vendredi 9 mai 2025
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Le dessin du jour par Miège

David Miège croque l’actualité avec un regard moqueur et savoureux. Retrouvez chaque jour ses dessins dans les colonnes du Méridional.

Voile – Le championnat de France de J/70 débarque à Marseille

© Pierik photographe DR

C’est une première en France : Marseille accueillera en juin prochain le premier Championnat de France de J/70.

Deux ans avant les épreuves de voile des Jeux olympiques 2024 qui se dérouleront à Marseille, la ville va organiser par l’intermédiaire de l’Union Nautique Marseillaise le 1er Championnat de France de J/70, un voilier qui ne cesse de faire fureur dans le monde depuis sa création, en 2012. 

Une compétition qui se déroulera du 3 au 6 juin prochain et qui devrait réunir une trentaine d’équipage français. Parmi eux, des ténors 2021 de la série : Team Sage Engineering (Damien Michelier), Team Triskell (la Marseillaise Elisabeth Vaillant) et Team Jibset (Pierre Océane). 

En tout, 4 titres seront décernés. Il y aura Overall (toutes catégories), Corinthian (amateur), Jeunes (-23 ans) et Equipage mixte. L’événement se déroulera, une année sur deux, sur la Méditerranée et sur la façade atlantique. En 2023, ce sera au tour de Brest d’organiser la compétition. 

Cette 1ère édition servira de répétition générale avant le Championnat d’Europe à Hyères et le Championnat du monde qui se dérouleront respectivement en septembre et octobre prochain. 

La remise des prix aura lieu le 6 juin à l’Union Nautique Marseillaise à 16h.

Que voir cette semaine ? Le calendrier ciné / plateformes

Que voir cette semaine ? Le Méridional vous présente une sélection des films à l’affiche à partir du mercredi 1er juin, et des sorties du moment sur les plateformes.

Retrouvez ce jeudi sur Le Méridional la chronique Ciné/TV/plateformes.

CÔTÉ CINÉMA

« C’est magnifique ! » (Clovis Cornillac – Comédie, Fantastique) 

« L’important, c’est pas d’où on vient, c’est ce qu’on devient » : lorsque les parents de Pierre Feuillebois disparaissent, ce quadragénaire, qui a toujours vécu isolé du monde et de la ville, apprend qu’il a en fait été adopté et qu’il n’a jamais existé aux yeux de la loi. Il part alors à la recherche de ses origines en ville, cet endroit moderne et mystérieux qui lui a toujours été inconnu. Il rencontre par hasard Anna, qui accepte de l’aider dans sa quête. Mais plus il progresse dans son enquête, plus sa peau devient grisâtre et tout son corps se décolore…

« Compétition officielle » (Mariano Cohn, Gaston Duprat – Comédie) 

Désireux de marquer l’Histoire, un milliardaire se lance dans le cinéma, avec l’objectif de réaliser un chef-d’œuvre cinématographique. Pour cela, il réunit trois grandes stars : la cinéaste Lola Cuevas et les deux acteurs Félix Rivero et Ivan Torres, que tout oppose. Une comédie qui suit la préparation du film et de la relation entre les deux acteurs, tout en dessinant une satire du cinéma.

« La Ruche » (Blerta Basholli – Drame) 

Kosovo, 1999 : Fahrije, une jeune femme kosovare, apprend la disparition de son mari pendant la guerre. Pour survivre, elle lance son commerce mais est rapidement rejetée par les autres habitants du village, où les hommes dominent. Inspiré d’une histoire vraie, le film a remporté le prix du meilleur film, de la mise en scène et le prix du public au festival de Sundance (festival de cinéma indépendant qui se déroule aux Etats-Unis – Utah).

CÔTÉ PLATEFORMES

Mycanal 

« House of Gucci » (Ridley Scott – Biopic, Drame), le 3 juin 

Dans les années 1970, alors que la luxueuse marque de mode italienne Gucci est à son apogée, deux frères – Aldo et Rodolfo, cherchent le prochain héritier de l’entreprise familiale. Aldo se tourne vers Maurizio, fils protégé de Rodolfo, qui aspire à étudier le droit plutôt que d’être propulsé à la tête de Gucci. Pour le convaincre de prendre le relais – mais aussi pour empêcher son propre fils, Paolo, de diriger l’entreprise, Aldo s’allie à Patrizia Reggiani, une femme mondaine mais manipulatrice, dont Maurizio tombe sous le charme. Le fils de Rodolfo devient alors l’héritier de la marque, mais se met son cousin Paolo à dos. En mars 1995, Maurizio Gucci est assassiné. Retour sur une affaire familiale de la marque de luxe à renommée internationale, et surtout de l’assassinat de son héritier. 

Arte 

« Van Gogh » (Maurice Pialat – Biopic, Drame), le 1er juin 

Après son internement volontaire à l’hôpital psychiatrique de Saint-Rémy-de-Provence, le célèbre peintre néerlandais arrive à Auvers-sur-Oise, en Ile-de-France, chez le docteur Gachet, que son frère Théo lui a recommandé. Le film suit les derniers jours de vie du peintre, depuis la détérioration de sa santé mentale, en passant par les violentes disputes avec son frère, jusqu’à la relation qu’il entretient avec Marguerite, la fille de son docteur – qu’il va peindre dans « Marguerite Gachet au piano » et « Mademoiselle Gachet dans son jardin à Auvers-sur-Oise ».

« La finance lave plus vert » (Romain Girard, Matteo Born – Documentaire), le 7 juin 

Alors que l’activité humaine dégrade toujours plus l’environnement et que ses conséquences deviennent irréversibles, militants et scientifiques réclament un changement dans notre manière de consommer et protestent contre la société capitaliste. Pour répondre à ses problématiques, tous les secteurs tentent de regagner leurs consommateurs et redorer leur blason en se réinventant et en prétendant investir dans des solutions durables et écologiques. Décryptage de campagnes soit-disant « vertes », sous lesquelles se cachent souvent des opérations de greenwashing.

MercatOM – Longoria sur la piste d’un Clermontois

© Twitter Olympique de Marseille

Voulant renforcer son attaque afin de faire face à la Ligue des Champions, l’Olympique de Marseille s’intéresserait à Mohamed Bayo. 

Qualifié pour la plus prestigieuse des compétitions européennes, l’OM doit recruter afin d’être compétitif l’année prochaine. 

Le club aurait jeté son dévolu sur le Clermontois, Mohamed Bayo (23 ans). Le meilleur buteur de Ligue 2 l’année dernière a brillé cette saison avec son club formateur, en inscrivant 14 buts en 32 matchs toutes compétitions confondues. Avec sa percussion et son redoutable sens du but, il est l’un des grands artisans du maintien de Clermont dans l’élite.

Un profil qui ne laisserait pas insensible Pablo Longoria. Et cela tombe bien, le joueur est ouvert à un départ comme il l’a confié au micro de RMC : 

« J’ai envie de progresser. Je dois franchir une étape et si ça doit passer par un départ, ce sera un départ. »

A voir aussi : OM – Ligue des Champions : pourquoi l’OM doit absolument éviter de finir chapeau 4

Les dirigeants clermontois réclameraient une somme comprise entre 10 et 13 millions d’euros. Un montant assez élevé pour un joueur n’ayant aucune expérience européenne. Mais Longoria serait persuadé de pouvoir revendre le joueur à un prix supérieur plus tard. 

L’OM devra néanmoins faire face à une rude concurrence : des clubs comme West Ham ou encore l’Eintracht Francfort se seraient renseignés à propos du Guinéen. Pour rappel, Mohamed Bayo est sous contrat jusqu’en 2024.

MercatOM – Un indésirable de retour

© Twitter Olympique de Marseille

Prêté en janvier dernier, Jordan Amavi va faire son retour sur la Canebière cet été. 

Devenu indésirable aux yeux de Jorge Sampaoli, Jordan Amavi avait été prêté avec option d’achat à l’OGC Nice en janvier dernier. Freiné par de nombreuses blessures, le latéral gauche n’a disputé que 9 matchs cette saison toutes compétitions confondues – trop peu pour réussir à se faire une place dans l’effectif azuréen. 

L’entraîneur de Nice Christophe Galtier ne souhaiterait pas conserver le joueur de 28 ans. Amavi se dirige donc tout droit vers un retour dans la Cité phocéenne. Sous contrat jusqu’en 2025, l’ancien joueur d’Aston Villa devra vraisemblablement trouver une porte de sortie pour la saison prochaine. 

Jean-Paul Brighelli : « Attendons les premiers pas de Pap Ndiaye avant de le juger »

© WKMC

Jean-Paul Brighelli suggère dans le magazine « Causeur » dirigé avec maestria par notre amie Elisabeth Lévy de ne pas enterrer trop vite le nouveau ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye et surtout d’attendre la fin des élections législatives…

> A voir aussi : L’interview de la semaine – Jean-Paul Brighelli : « A l’école, il faut imposer les méthodes qui marchent »

Jean-Paul Brighelli © DR

« Je n’ai aucun a priori, favorable ou non, sur le nouveau ministre, écrit Jean-Paul Brighelli, mais je trouve étrange que chez nombre de commentateurs, la première chose que l’on ait remarquée, c’est qu’il est noir – en fait, métis. Cela me rappelle l’époque où les grands aristocrates ne remarquaient chez Mazarin que ses origines italiennes. Et ils se sont fait rouler dans la farine par un Rital supérieurement intelligent qui en a profité au passage pour gagner la Guerre de Trente ans. »

un produit de l’élitisme républicain

Selon Brighelli, Pap Ndiaye a été coupé très tôt de la relation paternelle et il a été élevé par une mère enseignante avec sa sœur, une romancière de qualité. Il a réussi de très brillantes études, à l’instar de Brighelli lui-même, et c’est un pur produit de l’élitisme républicain. L’un et l’autre ont fréquenté les classes prépas, ils ont réussi l’examen de l’Ecole Normale Supérieure et ce n’est pas donné à tout le monde. Là non plus, la couleur de peau n’est « en rien un critère qui vous vaudrait des indulgences », estime Brighelli. Pap Ndiaye a ensuite passé l’agrégation d’histoire que l’on ne saurait obtenir en faisant valoir ses origines.

Ces observations sont intéressantes parce que de nombreux observateurs ont cru discerner en Pap Ndiaye un pur produit de la discrimination positive, chère au président Macron et à tous ses disciples. Brighelli explique que ses années passées aux Etats-Unis ont été déterminantes dans la conviction du ministre que ce pays est profondément raciste dans les deux sens, « le racisme antinoir générant un racisme antiblanc ». Il s’est intéressé en historien au fait américain et il a ensuite flirté avec des organisations très contestables comme le CRAN par exemple (Conseil représentatif des associations noires de France).

un calcul politique du président macron

Pour Brighelli, la nomination de cet intellectuel présumé « woke » n’est qu’un calcul politique du président Macron qui a jugé que Pap Ndiaye ferait bien dans le tableau juste avant les législatives, probablement pour couper l’herbe sous le pied des Mélenchon et des islamo-gauchistes. Après, on s’en débarrassera sans scrupule puisque l’éphémère ministre n’aura plus aucun effet possible sur l’électorat visé…

Le point de vue de David Miège en dessin

Le chroniqueur vedette de « Causeur » n’instruit donc aucun procès d’intention contre le nouveau venu. Il attend de le voir à l’œuvre, en sachant pertinemment que celui qui pourra changer radicalement les choses dans ce ministère n’est pas encore né. Il constate que Pap Ndiaye et son directeur de cabinet, Jean-Marc Huart, ont tous deux enseigné au plus haut niveau, ce qui est un prérequis à de tels postes. Et Brighelli conclut par cette envolée que de très nombreux professeurs d’université pourraient reprendre à leur compte :

un ministre éphémère ?

« J’ai eu des élèves de toutes les couleurs au cours de ma carrière. Je les ai aidés à réussir quand ils le pouvaient, étant entendu que le métier de prof suppose que l’on pousse chacun au plus haut de ses capacités. Je n’ai jamais pris en considération la couleur de peau de tel ou tel. Croyez-moi, la proportion de crétins et de petits génies est la même dans tous les groupes ethniques. Et je n’ai pas de préjugé concernant le ministre. Il fera ou ne fera pas le boulot et c’est sur ce seul critère qu’il sera permis de le juger ».

José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional

Monseigneur Aveline créé cardinal : ses liens avec Marseille

© Diocèse de Marseille DR

Dimanche 29 mai, le pape François a annoncé créer 21 nouveaux cardinaux, dont 16 cardinaux électeurs (chargés d’élire le pape); parmi ceux-ci, cinq Français, dont Monseigneur Aveline, archevêque de Marseille, âgé de 63 ans. Il sera officiellement nommé le 27 août prochain. Retrouvez notre entretien de septembre 2021 avec Jean-Marc Aveline, dans lequel il évoquait ses liens avec Marseille et l’importance du dialogue entre les religions.

Quels sont donc les ingrédients de cette âme marseillaise si chère à ses habitants ? Il serait sans doute illusoire de vouloir tous les énumérer. Et pourtant, certains transparaissent tant dans la ville que dans la vie de ses habitants. Cette joie de vivre, notamment, n’exclut pas les difficultés et les malheurs. Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, revient dans un entretien à bâtons rompus sur sa perception d’une ville aux multiples facettes, qu’il connaît bien.

Marseille, ville de nouveaux départs

Né en 1958 à Sidi Bel Abbès, Jean-Marc Aveline arrive en 1966 à Marseille, tout enfant. Il est l’aîné de la quatrième génération présente en Algérie : une famille très simple d’ouvriers originaires d’Andalousie. Après être rentrés en France et passés par Paris, ses parents atterrissent à Marseille. Ils n’ont alors aucune attache là-bas, aucune famille. « Avec le regard rétrospectif d’aujourd’hui, je me rends compte que Marseille a constitué pour ma famille la chance d’un nouveau commencement dans la vie. Et c’est sans doute l’un de ses atouts : elle est capable d’offrir de nouveaux départs à des gens qui ont connu des choses difficiles. Si on aime cette ville, on en est adopté. »

« Marseille est une certaine façon d’être »

« J’ai découvert que j’étais Marseillais quand, séminariste, je suis allé faire mes études à Paris. Même si j’avais habité Paris auparavant, les gens me considéraient comme Marseillais à part entière. Je ne m’en étais pas aperçu, mais j’en ai pris conscience à cette occasion. J’ai mieux compris les ingrédients de cette âme marseillaise. Le fait que la ville est entourée par les collines, tournée vers la mer, et héritière de l’âme provençale de l’intérieur des terres, n’est pas anodin. Je dirais que cette âme a l’habitude de savoir trouver la bonne façon de vivre les choses : une capacité à ne pas se laisser accabler par le malheur. A trouver de quoi sourire, finalement. Se mettre en scène en est une facette. Une théâtralisation sage, peut-être. »

« C’est une façon de vivre la vie sans prendre au sérieux le personnage qu’on joue. Une sorte de détachement intérieur qui donne, à mon avis, une profondeur à Marseille. Ce qui ne signifie pas que la vie y est facile. Les gens se trompent quand ils pensent que la ville est seulement rieuse. Il y a de l’aridité ici. Mais la vie trouve son chemin, avec une jovialité qui n’est pas simple. Décrire la vie à Marseille, c’est un peu comme décrire le théâtre : on décrit la vie avec un petit décalage, qui permet aussi d’en sourire… »

L’appel du large et des missions

« Marseille a été, au XIXème et au XXème surtout, un champ missionnaire extraordinaire. La ville reste marquée par l’appel du large et des terres éloignées. Dans cette ville très cosmopolite, la multiplicité des convictions religieuses crée une forme de « micro-climat » par rapport à la laïcité : ici, la conscience du religieux me semble plus palpable. D’ailleurs, on y trouve une dimension de verticalité, l’appréhension d’une certaine transcendance, dont la Bonne Mère est le reflet, pas seulement pour les croyants. Beaucoup de monde est bien là-haut ! »

L’héritage des saints de Provence

« On sent à Marseille le sens de la tradition du passage des « saints de Béthanie », Lazare, Marie Madeleine et leurs amis. Ce qui me touche particulièrement, c’est l’importance de l’amitié : le Christ a eu des amis. S’ils avaient vécu ici aujourd’hui, ils seraient allés boire un petit pastis ensemble. Le Christ a vécu cette dimension profondément humaine qu’est l’amitié. D’ailleurs, on retrouve dans l’évangile cette parole de Jésus : « Je ne vous appelle pas des serviteurs, mais des amis. » Dans mon ministère épiscopal, cela me guide beaucoup : favoriser l’amitié entre les personnes. »

« Et puis, plus profondément, Lazare et Marie Madeleine ont un lien avec le mystère pascal, avec la mort et l’annonce de la Résurrection du Christ. Que Marseille puisse s’honorer de les avoir pour premiers saints signifie que l’annonce de l’Évangile est dans ses gènes. Pour moi, comme évêque, cela signifie être serviteur de la façon dont les gens ici peuvent comprendre la force du mystère pascal. »

En 2020, 300 ans après celle de 1720, le renouvellement de la consécration du diocèse de Marseille

« On avait prévu que le jour de la fête liturgique du Sacré-Cœur, en juin, on renouvelle la consécration de la ville et du diocèse de Marseille au Sacré-Cœur, comme Mgr de Belsunce l’avait fait en 1720. A cause de la pandémie, nous avons choisi de placer la célébration le 5 avril 2020, le dimanche des Rameaux. La situation présentait des analogies. Beaucoup de gens ont suivi la cérémonie retransmise, et certains m’ont rapporté qu’ils s’étaient tournés symboliquement dans la direction de la basilique : cela m’a beaucoup touché. Et beaucoup de Marseillais qui ne sont pas chrétiens étaient contents qu’on l’ait fait. »

« Nous avons aussi créé, avec le concours d’un certain nombre de gens, un service de solidarité pour apporter une aide concrète à ceux qui en avaient besoin. Le confinement révélait d’autant plus la fragilité et la pauvreté. Quand il n’y a plus personne dans les rues, on ne voit que ceux qui n’ont nulle part ailleurs où aller. Et les besoins en nourriture concernaient aussi les gens qui avaient un toit, mais qui n’avaient plus de moyens. »

L’importance du dialogue entre les religions

« Le dialogue entre les religions revêt une importance particulière dans une ville comme Marseille. De mon côté, je suis membre du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (et consulteur de 2008 à 2013) et président du conseil pour les relations interreligieuses au sein de la Conférence des évêques de France. »

« La question est réelle, pas seulement à Marseille. Ce sont des questions que j’ai été amené à creuser. On m’avait demandé de mettre en place un centre de formation théologique à Marseille ; et pour cela, j’avais travaillé (en 1992) sur un sujet en particulier : les enjeux, pour la foi chrétienne, de la pluralité des religions. Dans ces années-là (aujourd’hui encore), la question du religieux concernait aussi d’autres domaines, des catégories socio-professionnelles par exemple : soignants, élus, enseignants… J’ai donc ensuite été sollicité par rapport à la formation des prêtres au Maroc, en Algérie… »

« Cela reste une question très compliquée, qui ne s’est pas arrangée par rapport aux dernières décennies. Dans les pays méditerranéens particulièrement. L’époque veut aussi que l’on soit vulnérables aux tensions internationales. »

Marseille, recueil d’une sorte de mémoire d’amitié internationale

« Là où Marseille a une situation différente, c’est qu’à travers les différentes communautés présentes, on peut se faire une idée plus précise des situations actuelles dans le monde et surtout en Orient. Et les personnes qui arrivent de ces territoires sont à la fois en détresse à cause des facteurs religieux tournés en facteurs politiques, et ont l’expérience et la mémoire de facteurs religieux tournés en facteurs de prospérité et d’amitié partagée. Il ne faut pas que cette sorte de mémoire d’amitié internationale se perde. »

Le sens d’un synode futur sur la Méditerranée

« J’en ai fait l’hypothèse avec le pape François quand je l’ai rencontré en avril dernier. Ce qui est clair, c’est que la Méditerranée concentre un certain nombre de questions ; ce qui pourrait donner à un synode qui lui serait consacré, à la fois une portée locale et une portée universelle : la question migratoire, écologique, les disparités économiques, les tensions politiques, militaires… ce serait donc en effet judicieux. Mais la difficulté reste justement la très grande pluralité de situations autour de cette mer : il faut arriver à faire travailler ensemble tous les acteurs. Nous œuvrons, avec un groupe d’évêques internationaux et méditerranéens à faire prendre forme à un tel projet. Mais il faudra du temps. C’est dans ce cadre qu’une visite du pape François à Marseille aurait du sens. »

Propos recueillis par Jeanne RIVIERE

Le dessin du jour par Miège

David Miège croque l’actualité avec un regard moqueur et savoureux. Retrouvez chaque jour ses dessins dans les colonnes du Méridional.

Le coin des livres – Des clés pour la santé du « monde d’après »

Disons-le honnêtement : durant les mois où le covid battait son plein, personne n’avait réellement envie de se plonger dans des ouvrages de décryptages médicaux… Maintenant que le spectre de la pandémie s’éloigne – semble-t-il -, il est intéressant de comprendre la petite révolution qui s’est opérée dans le domaine médical. Le docteur Gérald Kierzek, médecin urgentiste à Paris, livre un petit dictionnaire explicatif des « mots de la santé » : écrit avec clarté et simplicité, il ne laisse pas le lecteur s’ennuyer.

> A voir aussi : Le coin des livres – Un « Manuel décomplexé de navigation » qui sent bon le vent du large

« Nouveaux mots, nouveaux réflexes pour votre santé » : le sous-titre de l’ouvrage du docteur Kierzek est évocateur. En l’espace de quelques mois, des dizaines de mots sont apparus dans le vocabulaire du quotidien, souvent sans que l’on connaisse vraiment leur signification. « Anticorps », « comorbidité », « sérologie », « asymptomatique »… « Tous ces mots existaient, souligne l’auteur ; mais il semble que la sidération des premières semaines a plongé notre pays dans une confusion globale durable ; comme si les mots, soudain, prenaient une nouvelle signification du fait de l’apparition du virus. Comme si plutôt que nous éclairer, ces mots n’étaient plus qu’arguments, preuves, invectives, menaces. »

Pour remédier à cette large « bouillie des mots », le docteur Kierzek sélectionne une centaine de noms et expressions. Sur une, deux ou trois pages, il va à l’essentiel, donne quelques chiffres évocateurs, des conseils, livre son point de vue. Il le fait avec un langage simple, souvent avec humour. On lit donc cet ouvrage médical presque « comme un roman » ! « On ne peut penser correctement si l’on n’emploie pas les mots justes », juge-t-il en introduction. A une époque où le langage médical envahit la vie quotidienne, il est important de comprendre l’emploi de mots parfois utilisés à tort et à travers dans les médias.

Jeanne RIVIERE

« Votre santé dans le monde d’après ; préparez-là aujourd’hui », Dr Gérald Kierzek, éditions du Rocher, février 2022, 18,90€.

Expo – Marseille : Antoine et Jos-Henri Ponchin, toutes les nuances du Sud

Antoine Ponchin © Regards de Provence

Issus d’une lignée d’artistes, le père et le fils, marseillais d’origine, resteront toute leur vie viscéralement attachés à leur terre natale. Antoine Ponchin (1872-1933) et Jos-Henri Ponchin (1897-1981) étaient de ces peintres amoureux des lumières et des paysages provençaux. Le musée Regards de Provence (2ème arrondissement de Marseille) leur consacre, depuis le 25 mai et jusqu’au 30 octobre prochain, une exposition tout en finesse.

C’est avec raison que le musée marseillais met à l’honneur deux artistes exceptionnels, dont les noms sont pourtant restés trop discrets à l’échelle nationale. S’ils restent autant liés l’un à l’autre, c’est bien qu’ils ont partagé une même vision, et surtout un même amour du Sud. Associés à l’Ecole marseillaise (entre 1850 et 1920), leurs œuvres reflètent une multiplicité des styles et des motifs, caractéristiques d’un traitement artistique à la fois traditionnel et original.

Jos-Henri Ponchin © Regards de Provence

A l’époque de Ponchin père surtout, Marseille apparaît, économiquement et culturellement, comme une ville tournée vers l’Orient. Il participe à la grande exposition coloniale de Marseille en 1922 et reçoit le « Prix de l’Indochine » la même année. C’est donc sans surprise que l’on apprend son envoi à Hanoï dans la foulée par le ministère des Colonies, jusqu’en 1923. Antoine Ponchin ne part pas seul : lui et son fils Jos-Henri décoreront notamment le lycée Albert Sarraut (Hanoï) – pour sa réussite, le père obtiendra le grade de chevalier de la Légion d’Honneur.

La découverte de l’Orient et de ses ambiances enrichit considérablement l’expérience des deux peintres. Jos-Henri, surtout, sera marqué par son séjour et fera évoluer son style pictural après son passage en Indochine.

« Vue de l’EstŽrel », Antoine Ponchin © Regards de Provence

Le père comme le fils ne couperont jamais avec leurs racines provençales : c’est avec un grand plaisir que le visiteur retrouve dans cette exposition toutes les lumières des rivages méditerranéens.

Jeanne RIVIERE

« Couleurs des Suds », Antoine et Jos-Henri Ponchin, Musée Regards de Provence (Marseille), du 25 mai au 30 octobre 2022.