samedi 19 avril 2025
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Escapades de lecteurs – L’Office de la Mer et la grapette à oursins

© Pxb

La mer, la montagne, des paysages, des produits et des savoir-faire exceptionnels… notre région peut se vanter de posséder des trésors ! Vous êtes nombreux à les côtoyer régulièrement ou le temps d’une aventure. Partagez-nous vos expériences à courrierdeslecteurs@lemeridional.com !

L’Office de la Mer organise, sur inscriptions, des sorties pour découvrir le monde des oursins.

Non, l’Office de la mer ne navigue pas dans la mer des Sargasses, mer redoutée des marins depuis le XVème siècle en raison de l’immobilité à laquelle elle condamnait les bateaux à voiles. L’Office de la mer, au contraire, file bon vent et toutes voiles dehors. Preuve en est la toute première sortie « Bol d’air » de l’année consacrée le samedi 15 janvier à sa majesté l’Oursin !

Embarquement à 10h00 sur l’Aiglon III, (de l’armement Icard) amarré au pied du vénérable Fort Saint-Nicolas, face à la plus vénérable encore Tour du Fort Saint-Jean. La mer et le ciel rivalisent pour savoir qui des deux offrira le plus de splendeur ! Je vous dis tout de suite qu’il sera impossible de les départager.

Direction : les îles. Cette lumière que nos peintres provençaux (et également ceux du Nord !) ont tant admirée s’accroche à chaque anfractuosité des rochers qui, comme un collier enchanteur, bordent notre navigation. Christian Vuffray, vice- président de l’Office et Daniel Frot, administrateur, commentent la mer, l’Histoire, les îles, tandis que Jean-Noël Beverini invite à bord le comte de Monte-Cristo et l’abbé Faria et fait ressurgir des eaux le Grand Saint-Antoine !

Le Château d’If ne nous en veut pas de ne lui accorder qu’un regard furtif, mais nous avons une excuse de taille : nous avons rendez-vous avec les oursins et, plus précisément, avec Tony, le pêcheur d’oursins le plus connu de Marseille !

Dans une crique du Frioul toute baignée de rêve et d’eau translucide, la petite embarcation de Tony patiente en se faisant bercer (bien que l’heure de la sieste soit encore loin) avant de venir à couple de l’Aiglon III.

« S’il vous plaît, ne vous mettez pas tous du même bord, lance, sans inquiétude toutefois, le capitaine ».

Quatre dizaines de « Pax » [passagers ndlr] naturellement curieux, se sont précipitées à tribord pour admirer les cageots déjà remplis d’oursins qu’un matelot finit de trier avec une griffe de métal armée de trois dents. De quoi mettre les estomacs en appétit car … au retour : dégustation au programme ! Les caisses sont hissées à bord. « Attention, pas question de rendre la cargaison à sa demeure d’origine ! »

L’oursin est un être magnifique. Michel Bez, de l’Académie de marine, le décrit comme l’habitant « du fond de la mer, ce tapis de fakir » ! Savez-vous que la bouche de l’oursin a été comparée par Aristote (appréciez la référence !) à une lanterne en raison de sa forme pentagonale, ce qui valut d’ailleurs à l’oursin d’être appelé « Lanterne d’Aristote ». Voilà de quoi éclairer notre lanterne ! Il fut aussi dénommé « hérisson de mer » ou encore « châtaigne de mer », ce qui est compréhensible.

Nos oursins sont là, sur le pont de l’Aiglon III, près du liston tribord et nombreux sont ceux qui viennent les photographier. Il y en a des noirs, élégants en habit de soirée ; d’autres aux épines tirant sur des reflets verts et rêvant peut-être du Quai Conti ! Ou tout simplement à cette Antiquité où ils étaient considérés comme « l’œuf du monde », image du monde précisément dans sa ronde perfection et porteuse de toutes les potentialités. En les admirant juste sortis de l’eau, certains à bord ont des étoiles dans les yeux ; pas étonnant : l’oursin est le cousin de l’étoile de mer. Ils appartiennent tous deux à la famille des Échinodermes. Chers amis, respect. Notre piquant seigneur des mers existe depuis 400 millions d’années, peuple toutes les mers et les océans du globe et certains, ceux qui aiment les profondeurs, vivent par 7300 mètres de profondeur. Ce n’est pas le cas des nôtres pour le plus grand bonheur de notre pêcheur Tony.

La mer étant toujours aussi belle (l’Office de la mer fait vraiment bien les choses) le capitaine de l’Aiglon III va réserver à ses passagers une surprise inattendue. Une surprise vraiment exceptionnelle dont tous se souviendront. Le bateau au devant du Vallon des Auffes effectue une rotation de 180 degrés et en « arrière lent » recule et entre dans la calanque ! Du pratiquement jamais vu. Notre Dame-de-la-Garde surgit sous l’arche centrale du pont. Félicitations, capitaine.

Les tables nous attendent déjà à l’embarquement du matin. Les oursins sont ouverts. Ils ne sont pas les seuls à ouvrir… une bouche pentagonale ! Et admirative. Allez donc trouver ça ailleurs qu’à Marseille et à l’Office de la mer : déguster des oursins tout frais pêchés, d’ici bien évidemment, avec la mer à portée des lèvres, les gabians et les mouettes rieuses volant au dessus de votre tête, et la main à pouvoir toucher la proue des pointus et des voiliers ! Chacun se pique de déguster la pêche alors que Daniel Frot emplit les verres d’un vin blanc savoureux. Avec modération !

Je vous le dis, l’Office de la mer ne navigue pas dans la mer des Sargasses. Il vogue vent en poupe. Merci, Bel Office, pour cette magnifique sortie. Tu as su nous offrir la mer, le ciel, l’amitié et la joie et faire de terriens des marins heureux et reconnaissants.

Jean-Noël BEVERINI

Avant-match – Lens/OM : Voyage sur un terrain miné

© OM / Twitter

L’OM se déplace ce dimanche 23 janvier du côté de Lens pour disputer la 22ème journée de Ligue 1.

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> A voir aussi : Lens/OM : sur quelle chaîne et à quelle heure voir le match ?

Toujours en difficulté à domicile, les Olympiens ont concédé un nouveau match nul lors de la dernière journée contre Lille alors qu’ils étaient pourtant en supériorité numérique durant plus de 60 minutes.

L’équipe proposée par le coach Fabrice Huart :

© DR

Pour autant, l’équipe voyage plutôt bien cette saison. La rigueur défensive permet souvent à l’OM de gagner sur la plus petite des marges et de rentrer à la maison avec la valise pleine de points.

Oui, mais…

Ce serait sans compter sur la bonne dynamique des Lensois qui, en ce début d’année, restent sur des résultats positifs avec deux victoires en championnat et une en coupe. Plus que jamais en place pour les places européennes, le RC Lens pourrait bien freiner la course de notre équipe.

Les quelques privilégiés qui auront la chance d’assister physiquement à la rencontre ne seront pas d’un grand soutien : il faudra attendre encore un peu pour voir le retour des supporters en nombre. Bien dommage, car Lensois et Marseillais offrent très souvent un beau spectacle en tribune.

L’équipe probable de Sampaoli :

© DR

Pour ne pas rentrer bredouilles, il va falloir que l’équipe se montre organisée, précise, et conserve un calme olympien en faisant preuve de patience. Telles sont les qualités des bons démineurs.

Pronostic : victoire de Lens 2 à 1.

Fabrice HUART

Fabrice Huart est entraîneur de football depuis une vingtaine d’années. Né à Nîmes, il a suivi sa pré-formation et sa formation au club de sa ville natale : le Nîmes Olympique. Ayant exercé à différents niveaux, il est aujourd’hui entraîneur en National 3 avec le FC Côte Bleue et consultant pour le Méridional, où ses articles sur l’OM sont à lire chaque semaine. Formateur occasionnel pour la Ligue Méditerranée, il forme et certifie les diplômes des futurs entraîneurs régionaux.

Trésors du Sud – Réintroduire le criquet de Crau avant sa disparition

Criquet de Crau femelle © CEN PACA / Lisbeth Zechner

Discret, peu tapageur ou bagarreur, le criquet de Crau fait partie de ces bons élèves qui passent inaperçus jusqu’à leur disparition. Découvert au début du XXème siècle lors d’une intervention visant à éradiquer un criquet ravageur, justement, il est intimement lié à son milieu (le Crau). C’est un siècle plus tard, dans les années 2000, que les naturalistes ont découvert qu’il était en train de disparaître, et que cette disparition avait évidemment des conséquences en chaîne. Lisbeth Zechner, du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Provence-Alpes-Côte d’Azur est directrice du projet « LIFE SOS Criquet de Crau ». Elle nous parle de son protégé et nous détaille le dossier.

Les Conservatoires d’espaces naturels sont présents partout en France (près de 100 sites) à échelle régionale ou départementale. Dans chacune de ces sections locales travaille une cinquantaine de personnes. A Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône), 15 personnes sont chargées d’étudier le territoire local. « Une équipe rassemble plusieurs compétences, rappelle Lisbeth Zechner : entomologistes [experts des insectes ndlr] spécialistes de la gestion des sols, gardes d’environnement… »

Le Crau, un milieu extraordinaire

« Le Crau est un milieu extraordinaire, unique en France et en Europe. C’est un « Coussoul », un écosystème steppique de pelouses sèches avec une flore typique. Il s’agit en fait d’une ancienne plaine de la Durance. » L’endroit est trop sec pour l’agriculture, mais il sert au pâturage et à la récolte du « foin de Crau ». Le Coussoul a perdu 90% de son aire ces 30 dernières années : sur 60 000 ha, il n’en reste que 13 000 actuellement. 7 000 font partie de la réserve nationale, le reste de la zone est classé Natura 2000 mais cette protection n’empêche pas les grignotages de terrain. « Entre 2008 et aujourd’hui, nous avons perdu 1 000 ha, déplore la spécialiste.

Plaine de Crau © CEN PACA / Lisbeth Zechner

Endémique criquet

Le criquet de Crau est plus qu’un symbole, puisqu’il est endémique, c’est-à-dire qu’on ne le trouve nulle part ailleurs sur le globe. Si on s’est, depuis les années 1970, intéressé à la préservation des oiseaux et des papillons, l’attention portée aux insectes est venue plus tard, au cours de la décennie 1990. On a relié la baisse de la quantité des espèces à la nourriture que constituent les insectes. « Un écosystème, c’est un peu comme une maison, dépeint Lisbeth Zechner. On enlève une brique par-ci par-là, et puis à un moment tout s’écroule. » Le grignotage des terrains a contribué à la disparition progressive de notre criquet. Jusqu’à la sonnette d’alarme.

Le projet LIFE SOS Criquet de Crau

« LIFE » représente l’instrument financier de la Commission européenne pour les projets concernant le climat et l’environnement. Lisbeth Zechner n’a pas eu de mal à convaincre le directeur de LIFE que le projet du Criquet de Crau en avait besoin. Pour autant, il a fallu monter un dossier très exigeant. A la fin de l’automne dernier, le CEN PACA et ses partenaires, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, les parcs zoologiques de La Barben et du Muséum de Besançon ont reçu le feu vert et un soutien de deux millions d’euros sur quatre ans (2021-2025). Le financement européen représente 60% du montant, le financement français 40%. Un montant comme celui-là est significatif et les collectivités (qui certes sont engagées) n’auraient jamais pu donner un tel coup de pouce.

Volières pour l’élevage du criquet © CEN PACA / Lisbeth Zechner

La Chambre d’agriculture du département s’occupera surtout des actions liées au pâturage. Quant aux parcs zoologiques de La Barben et du Muséum de Besançon, ils vont apporter un œil expert dans l’élevage d’une espèce difficile à reproduire. Ils vont aussi faire connaître le projet au grand public ! La Barben bénéficie de conditions (météorologiques et de températures) presque semblables à celles du Crau, et Besançon possède un immense insectarium, et les spécialistes qui vont avec…

> A voir aussi : Trésors du Sud – Bataille de la truffe : protéger les diamants noirs de Provence

« Notre avantage réside dans la très bonne connaissance que nous avons du criquet et de son milieu », conclut Lisbeth Zechner. Les premières tentatives d’élevage sont prometteuses ; mais il reste beaucoup de travail avant de pouvoir assurer au criquet de Crau un sauvetage complet et un habitat favorable.

Jeanne RIVIERE

23 janvier – Fête de la truffe à Aups : dégustations et démonstrations

Cochon truffier © WKMC

La truffe sera mise à l’honneur ce dimanche 23 janvier à Aups (Var), comme le veut la tradition du quatrième dimanche du premier mois de l’année. Lors de la 29ème édition de la Fête de la Truffe noire auront lieu une série de démonstrations ainsi que des dégustations gourmandes autour de ce produit phare.

> A voir aussi : Trésors du Sud – Bataille de la truffe : protéger les diamants noirs de Provence

Le programme détaillé est à retrouver en ligne.

Lens/OM : sur quelle chaîne et à quelle heure voir le match ?

© DR

L’OM se déplace ce samedi 22 janvier à Bollaert pour y affronter le RC Lens. Le coup d’envoi sera donné à 21h, et le match diffusé en direct sur Canal + Décalé.

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L’inquiétude pèse sur l’Ukraine

Char russe © WKMC

Dans un discours du mercredi 19 janvier, le président des Etats-Unis Joe Biden a confirmé l’idée d’une probable « incursion » russe en Ukraine. « Je pense qu’il [Vladimir Poutine] va bouger. Il va devoir faire quelque chose », a-t-il dit sans préciser davantage. Le secrétaire d’Etat Anthony Blinken doit rencontrer son homologue Serguei Lavrov le 21 janvier à Genève. Parallèlement, l’administration Biden a annoncé une nouvelle aide « sécuritaire défensive » de 200 millions de dollars à l’Ukraine, qui s’ajoute aux 450 millions d’assistance militaire déjà accordés.

La situation apparaît tendue puisque la Russie a d’ores et déjà fait savoir qu’elle refuserait toute concession et agite toujours la menace de l’invasion. Quels sont les scénarios envisageables ?

• Une invasion pure et simple de l’Ukraine

Celle-ci pourrait s’effectuer en une semaine. Actuellement, entre 100 000 et 150 000 soldats russes sont massés à la frontière russo-ukrainienne dans le sud du pays. Par ailleurs, la Biélorussie a annoncé le 18 janvier l’arrivée de troupes russes pour des exercices de « préparation au combat » en février, en raison des tensions croissantes avec les Occidentaux et l’Ukraine. Donc, a priori, on note la présence de troupes russes au sud-est et au nord de l’Ukraine.

> A voir aussi : Tensions Russie-Ukraine : quelle est la situation ?

Néanmoins, ce scénario semble, certes réalisable, mais inapproprié dans la mesure : cette invasion déclencherait des conséquences aujourd’hui incalculables, avec des pertes humaines importantes, y compris du côté russe. Certaines questions s’ajouteraient : que ferait la Russie de l’Ukraine ? Une province russe, un état-satellite ? Quelles seraient les réactions des Etats-Unis et de l’OTAN ? Pourrait-on aller, même si les circonstances ne sont pas les mêmes, vers un nouveau Munich ?

• Une annexion du Donbass                                                                              

C’est le scénario le plus envisageable. Les services de renseignements russes pourraient fomenter un ou des incidents, donnant ainsi prétexte à une invasion localisée.

En décembre 2021, une « gaffe » commise par un simple tribunal de la région de Rostov-sur-le-Don, proche de la frontière ukrainienne, mentionnait la présence de troupes russes dans les républiques populaires du Donetsk et de Louhansk, les deux territoires séparatistes du Donbass. Ce tribunal jugeait une banale affaire de corruption liée à l’approvisionnement en nourriture de l’armée russe dans la région. Les détails du jugement permettaient de penser que cette affaire portait sur environ 26 000 soldats présents dans la Donbass. L’information a été immédiatement démentie par le Kremlin.

> A voir aussi : La Russie surveille son « étranger proche », le Kazakhstan

Vladimir Poutine a déjà tiré avantage de sa stratégie offensive : il traite d’égal à égal avec le président Biden, ce qui replace la Russie sur l’échiquier mondial. L’annexion du Donbass serait, en quelque sorte, la suite logique de l’annexion de la Crimée en 2014. A cette époque, le « fait accompli » avait réussi ; aucun Etat n’avait vraiment réagi, si ce n’est par des sanctions économiques. Pourquoi cela serait-il différent aujourd’hui ? Ce scénario offrirait aussi à Vladimir Poutine une porte de sortie valorisante au conflit. Après l’intervention au Kazakhstan, l’annexion du Donbass confirmerait la stratégie russe de surveillance de son « étranger proche ».

• Une conquête de villes stratégiques dans le sud de l’Ukraine pour faire un bloc avec la Crimée

On parle ici des ports de Marioupol et de Berdiansk, très proches du Donbass, ce qui permettrait au Kremlin d’augmenter son emprise sur la mer Noire. Une question se poserait alors : quelle serait l’attitude de la Turquie ?

• Les autorités américaines acceptent le principe de non-élargissement de l’OTAN à d’autres pays voisins de la Russie et celle-ci se satisfait d’un statu quo avec l’Ukraine

Cela est difficilement envisageable car cela correspondrait à une capitulation des Etats-Unis et, de fait, à une reconnaissance de la pertinence de la stratégie russe et du renforcement de Vladimir Poutine sur la scène internationale.

C’est une « guerre de nouvelle génération » (Valery Gerassimov) à laquelle nous assistons ; un concept qui rejoint la stratégie de « guerre totale » : en plus des paramètres militaires et économiques, les cyber-attaques (deux cyberattaques, à un jour d’intervalle, ont visé l’Ukraine autour du 14 janvier et environ 70 sites ont été piratés ; des messages assurant que les Ukrainiens devaient « s’attendre au pire » ont remplacé les pages d’accueil de ces sites) entrent désormais dans le paysage géopolitique.

> A voir aussi : Une stratégie chinoise en Méditerranée : les investissements portuaires. 1/2 : en Europe

Il semble que ce soit Vladimir Poutine qui ait les cartes en main aujourd’hui. Le problème est de savoir comment il va les jouer. Sa position, très rigide, va-t-elle faire plier les Américains ? Quelle va être la position de l’Union européenne, qui commence une « ère Macron » pour six mois (le président français a dit vouloir que l’Europe « pose ses exigences » dans le dossier) ? Les réponses seront, et devront, être vraisemblablement connues dans les jours à venir.

Alain BOGE

Alain Bogé est spécialisé en Géopolitique, Relations Internationales et Commerce International. Il a notamment enseigné à l’Université Lyon 3 (IAE), à la Delhi University-Inde (School of Economics), à l’IESEG School of Management Lille-Paris. Il donne actuellement des cours à la Czech University of Life Sciences-Dpt Economy-Prague, à la Burgundy School of Business (BSB)-Dijon et à la European Business School (EBS)-Paris.

« A vrai dire », la chronique éco de Pierre Dussol (12) : Consommation / Contradictions / Coalitions

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.

> A voir aussi : « Droits » de succession

CONSOMMATION

Nécessaire pour couvrir les besoins et l’un des « moteurs » de l’économie. Jusque-là, tout va bien. C’est aussi un moyen d’exister pour des personnes sans culture et sans personnalité quand ils achètent au-delà de leurs besoins. Ils sont alors présentés comme des « victimes » de la publicité qui aurait « créé des besoins », mais ils sont plutôt victimes de leur vanité. Certes, ils sont souvent consentants. Le circuit économique n’en tourne que mieux, tout va bien.

Si en plus le consommateur docile est en même temps un électeur moutonnier, les démagogues ont de l’avenir par l’alliance ironique des supermarchés et du socialisme. Comment s’étonner que ce qui tire vers le bas se retrouve tout en bas en effet ?

Je suis un peu sévère, c’est l’époque qui le veut. Le sujet mérite d’autres développements qui viendront bientôt.

CONTRADICTIONS

L’économie est une branche de la logique. On l’oublie trop souvent pour se lancer dans des discours socio-politiques orientés par des intentions de propagande…

Ainsi, l’automobile, sa production, son usage, est la cible de critiques à cause des encombrements, et de la pollution alors que l’usage des transports en commun est magnifié. Petit à petit les acheteurs se détournent de l’automobile. On en produit moins, on consomme moins de carburant…. Il s’est trouvé pourtant des personnes pour demander des « plans de soutien » à l’industrie automobile et à manifester contre la fermeture de raffineries de pétrole.

Deuxième exemple : il est question du « zéro papier » et on voit souvent sur les e-mails la recommandation de n’imprimer que si c’est vraiment nécessaire. Il se trouve encore pourtant des personnes pour s’étonner, voire manifester quand il y a des fermetures d’usines produisant du papier…

> A voir aussi : Avachissement / Rentabilité / Taxation

Autre exemple : les plus hostiles au travail le dimanche sont-ils des adhérents déterminés à la religion chrétienne ? Pas du tout. Il s’agit de syndicats, comme la CGT dont la doctrine est totalement antireligieuse.

Que les « acteurs économiques » soient à ce point stupides est possible mais leurs meneurs sont surtout des personnes de mauvaise foi : ils ne cherchent qu’à culpabiliser l’économie de marché dont la logique les dérange afin de créer et d’entretenir un désordre qui leur profite.

COALITIONS

Groupe de personnes agissant ensemble au service d’un objectif commun. Il n’en manque pas dans toutes les sociétés. Les groupements professionnels et les syndicats en sont, mais il ne faut pas oublier les influenceurs ou lobbyistes bien connus, non plus que les partis politiques.

Au nom de la liberté, la Révolution française les avait proscrites peut-être un peu rapidement, en réaction contre les rigidités des corporations de l’Ancien Régime. Les syndicats groupant des professionnels autant que des salariés étaient donc interdits. Petit à petit cela a évolué en bien, mais jusqu’à certains excès aujourd’hui.

> A voir aussi : Complexité / Progressivité / Collectivisme

Après analyse, la coalition la plus intéressante à l’œuvre aujourd’hui est la coalition des médiocres. Il y a toujours eu des médiocres absolus ou relatifs.  Ils ont toujours cherché à se protéger des conséquences de leur médiocrité. Certaines doctrines comme le socialisme et surtout sa version marxiste leur ont donné des excuses argumentées. Des « révolutions sociétales » comme en France, Mai 68 ont fait de l’échec une valeur. Des partis politiques issus de ces doctrines leur ont donné des leviers d’action lesquels ont entraîné des législations protectrices. La législation ne cesse de graver dans les lois des excuses à tous les échecs. Nous en sommes à ce stade. Comme écrivait Portalis, les mauvaises mœurs ont été « naturalisées dans les Lois ».

Pierre DUSSOL

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Une candidature des Alpes du Sud pour les JO d’hiver en 2034 ou 2038 ?

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Alors qu’on se concentre en ce moment sur les Jeux olympiques d’hiver de Pékin et les Jeux olympiques 2024… certains voient plus loin. Renaud Muselier, président de la Région Sud, a annoncé ce jeudi 20 janvier que les Alpes du Sud (qui comprennent une partie des Alpes-Maritimes, des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence) pourraient candidater à l’organisation des JO 2034 ou 2038. Il dit avoir d’ores et déjà pris contact avec les institutions du sport chargé des jeux : « Il faut y aller, c’est le moment ».

Les Hautes Alpes avaient tenté de monter un dossier, mais ce dernier n’avait pas abouti. On se souvient que les derniers JO d’hiver organisés en France s’étaient déroulés à Albertville en 1992. Monter un dossier pour une telle candidature n’a rien d’évident.

Les dates plutôt lointaines sont expliquées par la règle qui fait alterner les continents. Par ailleurs, les JO 2024 se dérouleront déjà en France (à Paris et à Marseille).

Pour le président de la Région Sud, il ne fait pas de doute que « les Alpes du Sud peuvent accueillir la plus grande compétition de sports d’hiver du monde. » « C’est un environnement préservé. Les Alpes du sud sont un écrin magnifique, notre région aura un message à envoyer au monde entier pour la préservation de l’environnement », a-t-il ajouté.

La France au bord de la pénurie d’électricité

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En plein hiver, le pays est confronté à une situation peu commune : son réseau électrique est en tension, il n’a plus de marge, et risque même des coupures de courant. La faute en est aux problèmes conjoncturels que rencontre EDF, le principal producteur de l’hexagone, mais surtout à des années d’égarement en matière de politique énergétique. 

Une accumulation de déboires

Elles sont le symbole d’un temps que l’on croyait révolu : les deux dernières centrales à charbon de France, à Saint-Avold (Moselle) et Cordemais (Loire-Atlantique) se préparent à redémarrer à pleine puissance. Leur épaisse fumée noire portera 1 million de tonnes supplémentaires de CO2 dans l’atmosphère cette année. Un décret signé par la ministre de la Transition énergétique Barbara Pompili a autorisé ce revirement, alors qu’elles sont toujours censées fermer respectivement en 2022 et 2024. La raison ? Le pays peine à produire suffisamment d’électricité pour couvrir sa demande, et les centrales à charbon sont le dernier recours pour répondre à l’importante consommation hivernale.

> A lire aussi : Pourquoi les prix du carburant atteignent des records

EDF, le producteur historique d’électricité en France, est en pleine tourmente. Les mesures sanitaires ont ralenti le calendrier d’entretien de ses centrales nucléaires, et un « défaut générique » vient d’être repéré sur plusieurs réacteurs. Ces raisons font que près d’un réacteur sur cinq est à l’arrêt pour entretien et inspection, limitant la production en plein hiver. De plus, les prix de l’électricité ont bondi au niveau mondial, tirés vers le haut par le regain d’activité post-confinement. Pour protéger les consommateurs français, le gouvernement a bloqué la hausse des prix des tarifs réglementés de vente, qu’il fixe par décret. Ce blocage coûtera 8 milliards d’euros à l’entreprise. Pour réduire la facture des ménages, l’État a également décidé de forcer l’énergéticien national à augmenter la quantité d’électricité nucléaire qu’il est tenu de brader à des fournisseurs d’électricité concurrents, à un prix quatre fois inférieur à celui du marché. Cerise sur le gâteau, un énième incident est survenu début janvier sur le chantier de l’EPR de Flamanville. Le réacteur nouvelle génération construit par EDF en Normandie accusera six mois de retard supplémentaires.

Bruno Le Maire et Barbara Pompili, respectivement ministres de l’Economie et de la Transition énergétique, ont assuré EDF de leur soutien. Pour remettre la principale entreprise publique du pays sur les rails, et garantir notre approvisionnement énergétique, Emmanuel Macron devra surtout tenir son engagement pris le 9 novembre 2021. Il avait alors promis de lancer pour la première fois depuis des décennies un grand plan de construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Il s’agirait probablement de six EPR II, une version allégée et simplifiée de celui Flamanville. Ce redressement est d’autant plus vital que les pots cassés seront acquittés par son principal actionnaire, l’État, donc le contribuable.

Comment en est-on arrivé là ?

C’est un immense gâchis, tant la France avait tous les atouts en main. A la suite du choc pétrolier de 1973, le gouvernement de Pierre Messmer avait lancé un immense plan de construction de centrales nucléaires pour se défaire de la dépendance aux hydrocarbures étrangers. La France dispose aujourd’hui du second parc installé après les États-Unis avec 56 réacteurs en service, et reste le pays le plus nucléarisé du monde : 67% de la production électrique nationale provient de l’atome. Les consommateurs avaient accès à une électricité abondante, bon marché, qui élevait la France au rang de premier exportateur d’électricité d’Europe ; une aubaine pour notre balance commerciale, et un atout pour notre souveraineté.

Ces dernières décennies, les idées écologistes ont fait leur chemin. Après Tchernobyl et Fukushima, le nucléaire fait peur. Les énergies renouvelables (EnR), qualifiées de « vertes », se sont imposées comme l’alpha et l’oméga de l’écologie. Pour flatter cette sensibilité, le président François Hollande a promis de développer massivement les EnR, et de réduire la part du nucléaire à 50% de la production. Il s’est également engagé à fermer la centrale de Fessenheim (Alsace), la plus ancienne en activité. C’est finalement son successeur Emmanuel Macron qui a mis cette dernière promesse à exécution en 2020, alors que l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) avait donné un avis favorable à son maintien. Le résultat est que l’approvisionnement électrique de la France, privé des 1 800MW des réacteurs alsaciens, et de ceux dont l’entretien est perturbé par la crise sanitaire, s’est immédiatement retrouvé en tension.

> A voir aussi : Le métavers, ce monde virtuel qui pourrait propulser les cryptomonnaies dans une ère nouvelle

Les centrales nucléaires françaises, bâties pour la plupart dans les années 80, sont vieillissantes. Prévues à l’origine pour durer 40 ans, elles ont en réalité été relevées aux normes de sécurité actuelles, et sont plus sûres qu’au moment de leur construction, mais leur entretien coûte de plus en plus cher. C’est pour assurer leur renouvellement qu’une nouvelle génération de réacteurs dits EPR (European Pressurized Reactor), plus puissants, efficients et sécurisés, a été lancée. La tête de série, construite à Flamanville par EDF, devait être la vitrine de notre industrie de pointe. Le chantier, débuté en 2007, s’est révélé un bourbier, et les incidents et malfaçons se sont enchaînés. Le coût est passé de 3 à 12 milliards d’euros, et les travaux ont pris 11 ans de retard ; la mise en service est actuellement prévue pour 2023, alors que le pays a un besoin urgent de cette production. Un rapport de 2019 explique ces déconvenues par la « perte de compétence généralisée » dans l’ensemble des entreprises de la filière, qui n’avait plus construit le moindre réacteur depuis une quinzaine d’années.

Quand les écologistes contribuent au réchauffement climatique

Si l’on risque aujourd’hui des coupures de courant, cela est dû à l’affaiblissement de la filière nucléaire, et à l’échec de la mise en place des énergies renouvelables. Dans ces deux phénomènes, les écologistes – les Verts (EELV) en politique, Green Peace et WWF dans le monde associatif – portent une lourde responsabilité. Leur idéologie s’est construite sur le rejet du nucléaire, et ils exercent une pression constante sur les gouvernements successifs, quand ils n’en font pas tout simplement partie. C’est à la suite d’un accord avec Cécile Duflot (EELV) que François Hollande a promis la fermeture de Fessenheim, et c’est pour attirer Nicolas Hulot dans son gouvernement qu’Emmanuel Macron l’a mise en œuvre. L’actuelle ministre de la transition énergétique Barbara Pompili est une ancienne des Verts, et défend farouchement les mêmes positions.

Dans leurs discours, ils occultent un élément fondamental : l’énergie atomique est décarbonée. La production électrique française constituée majoritairement de nucléaire, puis d’hydraulique issu des barrages, a permis à la France de devenir le pays du G7 qui émet le moins de gaz à effet de serre en proportion de sa population. Inversement, les énergies dites « vertes » sont intermittentes. Lorsqu’il n’y a ni soleil ni vent, il faut compenser au plus vite par des centrales à allumage rapide, qui fonctionnent au charbon, au fioul ou au gaz. Chaque éolienne injecte des milliers de tonnes de béton, d’acier, de carbone et de métaux rares dans nos campagnes préservées, ce qui suscite une contestation locale systématique qui ralentit les projets. D’où ce paradoxe : en France, la transition énergétique nous pousse à polluer plus. Il convient sans cesse de le rappeler : remplacer le nucléaire par des éoliennes et des panneaux solaires n’a rien à voir avec l’écologie, et revient à substituer à grands frais une énergie décarbonée par une autre. Induits en erreur par une désinformation constante, 70% des Français croient que l’énergie nucléaire contribue au réchauffement climatique, d’après un sondage BVA de 2019.

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C’est ainsi que l’écologie politique a dévalorisé aux yeux des Français un joyau national. Le pouvoir, à l’écoute de l’opinion publique, l’a délaissé. Les ingénieurs et les ouvriers – en particulier les soudeurs – les plus qualifiés et talentueux se sont orientés des filières plus attractives. Faute de chantiers, les anciens sont partis à la retraite sans transmettre leurs compétences. Entre temps, les énergies renouvelables, au développement laborieux et à la production erratique, ne sont pas parvenues à prendre la relève. D’où la situation actuelle. Mais l’opinion publique s’équilibre, l’atome regagne petit à petit des partisans, des personnalités politiques s’emparent du sujet. Il n’est pas trop tard pour que la France redevienne la grande puissance énergétique qu’elle était.

Antoine LIVIA

24ème édition du défi de Monte-Cristo : cap sur juin

© Défi de MC / Paul Goldberg

Les inscriptions pour la 24ème édition du défi de Monte-Cristo, la célèbre nage en mer marseillaise, ont débuté le 19 janvier, pour les vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 juin 2022. Au programme, des courses entre 6K et 2,5K, avec ou sans palmes.