Défi « 36h Chrono » : de l’idée à l’entreprise

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Les 4 et 5 novembre se déroulaient à Marseille, à l’Hôtel de la Région Sud, les « 36h Chrono », défi annuel organisé par Pépite Provence (Aix-Marseille université). Les étudiants des établissements membres de Pépite Provence participaient, certains pour une nouvelle fois, au défi de la conception et de la présentation d’un projet entrepreneurial. Cette année, ils étaient 130, contre 250 participants les années précédentes (covid oblige).

36 heures, ce n’est pas si long ! Et si les duvets et oreillers sont posés dans un coin, puisque le défi se déroule sans interruption, ils ne servent sans doute que peu… L’Hôtel de la Région accueille les cerveaux, ce qui revêt un sens particulier, puisque ces jeunes sont pour beaucoup les futurs entrepreneurs du territoire. « Avec la fin de nos études qui s’approche, on considère de plus en plus nos projets comme pouvant être rendus réels, nous explique un étudiant d’Aix-Marseille université. Participer aux 36h Chrono nous « met la pression » dans le bon sens du terme, et nous force à regarder l’avenir avec un angle concret. »

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Les équipes de trois ou quatre étudiants sont mixtes et pluridisciplinaires. Le jour J, les étudiants peuvent venir avec leur propre idée ou choisir la « thématique mystère ». Les deux branches ont chacune leur jury. Cette année, le sujet « Innover pour préserver nos ressources » renvoie avec justesse aux thématiques et préoccupations actuelles, en lien d’ailleurs avec les « cop » de la Région Sud. Le principe des équipes est d’apprendre à travailler rapidement, en coordination avec tous les membres et sans s’éparpiller.

Le rôle-clé des experts

Pour orienter et critiquer les projets des étudiants, une cinquantaine d’experts volontaires ont répondu présents. Certains, parce qu’ils savent l’importance des conseils reçus pour des jeunes entrepreneurs. Alexandre Matheron, ancien étudiant, est ainsi passé « de l’autre côté de la barrière » et a endossé sa veste d’expert pour rendre ce qu’il a reçu dans ses années d’études. Aujourd’hui, son entreprise « My City Memory » (qui produit des paillassons personnalisés) cartonne dans toute la France. Bref, le rôle des experts dans ces 36h Chrono est d’aider les étudiants à identifier et circonscrire les problèmes, à aller au bout du projet.

Parallèlement, des « workshops » forment en accéléré les étudiants. Des entrepreneurs reconnus, comme ceux de l’Incubateur Belle de Mai, ont à cœur de transmettre leur expérience, tout en laissant les jeunes les adapter à leurs projets. C’est le propre de l’innovation !

Qu’est-ce qu’une bonne idée ?

La richesse de ces échanges réside dans leur côté à la fois théorique et pratique. Car attention, il ne s’agit pas seulement d’avoir une bonne idée, mais de s’interroger sur ce qui la rend intéressante. L’innovation est un domaine si large qu’il faut nécessairement établir une feuille de route précise pour ne pas échouer. « Pour se préparer, il faut circonscrire les problèmes, pour devancer les échecs ou les surmonter », explique un expert.

Bien sûr, si 36 heures ne suffisent pas à monter une entreprise, les étudiants, sans entrer dans les détails techniques à 100%, doivent vérifier la faisabilité du projet.

Nous rencontrons un groupe qui travaille à la réutilisation de l’énergie produite par les appareils du quotidien. Quel est le produit dont ils vont tirer profit ? Quelle est la cible des personnes intéressées : entreprises, particuliers ? Une montagne de questions, qu’il s’agit de hiérarchiser méthodiquement.

Remise des prix par Ludovic Perney à l’Hôtel de la Région Sud © ML

Sans décourager les étudiants, les experts et les formateurs les avertissent de la difficulté pour les start-ups de trouver leur place sur le marché. « Votre graal, résume un intervenant, c’est l’adéquation parfaite entre le produit, le marché et le prix : un ensemble pas évident à trouver, mais réaliste, et réalisable ! » Plus de 8 000 euros et plusieurs prix sont gagnables par les lauréats, une jolie somme pour de jeunes entrepreneurs. Le Méridional vous présentera très prochainement les lauréats de cette année !

Les 5 équipes gagnantes pour la thématique « Innover pour préserver nos ressources » :

  • Souspousses : pour le projet d’un développement de fermes sous-terraines dans des zones désaffectées, pour une agriculture locale nouvelle génération.
  • Lucie : pour le projet d’un couvercle hermétique à placer sur le verre du « SAM » en soirée, en nylon recyclé.
  • Noystique : pour le projet de fabrication d’un plastique biosourcé à base de noyaux d’olives.
  • Okos : pour le projet d’un agenda recyclé et recyclable, composé de graines permettant de donner une deuxième vie au matériel scolaire, avec une approche pédagogique pour les enfants.
  • Winearth : pour le projet de bennes de recyclage connectées qui recompensent avec un système de points (du type gaming) les bons gestes, et incitent les utilisateurs au tri des déchets.

Les 5 équipes gagnantes qui ont travaillé sur un projet qu’ils avaient apporté au challenge :

  • Harmonie : pour le projet de digitalisation des partitions de musique, afin de faciliter la pratique des musiciens et des orchestres.
  • Bouchon voyageur : pour le projet d’un camion ambulant proposant des dégustations de vin et de produits locaux, afin de redynamiser les petits villages.
  • Robcook : pour le projet d’un robot apprenti cuisinier qui s’occupe des tâches répétitives en cuisine.
  • Switchwear : pour le projet d’un dressing partagé nouvelle génération.
  • Durabilis : pour le projet d’un kit de sensibilisation éco-conçu proposant des jeux en bois pour les enfants afin de les éloigner des écrans.

Le défi des 36h Chrono est l’un des meilleurs exemples d’initiatives prises pour donner aux étudiants le goût de l’entrepreneuriat : un temps défini, une formation, des conseils… un aperçu du monde qu’ils vont peut-être rejoindre « pour de vrai » dans un avenir pas si lointain.

Raphaëlle PAOLI