L’édito de José D’Arrigo – Immigration en France : la grande saturation

Le Sénat © WKMC

On se souvient du bon mot d’Alphonse Allais : « Une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites ». Cette citation s’applique à l’immigration en France. Un terrain glissant car il est devenu tabou d’être hostile à une immigration ressentie comme invasive ou sauvage par de nombreux Français qui n’osent pas le dire ouvertement. Les informations qui suivent ne sont pas des supputations ni des partis pris. Il s’agit de chiffres indiscutables émis par la commission des lois du Sénat. Evidemment, les idéologues de gauche vont encore occulter la réalité parce qu’ils sont favorables au grand remplacement d’un peuple par un autre peuple, mais la vérité, c’est comme l’huile dans l’eau, elle finit toujours par remonter à la surface.

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Que disent nos amis sénateurs dans leur récent rapport sur la gestion kafkaïenne de l’immigration en France ? Ils disent simplement que lorsqu’une bouteille est pleine, elle déborde si vous continuez à la remplir. Les préfectures sont asphyxiées, prises d’assaut, les tribunaux sont surencombrés de procédures concernant les immigrés, clandestins ou pas, bref c’est l’embolie à tous les étages. Une véritable industrie s’est greffée sur le droit des étrangers à accéder à la nationalité française et à tous les avantages sociaux qui vont avec. Des cabinets d’avocats spécialisés vivent fort bien aujourd’hui en intentant des procédures administratives tous azimuts pour parvenir à leurs fins : valider l’immigration par tous les moyens. Comme le droit de l’immigration et les lois qui le sous-tendent sont devenus illisibles, voire incompréhensibles, les agents publics éprouvent un profond désarroi et ne savent plus à quel saint se vouer.

les agents n’en peuvent plus

Quand les candidats à l’immigration voient que leurs dossiers n’avancent pas, ils n’hésitent pas à faire appel à des associations d’aides aux immigrés et à des cabinets d’avocats spécialisés qui exploitent toutes les failles de la jurisprudence à des fins lucratives. Ce business marche fort bien en France.

Si vous passez par la rue Saint-Sébastien à Marseille, vous verrez de longues files d’attente et un barriérage d’une centaine de mètres pour retarder l’asphyxie des services de l’immigration. Les agents n’en peuvent plus, quelles que soient leurs opinions sur la question. Ils souffrent du syndrome des Shadoks, c’est-à-dire qu’ils se heurtent à une administration qui constate quotidiennement leurs difficultés mais refuse de prendre les mesures nécessaires pour améliorer la situation. Exemple : à Marseille, il est assez fréquent qu’un étranger sans droit ni titre soit soumis le lundi à une obligation de quitter le territoire français et il revient en Préfecture pour avoir des papiers quelques jours seulement après son expulsion supposée du territoire ! Kafka.

le constat est alarmant

Le constat est alarmant. Les sénateurs ont interrogé de nombreux responsables dans les départements français, d’outre-mer et jusqu’à Varsovie où siège l’agence européenne de protection des frontières (Frontex). Il s’avère que les services de l’immigration sont partout confrontés à un afflux toujours plus élevé de demandes de titres d’admissions au séjour en France : 271 675 titres de séjour ont été délivrés en France en 2021, c’est-à-dire l’équivalent de l’immigration régulière d’une population équivalente à la ville de Bordeaux chaque année…

Plus de la moitié des 4 000 agents affectés aux services de l’immigration sont obnubilés par ce harcèlement permanent émanant des étrangers, singulièrement des étrangers en provenance du continent africain. La tension observée sur place, partout, est telle que les sénateurs ont aussitôt proposé une « mutualisation » d’urgence des services en fonction des départements pour désencombrer ceux qui sont paralysés au profit d’autres moins prisés.

L’administration française, plutôt finaude, a décidé de transformer les files d’attente visibles dans la plupart des préfectures, en « files d’attente virtuelle » grâce à la dématérialisation des procédures intéressant les étrangers. Extraordinaire. Je vous cache d’une main ce que j’exhibe de l’autre main. Merveilleux. Magique. Mais les mêmes causes produisent les mêmes effets : la machine croule sous les demandes. Il est faux de croire que la population visant à devenir française est souvent inapte à naviguer sur Internet. Il est aussi illusoire d’imaginer que la raréfaction des créneaux offerts pour ces candidats à un rendez-vous physique en préfecture va freiner leur ardeur migrante. Au contraire. Cette obligation de rendez-vous numérique a suscité l’apparition d’un phénomène « inédit et massif » de revente sur Internet de rendez-vous en préfecture, ce qui constitue un véritable trafic très profitable pour les « pirates de la migration…

Que se passe-t-il en coulisses ? Des as de l’ordinateur, au demeurant peu scrupuleux, captent les rendez-vous disponibles grâce à des logiciels de piratages des modules électroniques utilisés par l’administration, et ils revendent ensuite illégalement leurs rendez-vous à des tarifs oscillant entre 200 et 600 euros par rendez-vous.

beauvau a bien tenté de déjouer les arnaques, en vain

Beauvau, au courant de ces manœuvres, a bien tenté de déjouer les arnaques à l’immigration, mais le dispositif anti-robot et les rendez-vous « aléatoires » mis en place ont été totalement inopérants : le trafic prospère et continue. Plus grave : les tentatives de connexion intempestives des étrangers sur le site de l’administration à toute heure du jour et de la nuit désorganisent l’ensemble du système et le paralysent.

A Marseille, mais aussi dans la région parisienne, des petits malins se sont mis en tête de profiter de ce charivari invraisemblable. Ils ont créé des sociétés proposant un « accompagnement » à la prise de rendez-vous numérique. Les sénateurs en ont été sidérés : « Sous des apparences faussement légales de prestations de services, s’indignent-ils, ces sociétés procèdent à la marchandisation des failles du service public. »

La préfecture des Bouches-du-Rhône, qui essaie de faire face tant bien que mal à cette saturation des demandes et au blocage du système, fait observer que la moitié des rendez-vous est indue parce qu’ils ont été pris par des étrangers qui ne sont pas dans la situation d’un dépôt de première demande de séjour ! Encore Kafka. Toujours Kafka. La conclusion ? L’évolution vers le tout-numérique pour dissimuler aux Français cette immigration massive qu’ils ne sauraient constater de visu dans d’interminables files d’attente est un échec total.

la préfecture des bouches-du-rhône observe que la moitié des rendez-vous est indue

Et puis les sénateurs ont du mal à comprendre l’incongruité d’un système où un « service d’accompagnement » aux démarches numériques oblige les impétrants à accéder à ce service mirifique… via Internet ! Re-Kafka ! Une telle incurie généralisée a conduit les recalés de l’immigration à faire appel à des experts en procédures administratives pour contraindre les services à accorder enfin un rendez-vous aux étrangers qui le réclament à cor et à cri.

L’arme « massue » de ces juristes ou avocats est le « référé conservatoire » qui est censé enjoindre à un juge de saisir le préfet pour prendre derechef « toute mesure utile ». Comme la preuve de tentative de rendez-vous peut être rapportée par une simple capture d’écran anonyme, vous imaginez le nombre de procédures bidons qui viennent se surajouter à l’empilement des dossiers contentieux. Les recours devant les tribunaux administratifs deviennent systématiques et ils sont relayés par des associations de défense des droits des étrangers et surtout la diaspora locale.

« Ce contentieux de masse est inédit, remarquent les sénateurs; il se caractérise par un taux de succès élevé, les tribunaux administratifs faisant droit à la grande majorité de ces demandes. » A Paris, mais aussi à Marseille, 90 % de ces procédures ont abouti sur plusieurs milliers qui ont été intentées. Les juges montrent ainsi une nouvelle fois leur laxisme et leur préférence étrangère alors qu’ils devraient se contenter d’appliquer la loi en leur âme et conscience.

les juges administratifs sont dépassés

Les juges administratifs, totalement dépassés eux aussi par l’ampleur de la tâche, deviennent des sortes de « secrétaires de préfectures » chargés de gérer les plannings de rendez-vous des services de l’immigration… C’est un dévoiement total de leur mission pour absorber, ni vu ni connu, un maximum de nouveaux immigrés par an… « C’est un cercle sans fin », concluent les sénateurs, ces charges transférées aux juges alors qu’elles devraient incomber aux préfectures transforment les tribunaux en pré-guichets de frontières passoires.

En 2021, à titre d’exemple, l’ensemble de la chaîne administrative a été saisie de 100 332 plaintes relatives au droit des étrangers et dont 80 000 portent sur des titres de séjour en France. Ce barnum immigrationniste occupe 50 % de leur activité totale…C’est l’apoplexie. Sans parler des demandes latentes d’asile traitées à part et dont la longueur de traitement interdit toute possibilité de retour dans le pays d’origine.

Le professeur Jean-Paul Gourevitch, spécialiste français de l’immigration, n’est pas surpris par cette immigration anarchique et il évalue le déficit de l’immigration à 40 milliards d’euros par an. Il a recensé soigneusement tout ce qu’un immigré légal peut rapporter à la France en recettes fiscales, sociales et globales, soit une somme d’environ 113 milliards de recettes annuelles en France, et tout ce qu’un immigré coûte au budget national en Revenu de Solidarité Active, allocations de logement, aide médicale d’Etat, allocations vieillesse, accidents, maladies, chômage, et il arrive à un total de dépenses annuelles de 153 milliards d’euros. Il n’y a pas photo : l’immigration n’est plus une chance pour la France, c’est un poids.

la largesse humanitaire est devenue calamité économique

Et encore Gourevitch ne comptabilise-t-il pas les sommes énormes allouées aux « mineurs isolés » (40 000 par an environ à prendre en charge), aux étrangers qui se déclarent malades sans même l’aval de leur pays d’origine et aux milliers d’étudiants étrangers qui n’ont souvent d’étudiants que le nom. Et il ne peut évidemment pas recenser non plus les 4 à 500 000 étrangers clandestins qui pénètrent chaque année en France et y survivent comme ils le peuvent. Il suffit de consulter tous les jours la page « faits-divers » des journaux locaux pour s’en rendre compte…

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La largesse humanitaire et vertueuse de notre gouvernement socialiste est devenue une calamité économique, sociale et identitaire pour la France, n’en déplaisent à nos idéologues bien-pensants. Hélas, à ce régime là, dans cinq ans la France ne sera plus la France.

José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional