Valérie Pécresse (45,93 % en Ile-de-France), Xavier Bertrand (52,37 % dans les Hauts-de-France), Laurent Wauquiez (55,17 % en Auvergne-Rhône-Alpes), Christelle Morançais (46,45 % en Pays de la Loire), Jean Rottner (40,30 % dans les Grand Est) ont largement fait briller l’étoile de la droite républicaine dimanche dans des triangulaires et même des quadrangulaires plutôt incertaines au départ.
Mais le candidat des Républicains qui a fait le meilleur score de France, il est vrai en duel, c’est incontestablement Renaud Muselier qui a recueilli 57,30 % des suffrages exprimés contre seulement 42,70 % à son adversaire du Rassemblement National Thierry Mariani qui a vu son avance de quatre points et demi du premier tour fondre comme neige au soleil.
Renaud Muselier a ainsi largement validé sa stratégie « multicartes » qui a consisté dès le début de sa campagne a agréger les huit composantes de sa majorité et à y intégrer plusieurs membres de la République en marche pour les dissuader de se présenter en solo et… de prendre une veste.
Bien sûr, il y eut des couacs liés à la volonté du Premier ministre de jouer les grands muftis. Bien sûr, il y eut des voix discordantes, comme celle d’Eric Ciotti par exemple, pour s’indigner du mariage de la carpe et du lapin. Mais le credo de Muselier sur « l’addition des compétences », d’où qu’elles viennent, a été payant.
Mais d’autres éléments expliquent cette ample victoire de Renaud Muselier : contrairement à son adversaire, il ne s’est pas trompé de campagne et n’a pas tenté d’argumenter sur des thèmes nationaux (insécurité, immigration invasive, perte d’identité, Europe en panne) mais il s’est focalisé sur des thèmes locaux et régionaux annoncés dans son slogan : « Notre région d’abord » et qui ne pouvaient que conforter l’excellent bilan de sa mandature.
Entre les deux tours, personne n’en a fait l’observation, Muselier et Mariani se sont affrontés lors d’un grand débat organisé par BFM TV avec Jean-Jacques Bourdin en metteur en scène. Je peux vous dire que Muselier a poussé Mariani dans ses retranchements à maintes reprises parce qu’il maîtrise parfaitement ses dossiers et sa gestion de crise. On avait parfois l’impression que le maître donnait gentiment une leçon à l’élève et que seules les chicayas politiciennes intéressaient Mariani.
Les troupes de « régionnaires«
Cette logique du rassemblement a permis le triomphe tranquille de Muselier et de ses troupes de « régionnaires » issus de nombreuses tendances. Elle entraîne de facto un constat d’avenir, si l’on se réfère également, à la victoire de Martine Vassal aux départementales : le duo Muselier-Vassal est devenu incontournable à droite et c’est bel et bien ce duo de « ressuscités politiques » qui mènera le bal aux prochaines municipales à Marseille, n’en déplaise à M. Payan sur son arbre écolo-socialiste perché.
Cette élection restera marquée par le déclin du Rassemblement National et celui de la République en Marche, et même s’il serait hasardeux de comparer une élection locale et une élection nationale, elle consacre tout de même le grand retour du parti républicain. Désormais, ce n’est plus un match à deux qui s’annonce en 2022 (Macron-Le Pen) mais un match à trois. Avec qui ? Xavier Bertrand se sent pousser des ailes mais il n’est guère apprécié par Jacob et Larcher. Wauquiez est considéré comme trop à droite et Pécresse comme trop à gauche. Il en reste un qui pourrait faire l’unanimité, un homme que Muselier avait choisi pour remplacer François Fillon lors des dernières présidentielles : François Baroin.
La seule alternative crédible
Oui, vous n’avez pas la berlue : la droite républicaine est désormais la seule alternative crédible au président sortant. Et même Christian Estrosi, qui passe pour un macroniste primaire, n’a plus vraiment décidé de franchir le pas depuis les résultats de dimanche soir… Gaudin l’a souvent répété, avec raison, en politique on ne gagne jamais contre sa famille politique. Pour s’imposer, le candidat des Républicains devra adopter la stratégie de la libellule qui consiste à manger le mâle qui vient de la féconder. Il devra donc être habile et d’un appétit féroce.
Aux départementales, Martine Vassal a élargi sa majorité et elle sera réélue présidente du 13 sans le moindre problème. Elle aussi a vu sa tactique municipale couronnée de succès grâce aux 24 maires présents sur ses listes, mais elle peut aussi se féliciter de la présence de binômes expérimentés qui ont obtenu des scores de Maréchaux : par exemple, Marine Pustorino et Frédéric Collart, Alison Devaux et Thierry Santelli, Martine Vassal et Lionel Royer-Perreaut, Laure Agnès Caradec et Didier Réault, Nora Preziosi et Denis Rossi, Sabine Bernasconi et Yves Moraine, Agnès Amiel et Hervé Granier sans oublier Gérard Gazay (Aubagne), Lionel De Cala (Allauch), Danièle Milon (La Ciotat).
En ce qui concerne le Rassemblement National, de deux choses l’une : ou bien ce parti politique est considéré comme fasciste, raciste et nazi et il doit être impérativement interdit sur le champ. Ou bien il est démocratique, donc reconnu par l’Etat, et les insultes permanentes dont il fait l’objet de la part de tous les médias ne sont pas de mise. A moins que les autres partis ne soient d’accord pour s’en servir comme d’un repoussoir commode pour agréger toutes les colères sociales et identitaires…
José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional