « la Recherche du temps perdu » de Proust, pour ne citer qu’une de ces sommes littéraires, les lecteurs peuvent déjà s’intéresser à une tranche d’années relativement courte, mais particulièrement intéressante et dense : le tome V du Journal, réédité récemment par les éditions Honoré Champion, nous livre la perception des années 1869-1871.

« L’esprit Goncourt »

Edmond est né en 1822, sous Louis XVIII ; Jules, de huit ans son cadet, mourra à la fin du siècle, en 1896. Le tome V de leur Journal est particulièrement important, puisque 1869 est la dernière année de collaboration d’Edmond à l’ouvrage ; ce dernier décède en 1870, laissant Jules transcrire son chagrin au fil des pages. Ces « drôles de frères » ont toujours connu une forme d’amitié fusionnelle, et sont tous deux d’une sensibilité extrême (une tendance bien à la mode du siècle). Ils n’écrivent pas pour gagner leur vie, et sont d’ailleurs bien trop « aristocrates » pour cela, ce qui leur donne une liberté appréciable. Si l’on doit retenir quelque chose des frères, c’est bien cet « esprit Goncourt », cynique, voire cruel, qui décortique la vie littéraire de l’époque, les défauts et les manies de la société bourgeoise mondaine qu’ils côtoient.

1870, l’année de la déchirure

1870 est l’année de la déchirure, avec la mort de Jules. La douleur d’Edmond est immense : dans le journal, elle est notamment rendue par des pointillés-ellipses. La réédition des éditions Honoré Champion, dirigée par Jean-Louis Cabanès, a choisi très justement de les conserver. Ce dernier, qui a d’ailleurs pu consulter directement le manuscrit original, y voit la matérialisation d’une « écriture de la douleur ».

Il faut dire qu’Edmond a grand mal à se persuader du départ de son frère : « L’idée de sa mort, par moments, s’absente de ma pensée. Ce soir, en lisant un article du « Parisien », qui nous attaque au point de vue religieux, je me suis surpris à dire en mon par-dedans : « Tiens, je le raconterai à Jules. » »

Edmond arpente Paris

N’oublions pas, en ces années-là, la situation politique de la France. Edmond trouve dans le rendu des événements une forme de divertissement pascalien pour tromper son chagrin. Le 4 septembre 1870 est déclarée la République, le 25 novembre la fermeture des portes de Paris, le 28 janvier 1871 l’Armistice est signé avec le roi de Prusse ; les tentatives révolutionnaires et la Commune donnent également un rythme accéléré à la vie de la capitale.

Edmond arpente Paris : il observe, écoute, grimpe dans les omnibus, marche, saisit des bribes de conversations. Le journal de 1870-1871 a donc le véritable intérêt d’un documentaire d’histoire, d’ailleurs vue au travers des yeux d’un bourgeois. Les scènes y apparaissent comme des tableaux vivants ; la peinture étant d’ailleurs la vocation première de nos deux frères. La curiosité d’Edmond en fait la saveur.

Les riches heures du Journal

Si les œuvres des frères Goncourt n’arrivent pas vraiment à séduire le public de leur époque (leur roman « Germinie Lacerteux » par exemple, se révèle une catastrophe : tiré à plus de 1 000 exemplaires, il n’est vendu péniblement qu’à 300), elles ne sont pas complètement oubliées, et de belles rééditions comme celles des éditions Champion en témoignent. Pour Jean-Louis Cabanès, « Les années 1870-1871 font à coup sûr partie des riches heures du Journal ».

Le Journal est resté pendant des décennies un objet de tensions ; Edmond commence à le publier dès 1887, en version expurgée. Cela suscite pourtant la haine et la colère de nombreux écrivains, qui s’y voyaient ridiculisés ou attaqués. La première édition complète date seulement de 1956. C’est ce qu’on appelle avoir une plume acérée…

Jeanne RIVIERE

« Journal des Goncourt », tome V : 1869-1871 ; éditions Honoré Champion ; édition critique publiée sous la direction de Jean-Louis Cabanès ; texte établi par Christiane et Jean-Louis Cabanès.

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