vendredi 1 novembre 2024
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Lecture : Confidences politiques des mandats Deferre, Vigouroux et Gaudin vus de l’intérieur

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Jean Pellegrino est un haut fonctionnaire communal qui a eu le privilège de servir successivement trois maires de Marseille : Gaston Defferre, en qualité de chef de cabinet du secrétaire général Jean Poggioli, directeur de cabinet de Robert-Paul Vigouroux et secrétaire général adjoint de Jean-Claude Gaudin. L’éminence de ces trois édiles a écrit ses mémoires dans un ouvrage numérique intitulé : « Un miroir au long de ma route », disponible sur « Librinova.com ». M. Pellegrino, l’homme de l’ombre, a bien voulu répondre en exclusivité aux questions du « Méridional ».

Le Méridional : Est-il exact que Gaston Defferre préférait l’avis de son chauffeur inculte à celui de polytechniciens venus de Paris pour lui présenter un projet national de voirie ?

Jean Pellegrino : Oui, c’est exact. Pour Defferre, son chauffeur représentait la voix du peuple. Le maire se méfiait viscéralement des « experts » dont il m’avait donné la définition suivante : « les experts, ou prétendus tels, ce sont des gens qui, AVANT, vous expliquent que ça ne peut pas survenir, et, APRES, vous démontrent que ça ne pouvait pas être évité… » Pour moi, cette définition demeure très pertinente : on peut la vérifier tous les jours.

Le Méridional : Pourquoi le conseil général des Bouches du Rhône, longtemps dirigé par Louis Philibert et Lucien Weygand (PS) a-t-il délibérément financé les communes du nord des Bouches du Rhône au détriment de Marseille ?

Jean Pellegrino : A la Libération, les élus socialistes aux affaires se sont partagé géographiquement les influences, donc les moyens qui étaient en leur possession. Ceux d’entre eux qui cherchaient à s’octroyer une parcelle de pouvoir étaient aussi de la partie. Dans notre département, on distinguait les « ruraux » et les « Marseillais ». Au-dessus de tous, chacun devait avoir l’onction du patron ombrageux, « le » chef marseillais incontesté : Gaston Defferre. Au fil des ans, de graves injustices ont été commises au détriment des Marseillais : par exemple le service départemental d’incendie et de secours a été intensément irrigué alors que le bataillon des marins pompiers de Marseille a dû se contenter de miettes.

Le Méridional : Pourquoi dites-vous qu’à partir de 1969 la passion de Defferre pour Marseille est allée decrescendo et qu’il a été obnubilé par une carrière ministérielle ?

Jean Pellegrino : Le maire mesurait le temps qui passait. Comme la plupart des socialistes de l’époque, Defferre a longtemps pensé que le gaullisme, perçu par eux comme illégitime, ne durerait pas au-delà de la fin de la guerre d’Algérie. Une guerre qui avait pourtant été déclenchée par leur parti au pouvoir, la SFIO. Désirant profondément redevenir ministre, après son cinglant échec présidentiel de 1969, Defferre a vu en Mitterrand une dernière chance d’accéder à un poste national. D’où son choix de tout miser sur l’aventure entreprise au congrès PS d’Epinay, l’alliance avec le parti communiste, le ralliement au « programme commun » et…la mise à l’écart sans ménagement de tous les opposants.

Le Méridional : Depuis cinquante-cinq ans et le slogan de Joseph Comiti : « on nous a volé la Canebière », Marseille hurle à l’invasion maghrébine et africaine. Le grand remplacement est-il en voie d’achèvement dans notre ville ?

Jean Pellegrino : La mutation démographique de Marseille, et de la France, est incontestable : elle saute aux yeux. Les « non communautaires », comme on dit à Bruxelles, sont ici majoritaires en nombre. S’agissant des jeunes générations, il suffit, pour s’en persuader, de se référer aux rapports de l’inspection académique sur les effectifs scolarisés. On peut y constater noir sur blanc les effets d’une immigration massive et continue depuis les années 60. Avec un probable record de France concernant le pourcentage d’élèves qui sortent du collège à douze ans et d’illettrés à seize ans. Le dernier inspecteur d’académie à qui je voulais parler du très bas niveau scolaire de Marseille, d’absentéisme et d’illettrisme m’interrompit pour me lancer : « ce que vous dites est interdit ! » On connait mieux aujourd’hui le règne du « pas de vagues » mortifère.

Le Méridional : Jean Pellegrino, vous êtes un cadre communal qui a loyalement servi trois maires aux caractères différents : Defferre, austère et cassant, puis Vigouroux, taiseux et itinérant, puis Gaudin, truculent et clientéliste. Quels étaient leurs petits secrets ?

Jean Pellegrino : Chacun d’entre eux préservait jalousement les siens. Ceux de Gaston Defferre avaient un lien avec ses bateaux, les secrets de Robert Vigouroux avaient trait à ses plaisirs de gourmet, de fumeur, de rencontres et de grand voyageur. Ceux de Jean-Claude Gaudin avaient peut-être un rapport avec sa maison de campagne à Saint-Zacharie…

Le Méridional : Vous décrivez une magouille inédite et grossière de Defferre sur les votes de 13000 militants socialistes marseillais qui avaient voté en 1979, avant le congrès de Metz, à 55 % en faveur de Rocard et 45 % pour Mitterrand. Résultat que Defferre a transformé le lendemain pour Solferino en : 5,5 % pour Rocard et 94,5 % pour Mitterrand. C’est la virgule qui tue. Comment une telle tricherie a –t-elle été possible ?

Jean Pellegrino : Cette manipulation des voix de militants au détriment de Rocard, je l’ai vue et entendue de mes yeux et de mes oreilles. J’étais présent en effet à une réunion à laquelle je n’aurais pas dû assister. Defferre était sous pression et il traitait ce jour-là divers dossiers communaux de nature différente. Il était encore le seul patron du Parti socialiste jusqu’à la rébellion, un peu plus tard, de Michel Pezet. Il a voulu faire vite et a minoré devant moi le pourcentage de Rocard et inversé le vote destiné à permettre à Mitterrand d’être le candidat du PS aux présidentielles de 81.

Le Méridional : Est-il exact que Gaston Defferre ait traité Robert Badinter, alors Garde des Sceaux, de « ministre sans couilles » ?

Jean Pellegrino : Oui, je confirme. L’expression assez virile de Defferre est aujourd’hui entrée dans l’histoire. Il est vrai que les deux hommes n’avaient aucune chance de se rencontrer. Les tensions et les incidents entre eux se sont multipliés. Defferre était furieux contre Badinter, le grand mandarin au silence méprisant qui le regardait de haut. Badinter, lui, fort de son aura parisienne et instigateur sanctifié de l’abolition de la peine de mort, ne voyait en Defferre qu’un provincial, pire, un « Marseillais ». Le journal France-Soir s’était fait l’écho de leurs disputes avec ce titre : « Justice-Police : la grande mésentente continue ». Pour Gaston Defferre, ce coup d’éclat qui ne manquait ni de courage ni de panache marqua, de fait, la fin de sa carrière à Paris.

Le Méridional : Pourquoi Defferre a-t-il institué en 1982 des « mairies de secteurs » qu’il appelait des « mairies de carton » dans sa loi électorale Paris-Lyon-Marseille ?

Jean Pellegrino : L’idée sous-jacente à ces « mairies de carton », c’était d’enlever la mairie de Paris à Jacques Chirac, alors maire tout-puissant de la capitale et bête noire de Defferre. Pour rassurer ses amis, Defferre avait trouvé cette image de « mairies de carton »…malgré leur coût de tour de Babel. A l’époque, le PS avait de l’imagination lorsqu’il s’agissait de sauvegarder ses intérêts. D’où l’idée saugrenue de découper la ville de Paris en vingt communes, une par arrondissement. Cette réforme suscita la réplique amusée de Jacques Chirac qui demanda : « laquelle s’appellera Paris ? » Devant le risque évident de ridicule, Mitterrand préféra reculer et il fit adopter une solution bâtarde, fruit pervers d’une pensée mauvaise. Ce fut la naissance de la fameuse loi PLM qui confirme l’unicité de la commune mais attribue aux mairies de secteur des bribes de compétences subalternes, avec une inflation inouïe du nombre d’élus. C’est ainsi qu’on est passé ici à Marseille de 63 élus à…303 élus, pour quoi faire ? Pour rien. Pour satisfaire un caprice partisan. Seul Raymond Barre, candidat à la présidentielle, avait promis d’effacer cette gabegie très coûteuse en emplois publics. Courteline demeure le prix Nobel indépassable de nos dirigeants.

Le Méridional : Pourquoi, au milieu de son sixième et dernier mandat, Gaston Defferre vous demandait-il  de ne plus lui donner de notes sur le centre de Marseille qui devenait un bidonville et sur les territoires perdus du nord de la ville ?

Jean Pellegrino : La vérité, c’est que Defferre était à l’époque très occupé par la présidentielle de 1981 qu’il percevait comme une dernière chance. Il n’a pas vu le naufrage de la moitié nord et il n’a fait qu’entrapercevoir la dégringolade du centre-ville. Il créa bien une mission chargée de ralentir « l’orientalisation » de la Canebière mais il ne vit pas et ne pouvait pas mesurer l’ampleur du mal.

Le Méridional : Vous écrivez que Defferre est mort « officiellement » le 7 mars 1986 : est-ce à dire que vous connaissez la date réelle de son décès et les raisons de ce mystère ?

Jean Pellegrino : Defferre est probablement décédé cliniquement la nuit même de son accident. Le président de la République était en voyage à l’étranger quand il a appris l’hospitalisation de son ministre et il a voulu qu’on annonce son décès à son retour en France. D’où l’impression de flou laissée aux médias par les messages sibyllins des médecins sur l’évolution journalière de l’état de santé du maire.

Le Méridional : Est-il exact que c’est François Mitterrand lui-même qui a choisi Robert Vigouroux pour succéder à Gaston Defferre « parce qu’il parlait bien et avait une belle voix au téléphone » ?

Jean Pellegrino : Oui, c’est vrai. Cet épisode a été vécu par la collaboratrice la plus fidèle de Defferre, celle qui savait tout, sa secrétaire Simone Orsoni, à laquelle je rends hommage dans mon recueil. Après huit jours de disputes entre les divers prétendants du PS à la succession du vieux lion, le président Mitterrand demanda quel était l’homme qui lui répondait si bien et sans accent marseillais au téléphone lorsqu’il s’inquiétait de l’état de santé de Defferre. L’homme qui répondait au président n’était autre que Robert Vigouroux, chef du service de neurochirurgie, et en sus membre du PS et 13eme adjoint au maire. Les destinées historiques passent parfois par un simple coup de fil.

Le Méridional : Pourquoi estimez-vous que le talentueux Michel Pezet a raté le coche en votant le budget municipal présenté par Vigouroux en mars 1987 ?

Jean Pellegrino : En mars 1987, le vote du premier budget du nouveau maire n’était pas gagné d’avance car le socle électoral de Vigouroux ne reposait que sur une frêle majorité. Michel Pezet avait, comme le tambour d’Arcole, l’occasion de renverser le cours des choses en suivant la stratégie suivante : pas de budget voté, dissolution du conseil, nouvelles élections…Il ne joua pas l’audace folle du petit tambour. En tout cas, je restitue la scène telle que je l’ai vécue. J’avais les yeux rivés sur la pendule au-dessus de la porte du conseil et les interrogations défilaient dans ma tête : les oppositions, majoritaires, assisteront-elles au conseil ? Joueront-elles la chaise vide ? Décideront-elles de ne pas participer au vote du budget ? Iront-elles jusqu’à voter contre ce budget ? J’ai vécu ces moments avec une intense émotion, celle que ressent une personne que l’Histoire invite à sa table. Je n’en ai jamais parlé à Michel Pezet et j’ignore sa propre analyse de ce vote historique.

Le Méridional : Robert Vigouroux a-t-il réussi un grand chelem aux municipales de mars 1989 parce qu’il avait été exclu du PS trois mois plus tôt par Lionel Jospin ?

Jean Pellegrino : L’exclusion de Robert Vigouroux, annoncée à Marseille par le sombre Lionel Jospin fut mal reçue par beaucoup de Marseillais, socialistes ou pas. De nombreux visiteurs, connus ou moins connus, défilèrent dans mon bureau pour me confier qu’ils voyaient là une preuve que Vigouroux était bien étranger à un parti alors décrié pour ses magouilles et ses tripatouillages, y compris très haut dans sa hiérarchie…

 Le Méridional : Dans votre opus, vous êtes sévère avec un ministre à bigoudis « qui émerveillait les gogos, ses copains de mœurs et d’affaires ». S’agit-il bien de Jack Lang ?

Jean Pellegrino : Oui, c’est bien de Jack Lang que je parle. Je lui reprocherai toujours son goût pour les mondanités entre copains, ses coups médiatiques, son sens du vent démagogique et au-dessus de tout, son indifférence à l’égard des petits, des banlieues, des enfants du peuple, bref de ceux qui ont le plus besoin de culture. Il n’a jamais rien fait pour répandre le livre dans les banlieues alors qu’ici avec le dévoué Marcel Paoli on a créé un réseau de bibliothèques et une douzaine de théâtres. Pourtant, nous partions de zéro avec des moyens limités. Les spectacles décentralisés de théâtre et d’opéra, l’Odéon sauvé de la destruction, Bonneveine et sa médiathèque, le théâtre du Merlan et sa bibliothèque entourés de 10 000 HLM, ce n’est pas Jack Lang, c’est nous.

Le Méridional : Pourquoi Gaudin a-t-il refusé de financer en 1995 l’agrandissement du port de la Pointe Rouge voté par Vigouroux, ce qui coûta plus d’un million d’euros de dédommagement versés à l’entreprise chargée des travaux ?

Jean Pellegrino : L’abandon de l’agrandissement du port de la Pointe-Rouge contre 80 millions de francs de l’époque versés à l’entreprise chargée des travaux, n’a jamais été expliqué. Le projet était financé, adopté, bouclé, le contrat signé…Un vrai mystère. L’idéal serait d’y revenir.

Le Méridional : Pourquoi Gaudin et sa majorité ont-ils soutenu et financé la villa Vauzelle, un caprice de 80 à 90 millions d’euros qui prend l’eau de toutes parts et ne sert à rien ?

Jean Pellegrino : La réponse est tragi-comique. Pour participer à la construction du Mucem, le président du conseil régional, Michel Vauzelle (PS) a exigé que la villa Vauzelle soit édifiée DEVANT le Mucem. C’était la condition sine qua non à la contribution financière de la Région Sud. Je n’ai jamais vu ça de ma vie ! Les élus marseillais se sont donc inclinés devant ce caprice dispendieux : ils ont financé la villa Méditerranée en sachant que c’était un doublon inutile. C’est un vrai scandale national.

Le Méridional : Pourquoi la création du port de Fos a-t-elle été une tragédie pour Marseille ?

Jean Pellegrino : Fos, c’est un beau rêve évanoui. La mairie, le tout-Marseille du commerce s’imaginaient voir naître Singapour à leur porte. Et en devenir la capitale…Or, pour une foule de raisons, les activités créatrices de milliers d’emplois ne vinrent pas. Une usine lorraine a été transférée sur place mais elle est demeurée, avec un gros port pétrolier, chiche en emplois. Le centre directionnel de la Bourse ne vit jamais le jour. Le rêve passa. Et nous restâmes en deuxième division.

Le Méridional : Marseille, selon vous, demeure la ville « des projets inaboutis » : à quoi attribuez-vous cette absence d’ambition ?

Jean Pellegrino : L’expression « ville des projets inaboutis » vient d’un de nos préfets qui énumérait devant moi les demi-échecs de projets à demi rêvés : le Frioul et son village grec, le centre directionnel de la Bourse avec son World Trade Center, la zone d’action concertée de Saint-Just, la Pointe-Rouge inachevée, un nouvel Hôtel de ville, la zone d’urbanisation prioritaire numéro 3, au nord-est de la ville, la seconde rocade retardée en permanence par les caprices démagogiques de certains élus. Entre autres exemples de projets que nos élus n’avaient pas la force ou l’ambition de porter jusqu’au bout.

Le Méridional : Pour quelle raison l’Europe n’a-t-elle financé aucune réalisation importante à Marseille alors qu’elle a subventionné, par exemple, tous les programmes régionaux de Rotterdam ?

Jean Pellegrino : L’Europe, c’est la plus grande frustration de ma carrière. C’est simple : tout se passe à Bruxelles comme si Marseille y était totalement inconnue. Sur place, le chef de cabinet d’un commissaire me l’a affirmé les yeux dans les yeux. C’est comme ça. On ne sait pas. On ne voit pas. On n’y va pas. On n’a pas de projet à y vendre. Nous restons un gros village au bord de l’eau, hors du système sanguin européen.

Le Méridional : Vous chiffrez à environ 450 000 personnes « extra-communautaires » la population qui colonise les quartiers nord de Marseille : cela signifie-t-il que la partition est acquise à Marseille ?

Jean Pellegrino : La partition évoquée ouvertement par notre ancien président comme un risque et une probabilité a été présentée comme un « séparatisme » par notre président actuel qui compte naïvement traiter ce phénomène de sécession par une loi. Quiconque, ici, prend le métro ou le bus, remonte la Canebière ou traverse le quai des Belges le soir venu est convaincu de la réalité de cette partition. Je me permets de vous rappeler un événement inédit dans notre République : l’accueil à la kalach du Premier ministre Emmanuel Valls aux marches des cités du nord de la ville : est-ce seulement imaginable dans un pays voisin ?

Propos recueillis par José D’Arrigo

Rédacteur en chef Le Méridional

« Un miroir au long de ma route », Jean Pellegrino

Strasbourg – Marseille : efficacité et bonne étoile pour l’OM!

Ligue 1 – Marseille rencontrait hier soir les Strasbourgeois sur leur pelouse. Retour sur ce match déterminant pour l’OM avant la trêve internationale.

En 1ère mi-temps :

Les Olympiens rentrent bien dans cette mi-temps. Durant les 10 premières minutes, ils montrent plus de détermination et d’envie que contre Porto. Bien menés par Cuisance et Gueye, les Marseillais sur cette dynamique vont se procurer quelques situations intéressantes mais sans parvenir à trouver un angle de tir.

Par la suite, ils auront la possession mais n’arriveront pas à passer la moitié de terrain face à une équipe strasbourgeoise bien organisée et disciplinée. Les Strasbourgeois se procurent des situations en contre que la défense olympienne arrivera à bien gérer avec notamment une ou deux sorties de Mandanda.

Les 10 dernières minutes seront plus favorables aux Marseillais qui vont, à nouveau, avoir le ballon dans le camp adverse. Ils n’auront aucune occasion franche. Mais, il ne manque pas grand-chose à chaque fois, une passe, un dribble, pour trouver une position de tir intéressante.

Cela laisse place à l’espoir d’une deuxième mi-temps plus animée avec des buts.

En 2ème mi-temps:

Cette seconde mi-temps repart fort avec des occasions des deux côtés. Le match est plus engagé et se tend avec plus de fautes. Des espaces se libèrent des deux côtés, on sent alors que le match peut basculer. Les Strasbourgeois sont tout près d’ouvrir le score à la 57’ mais, heureusement, Mandanda est sauvé par sa barre. Premier vrai avertissement sans frais. La situation va finalement se débloquer pour les Marseillais grâce au banc. C’est à la 72’, après un bon travail de Payet côté gauche, que Sanson, sur une superbe demie volée à l’entrée de la surface, trouve le cadre.

72′ but de sanson

1 – 0 pour l’OM

Strasbourg va pousser pour revenir mais les Marseillais solidaires en défense vont tenir.

L’essentiel est là : les 3 points et un certain état d’esprit retrouvé.

L’analyse des stats

On ne peut pas nier que cette victoire est due en partie à la chance. En effet le match nul pour les Strasbourgeois aurait été mérité. Tout du moins c’est mon ressenti. Mais voyons si les statistiques du match vont dans mon sens.

Possession du ballon

D’abord si on regarde les statistiques les plus évidentes. En termes de possession on est à 51% pour Strasbourg contre 49% pour l’OM. Au niveau de la possession, c’est très équilibré. Cette statistique ne nous apprend pas grand-chose.

Tirs réalisés

En revanche, au niveau des tirs réalisés sur le match, la statistique est beaucoup plus parlante. En effet, Marseille n’a réalisé qu’un seul tir, mais cela à suffit pour marquer.

Là où Strasbourg a réalisé neuf tirs pour seulement deux cadrés sans trouver le chemin des filets.

Si on regarde le nombre de frappes, l’écart est considérable puisque Strasbourg a tiré neuf fois plus que l’OM mais n’a cadré que 22% de ses tirs alors que Marseille en a cadré 100%.

Il en ressort donc que l’important n’est pas le nombre de tirs mais bien la qualité des tirs réalisés. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que dix frappes à 50 m du but seront moins dangereuses qu’une frappe à 5 m du but.

Mais le tir de Sanson était-il vraiment plus dangereux que les tirs de Strasbourg ?

Si on regarde les expected goals (comprendre les buts attendus ou les buts que l’équipe aurait dû marquer) des deux côtés, on voit que cette statistique est plus élevée pour Strasbourg (0,32 contre 0,04). C’est-à-dire que Strasbourg aurait dû marquer 0,32 buts dans cette rencontre et l’OM 0,04 autant dire 0. Le 0 – 0 aurait été le score le plus logique ou, à la limite, 1 – 0 pour Strasbourg. Cela montre bien que Marseille a pu compter sur sa bonne étoile (ou plutôt sur la « Bonne Mère ») pour l’emporter ce soir.

Conclusion

L’OM devra montrer un autre visage pour espérer enchaîner les victoires et ne pas être dépendant de quelque chose qu’on ne peut pas maîtriser. Il va falloir travailler et trouver des solutions dans l’animation pour se procurer plus d’occasions franches. On retiendra quand même cette victoire qui devrait faire du bien au moral et sur laquelle Villas Boas et ses hommes devraient essayer de construire quelque chose car tout n’est pas à jeter sur ce match contrairement au match contre Porto.

Mayeul LABORDE

Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Ou La solitude du Président

Réveillés par l’espoir d’une révolution et l’enthousiasme d’un mouvement « en marche », des dizaines de milliers d’inconnus inexpérimentés ont fait adhérer, en mai 2017, près de 21 millions de français à un projet inattendu qu’ils ont porté.

Avec ses meubles renversés, ses fenêtres ouvertes, les gardiens inamovibles du temple et du système politique remerciés, notre Pays se prenait à espérer, respirer et à aspirer aux changements !

La France, l’Europe et le Monde en ont sursauté !

Un peu plus de trois ans après, tous trois s’interrogent sur l’état du navire et la capacité de son capitaine à maintenir le cap initial. Non pas que l’objectif ait changé, il reste largement confirmé et affirmé par le commandant, mais les passagers sont troublés par l’écriture d’une communication qu’ils déchiffrent difficilement et par un équipage diversement rassurant qui semble, à tort ou à raison, les ignorer.

Notre vieux pays n’est ni un voilier de régate, ni un hors-bord.

Il est lourd de son Histoire et d’autant plus difficile à manœuvrer qu’il s’est encalminé dans des décennies de laxisme, parfois de lâchetés, et de gouvernances souvent tétanisées par les changements du Monde, obsédées par la proue plutôt que par l’horizon.

C’est aussi un pays puissant, riche de sa diversité, de son appartenance européenne, fier de savoir, mieux que la plupart des autres nations, concilier liberté et solidarité.

Mais c’est également un peuple qui souffre d’une forme de schizophrénie le faisant osciller, parfois brutalement, entre une envie profonde de réformes, voire de révolution, et la tentation du statuquo frileux d’un présent jugé médiocre mais faussement rassurant.

S’il est possible dans une dictature d’avoir raison contre tous, ça ne l’est pas dans une démocratie rythmée par des élections et dont les corps intermédiaires en sont l’ossature. ! Il nous faut convaincre, expliquer, accepter la concertation et certains compromis, obtenir l’adhésion du plus grand nombre possible avant de décider.

L’Entreprise l’a récemment compris qui casse progressivement ses carcans hiérarchiques, prône la polyvalence de ses collaborateurs, mise sur leur intelligence, innove et affirme des valeurs sociales et environnementales.

L’Etat, ses organisations, ses collectivités et plus particulièrement ses agents doivent le comprendre, et s’approprier les impératifs comme les évidences du monde nouveau qui s’installe. Aux élus de montrer la voie, au-delà des échéances électorales.

Ce ne peut être aux élites d’une école prestigieuse destinée à former des …administrateurs, ni aux fonctionnaires destinés à …fonctionner, de dessiner et d’imaginer le futur de la France en Europe.

Nous devons pouvoir nous affranchir de l’immobilisme naturel des grands Corps d’Etat, indispensables mais dont l’épaisseur dilue les messages et affadie les rêves.

A défaut d’agilité, et de cette nécessaire innovation qui ne doit pas être réservée à l’Economie, nous risquons de voir la conservation et la tactique prendre le pas sur la vision et la stratégie, et d’être dirigés par des têtes bien pleines à défaut d’être bien faites !

De même, il est désolant de constater que le courage du capitaine, la constance et l’énergie qu’il met à rappeler le cap, sont régulièrement trahis ou rendus incompréhensibles par une partie de l’équipage. Partie souvent plus préoccupée par son propre destin, voire par la captation de la lumière du leader pour assurer la brillance de ses galons.

Une escale est prévue en 2022

A défaut de reconstituer son équipage, en s’assurant de son engagement et de sa communication, le capitaine risque d’être remplacé. Beaucoup s’en réjouiront, souvent obsédés par une détestation viscérale qui risque de les rendre indifférents à la qualité, aux objectifs et aux conséquences de la succession. D’autres en seront amers et découragés, déçus de constater que la forme du discours en aura tué son fond !

Il est encore temps de retisser la toile, de raviver l’enthousiasme initial. Et peut-être ainsi, de pouvoir éviter de reprendre, aussi, le dernier vers de Walt Whitman « Je foule le pont ou gît mon Capitaine, étendu, mort et glacé ».

Yves Delafon

Chef d’entreprise

Ancien relais territorial « En Marche »

Faut-il encore juger Bernard Tapie ?

Quand on a condamné le coupable, faut-il encore s’acharner sur la victime ?

Ceux qui ont conservé de Bernard Tapie l’image d’un prédateur d’entreprises, obnubilé par l’argent et la gloire, font fausse route. L’homme a totalement changé aujourd’hui…

Je fais partie des journalistes qui, dans les années 80-90, n’ont eu aucune espèce d’indulgence à l’égard de Bernard Tapie. Il m’est arrivé de le critiquer avec virulence car je n’appréciais guère ses méthodes de charognard dans la reprise de certaines entreprises défaillantes, son arrogance et parfois son mépris envers les médias ou les journalistes qu’il n’hésitait pas à qualifier de « serpillières ».

Mon meilleur souvenir de cette époque date du début de l’année 1993 lorsque Bernard Tapie était ministre de la Ville de François Mitterrand. J’étais à l’époque correspondant du « Figaro » à Marseille et j’avais réussi à glisser à l’improviste dans les pages sportives du journal un article plutôt gratiné sur certaines opérations financières acrobatiques du président de l’OM. Furieux, Tapie avait téléphoné, dès potron-minet, au directeur de la rédaction, Franz Olivier Giesbert, pour lui remonter les bretelles. Franz m’avait appelé dans la foulée :

– « José, il faut que tu appelles Bernard Tapie au ministère de la Ville. Il attend des excuses de ta part…»

Des excuses ? Pour avoir écrit quelques vérités dérangeantes ? Jamais de la vie.

En bon correspondant discipliné, j’ai appelé le Ministère et je suis tombé sur Noëlle Bellone, fidèle collaboratrice de Tapie :

-« Bonjour Madame, je souhaite parler à M. le Ministre…

– Puis-je savoir à quel sujet s’il vous plaît ?

-Il n’y a pas de sujet, Madame, je l’appelle parce que mon chef de service du « Figaro » m’a demandé de le contacter

Bon, ne quittez pas je vous prie, je vais voir… »

J’entends un vague bruit de pas sur un parquet et l’écho étouffé d’une brève conversation :

M. D’Arrigo, il y a bien une raison pour laquelle vous souhaitez joindre M. le ministre, non ? reprend Mme Bellone.

-Non, madame, je vous assure qu’il n’y a aucune raison particulière…

Dans ce cas, je vous souhaite une bonne journée…»

C’est grâce à ce stratagème ambigu que j’ai évité de me faire limoger de la rédaction pour « insubordination » tout en laissant entendre à la directrice de cabinet que je n’avais aucune intention de m’excuser auprès du ministre.

Ce Bernard Tapie là, le fier à bras qui provoquait les élites et fascinait les foules par son audace et ses déclarations bravaches, a complètement changé. Ce n’est plus le même homme aujourd’hui. Il a payé sa dette à la société, il a été emprisonné pour les divers errements qu’il a pu commettre, l’ardoise est effacée, on n’en parle plus. Point barre.

Un acharnement indécent

Je ne comprends pas l’acharnement actuel de la justice à son encontre et l’inhumanité de l’institution judiciaire. Celui qui se présente à la barre ne mérite pas les pamphlets dirigés contre lui par certains pitbulls de la presse qui continuent de le persécuter comme s’ils voulaient l’amener à résipiscence.

Les aboiements persistants de la meute sont indécents, et la volonté de tirer sur une ambulance relève de l’obscénité.

Confronté depuis plusieurs années à un double cancer de l’estomac et de l’œsophage, Bernard Tapie est devenu un exemple magistral d’humanité et de générosité. Ce Tapie-là, celui qui permet à des milliers de cancéreux anonymes de reprendre courage et de s’inspirer de son invincible énergie, ce Tapie-là est un homme formidable que je m’honore de saluer ici après l’avoir tant brocardé.

Peut-être est-ce le secret de son insolente réussite dans la vie ? Bernard Tapie a toujours éprouvé un immense besoin de reconnaissance. Force est de reconnaître que c’est un touche à tout de génie. Il a été chanteur, animateur de télé, homme d’affaires, président d’une équipe cycliste, président de l’OM champion d’Europe, ministre, comédien, marin, pilote et même…journaliste. En 2014, c’est lui qui a interviewé avec brio les principaux candidats aux élections municipales de Marseille en direct du Cercle des Nageurs de Marseille avec l’amicale complicité de Paul Leccia. Ses questions étaient très pertinentes sans jamais être venimeuses. Du grand art.

S’il n’était pas affecté aujourd’hui par la maladie et ses soucis judiciaires, je suis sûr que Bernard Tapie nous épaterait encore par son insatiable appétit de défis et son inaltérable vaillance dans l’accomplissement de sa destinée conçue comme une performance sportive.

 Une exceptionnelle capacité de résilience

J’entends d’ici vos interrogations : mais qu’est-ce qui vous prend, vous, l’un des contempteurs attitrés de Tapie, de devenir maintenant son thuriféraire ? Eh bien, c’est simple : l’homme a totalement changé. Et j’admire celui qu’il est devenu.

Oui, j’admire son exceptionnelle capacité de résilience face au cancer, la foi qui l’anime et lui permet de renverser des montagnes, sa pugnacité pour répondre à des procédures tatillonnes et aux désespérantes lenteurs de la justice, sa mentalité de Cyrano pour bousculer les puissants et cette forme de naïveté populaire qui le rend sympathique à ses procureurs les plus implacables.

 Oui, Bernard Tapie peut mentir de bonne foi, mais, ce faisant, il ne ment plus à personne. Comme le disait Friedrich Nietzsche : « On peut toujours mentir avec la bouche, mais avec la gueule qu’on fait en même temps, on dit la vérité quand même ».

Durant toute sa vie, Tapie a connu des succès fulgurants et des échecs retentissants. L’histoire de son existence est celle d’un yoyo permanent. Les supporters des virages sud du stade vélodrome, ceux qui l’ont statufié de son vivant : « Bernard, à jamais le boss ! », pourraient lui communiquer ce dicton marseillais : « plus tu montes haut, plus tu te trompes cher ! »

  Tapie, c’est l’homme qui est capable, avec le regretté Armand Mikaélian, de battre en 1988 le record du monde de la traversée de l’Atlantique en monocoque à bord du Phocéa en affrontant des tempêtes gigantesques et qui se fait empapahouter comme un bleu dans la vente d’Adidas par certains dirigeants du Crédit Lyonnais plus retors que lui.

Tapie, c’est l’homme qui devient l’idole de toute une ville un soir de mai 1993 à Munich et qui se retrouve quatre ans plus tard à la prison des Baumettes. C’est l’homme qui est adulé par le peuple parce qu’il bouscule le système établi, défonce les portes des vestiaires et renverse les tables de la bienséance. C’est le candidat aux élections législatives de 1988 dans la sixième circonscription de Marseille qui a le culot de téléphoner en direct de la conciergerie du Sofitel Vieux Port à Patrick Poivre d’Arvor pour lui demander de lui octroyer un entretien de plusieurs minutes dans le journal télévisé de TF 1 du lendemain et de raccrocher sans attendre la réponse du journaliste !

Tapie, c’est un autre homme, un tout autre homme, qui accorde au même TF 1 en novembre dernier une interview magistrale de dignité et d’humanité à l’issue de laquelle il est salué unanimement par toute la France.

La vie de Bernard Tapie, c’est l’histoire étonnante d’une rédemption exemplaire, celle d’un homme touché par la grâce, celle d’un gagneur avide de gloire devenu un héraut de la lutte anti-cancer. Dans le dernier texto que Tapie m’a fait parvenir, il me confiait que, désormais, il déjeunerait volontiers avec moi à Marseille. En aura-t-il le temps ? En aura-t-il la force ? Je le souhaite de tout cœur, mais si jamais il n’y parvenait pas, j’aimerais simplement lui dire :

-« Adieu Bernard, je t’aimais bien ! »

José D’Arrigo

Rédacteur en Chef du Méridional

France, terre de barbarie ?

Ce poème a été écrit par l’académicien, Jean-Noël Beverini, en réaction au meurtre de Samuel Paty, professeur d’histoire -géographie, décapité pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.

Douce France, cher pays de mon enfance,

De quelle terre es-tu l’engeance ?

Mon vieux pays que j’ai connu

Fredonnant le chant du monde,

Que deviens-Tu baignant au sang

De l’innocent

Sous des couteaux immondes ?

Ma vieille France

Qui n’est plus terre des Lois

Et voit occire sans émoi

L’enfant, le prêtre et l’enseignant,

Dis-moi s’il n’est pas enfin temps …

Tout ce que nos siècles ont bâti,

Tout ce que nos pères ont construit

S’effondre

Et Tu ne daignes répondre.

Le sabre qui Te meurtrit

Fait de ta terre, sans un cri,

Une terre de barbarie.

Tu meurs, terre de France,

Et seule l’indifférence

Est penchée

À ton chevet.

Réveille-Toi, sors de tes songes.

Ne vois-tu pas le mal qui ronge

La quintessence de ton être ?

Es-Tu donc prête à disparaître ?

France,

L’apocalypse est à ta porte

Et nulle voix n’exhorte

À combattre l’infamie.

France, n’as-tu donc rien appris ?

Marseille, le 17 octobre 2020

Jean-Noël Beverini

David Galtier et la fabrique des innocents

Invité par le lieutenant-colonel Constantin Lianos à s’exprimer devant une assemblée clairsemée (Covid oblige) au siège marseillais de l’association nationale des anciens combattants de la Légion Etrangère, le général d’armée David Galtier, récemment élu vice-président de la métropole Aix-Marseille, a présenté son excellent ouvrage intitulé « Mon combat contre le crime » et surtout il a passionné ses auditeurs durant près de deux heures grâce à ses talents d’orateur.

Sa nouvelle carrière politique sera-t-elle couronnée, elle aussi, de succès ? Il est trop tôt pour le dire, mais le général semble d’ores et déjà affligé par le manque de moyens qui lui sont octroyés au regard de ceux qui étaient les siens dans la gendarmerie (il partage une demi-secrétaire avec un autre élu pour s’occuper des 92 communes de la métropole !)

Le général est revenu sur de nombreuses affaires, résolues ou pas, et il a clairement donné son opinion sur le meurtre en 1984 du petit Grégory, quatre ans. Cet assassinat a bel et bien été élucidé en son temps par les gendarmes grâce à l’audition de Muriel Bolle, la belle-sœur de Bernard Laroche, lequel fut abattu l’année suivante par le père du petit Grégory, Jean-Marie Villemin. Elle a naïvement confié aux gendarmes qu’elle est partie en voiture avec son fils Sébastien et Bernard Laroche et qu’elle a assisté en direct à l’enlèvement du petit garçon qui jouait devant son domicile : « Bernard est parti avec le petit vers la Vologne et il est revenu tout seul ».

Un témoignage accablant. Le bébé a-t-il été jeté dans la rivière ou bien a-t-il été étranglé au préalable, nul ne peut le dire car les traces ont été polluées et l’analyse ADN à l’époque n’avait pas cours. C’est la requête en suspicion légitime déposée contre les gendarmes ayant procédé à cette audition révélatrice pour « pressions et extorsion d’aveux » qui a tout fait capoter et empêché une rapide résolution du dossier. Comme d’habitude, c’est la « justice médiatique » qui a triomphé de la justice.

L’affaire Omar Raddad, ce jardinier marocain qui dilapidait son argent au jeu et avec des prostituées, a elle aussi été parasitée par les médias qui ont contribué à « fabriquer un innocent » de toutes pièces. Car, une nouvelle fois, les gendarmes saisis de l’affaire ont eu rapidement la conviction pleine et entière que Omar Raddad était bien l’assassin de sa patronne Ghislaine Marchal dans le sous-sol de sa villa de Mougins. Mobile : Raddad lui réclamait en vain toujours plus d’argent pour assouvir ses vices et Mme Marchal refusait de lui en donner.

Alors il l’a tuée dans sa cave à coups de chevrons sur la tête alors qu’elle était descendue régler son dispositif de piscine. Mais comme elle n’est pas morte tout de suite, elle a eu le temps d’écrire à l’aide de son propre sang le fameux message : « Omar m’a tuer » (avec un « r ») sur le mur puis un autre sur la porte, après avoir pris l’ultime soin de se barricader, « Omar m’a t… » La malheureuse s’est éteinte avant d’achever d’écrire avec son index droit ensanglanté le nom de son tortionnaire.

On connait la suite : un académicien (Rouart) qui se prend pour Emile Zola et veut rejouer l’affaire Dreyfus, un avocat gauchiste (Vergès) en mal de sensations fortes et la quasi-totalité des médias mobilisent tous leurs appuis pour faire de Raddad un innocent aux mains sales. Et ils gagnent ! Car dans l’esprit des Français moyens, c’était bel et bien une erreur judiciaire, le jardinier était un coupable idéal, un gendre parfait, bref un type bien…

J’ai été moi-même contacté directement à Marseille par Jean-Marie Rouart du Figaro qui souhaitait influencer mon jugement sur l’affaire et comme je ne l’ai pas écouté, il a fait pression sur ma hiérarchie pour me décharger de l’affaire et il a réussi ! Prisonnier des obligations de la France envers l’Afrique et de son amitié indéfectible avec le roi Hassan II du Maroc, le président Chirac a gracié quelques années plus tard l’assassin pourtant dûment condamné par la justice française pour cet horrible assassinat. Ces « procès en dehors du procès » contribuent, hélas, à discréditer durablement la justice française.

Dans ces deux affaires hyper-médiatisées, les gendarmes ont été éreintés par des journalistes et des avocats partiaux ou obnubilés par leur idéologie. Je pense qu’il serait temps de légiférer en France pour contraindre les médias à respecter leur mission de vérité et de neutralité en engageant, s’il le faut, leur responsabilité pénale. Mais le général David Galtier n’est pas de cet avis car, souligne-t-il, la liberté d’expression est un principe sacré de notre république.

Le laxisme scandaleux de la justice

Le général Galtier a également évoqué plusieurs affaires qui se sont soldées par un fiasco judiciaire en raison du laxisme scandaleux des juges. Par exemple, les gendarmes ont la certitude absolue que Willy Bardon a bien pris part en 2002 à la séquestration et au viol d’une jeune banquière de 24 ans près d’Amiens, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et…il a été libéré quelques mois plus tard par la chambre de l’instruction à la faveur d’arguties juridiques !

Autre exemple éloquent : l’incroyable verdict de la cour d’assises de Paris chargée de juger les preneurs d’otages somaliens du « Ponant » en avril 2008 : non seulement deux des accusés ont été acquittés, mais ils ont obtenu 90 000 euros d’indemnités pour « détention abusive » ainsi qu’un titre de séjour. Explication : les droits individuels, les délais de rétention et la législation internationale priment dans cette affaire sur la souffrance des victimes…

Dans certaines affaires sexuelles pouvant toucher des personnalités, comme celle dite des « disparues de l’Yonne », la justice n’est pas exempte de tout reproche. Le général Galtier révèle dans son livre que deux carnets contenant la liste des adeptes de soirées très spéciales ont mystérieusement disparu du palais de justice d’Auxerre. Qui les a dérobés, avec quelles complicités et pourquoi ? Le général nous a laissés deviner la réponse. Il a indiqué qu’il n’était pas favorable à la castration chimique de ces violeurs récidivistes car la plupart du temps, selon lui, il s’agit d’impuissants.

De même, il révèle les étonnantes complicités de Paul Touvier, le milicien en cavale, qui était un « séducteur né », un beau parleur capable d’embobiner Jacques Brel, Pierre Fresnay et le ministre résistant Edmond Michelet, mais qui a fini par être arrêté grâce à l’action opiniâtre de la gendarmerie.

A la fin de son ouvrage, le général Galtier décrit les efforts désespérés du pilote de la Germanwings pour réintégrer le cockpit de l’A 320 reliant Barcelone à Dusseldorf où Andréas Lubitz, son copilote devenu fou furieux s’était enfermé pour précipiter l’appareil contre la montagne des Alpes avec 150 jeunes passagers à bord. Les précautions antiterroristes qui ont conduit à cadenasser le cockpit ont été abolies en France à la suite de cet accident dramatique.

Reste « la » question la plus délicate, posée avec tact et intelligence, par le commissaire divisionnaire Claude Dupont : celle des rapports parfois tendus entre les gendarmes et les policiers. Le général Galtier a admis que certaines luttes d’influences pouvaient nuire à l’efficacité du maintien de l’ordre et des enquêtes judiciaires mais ces frictions appartiennent au passé et la partition des forces de l’ordre entre militaires et policiers demeure une tradition française à laquelle on ne doit surtout pas déroger, même si elles sont placées aujourd’hui sous l’égide commune du ministère de l’Intérieur.

José D’Arrigo

Rédacteur en Chef du « Méridional »

Mon combat contre le crime, David Galtier, ed. Robert Laffont

Aix-en-Provence : la vérité sur l’affaire Joissains

Les médias socialistes, à force d’insinuations malveillantes, ont réussi à répandre à Aix-en-Provence une méchante rumeur suivant laquelle la mairesse de la ville, Maryse Joissains, aurait favorisé la promotion sociale de son chauffeur Omar Achouri au poste d’attaché territorial et pistonné Mme Sylvie Roche, ancienne responsable de la société protectrice des animaux, pour qu’elle soit recrutée en qualité de collaboratrice de cabinet chargée de la protection animale sur les 36 communes du pays d’Aix. Pour faire bonne mesure, certains ont suggéré à voix basse que Mme Joissains avait usé de son pouvoir discrétionnaire pour nommer M. Achouri à ce poste parce que c’était aussi son compagnon. Ces rumeurs sont croustillantes, alléchantes même pour une opposition de gauche désireuse de rendre Mme Joissains inéligible à défaut d’être capable de la battre. Mais elles présentent un petit inconvénient de taille : elles sont fausses !

Le processus de désignation de ces deux agents par Mme Joissains est parfaitement légal et légitime. A partir de là, on ne lui fait que de mauvais procès. L’arrêt de la cour d’appel de Montpellier daté du 28 mai 2019 et condamnant Mme Joissains à six mois de prison avec sursis et à une peine d’inéligibilité d’un an a été infirmé partiellement le 19 février 2020 par la cour de Cassation. Les juges suprêmes ont estimé en effet que l’inéligibilité requise contre la mairesse d’Aix n’était pas légale…puisque l’article de loi s’y rapportant date de 2017, soit quatre ans après la date de commission des faits incriminés. Or, on ne saurait condamner quelqu’un sur la base d’un article de loi qui n’existe pas au moment des faits.

Les premiers juges, ceux du tribunal correctionnel d’Aix, n’y étaient pas allés, eux non plus, avec le dos de la cuillère en condamnant Mme Joissains à un an de prison avec sursis et à dix ans d’inéligibilité (le maximum légal) pour « détournement de fonds publics » s’agissant de la nomination de Sylvie Roche et « prise illégale d’intérêts » s’agissant de M. Achouri. Deux incriminations qui ont fait pschitt au regard des faits et de la loi. Fin de chicane ? Que nenni !

Une justice instrumentalisée ?

Ce lundi 19 octobre, Maryse Joissains comparaîtra donc de nouveau devant la cour d’appel de Montpellier formée « dans une autre composition » que lors du premier procès. Cette nouvelle composition exigée par la cour de Cassation laisse supposer que les juges ayant délibéré le 28 mai 2019 n’étaient peut-être pas aussi impartiaux qu’ils auraient dû l’être…

Ce n’est pas la première fois, hélas, que les élus Joissains se heurtent à une justice instrumentalisée par leurs opposants politiques. Alain Joissains, ancien maire radical de la ville dans les années 80, s’était heurté de front lui aussi à Gaston Defferre, le puissant potentat socialiste, qui avait déchaîné contre lui toute une camarilla de juges et de procureurs attachés à sa perte. Alain Joissains a finalement été blanchi après dix ans de procédure et d’allégations calomnieuses.

De même, Maryse Joissains, maire d’Aix depuis près de vingt ans, réélue aux municipales de 2008 après sa première élection en 2001, avait été soupçonnée « d’irrégularités » par le Conseil d’Etat et son élection annulée dans la foulée. Sauf que cette décision avait été réformée par la cour européenne des droits de l’homme qui avait utilement fait observer que cinq des conseillers d’Etat s’étant prononcés contre Mme Joissains étaient d’anciens collaborateurs de ministres socialistes, proches connaissances du responsable du PS à Aix.

Il est vrai qu’à Aix, le « peuple » aixois nourrit une grande affection pour « Maryse », pour sa gestion rigoureuse après la ruineuse expérience socialiste, pour sa générosité et sa loyauté, tant et si bien qu’elle a reçu de nombreux prix nationaux pour l’excellence de son travail municipal et que les autorités de tutelle, préfecture et chambre régionale des comptes, n’ont jamais eu à lui faire le moindre reproche et lui ont accordé constamment leur quitus.

La cible d’une détestation plurielle

Alors ? Pourquoi cet acharnement à la discréditer ? A la mettre à terre ? Parce que Mme Joissains fait l’objet d’une détestation plurielle. D’abord celle d’un ancien directeur général des services de la communauté du pays d’Aix qui avait profité des deux mois d’absence de Mme Joissains suite à l’annulation des élections de 2008 pour se faire voter des avantages indus et manipuler à son profit une délégation de services publics au détriment du vice-président élu…

Naturellement, Mme Joissains s’est empressée dès son retour de licencier ce fonctionnaire indélicat qui en a conçu une telle amertume qu’il a souhaité se venger. Un autre directeur général des services a été limogé pour « incompétence notoire » en 2014 et cette double éviction est probablement à l’origine d’une lettre « anonyme » de dénonciation au parquet d’Aix pour un prétendu favoritisme alors même que le choix de ces deux fonctionnaires a été fait par la commission paritaire sur 168 agents susceptibles d’être promus.

En tout cas, Mme Joissains a été amenée, une nouvelle fois, à se défendre contre des infractions alléguées dont la gravité théorique était incontestable.

Ce que la plupart des Aixois ignorent, c’est la seconde source de détestation de Mme Joissains et qui émane de certains collaborateurs de François Hollande lui-même ! L’ancien président n’a jamais admis que la seule élue de France qui ait osé intenter un recours juridique contre la validité de son élection soit Maryse Joissains elle-même. Elle avait ironisé dans sa requête en lançant aux sages : « vous ne voudriez tout de même pas qu’on laissât la France dans d’aussi petits bras ! »

Mal lui en a pris. L’ancien président a poursuivi la mairesse de son animosité en intronisant pour la battre un avocat de renom spécialisé dans la négociation d’extensions de supermarchés au grand dam des élus en place. Là aussi, l’affaire a fait pschitt…

Comme, d’un autre côté, Mme Joissains n’avait pas de mots assez durs pour qualifier le « monstropole », c’est-à-dire la nouvelle métropole voulue par le pouvoir socialiste et défendue becs et ongles à Marseille par Jean-Claude Gaudin, elle s’est attirée les foudres de tout le système marseillais contre elle. La fille de Maryse, Sophie Joissains, en a elle-même fait les frais au Sénat où Gaudin a contribué à la dépouiller de toutes ses délégations : « Comment, lui a-t-il lancé, furibard, tu ne me soutiens pas contre ta mère ? »

Tous les ennuis judiciaires de la mairesse découlent de ces détestations assidues. Madame « Petits bras » a payé très cher sa liberté de parole et sa « grande gueule », mais cela ne l’empêche pas d’être largement en tête dans les quartiers populaires d’Aix où elle incarne la fibre ouvrière et la politique dans ce qu’elle a de plus noble : servir sans se servir, ni système ni extrêmes.

Les 3850 écoutes téléphoniques diligentées à l’encontre de M. Achouri par un capitaine de police, aujourd’hui magistrat de haut rang à La Rochelle (!), les lettres anonymes, le « chantier » politicard, les enfillonages de juges aux ordres, rien ni personne n’est venu à bout de cette « catholico-coco », fille de militants communistes toulonnais, employée de la sécurité sociale à seize ans, devenue pasionaria de la cause populaire aixoise.

« Maryse n’a jamais triché de sa vie et la condamner à une peine infâmante serait une ignominie, confie son ex-mari Alain Joissains, mais j’ai une confiance totale en ses avocats, les talentueux Michel Pezet et Mario-Pierre Stasi, pour obtenir enfin sa dispense de peine méritée ! »

José D’Arrigo

Rédacteur en Chef du Méridional

Fermeture des bars et restaurants : L’interview de Frédéric Jeanjean, SG de l’UMIH 13

Frédéric Jeanjean, Secrétaire général de l’UMIH 13 et patron de la Brasserie les Templiers à Marseille, réagit à la fermeture totale des bars et restaurants de Marseille et Aix-en-Provence, mesure prise par le Ministre de la Santé, Olivier Véran, dans le cadre de la lutte contre le COVID 19.

De la Soupe au Pistou

Une cuillère de soupe au pistou, c’est un concentré d’histoire de la mondialisation.

Effectivement, les origines des ingrédients marquent les 4 points cardinaux : des haricots et de la tomate, ces Américains arrivés en même temps que la pomme de terre, l’ail, ce Chinois, et le basilic qui est arrivé des Tropiques du Sud-Est Asiatique en passant par l’Egypte, l’huile d’olive de la Méditerranée, l’Edam hollandais demi-étuvé, et les pâtes qui comme la recette proviennent d’Italie.

C’est à la base un minestrone, qui apparaît sur les tables provençales grâce à l’action conjuguée de Napoléon et des Autrichiens. Les braves Italiens, qui en avaient assez de vivre dans un champ de bataille, décidèrent d’émigrer dans le courant du XIXème.

Il faut attendre la fin du siècle pour que la recette apparaisse dans les livres de cuisine.

A Marseille, il est de coutume de préparer la pommade avec de l’Edam étuvé. Ce fromage, si pratique pour les marins, car la cire protège naturellement la pâte, tient sa couleur des négociants bordelais. Ceux-ci allaient vendre leur vin aux Bataves, et pour ne pas revenir à vide, transportaient les boules dans les foudres de vin où restait du moût qui colorait la cire. Arrive Louis XIV, ce chantre du consommer Français avant Montebourg, qui par un édit, décida que ce fromage produit en France serait recouvert de cire rouge vif.

Ailleurs, (dans les terres) on y met du fromage râpé ou du parmesan (plus près de l’Italie).

Ce qui est remarquable dans cette mondialisation, c’est qu’elle a mis du temps à nous proposer un plaisir à partager, et qu’elle ne s’est pas imposée. Et de ce fait, elle s’est imposée dans nos traditions comme un vecteur essentiel de notre identité culturelle régionale.

Frédéric JEANJEAN

Gérant de la Brasserie les Templiers

27 Rue Reine Elisabeth, 13001 Marseille