Marseille : guérilla urbaine à la Capelette

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Ils se sont bien amusés les jeunes. Ils ont cassé au passage tout ce qui leur tombait sous la main : trottinettes, vélos BMX, terrorisant les mères de familles qui accompagnaient leurs enfants. Oui, ils ont passé un bel après-midi les jeunes en organisant une sorte de happening violent à l’anglaise. Obéissant sur Tiktok et Instagram aux suggestions imbéciles d’un « influenceur », des centaines d’adolescents ont fait irruption dès l’ouverture samedi au palais de la glisse à la Capelette (10ème). L’ambiance était formidable. Un policier qui tentait de s’interposer a même été giflé par un jeune de dix-sept ans.

Commentaires de la presse socialiste : « il faut bien que jeunesse se passe », ce sont des « enfants qui commettent des bêtises », sous-entendu ce sont des irresponsables qui ont échappé à la surveillance de leurs parents, on ne va pas en faire un plat. Le rédacteur en chef de « La Provence » a commenté cet événement à mots couverts lundi matin sur « France-Bleu » en dénonçant à plusieurs reprises des « bêtises ».

Des « bêtises » ? Voilà un mot choisi pour minorer la gravité de ces déprédations sauvages. 10 000 euros de dommages en quelques minutes. Une meute déchaînée. C’était Marseille « Orange Mécanique ».

Ils ont déferlé d’un même mouvement sur le skate-park et la patinoire en se filmant les uns les autres et en criant des insanités, tagguant les murs, jetant des vélos et des trottinettes par-dessus les barrières. La trentaine de policiers dépêchés n’a pas pu endiguer cette vague humaine qui déferlait dans l’enceinte sportive.

« La racaille  des quartiers ne respecte rien et assume ses méfaits », a sobrement commenté une élue de droite. L’adjoint aux Sports de la ville, ulcéré par cette irruption délibérée et préméditée, a décidé de porter plainte. Le plus fort, c’est que « l’influenceur » à l’origine de ces dégâts insensés, est revenu le lendemain après-midi sur les lieux pour tenter de recommencer son cirque avec quelques complices mais ils ont fort heureusement pu être refoulés par des agents de sécurité.

Remettons les choses à leur place : il ne s’agit pas de « bêtises » mais de délits caractérisés et prémédités. Le fameux « influenceur » qui n’est rien d’autre qu’un agitateur enragé doit être traduit devant la justice et sévèrement condamné. Si les délinquants se sont permis de telles infractions, c’est parce qu’ils avaient l’assurance de leur impunité. Si l’un d’entre eux a même giflé un policier et outragé plusieurs autres, c’est parce qu’il savait qu’il ne risquait strictement rien, vu sa qualité de mineur.

Si ce genre de méfait peut se produire aujourd’hui au cœur de Marseille, c’est parce que les jeunes des quartiers hostiles et réfractaires refusent désormais toute autorité, toute discipline, toute obéissance aux adultes. Ils sont semblables aux Dalton de Lyon qui sèment la terreur dans les rues piétonnes avec leurs motos.

Les policiers marseillais ont gazé la foule pour la disperser mais  ils n’ont pas pu empêcher les bagarres et le désordre. Vous verrez que tous ces « sauvageons » vont s’en sortir sans la moindre peine, ni la moindre amende. Il faut bien que jeunesse se passe, n’est-ce pas ? Mais si l’on obligeait les parents à rembourser les dégâts, si on les privait d’allocations durant quelques mois, il y a fort à parier que ce genre d’événement ne se reproduirait pas.

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional