Ligue 1 OM-MHSC : J-L Gasset : « Montrer à ce public qu’on était des combattants ! »

Crédit @Vincent_1393

En conférence de presse avant la rencontre de ce dimanche soir, Jean-Louis Gasset est revenu sur ses liens forts avec Montpellier et les ingrédients qui ont permis à l’OM de se qualifier jeudi face à Shakhtar.

Des nouvelles du groupe. Si on en sait un peu plus sur Valentin Rongier par exemple ? Sur Murillo ? Si il y a des bonnes nouvelles en perspectives ?

Gasset : Clauss est suspendu. On récupère Balerdi qui était suspendu en coupe d’Europe. Garcia et Onana qui n’était pas qualifiés. Et on récupère Pape Gueye qui a fini sa blessure et qui a repris depuis 48 heures avec nous.

Vous aviez insisté de faire au mieux pour la fin du championnat. Vous êtes à 8 points du 4ème, à 8 points du barragiste. On a l’impression que ce match et plus largement la série qui arrive peut-être déterminante pour la suite ?

Gasset : On va faire au match. Jeudi on avait une compétition, demain on reprend le championnat. On a dit qu’on allait faire le maximum pour bien finir la saison. Ce n’est pas le moment de regarder le classement. Il ne faut pas. Donc il faut gagner des matchs et avancer.

« On a dit qu’on allait faire le maximum pour bien finir la saison. Ce n’est pas le moment de regarder le classement. »

Gasset en conférence de presse avant OM-MHSC

Sur le poste d’arrière droit pour dimanche ? Est-ce que vous penchez pour une solution peut-être plus simple en mettant Mbemba ou Méîté en latéral droit d’une défense à 4 ou est-ce que vous pourriez tenter de placer l’un des deux latéraux gauche sur la droite, voir Ismaïla Sarr en piston ? Ce sont des choses que vous travaillez ?

Gasset : Pas travailler. Réfléchir. Mais il reste deux entraînements. Cette après-midi, on va voir l’état physique de chaque joueur parce que il y a eu quand même quelques petits bobos. Les matchs s’enchaînent. Il y a l’aspect physique, l’aspect répétition d’efforts. Et demain matin, on fera un mise en place. Donc on prendra la décision après l’entraînement de ce soir car on va voir l’état de chacun.

« J’ai dis si vous me demandais de remplir une mission j’aimerais avoir tout les atouts. Pape Gueye est un joueur que j’apprécie beaucoup. »

Gasset sur le cas Pape Gueye

Sur Pape Gueye, vu qu’il va être en fin de contrat et ce qu’avait dit la direction en janvier, on ne savait pas qu’il allait rejouer. Pour vous, il est disponible comme tout joueur de l’effectif ?

Gasset : Bien sur. J’en ai parlé avec la direction. J’ai dis si vous me demandais de remplir une mission j’aimerais avoir tout les atouts. Pape Gueye est un joueur que j’apprécie beaucoup. Après, tout ce qui s’est passé hier, ce n’est pas mon problème et tout le monde a été d’accord. On a parlé de demain, donc Pape Gueye sera dans le groupe demain.

Sur Geoffrey Kondogbia. L’homme que vous avez découvert, qui été un joueur important pour Marcelino, pour Gennaro Gattuso. Est-ce que ça va être un relai pour vous ? Qu’est-ce que vous pensez de cet homme-là ?

Gasset : C’est un très bon joueur. Il l’a encore montré jeudi. Qui plus est en marquant un but. Le problème de Geoffrey, c’est de répéter les efforts tout les quatre jours. Il a eu des problèmes musculaires avant que j’arrive. C’est un garçon qu’il faut surveiller de près.

Sur le niveau technique, vous avez dis qu’il y avait un gros travail à faire sur ce plan. Concrètement, comment trouvez-vous le niveau technique de votre équipe et comment il faut travailler sur cet aspect précis du jeu ?

Gasset : Le premier remède depuis quatre, cinq jours, c’était le mental. Faire comprendre à des gens que le minimum syndical c’était l’investissement. Et que c’était l’agressivité, la récupération. On a essayé de mettre une tactique en place assez simple pour ne pas avoir une faute technique dans le milieu et avoir un doute dans l’équipe. Je voulais leur faciliter le travail. Qu’il n’aient pas le soucis de ressortir le ballon. Si on a cet état d’esprit, si on a cette combativité, si on a cette agressivité, bien sûr qu’en y rajoutant de la confiance par les bons résultats, on va arriver à un meilleur football et à un meilleur jeu.

« Faire comprendre à des gens que le minimum syndical c’était l’investissement. Et que c’était l’agressivité, la récupération. On a essayé de mettre une tactique en place assez simple pour ne pas avoir une faute technique dans le milieu et avoir un doute dans l’équipe. »

Gasset sur ses mots auprès du groupe avant OM-MHSC

Le fait d’être français, est-ce que ça fluidifie l’entraînement ? Vous êtes de Montpellier, c’est une équipe que vous connaissez par cœur, quel regard vous portez là-dessus ?

Gasset : C’est plus la connaissance des joueurs qui fait que ça a été plus rapide. Ce sont des joueurs que je connaissais. Il y a des amis communs. Donc on a des sujets de discussion. Donc quand vous avez des sujets de discussions avec vos joueurs, ça détend. Ils se disent qu’on parle d’amis communs et après on parle d’ambiance du groupe, de mentalité. J’ai retrouvé un groupe qui était dans le doute. Qui appréhendait un peu ce match de jeudi. Parce que c’était un match couperet. Il fallait les persuader qu’on allait renverser la vapeur. Le mental faisait beaucoup.

Montpellier c’est mon club de toujours. C’est la ville où je vis. J’ai des amis, mais j’ai aussi des gens que je considère de ma famille. Donc bien sûr c’est un match spécial. Mais pendant une heure et demi, bien sûr ils veulent gagner et moi aussi. Et après on s’embrasse et on se dit à la prochaine.

« Montpellier c’est mon club de toujours. C’est la ville où je vis. J’ai des amis, mais j’ai aussi des gens que je considère de ma famille.»

Jean-Louis Gasset sur son lien avec Montpellier

C’est un sacré clin d’oeil pour vous de retrouver pour votre premier match de Ligue 1 avec l’OM face à Montpellier. Comment vous vivez ça ?

Gasset : C’est souvent comme ça. C’est le destin. On rencontre les amis le premier match. Il faut le jouer. Ca aurait le troisième ou le quatrième c’était pareil. Là, la situation est que Montpellier est un peu dans l’urgence même si il a battu Metz dimanche dernier. Ils sont quand même inquiets et nous, on est dans une obligation de résultat pour recoller un petit peu. C’est un match important pour tout le monde.

Votre réaction sur le tirage d’hier. Le match de coupe d’Europe ?

Gasset : On les a vu hier soir. Ils étaient sur Bein Sport contre Real Sociedad. C’est dans quinze jours ou trois semaines. On a le temps. Pour le moment, on est à demain et après on approfondira.

Il y a une rencontre marquante contre Montpellier, celle de 98. Le fameux 5-4. A l’époque vous dîtes que vous avez senti un vrai tournant au cour de ce match. Aujourd’hui qu’est ce que vous gardez de cette rencontre ?

Gasset : Un traumatisme. Ca m’a suivi toute ma carrière. J’étais l’entraîneur de Montpellier. Rolland Courbis était l’entraîneur de Marseille. On en rigole encore. Laurent Blanc était du côté de Marseille, Christophe Dugarry… Toujours, on me rappelle ça. Mais un traumatisme parce que pour faire comprendre qu’un match n’est jamais gagné, que les coups de pied arrêtés sont très importants. Et que le public… J’avais un traumatisme quand même au Vélodrome. Les supporters étaient partis, ils sont revenus. Je connais ce public marseillais. Je sais qu’il peut s’enflammer. Je sais qu’il nous quittera jamais. Jeudi, je savais ce qui allait se passer, je le sentais. Maintenant j’espère que demain encore, ils seront encore avec nous comme ils l’ont été il y a trois jours.

« Mais un traumatisme parce que pour faire comprendre qu’un match n’est jamais gagné, que les coups de pied arrêtés sont très importants. Et que le public… J’avais un traumatisme quand même au Vélodrome.»

Sur le fameux Om-MHSC 5-4 un soir d’août 1998

Vous évoquiez le match de jeudi avec quelques craintes dans l’état mental du groupe. Est-ce que cette victoire va vous servir pour remettre les têtes un peu à l’endroit avec la rencontre de dimanche ?

Gasset : Quand vous faîtes une thérapie sur 48 heures rien qu’en parole parce qu’on s’est pratiquement pas entraîné, et que vous essayez de rassurer tout le monde, vous ne savez pas si vous avez fait bingo sur tout les joueurs. Et le début de match a été quand même significatif. On était crispé, tendu. On attendait un déclic. Et le déclic, ça a peut-être été le penalty contre nous. A mon avis, injuste car la faute est petite j’ai trouvé. Et c’est peut-être le déclic de la saison. Les supporters sont restés avec nous, on a senti l’injustice, les joueurs se sont révoltés. Et on est parti, on a marqué trois buts.

« Et c’est peut-être le déclic de la saison. Les supporters sont restés avec nous, on a senti l’injustice, les joueurs se sont révoltés. Et on est parti, on a marqué trois buts.»

Gasset sur le match de jeudi face au Skhakhtar

Montpellier c’est le 5-4 d’août 98 pour vous, mais c’est peut-être aussi votre retour début 2017 après une longue carrière d’adjoint avec Laurent Blanc. Qu’est-ce que ça représente ce retour sur le banc à Montpellier début 2017 ?

Gasset : C’est de vivre des challenges. Le retour à Montpellier c’était fin janvier… Attention, là on va aller dans l’émotion. On avait enterré ma femme le jeudi. Louis Nicollin était à l’enterrement. Montpellier venait à Marseille et a perdu 5-0. Dans la nuit du dimanche, il m’a appelé pour me dire « il y a que toi qui peut nous sauver ». J’ai pas pris l’appel à quatre heures du matin. Il a réitéré le lendemain et je lui ai dis « mais je ne suis pas en état ». Et il m’a dit « si, viens! », Ok… Mais pour quinze matchs. Ca se ressemble… Montpellier avait perdu 5-0. J’y suis allé pour quinze matchs, il fallait gagner cinq matchs, on en a gagné cinq. On a fait 38 points, on s’est sauvé et je me suis arrêté. Et Loulou Nicollin est décédé en juin, le jour de son anniversaire comme ma femme. Il y a des petits trucs comme ça, on ne peut pas le décrire. Mais Montpellier c’est comme ça c’est ma famille.

Vous insistez beaucoup sur l’état d’esprit, le mental. A quoi voulez-vous que cette équipe ressemble au niveau tactique, sur le plan du jeu ?

Gasset : Déjà qu’elle retrouve confiance parce que sans confiance vous ne pouvez pas jouer. Donc il fallait repartir au béaba. Je leur ai dis à tous, tout ce que vous faîtes c’est insuffisant. On ne va pas dire on va jouer comme un tel ou un tel. Non, monter juste d’un cran votre niveau, chacun. Ayez la mentalité, mémorisez des grands matchs que vous avez fait, approchez vous de ce niveau là. Et si on a la chance de passer jeudi, on va commencer notre remontada. Et ils l’ont fait parce qu’au niveau de l’état d’esprit, du mental, c’est des gens qui n’ont jamais abandonné et on est toujours allé de l’avant. C’est un premier point. Après techniquement, bien sûr je préfère quand mon équipe joue bien au ballon, sort le ballon derrière, fais des décalages. Mais c’était pas le thème du premier match. Le premier match, il fallait qu’on montre à ce public qu’on était des combattants, et qu’on allait tout faire pour réussir. C’était l’objectif et on l’a bien réussi.

Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné du club phocéen et du sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.