Emmanuel Macron veut (continuer) à « nous emmerder jusqu’au bout »

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En déclarant mardi soir aux lecteurs du « Parisien » : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder, donc on va continuer à le faire », Emmanuel Macron s’est montré indigne de sa fonction de président de la République. Pour une raison évidente : un président de la République ne doit pas s’exprimer comme un charretier ni diviser les Français en bons citoyens et mauvais citoyens, quelle que soit leur opinion. Imaginez-vous un seul instant un Giscard ou un Pompidou insulter ainsi une catégorie de Français ?

En sous-entendant que l’étau se resserre autour des « emmerdeurs », c’est-à-dire les « non-vaccinés », M. Macron a commis un sacré écart de langage. On a bien compris son propos. Il souhaite faire rendre gorge et montrer du doigt ceux qui refusent de se faire vacciner parce qu’ils ne croient pas à l’innocuité du produit. Si l’épidémie redémarre, c’est leur faute, si les services de réanimation dans les hôpitaux sont au bord de l’asphyxie, c’est leur faute, si la France déplore 130 000 morts liés au Covid, c’est encore leur faute.

Pour M. Macron, qui fait preuve en l’occurrence d’un « cynisme puéril » comme l’a excellemment relevé le Républicain Damien Abad, ces réfractaires bas de plafond ne sont pas de bons Français, mais ce sont surtout des boucs émissaires d’une politique sanitaire calamiteuse qui a fait faillite. En bref, on culpabilise une partie des Français pour s’exonérer soi-même de toute responsabilité.

Cette exposition des « mauvais Français » au pilori permet à M. Macron de faire oublier les erreurs, voire les fautes, les défaillances, les manquements, les rodomontades, les mises en danger de la vie d’autrui par une ministre fichtrement intéressée, la valse douteuse des masques et le dépouillement constant des services hospitaliers. On exclut des Français parce qu’ils ne croient pas à l’immunité vaccinale anti-Covid. Parce qu’ils pensent benoîtement qu’un vrai vaccin peut définitivement immuniser une personne contre la variole, le tétanos, le typhus ou la poliomyélite. Le rôle d’un président digne de ce nom n’est pas de les accabler, de les restreindre, de les parquer ou de les confiner, c’est de les convaincre. Le rôle d’un président, quel que soit son bord politique, c’est de rassembler les Français et pas de les diviser ni de leur pourrir la vie pour les amener à résipiscence.

Emmanuel Macron se comporte en l’occurrence comme un vulgaire garnement qui insulte les Français « parce qu’il en a envie ». Envie ? Envie pressante peut-être ? Faudrait-il que nous tirassions la chasse chaque fois que le prince manifeste son « envie » ? Faudrait-il que nous supportassions ses états d’âme et ses foucades ? S’il avait vraiment endossé l’habit de président, il démissionnerait sur le champ, conscient du scandale. Hélas, d’autres avant lui ont contribué lourdement à désacraliser et même à discréditer la fonction. Et voilà comment on se retrouve quinze ans plus tard avec un jeune homme totalement désinhibé, fier de ses farces de collégien et de ses emportements de matamore…

Pourtant, c’est bien le même homme qui le 31 décembre accomplissait son acte de contrition en reconnaissant ceci : « J’ai blessé des gens par certains de mes propos, on peut bouger des choses sans blesser des gens et c’est ça que je ne referai plus. » On peut être « en même temps » lucide et transgressif. Penaud et violent.

Jusqu’à preuve du contraire, le vaccin n’est pas obligatoire en France et M. Macron le sait. Quelles que soient les objurgations, légitimes ou pas, du corps médical, nos compatriotes ont bien le droit de penser ce qu’ils veulent et de vivre reclus s’ils le souhaitent. Si M. Macron voulait vraiment « emmerder » certains de nos compatriotes, pourquoi n’a-t-il pas déchu de leur nationalité les traitres qui sont partis en Syrie combattre des Français au nom de l’islamisme radical ? Pourquoi les a-t-il absous au point de les accueillir comme des héros en France ? Ce ne sont pas eux les vrais emmerdeurs des Français ?

Marine Le Pen et Eric Zemmour ont préféré ironiser sur cette insulte : « Un président ne devrait pas dire ça », a déclaré Marine Le Pen en paraphrasant le titre du livre de François Hollande. « Président, j’arrêterai d’emmerder les Français », a tweeté Zemmour en se souvenant de la promesse de Pompidou. En vérité, il n’y a pas de Français de seconde zone, c’est le propos du président qui est totalement irresponsable. Lorsque l’Assemblée nationale a pris connaissance de l’outrage fait aux Français par le premier d’entre eux, elle a failli imploser. Des députés ont failli en venir aux mains. Castex s’est énervé avec délectation mimant l’indignation souveraine.

Ils auraient dû se souvenir de Georges Brassens et de sa chanson intitulée « misogynie mise à part » : « Le sage avait raison, il y a les emmerdantes, on en trouve à foison, en foule elles se pressent, il y a les emmerdeuses un peu plus raffinées, et puis très nettement au-dessus du panier, il y a les emmerderesses… » Dommage que Georges Brassens, parti trop tôt, n’ait pas pu consacrer son immense talent à certains « emmerdeurs » qui saccagent la France depuis quinze ans…

José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional