Depuis plus de 7 siècles, les frères Dominicains veillent au cœur du sanctuaire de la Sainte-Baume. Lieu de prière et de recueillement, la Sainte-Baume est aussi située dans un environnement naturel particulièrement impressionnant et protégé. La Pentecôte voit l’affluence d’un bon nombre de pèlerins, dans le même esprit qu’aux temps anciens du « pèlerinage des saints de Provence ». Pour cette occasion, nous avons demandé au frère Paul-Marie, l’un des sept Dominicains de la Sainte-Baume, d’évoquer l’histoire du sanctuaire.
Le frère nous rappelle que, selon la tradition provençale, les « Maries » de l’Evangile ont débarqué au lieu désormais nommé « les Saintes-Maries-de-la-Mer ». Les traditions diffèrent parfois, mais il s’agirait de Marie-Jacobé, parente de la Vierge, Marie-Salomé, mère des apôtres Jacques et Jean, et Marie de Magdala, appelée aussi la Madeleine. Cette dernière, pécheresse guérie par le Christ, vient accompagnée de Lazare et de Marthe, ses frère et sœur. Elle porte la parole de l’Evangile tout d’abord à Marseille en compagnie de son frère ; puis, après avoir marché plus d’une centaine de kilomètres, elle choisit de vivre dans une grotte, (« baumo » en provençal), où elle passera les trente dernières années de sa vie. A l’approche de sa mort, les anges la transportent auprès de saint Maximin, vivant aux alentours, pour qu’il puisse lui donner la communion et l’ensevelir. Sur ces reliques s’élèvera la basilique de Saint-Maximin.
Le frère Paul-Marie nous précise que, « pendant longtemps, le pèlerinage des saints de Provence a rassemblé les gens de toute la région autour des reliques de Marie Madeleine, Marthe, Lazare… » Aujourd’hui, la tradition revient au goût du jour, puisqu’il est prévu, sous l’impulsion de la Région sud et notamment de Renaud Muselier, son président, d’ouvrir un chemin spirituel empruntant la forme d’un sentier de randonnée sur les traces de Marie Madeleine. Entre les Saintes-Maries-de-la-Mer et la Sainte-Baume (environ 160 km), il permet de retrouver les lieux de passage de la sainte, comme la grotte de l’église des Aygalades, à Marseille.
Le territoire de la Sainte-Baume est classé Parc naturel régional depuis 2017. La forêt aux alentours est dite « primaire », c’est-à-dire qu’elle est restée telle qu’elle était quand les Romains sont venus déboiser une partie de la région. Cette forêt millénaire conserve donc une dimension symbolique qui transcende les siècles.
« Les Dominicains ont la charge du sanctuaire de la Sainte-Baume depuis 1295 », ajoute le frère Paul-Marie. Aujourd’hui, ils ont a cœur de poursuivre leur mission d’accueil des pèlerins et des visiteurs. Les travaux des derniers mois dans la grotte et sur les parois rocheuses ont permis une sécurisation du site. D’autres chantiers sont en cours ou en projet, comme la restauration des vitraux de la grotte.
Gardiens séculaires de la grotte, les frères dominicains fondent leur vie de foi sur quatre piliers : la prière en communauté, la contemplation, l’esprit de pauvreté et l’étude. Ces « prêcheurs », traditionnellement établis dans les faubourgs des villes pour évangéliser, trouvent largement à la Sainte-Baume de quoi justifier leur présence, et le renouveau du sentier magdaléen attirera sans aucun doute de nouveaux visages.
Jeanne RIVIERE