Société – Police : le traitement de…défaveur

La révolte gronde au sein de l’institution policière. Depuis la fronde de la police judiciaire de Marseille qui s’est frontalement opposée aux réformes du gouvernement les plaçant sous l’autorité des préfets, donc du gouvernement, avec tous les abus que cette subordination est susceptible d’engendrer, c’est la cascade d’arrêts-maladies au sein de la police qui a incité la hiérarchie à sévir.

La mort regrettable de Nahel Marzouk, jeune délinquant et trafiquant qui a refusé à plusieurs reprises de se soumettre à un contrôle de police à Nanterre, a mis le feu aux poudres dans les banlieues. Cinq jours d’émeutes urbaines non-stop alors que le policier incriminé pour avoir ouvert le feu poursuivait la voiture du fuyard depuis vingt-six minutes, mettant en danger les passants et piétons en roulant à très vive allure, et que seules sont restées gravées dans les esprits les images des vingt secondes finales de l’intervention.

Plus récemment, la mise en garde à vue de trois policiers du Raid (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) et leur mise en examen à Marseille pour répondre du décès de Mohammed Bendriss a également choqué de nombreux policiers. Le manifestant serait mort des suites d’un tir de lanceur de balle de défense au thorax. Le chef d’inculpation est tout un poème : « violences avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». En réalité, la justice oublie un mot essentiel, celui de « légitimes ». « Violences légitimes », car la police est le seul corps autorisé à user de « violences légitimes » pour faire respecter la loi, a fortiori contre des enragés et des pillards de centaines de magasins ayant dévalisé une armurerie rue d’Aubagne et pouvant s’en servir contre la population ou la police urbaine.

C’est précisément parce que le préfet craignait que les manifestants n’ouvrent le feu sur la population qu’il a donné la consigne immédiate à tous les commerçants du centre-ville de se calfeutrer dans leurs caves en barricadant leurs commerces. Et c’est dans ce contexte d’insurrection que le ministère de l’Intérieur a sollicité l’intervention du Raid, plutôt habilité à maîtriser des terroristes surarmés qu’à s’occuper du maintien de l’ordre et des contrôles routiers.

Heureusement pour eux, les trois policiers incriminés ont bénéficié d’un contrôle judiciaire et n’ont pas été incarcérés, ce qui aurait été un comble pour des hommes ayant en conscience effectué leur travail. D’autant plus qu’ils ont tiré au torse de l’individu visé et que c’est une zone réglementaire au regard des textes régissant l’intervention. Il faudra aussi que l’enquête détermine si le policier a tiré à plus ou moins de sept mètres : à 7,01 mètres il est dans les clous, à 6,99 mètres il est en infraction…On leur recommande aussi un tir en cloche, pas un tir direct, pour éviter un impact qui peut se révéler létal. Un policier du Raid, intervenant dans un contexte de guérilla urbaine, peut-il en une demi- seconde peser tous ces paramètres au centimètre près ?

Bien sûr que non : voilà pourquoi l’incompréhension est totale. Divorce avec la partie la plus turbulente de la population, celle qui s’approprie certains territoires de la République pour y trafiquer en paix, divorce avec leur hiérarchie, qui ne les couvre plus au moindre incident, divorce avec les juges, divorce avec tous les islamo-gauchistes qui les traitent publiquement d’assassins et souhaitent leur mort, les policiers sont exaspérés. Ils n’en peuvent plus.

Ils ont lancé, depuis Marseille, un mouvement de protestation en multipliant les arrêts maladie qui a fait long feu. Ils projettent une « grève du zèle » qui consisterait à…respecter lors de leurs interventions tous les signaux du code de la route : s’arrêter au rouge, au stop, au « cédez le passage », ne pas stationner aux endroits interdits, mais cette forme d’action au demeurant légitime puisqu’aucun texte n’autorise la police à transgresser les lois de la circulation, finira elle aussi en eau de boudin car ils seraient déclarés responsables d’éventuels morts liés à leurs interventions tardives.

Bref, c’est la chienlit. Et quand une procureur courageuse, qui, elle, a vu et revu les images de vidéosurveillance de l’intervention des policiers du Raid, affirme qu’ils ont fait leur travail en s’opposant à un malfaiteur, c’est une levée de boucliers et les parties civiles la menacent de déposer plainte contre elle. Voici exactement ce qu’elle a déclaré :

« il existe des éléments démontrant que ces deux individus participaient à une action d’appropriation frauduleuse dans un contexte de pillage généralisé des magasins du centre-ville, fondant une action d’intervention pour en interpeller les auteurs »

Fermez le ban.

Vous admirerez au passage la locution euphémique « d’appropriation frauduleuse » pour évoquer un pillage en règle de magasin de chaussures de sports. « Je pense que la police subit un traitement de défaveur, estime le major Léon Béraudo, nos collègues ont été mis en examen pour calmer les enragés de banlieue, apaiser le désir de mordre des médias qui leur sont dévoués, complaire aux troupes insurrectionnelles de certains partis gauchistes et faire plaisir aux juges rouges qui détestent la police ». Ce qui est sûr, c’est que le pouvoir a tout fait pour « contenir » les désordres plutôt que de « maintenir l’ordre » comme il en a le devoir impérieux.

Tous les témoignages le confirment : les CRS n’avaient aucune consigne d’interpellation, surtout pas de vagues, et les moyens qui leur étaient donnés étaient insuffisants : pas de lanceurs d’eau, pas de lanceurs de balles de défense, seules les grenades de désencerclement leur permettait parfois de s’en sortir face aux lanceurs de cocktails molotov qui ont grièvement blessé de nombreux policiers.

Les manifestants et les pillards ont toujours une excuse bidon : ils étaient là pour se balader, pour aller boire un verre, ils étaient là par hasard au milieu des manifestants… Les policiers sont en crise. Tout est permis, la moindre manifestation d’autorité est perçue comme une abomination, les policiers sont des croquemitaines et les délinquants des victimes. La preuve, un père de famille attaqué chez lui en pleine nuit par trois cambrioleurs et qui a réussi à en mettre en fuite deux, a eu les pires ennuis en retenant dans son salon le troisième qui a déposé plainte pour « séquestration ». Résultat des courses : mise sous contrôle judiciaire des trois individus pour cambriolage et deux ans ferme pour le courageux père de famille pour avoir retenu un malfaiteur contre sa volonté.

La réalité, la triste réalité, c’est que les voyous ont désormais le droit de piller et même de tuer. Ils seront absous. Les flics eux seront châtiés s’ils s’avisent de faire régner l’ordre, c’est-à-dire de faire leur métier. Nous partageons la tribune rédigée par le major Léon Béraudo pour dénoncer la « déstabilisation de la police » et assurer leur entier soutien aux forces de l’ordre. Tribune signée par de très nombreux policiers à la retraite (les seuls qui peuvent s’exprimer ouvertement) et les femmes d’agents des forces de l’ordre.

José D’Arrigo – rédacteur en chef du « Méridional »