Politique – La révolution chromatique de « La Provence »

Les lecteurs traditionnels de « La Provence », le journal des « patriotes socialistes et républicains », ont été sidérés le mardi 30 mai 2023 au matin en découvrant la « Une » de leur quotidien : les nouveaux patrons, Gabriel d’Harcourt, directeur général et Aurélien Viers, directeur de la Rédaction, ont en effet décidé de modifier la couleur de leur logo et de passer du mauve souligné de rouge à un bleu France de très belle facture. La première impression qui vient à l’esprit est de se dire que le nouveau profil de « La Provence » va enfin prendre en compte une grande partie de l’opinion marseillaise, celle des conservateurs et des souverainistes, et remettre à leur place les socialo-communistes, réduits désormais à la portion congrue.

Ce n’est hélas qu’une impression fugace. Les deux patrons ont expliqué en page intérieure de leur journal que la nouvelle maquette et le nouveau logo de « La Provence » répondaient à un besoin de « renouveau », voire de « renaissance ». Ils ont donc fait le pari de « réinventer » ce quotidien pour l’adapter aux évolutions de la société moderne.

Ils demeurent assez sibyllins sur leur choix politique : vont-ils enfin s’ouvrir à la droite traditionnelle et patriote ? Vont-ils enfin comprendre qu’ils ne gagneront pas un lecteur de plus en s’entêtant à soutenir les Hidalgo, Jadot, Rousseau et autres Payan ? Ils ne l’affirment pas clairement. Ils parlent « d’engagements forts » et de « partis pris » sans dire lesquels. Ils évoquent un « processus de transformation » pour redevenir « un média de référence ». Mais les nouveaux patrons du journal demeurent au fond très évasifs.

Ils annoncent clairement la création d’un nouveau site à l’automne, l’installation du journal dans un nouveau siège en centre-ville (déménagement prévu à la mi-2024), un passage au tabloïd, c’est-à-dire au petit format anglais, à la fin de 2024 et une nouvelle imprimerie partagée avec « Nice-Matin » pour réduire les frais d’impression. Voilà qui est clair.

Pour ce qui est de la ligne éditoriale, hormis les mots-valises que l’on entend chaque fois que la direction du journal change : proximité, air du temps, culture, loisirs, etc. l’essentiel reste secret. Car, pour nous, ce « processus de réinvention » n’est qu’une volonté d’imitation du « Méridional », qui arbore fièrement la couleur bleue depuis sa fondation en septembre 1944, à la Libération. Cette révolution chromatique est en effet inédite depuis la prise du « Provençal » par les sbires socialistes.

Il est trop tôt encore pour savoir si ce nouveau logo bleu France sera une reconnaissance symbolique de la droite conservatrice et souverainiste dont le poids en région Sud est inversement proportionnel à celui des socialo-communistes, désormais résiduel. Si tel est le cas, nous souhaitons la bienvenue à ce nouveau petit frère jumeau du « Méridional ».

La « Provence » voyait tout en rose, elle a décidé de voir tout en bleu. Reste une énigme : celle du point rouge qui vient ponctuer ce nouveau logo patriotique. « Il est là pour montrer notre volonté de nous affirmer », explique doctement le directeur de la rédaction. On pourrait lui rétorquer que ce point rouge n’est qu’un point final. Une rémanence d’un passé révolu et honni. Dans ce cas-là, les lecteurs de la Provence n’y verraient une nouvelle fois que du bleu…

José D’Arrigo – rédacteur en Chef du « Méridional »