mardi 22 avril 2025
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Restauration de l’Hôtel de la Mer : à la recherche de l’âme du Rayol

Hôtel de la Mer © Domaine du Rayol

Sur la corniche des Maures, en face des îles d’Hyères, s’étend un coin de paradis connu sous le nom de Jardin des Méditerranées. Au sein du Domaine du Rayol (Canadel-sur-Mer), ce lieu dessiné par le prestigieux jardinier-paysagiste Gilles Clément abrite des milliers de plantes. Une histoire qui ne date pas d’aujourd’hui, puisque le domaine a… mais voyons cela plus bas. Après plusieurs décennies d’incertitude, l’Hôtel de la Mer, hôtel particulier construit au début du XXème siècle, situé à l’entrée du domaine, a reçu son calendrier de restauration. La participation des amoureux du domaine est bien nécessaire. Nous avons pu échanger à ce sujet avec Sophie Séjalon, déléguée adjointe du Conservatoire du littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur, chargée du dossier de la restauration de l’Hôtel de la Mer.

Le Domaine du Rayol a été acquis en 1989 par le Conservatoire du littoral, qui achète du foncier pour le protéger. Il s’étend sur 20 ha de la corniche des Maures, dont 7 ha aménagés sous la conduite du paysagiste Gilles Clément donc, en « Jardin des paysages méditerranéens du monde ». Ce lieu labellisé « Jardin remarquable », géré par l’Association du Domaine du Rayol, est devenu l’un des premiers sites touristiques du Var, recevant tout de même 80 000 visiteurs par an. Ces derniers se régalent de belles promenades et en apprennent un peu plus sur le monde des plantes, tout en étant sensibilisés aux questions d’écologie et d’environnement autour des thèmes des jardins, des enjeux littoraux, de l’évolution du patrimoine naturel et des paysages, des flores méditerranéennes etc.

© Domaine du Rayol

Il y a cent ans, un jardin en germe

Au sein du domaine, plusieurs bâtiments, parmi lesquels la Ferme, le Bastidon (fermé au public), l’Hôtel de la Mer, la pergola, la villa Le Rayolet, la Maison de la Plage. Le jardin actuel ne s’est pas développé par hasard. En 1910, le premier propriétaire, Alfred Courmes, achète ce qui va devenir le domaine du Rayol. « C’était un homme passionné de jardinage et qui voyageait énormément, raconte Sophie Séjalon, qui connaît l’histoire du domaine sur le bout des doigts. Lors de ses pérégrinations commerciales, notamment pour le café, il rapportait toutes sortes de plantes. » C’est lui qui fait construire la ferme ainsi que sa demeure principale, achevée en 1920.

En 1925, les Courmes vendent la demeure principale qu’ils trouvent trop grande et qui devient « l’Hôtel de la mer » et vont s’installer à la villa Le Rayolet, à l’autre bout du jardin. En 1940, madame Courmes revend la propriété à l’avionneur Henri Potez. Sous l’Occupation, celui-ci s’y réfugie, rejoignant la zone libre. Les hostilités terminées, le Domaine du Rayol redevient une résidence d’été mais, faute d’entretien, à la fin des années soixante il est à l’abandon. Échappant à de nombreux projets immobiliers, la propriété est donc achetée en 1989 par le Conservatoire du littoral, qui propose au paysagiste Gilles Clément de réinventer les jardins.

© Domaine du Rayol

Le Rayolet chouchou, aux dépens de l’Hôtel de la Mer

L’Hôtel de la Mer a souffert d’un certain désintérêt par rapport au Rayolet ; ce dernier, rare témoin de l’architecture des années 40, est classé aux Monuments historiques. L’Hôtel de la Mer (dessiné par l’architecte Guillaume Tronchet, architecte en chef du gouvernement), bien que représentatif de l’architecture balnéaire d’inspiration classique, fait partie de l’ensemble des belles demeures très présentes sur cette côte.

Pourtant, c’est lui qui accueille les visiteurs à l’entrée du domaine. En 30 ans, plus de 1,5 million de visiteurs ont fréquenté ce bâtiment. « L’hôtel possède 1 200m2 de plancher, détaille Sophie Séjalon, ce qui n’est pas rien ! » Si sa structure n’est pas directement menacée, il souffre sans aucun doute de son aspect dégradé, qui surprend beaucoup les visiteurs et dénote fortement avec le reste du site qui fait l’objet d’un entretien et d’un soin minutieux.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour décider une restauration ? De fait, les restaurations extérieures ont été envisagées dès les années 2 000 mais comme souvent, l’argent a manqué pour envisager un début de travaux complets. L’Hôtel de la Mer a candidaté au plan de relance, et la remise en état va enfin pouvoir commencer ! Avec une précision : le budget total est de 1,5 million : il reste à mobiliser 240 000 euros ; les financements des particuliers et des entreprises restent donc vraiment nécessaires.

© Domaine du Rayol

Le calendrier et le type de travaux

La restauration de l’Hôtel de la Mer va pouvoir être engagée dès le printemps 2022. Elle concerne l’ensemble de la structure du corps de bâtiments qui présente de nombreuses fissures, des menuiseries en très mauvais état ainsi que d’importantes dégradations visibles sur la totalité des façades. Tout un ensemble de fresques et de bas-reliefs est aussi à restaurer. « Je pense notamment à une magnifique frise grecque, qu’on ne doit pas laisser se détériorer », insiste la déléguée adjointe.

Et si l’on sent l’attention extrême que Sophie Séjalon porte au dossier, ce n’est pas seulement en raison de « l’effet vitrine » pour les visiteurs. « Nous voulons remettre en valeur les époques qu’a connu le bâtiment, expliquer comment il s’est modifié au fil des décennies. » Le lendemain de notre entretien, elle ira choisir la couleur de la façade en compagnie du maître d’œuvre. Et puis ses passages resteront hebdomadaires, dans les prochains mois. L’Hôtel de la Mer est bien, à mon avis, en train de retrouver son âme.

Jeanne RIVIERE

Domaine du Rayol – Le Jardin des Méditerranées / Avenue Jacques Chirac / 83820 Rayol-Canadel-sur-Mer

Les informations sur le Domaine du Rayol sont à retrouver en ligne. Les dons pour la restauration de l’Hôtel de la Mer sont défiscalisables à hauteur de 66% pour les particuliers, 60% pour les entreprises.

Allez les Bleus

© EDF / Twitter

L’équipe de France s’est qualifiée aux dépens de la Belgique. Elle jouera donc sa finale ce dimanche à 20h45 face à l’Espagne, au stade de San Siro.

Les deux sélections se connaissent parfaitement. Certains de nos joueurs évoluent en Ligua, et non des moindres, comme Antoine Griezmann et Karim Benzema. Ce sera certainement une plus-value, car nos joueurs sont habitués au jeu de possession de la Roja. Ils porront, à la récupération du ballon, profiter du déséquilibre momentané des Espagnols pour les prendre de vitesse avec Kilian MBappé. Lors de la demi-finale, celui-ci nous a régalés de quelques fulgurances.

Nous ne sommes pas en reste en terme de possession du ballon : les 20 dernières minutes contre la Belgique ont été d’un bon niveau, avec la qualité de passe de Paul Pogba qui devrait être associé à Aurélien Tchouaméni.

Pour autant, il faut rester mesuré. Il s’en est fallu de très peu – quelques centimètres – pour que la demi-finale bascule dans l’autre sens.

L’histoire a démontré que l’Espagne a souvent réussi à l’équipe de France, qui a les atouts pour gagner la ligue des Nations.

Pronostic : 2 à 1 pour la France

Fabrice HUART

Portrait de champion : Dimitri Masson, « le turbulent » devenu champion du monde de boxe thaï

Le champion Dimitri Masson, à droite sur la photo. Au milieu, Yohann Drai. © Le Méridional

Qui commence ? « Vas-y, toi. – Non, toi d’abord ». Nos champions ­­– ils sont deux ce jour-là – se disputent un peu pour savoir qui parlera de lui… en dernier. Dimitri Masson et Yohann Drai sont « comme des frères ». L’un a 36 ans, l’autre 30. Ce qui les rassemble : la boxe, la boxe thaï. Aujourd’hui, ils ont créé un club à Marseille, Origine Martial Arts. Tous les deux connaissent un parcours de vie différent, mais c’est bien là qu’ils se rejoignent : dans ce qui est à la fois une passion et un effort quotidien. Comment les champions en sont-ils arrivés là aujourd’hui ? « J’avais un rêve, j’ai voulu le réaliser, je m’en suis donné les moyens », résume sobrement Dimitri Masson. Alors c’est lui qui prend finalement la parole.

« J’étais un jeune, disons… « turbulent », commence Dimitri. J’ai commencé la boxe à 22 ans, assez tard donc. » Venu plus ou moins par hasard dans un club de quartier de sa ville de naissance, Limoges, pour se mesurer à un adversaire coriace, il est très vite accroché. Mène son premier « assaut » (combat). Rencontre Wilfried Martin, boxeur déjà professionnel ; Dimitri devient son « sparring-partner », le pugiliste qui participe à l’entraînement d’un boxeur avant un combat.

Coup de cœur pour l’eldorado

A 23 ans, il part rejoindre un de ses entraîneurs en Thaïlande, l’eldorado de la boxe. « Nos vacances étaient décalées, j’ai dû me débrouiller tout seul pendant plusieurs jours, raconte le boxeur. Je ne parlais pas un mot de thaï, évidemment. La seule langue commune, c’étaient les poings. » Là-bas, il vit dans un « camp » où se rassemblent les boxeurs pour s’entraîner et combattre au quotidien. « La porte de ma chambre donnait sur le ring » : un tableau facile à imaginer.

Les vacances laissées par son travail en France dans un grand magasin de bricolage ne suffisent plus : à 25 ans, Dimitri Masson « choisit son camp » ; il sera l’un de ces électrons libres européens fascinés par la vie asiatique et sa culture de la boxe, en l’occurrence. Une vie qui était, et qui reste pour l’instant, impossible à vivre en Europe. « En France, tu ne peux pas vivre de la boxe. Il n’y a pas de statut de sportif de haut niveau », relève le boxeur avec de l’amertume dans la voix.

Quand il quitte son pays natal, Dimitri emporte dans ses bagages une cinquantaine de combats à son actif en France. Ce qui ne lui ouvre pas pour autant d’emblée le monde thaï. « Aujourd’hui, il est plus facile de s’intégrer. Il y a dix ans, j’ai vraiment dû faire mes preuves. La boxe thaï professionnelle, c’est là-bas, pas ici », souligne-t-il. Il rencontre le triple champion du monde Stéphane Nikiena, emporte trois victoires en trois combats.

Les ceintures de champion, au club. © LM

Un match nul avec un grand champion lui gagne le respect et le fait remarquer de grandes organisations. Il roule sa bosse et commence à se faire connaître. Boxer partout, à temps et à contretemps, dès que possible : « Passer une nuit dans la rue avant un combat, oui, ça m’est arrivé », dit-il avec un regard neutre. Un détail qui en dit long sur le monde de là-bas, si éloigné de la vie européenne bien rangée et confortable. Une vie pour ceux que hantent les combats toujours plus spectaculaires.

Une notoriété grandissante

Un épisode clé dans sa vie de boxeur se joue en 2013, lorsqu’il participe à une téléréalité autour de la boxe thaï (Thaï Fight). 32 boxeurs vivent ensemble dans un grand complexe hôtelier, passent des épreuves et combattent tous les 15 jours. Dimitri Masson sera battu en quarts de finale seulement. Plus tard, il affrontera la star mondiale Sudsakorn Sor Klimee : il perd face à son adversaire, mais gagne énormément en notoriété.

Une blessure au tibia l’oblige à se faire opérer en Thaïlande, mais le résultat n’est pas satisfaisant : un retour en France est donc bienvenu. Aussitôt réparé, il retourne à l’autre bout du monde, boxe dans son pays d’adoption, mais aussi en Chine, au Cambodge, en Birmanie. Il se souvient d’un combat dans ce dernier pays : « L’embargo venait d’être levé. C’était une ambiance très particulière. Une fois, je me suis retrouvé à boxer pour un moine qui était partisan d’exterminer les musulmans sur le territoire. Il arrivait qu’on soit obligé de combattre sans gants, avec des cordes autour des mains seulement. Et on le découvrait sur le ring. » En Chine notamment, il combat des stars de la discipline. Passe par Lumpinee, « La Mecque de la boxe thaï », un stade de boxe de Bangkok de renom. Quelques allers-retours entre l’Asie et l’Europe ne lui font pas oublier sa vie de « là-bas ». Un monde parallèle et grisant.

Le prix des efforts

Même si – on le comprend à l’écouter – Dimitri Masson n’est pas en quête des honneurs, il reçoit le juste prix de ses efforts. En 2015, le jour de l’anniversaire de la reine de Thaïlande, on lui remet sa première ceinture mondiale WPMF (World Professional Myaithai Federation) en 75 kg. Deux ans plus tard (après avoir dû se remettre d’une blessure au genou), il reçoit sa deuxième ceinture mondiale WMO en 79 kg (Worl Muay Thaï Organization), pour l’anniversaire du prince cette fois. De fait, il rejoint par là les plus grands de la boxe thaïlandaise.

Repéré par le célèbre camp thaïlandais Fairtex dans la ville de Pattaya, il y devient entraîneur. « Le Real Madrid de la boxe… », précise celui qui essaie de nous livrer des comparaisons compréhensibles à nos yeux d’Européens. Il est le seul entraîneur étranger du camp. Dimitri crée un programme d’entraînement (travail délicat). Après deux années passées au Fairtex, il part pour la Malaisie, entraîneur en chef de MMA.

Juste avant le covid, Dimitri devait boxer à nouveau au Cambodge, lors du ONE FC. Le ONE est la plus grosse organisation de sport de combat d’Asie, l’équivalent de l’Ultimate Fighting Championship aux Etats-Unis. L’événement, pour la première fois de son histoire, est annulé. Le retour en France s’impose. Mais l’aventure ne s’arrête pas là.

L’aventure marseillaise

Yohann Drai, notre autre champion, est, lui, un enfant de Marseille. Dimitri l’a rencontré lorsqu’ils se sont retrouvés dans le même camp. Ils se sont entraînés ensemble et ont noué des liens d’amitié très forts. Quand Yohann lui propose de le rejoindre à Marseille pour ouvrir un club de boxe (le fameux Origine Martial Arts, évoqué plus haut), il accepte. Il ne le cache pas : « Ça a été dur de rentrer en France, de se réhabituer à la culture. Et puis ici, sans être dans un grand club, c’est rare de pouvoir boxer au niveau professionnel, c’est pour ça que les gens comme nous s’expatrient. » Mais il ajoute avec un demi-sourire, et on en est fier : « Franchement, si je n’avais pas débarqué à Marseille, je n’aurais pas tenu. L’ambiance d’accueil m’a plu et je me sens bien dans la ville. »

Comment a-t-il pu, physiquement et mentalement, relever autant de défis durant toutes ces années ? lui demande-t-on, en s’excusant presque de l’interrompre dans ses pensées lorsqu’il se tait, manifestement songeur. « La boxe, c’est beaucoup de sacrifices pour peu de reconnaissance. Si tu n’es pas passionné, c’est très dur. Tu n’imagines pas le travail à mener pour un seul combat », conclut-il, en nous regardant droit dans les yeux. Et il y a tout ce qu’il garde pour lui, tout ce qu’il n’a pas eu le temps de nous décrire, alors imaginez un peu… Sa vie, on aimerait en faire un livre.

Bientôt, le portrait de Yohann Drai, notre Marseillais.

Thomas MOREAU

Le Pays d’Aubagne inaugure de nouveaux parcours en pleine nature

© Office de Tourisme Aubagne

Le territoire du Pays d’Aubagne et de l’Etoile est une destination déjà très prisée par les marcheurs, et les sportifs en général. L’Office de Tourisme a décidé de travailler à structurer cet accueil, en s’associant au groupe Rossignol (spécialiste de la fabrication de matériel sportif).

L’ambition est simple : devenir le nouveau camp de base de la pratique de plein air en Région Sud. Pour le début de cette aventure, une cinquantaine d’itinéraires d’activités outdoor (trail, marche nordique, vélo & randonnée) ont été créés. Les premières Stations de Trail® et Nordik Walk® Provence Méditerranée, ainsi qu’un Espace R-Bikes® ont ainsi été inaugurés début octobre. 45 parcours sont d’ores et déjà disponibles sur les applications développées par Rossignol Outdoor Experiences.

Il faut dire que le coin offre un « terrain de jeu » particulièrement exceptionnel, entre garrigues et forêt, avec de superbes points de vue sur la mer Méditerranée.

Au départ des collines de l’Étoile, du Garlaban ou de la Sainte-Baume, une douzaine de parcours de Trail sont accessibles toute l’année.

© Office de Tourisme Aubagne

En marche nordique, trois points de départ répartis sur deux massifs proposent des environnements différents : le Garlaban et ses sentiers chers à Marcel Pagnol, avec la vue sur la Méditerranée, et le massif de la Sainte-Baume avec ses itinéraires dans la forêt.

À vélo, les sportifs se lancent dans la garrigue, avec une succession de bosses et de petits cols. Au programme, onze itinéraires sur trois massifs : le Garlaban, la Sainte-Baume et la Sainte-Victoire.

Pour Pascal Coudurier, directeur de l’Office de Tourisme Intercommunal du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, il s’agit d’attirer un public hors des saisons très fréquentées, et d’encourager un tourisme vert attractif :  « Nous voulons booster la fréquentation hors période estivale, répartir les flux dans l’année, attirer une clientèle sensible à la nature et sa préservation… », explique-t-il. « La mise en place de ces « traces » est un incontestable vecteur de développement touristique qui correspond à la fois aux aspirations des voyageurs et aux questions de préservation des espaces fragiles qui nous animent. »

L’expertise du groupe Rossignol est utile pour la mise en œuvre et la valorisation des itinéraires ; « C’est un bel exemple de partenariat public/privé », souligne d’ailleurs le directeur de l’Office de Tourisme. Et de conclure : « Nous sommes heureux de rejoindre cette communauté́ qui regroupe de belles destinations « nature » telles que Les Saisies ou le Morbihan. » Le Pays d’Aubagne entre en scène.

J.R

Le balisage sur le terrain est en cours mais les traces sont d’ores et déjà disponibles sur les outils numériques. Les parcours sont à retrouver sur des applications de guidage dédiées à chaque activité, ainsi que sur le site de Rossignol et sur le site d’Aubagne Tourisme.

Un dernier adieu très émouvant à Bernard Tapie

© J D'A

A Marseille, dans des circonstances extraordinaires,  certaines vibrations mystérieuses font parfois trembler les murs de la ville, comme si des fils invisibles reliaient soudain les habitants entre eux. Ces petits séismes spirituels entraînent la population dans le délire d’une cause commune. Tel fut le cas le 26 mai 1993 avant même le coup de tête victorieux de Basile Boli contre le grand Milan. Ce jour-là, croyez-moi, à seize heures, j’ai touché les murs de la Canebière et j’ai senti un fluide puissant gagner de proche en proche tous les quartiers de la ville. Tout Marseille frissonnait, tout Marseille savait, tout Marseille avait déjà la tête dans les étoiles…

C’est un peu la même sensation que j’ai éprouvée ce matin dans la cathédrale de la Major où une foule impressionnante de Marseillais, natifs ou d’adoption, ont communié avec ferveur lors de la messe concélébrée par Mgr Jean-Marc Aveline, Mgr Jean-Pierre Ellul et le vicaire général Pierre Brunet, responsable de la basilique. Dans ces moments là, Marseille devient une ville bénie des dieux qui fait rêver le monde parce qu’elle se transforme en modèle universel d’humanité.

Un déluge de bouquets de roses blanches emplissait le chœur de la basilique. Le cercueil est arrivé dans la travée centrale et ce fut un tonnerre spontané d’applaudissements à l’intérieur et à l’extérieur de la nef. Explication immédiate de Renaud Muselier, le premier à prendre la parole, ami de longue date de Bernard Tapie : « Quand on voit l’émotion qu’a suscitée l’annonce de ta disparition, on comprend mieux la force de l’empreinte que tu laisses partout dans le pays. Et même si chacun d’entre nous essayait de se préparer à la terrible nouvelle, nous n’y avons jamais vraiment cru. Parce que tu te relevais toujours, inlassablement, parce que tu semblais invincible, comme la vie elle-même ! »

Une énergie phénoménale

« Depuis 2017, a ajouté le président du conseil de  la région Provence, tu te bats contre le cancer avec une énergie phénoménale, tu l’as repoussé, tu l’as fait reculer, tu nous a toujours donné le sentiment que tout était possible et même devant l’inéluctable, on pensait qu’une fois de plus tu y arriverais. Tu entres aujourd’hui dans le panthéon du cœur des Marseillais. En passant d’une vie terrestre à une vie céleste, tu rejoins les personnalités qui  ont été inhumées ici parce qu’elles ont aimé et servi Marseille : Jacques Saadé, Gaston Defferre, Mgr Bernard Panafieu. Comme eux, tu as fait briller Marseille par les hauts faits des Marseillais… »

Et Renaud Muselier de rappeler les entreprises audacieuses de « Nanar », du « Boss » du « Phénix », tour à tour cycliste, voileux, footeux, ministre, député,  l’homme qui risque sa mise tout le temps par besoin viscéral de se mettre en danger. « Bernard, tu disais souvent : ne cherchez pas à tout prix à réussir dans la vie, battez-vous pour réussir votre vie. Eh bien mon ami, tu as réussi la tienne et tu peux partir la tête haute ! »

Le second à saluer la mémoire de Bernard Tapie, fut l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, ancien avocat de Bernard Tapie : « Bernard, tu es rentré chez toi, le gladiateur se repose enfin. Le chagrin partagé est tel ici autour de toi que je suis sûr que tu en ressens l’intensité. De tous tes exploits, le plus grand, le plus fort, c’est celui d’avoir mis Marseille sur le toit du monde. » M. Borloo, visiblement très ému, rappelle le combat titanesque de Tapie contre le cancer, son refus des antidouleurs, ses expérimentations médicales et « pendant que tu te battais comme un lion les battements de cœur des Marseillais  t’accompagnaient ».

« Ton carburant, conclut Borloo, c’était l’amour, la passion, l’enthousiasme, ton charisme était inspiré par la grâce divine, c’était la devise de l’OM « droit au but », tu étais le reflet de Marseille, ville éruptive, généreuse, rebelle, tendre, Bernard tu fus un bras d’honneur à toutes les hypocrisies. Tu as été un homme mon frère ».

Benoît Payan, maire de Marseille, et Samia Ghali, adjointe au maire, se sont ensuite exprimés pour saluer « cet homme aux mille vies ».

Les enfants et petits-enfants de Tapie ainsi que son médecin personnel ont également dit leur infinie tristesse et le courage exceptionnel de cet homme face à la maladie, avant que Mgr Jean-Marc Aveline ne prononce une homélie d’une sobriété  magistrale et d’un tact absolu :

« C’est donc à Marseille sa ville de cœur que Bernard Tapie a souhaité reposer après les  multiples combats qu’il a livrés tout au long de sa vie, a-t-il déclaré, et s’il a choisi Marseille, c’est parce qu’il aimait profondément cette ville. Et Marseille le lui rend bien : il aimait cette ville parce qu’elle lui ressemblait : populaire et libre, fière et rebelle, tendre et violente à la fois, accueillante à tous ceux que la vie a meurtris, exubérante, certes, mais pour mieux cacher sa pudeur. »

« Une secrète et fidèle complicité »

« Entre Marseille et lui s’est tissée une secrète et fidèle complicité qui éclate au grand jour depuis l’annonce de son décès. On pourrait dire de Marseille ce que Bernanos disait de la France : « Nous sommes un peuple que le malheur n’endurcit pas, nous ne sommes jamais plus humains que dans le malheur. Voilà le secret de la faiblesse inflexible qui nous fait survivre à tout ». Alors le peuple de Marseille est là, présent et recueilli, triste et fier à la fois ».

« Bernard Tapie n’était pas un saint, loin de là ! estime Mgr Aveline. A l’aune de ses fortunes diverses et de ses incontestables talents, dévoré d’un insatiable appétit de vie, il a tutoyé aussi bien les sommets que les abîmes, les salons du pouvoir que les cellules des prisons. Sa vie, a poursuivi Mgr Jean-Marc Aveline, ne peut se résumer à un simple trait de plume. Elle échappe aux étiquettes qui classent et qui condamnent. Pour lui comme pour nous la mise en garde du Seigneur s’avère des plus précieuses : « ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, pardonnez et vous serez pardonnés ».

« Derrière tous les masques et les théâtres de ce qu’on appelle « la réussite », derrière les vanités de la gloriole humaine et des honneurs éphémères, il y eut les épreuves et surtout la dernière, celle de la maladie. Le courage dont Bernard Tapie a fait preuve pour regarder la mort en face et continuer de croire en la vie a révélé l’homme de foi qu’il a toujours été. Il était né dans le « tiroir d’en bas » et avait voulu monter plus haut. Tout à la fin de sa vie, il a demandé pardon pour le mal qu’il avait commis et le bien qu’il aurait pu faire mais qu’il n’avait pas fait. »

« Ici à Marseille on sait que la force d’une équipe ne vient pas des milliards qu’on y injecte mais du peuple qui aime jouer au ballon et pousse son équipe vers la victoire. Prions pour le repos de l’âme de Bernard Tapie. « Mon premier geste en me levant le matin est de me mettre à genoux et de prier », confiait-il. La foi est un secret intime. Son désir d’en parler n’était pas une impudeur médiatique. Il traduisait simplement sa certitude que l’amour est éternel et que même la mort ne peut rien contre lui ».

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional

La start-up qui promet : GoTattoo, l’application qui relie efficacement tatoueurs et clients

© Pxb

GoTattoo, qu’est-ce que c’est ? Une application qui vise à mettre en relation des tatoueurs et des clients en fonction de leur univers artistique et de leur géolocalisation. Cette plateforme propose un service personnalisé en fonction du projet de chacun avec la possibilité de prendre rendez-vous en ligne. Imaginée par Noémie Bertosio, la start-up s’est officiellement lancée le 28 septembre dernier. Sa fondatrice nous en parle.

Les chiffres sont parlants : en France aujourd’hui, plus d’une personne sur cinq est tatouée, soit plus de 13 millions de Français. Un Français sur deux considère le tatouage comme un art. Les jeunes de moins de 35 ans sont ceux qui se font le plus tatouer (29% des Français). L’augmentation du nombre de participants lors de grandes manifestations témoigne également de l’attractivité de ce marché : le Mondial du Tatouage à Paris comptait 15 000 visiteurs en 2013… et  plus de 32 000 visiteurs en 2018. Dans ce paysage, Noémie Bertosio a fait un constat : du côté des clients comme de celui des tatoueurs, une même quête ; de fait, les clients ne savent pas comment trouver un tatoueur qui leur corresponde, proche de chez eux. De leur côté, les tatoueurs ne peuvent s’appuyer sur aucun outil professionnel fiable.

© GoTattoo

Celle qui empoché son master en marketing à Kedge-Business School a imaginé transformer l’une de ses passions, l’univers du tatouage, en projet concret. Noémie Bertosio intègre la formation du pôle Pépite Provence avec cette idée en tête. La formation pour étudiants-entrepreneurs lui apporte beaucoup, grâce à un équilibre entre apprentissage théorique et apprentissage pratique. Entre les cours (chaque mois), les conseils pouvaient être testés et mis en pratique. Durant deux ans, Noémie Bestosio travaille sur le projet et cherche les premiers financements. « Il serait faux de dire que ça n’a pas été difficile ; mais une simple idée ne suffit pas, il faut de l’effort et beaucoup de travail pour la réaliser », nous avoue la fondatrice de GoTattoo, fière d’en être arrivée là aujourd’hui.

Ce qui lui a donné l’impulsion décisive a été ses discussions avec l’artiste-tatoueuse mondialement connue Zihwa (qui lui a confié recevoir plus de 500 mails toutes les cinq minutes…) De là est née l’idée d’une plateforme de mise en relation et d’un outil professionnel adapté au métier de tatoueur, après un voyage jusqu’en Corée du Sud et une longue discussion avec Zihwa sur les difficultés organisationnelles de ce métier.

© GoTattoo

Et puis, ce qui donne une cohérence particulière à son projet, c’est qu’il rejoint son goût pour l’art. « Le tatouage est un art, particulier : car il habille le corps, ce qui est quand même assez incroyable », souligne Noémie Bertosio. Autre point, prosaïque mais réel, qu’elle n’hésite pas à mettre en lumière : « C’est aussi un des rares arts qui permet à des personnes de vivre de leur passion. »

GoTattoo propose donc de trouver facilement son tatoueur selon son univers artistique et grâce à la géolocalisation. L’utilisateur peut voir les réalisations en un coup d’œil à travers la galerie Instagram de l’artiste, mais aussi son style, sa localisation et ses avis clients. Il peut également discuter de son projet avec lui en remplissant un formulaire, puis prendre rendez-vous en choisissant une disponibilité et en payant l’acompte en ligne. Les tatoueurs ont leur propre application GoTattoo, professionnelle, disponible sur smartphone et tablette : ils gèrent leurs réservations, notamment à travers une messagerie organisée et un agenda.

Noémie Bertosio © GoTattoo

La plateforme GoTattoo s’est construite en collaboration avec des tatoueurs de la Région Sud, pour une phase de tests et pour prendre en compte leurs attentes. Plus d’une centaine ont pu essayer GoTattoo en avant-première. Le projet a été accompagné par Pépite Provence et la Business Nursery.

Le projet a remporté plusieurs prix entrepreneuriaux : le Golden Trophy, Be A Boss Sud, Prix Pépite (régional et national), Phare de l’Entrepreneuriat. L’application est disponible sur l’Apple Store et Google Play. Geste important en ce lancement : la totalité des fonds perçus au mois d’octobre sera reversée à des associations de lutte contre le cancer. Un beau geste, et un beau départ !

Raphaëlle RIVIERE

Un nouveau parc à chiens dans le 9ème arrondissement de Marseille

© Pxb

Un nouveau parc à chiens a été inauguré dans le 9ème arrondissement de Marseille, au 361 boulevard du Redon.

Le terrain, clos et ombragé, d’environ 1 000 m2, est mis à disposition des maîtres et de leurs chiens.

Les chiens pourront se dépenser et profiter d’un parcours éducatif spécialement conçu pour eux, avec quatre structures : une passerelle à bascule, un parcours slalom, des éléments de saut en longueur et en hauteur. Les structures ont été imaginées pour des chiens de diverses tailles.

On est en finale

© OM / Twitter

La ligue des nations se poursuit pour les Bleus, terminée pour les Belges, qui disputeront le match pour la 3ème et 4ème place contre l’Italie ce dimanche à 15 heures au Juventus Stadium.

L’Espagne, qui a obtenu son billet pour la finale en gagnant l’Italie 2 à 1, sera accompagnée par la France. La rencontre se déroulera ce même dimanche à 20h45 à San Siro.

Le sélectionneur a reconduit pour cette rencontre le même système de jeu en 3/4/3, qui a permis de gagner face aux Finlandais mais sans les mêmes acteurs. Lors de l’animation défensive, l’équipe de France passe en 5/3/2. La Belgique a, elle, évolué en 5/2/3 défensivement et en 3/5/2 offensivement. Les deux équipes ont alterné le jeu de possession et l’attaque rapide. En première période, la Belgique s’est mise en évidence par l’intermédiaire de Kevin De Bruyne à plusieurs reprises. Nous avons vu une première période, où les Belges ont dominé leur sujet. La Belgique a eu une meilleure animation de jeu et une meilleure complémentarité entre les attaquants, ce qui va leur permettre d’ouvrir le score à la 37ème minute, suivi cinq petites minutes plus tard d’un but de Lukaku ; 2 à 0 à la mi-temps.

En seconde période, les Belges, en voulant préserver le résultat, ont reculé. Le talent individuel de l’EDF a permis à celle-ci de revenir au score par l’intermédiaire de Benzema et Mbappé à la 70ème minute, 2 à 2. Les joueurs ont été plus pressants, à commencer par le trio offensif des couloirs et d’un Paul Pogba omniprésent. Cela a permis à l’équipe de faire une seconde période quasi parfaite, en venant conclure le match par un but de Theo Hernandez à la 89ème minute.

Les 45 dernières minutes peuvent sonner comme une période de référence. L’ensemble du groupe a montré du caractère, en inversant un match nul mal embarqué face au numéro 1 mondial du classement FIFA.

Il faut confirmer dimanche pour donner un peu plus de crédit à cette victoire et retrouver la confiance qui a fait des Bleus les Champions du monde.

Fabrice HUART

La cérémonie à la Major

© J D'A

La cérémonie pour Bernard Tapie a commencé à 11 heures ce vendredi à la Major. Nombreuses sont les personnalités du territoire régional et national rassemblées, ainsi que les amis qui l’ont côtoyé durant l’aventure de sa vie.

J D’A
Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille © J D’A
Bruno Gilles © J D’A
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Jean-Louis Borloo © J D’A

Hommage à Bernard Tapie

© DR

Après l’hommage au Vélodrome, nombreux sont les Marseillais à se rendre en cortège à la Major ce matin, où la cérémonie commencera à 11 heures.

Lisez ou relisez l’hommage à Bernard Tapie de José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional.

Les événements parfois nous dépassent et les mots n’ont plus guère de sens. On s’aperçoit alors que seul le silence est grand. Tapie est mort. Tapie le vaillant, Tapie le battant, Tapie le guerrier, Tapie l’immortel, est mort. La nouvelle est incroyable. Inimaginable. Comme si nous avions longtemps espéré qu’il gagnerait cette dernière bataille parce qu’à nos yeux il ne pouvait pas la perdre.

On sent mieux qu’avec lui c’est une partie de la France du XXème siècle qui disparaît en même temps : celle des aventuriers, des meneurs d’hommes, des entrepreneurs qui s’imposent toujours de nouveaux challenges et ne s’avouent jamais battus.

Dans l’inconscient collectif, le 3 octobre (1978), c’était la date du massacre de la Saint-Gérard à Marseille : un règlement de comptes qui s’est soldé par dix morts au bar du Téléphone au Canet. Désormais, le 3 octobre restera à jamais la date, à la fois attendue et inattendue, du décès de l’impérissable Bernard Tapie.

Tapie, comme Belmondo, était un cascadeur. Un cascadeur séduisant dans les affaires où il se comportait comme un chien truffier à l’affût d’une marque en perdition. Un cascadeur dans le sport. Il a tâté de la Formule 3 et s’est retrouvé les quatre fers en l’air dans un platane alors qu’il roulait à tombeau ouvert. Il a tenté sa chance dans le cyclisme avec « La Vie Claire » et Bernard Hinault. Succès total.

Mais Tapie est très éclectique. Grâce à l’entremise de Edmonde Charles-Roux et à la complicité du maire de Marseille Gaston Defferre qui « incite » en 1986 deux de ses journalistes à éreinter durant un mois dans la presse le président de l’OM Jean Carrieu, lequel n’avait nullement démérité, Bernard Tapie devient président de l’OM et fera du club marseillais le premier club français champion d’Europe en mai 1993 à Munich. Succès total. Sauf qu’entre-temps l’infortuné Jean Carrieu s’est suicidé, poussé à bout par la campagne de dénigrement dont il faisait l’objet.

La boulimie de records était telle chez Tapie qu’il a même réussi à battre le record de la traversée de l’Atlantique alors que les conditions météo étaient exécrables. En revanche, l’homme d’affaires a échoué en politique, même s’il a été député et ministre de la ville, car sa véritable ambition était de devenir maire de Marseille. Il aurait pu, il aurait dû y parvenir avec le soutien total du petit peuple de Marseille, mais le chemin de la mairie est jalonné de chausse-trappes.

Pourquoi une telle frénésie ? Faim de revanche sociale, lui qui n’a connu sa première vraie salle de bains qu’à l’âge de dix-sept ans ? Sans doute.

Mais on a du mal à comprendre comment cet homme a pu être un vendeur de téléviseurs hors pair, puis tenter de devenir un crooner en imitant son idole Sacha Distel, mais ses disques n’ont jamais pu passer la rampe. Il est vrai que Tapie avait un don de persuasion hors du commun. S’il avait rencontré le Pape François, il l’aurait convaincu en cinq minutes de jouer la trilogie de Pagnol…Tapie était bluffant parce que c’était le roi du bluff.  Il osait tout, tentait tout, voulait tout. Il était très éclectique. Il passait d’une passion à l’autre. Il rebondissait toujours. Qui peut se targuer d’avoir été tour à tour chanteur, vendeur, animateur de télévision, acteur de théâtre et de cinéma, homme d’affaires, ministre, président d’un club cycliste et d’un club de foot, PDG d’un quotidien marseillais, et j’en passe ? Personne.

Tapie ne ressemblait à personne. Sa gouaille et son don de la provocation permanente le rendaient souvent très clivant. On l’aimait ou on le détestait mais il ne laissait personne indifférent. Sa soif de reconnaissance était telle qu’il était capable de passer sans vergogne du coq à l’âne et de « mentir de bonne foi ». Comme à Valenciennes. Ou le soir de la main de Vata au Portugal. Oui, Tapie a franchi la ligne jaune maintes fois. Mais son bagout était si convaincant, et son éternel petit sourire de connivence lui donnait un air de filou si sympathique que nul n’aurait pu le ranger parmi les criminels.

Ce qui m’a toujours épaté chez lui, c’est sa capacité sidérante à empapahouter n’importe qui n’importe quand. Y compris les requins de la finance…

La vie était pour lui un champ de bataille. Un ring. Un affrontement. Sa qualité majeure, à mon avis, c’était l’intuition immédiate de la personne qu’il avait en face de lui et la perception de la meilleure manière de la circonvenir. Tapie était un gueulard conscient de ses propres roueries, au point parfois de s’en amuser lui-même.

C’était aussi un croyant fervent et un catholique pratiquant. Lorsqu’il s’est retrouvé en prison aux Baumettes, chaque soir à dix-huit heures il appelait sa femme Dominique au téléphone et tous deux s’allongeaient à distance sur leur lit et priaient ensemble en se souvenant de l’Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc : « Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, Dieu façonna une femme. Grâce à elle, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront qu’un…. »

Cet amour inconditionnel pour sa famille est aussi un des secrets de la réussite de Tapie. Il s’est éteint doucement, rue des Saints Pères, un nom qui finalement lui allait bien, entouré des siens. Ce lien familial très fort lui a permis de tenir le coup durant quatre ans et de repousser toujours plus les limites de la résistance humaine face à la maladie.

On le prenait parfois pour un surhomme en raison de sa phénoménale énergie et de son charisme d’acier. En fait, il n’était qu’un homme avec ses fragilités et ses faiblesses. Voici la teneur du dernier message que je lui ai envoyé :

« Salut Bernard, j’ai assisté à des dizaines d’interviews de vous durant votre carrière et elles n’étaient pas toutes convaincantes. Mais celle que vous avez accordée à TF 1 pour évoquer le cancer restera gravée dans ma mémoire car c’est la plus aboutie, la plus digne, la plus sincère et la plus bouleversante. Bernard, vous êtes devenu au fil du temps un homme exemplaire pour l’humanité tout entière et j’ai plaisir à saluer votre courage, votre force, votre foi et votre pugnacité pour lutter contre le cancer. Je puis vous assurer que toute la France est admirative devant votre abnégation et votre humilité et qu’elle prie à l’unisson pour votre guérison. Si un jour, hélas, vous deviez partir,  je suis sûr à présent que Dieu exaucera votre souhait ultime. Cordialement. José »

Et voici sa réponse : « Bonjour José, venant de vous ce message me touche énormément !! Un jour peut-être aurons-nous l’occasion de nous revoir ? En toute amitié, Bernard ».

Voilà. Ce jour ne viendra pas. Je le regrette infiniment. Le Méridional présente ses condoléances les plus sincères à la famille de Bernard Tapie et à toutes les personnes touchées par ce deuil. Le Méridional forme le vœu avec un grand nombre de Marseillais que « l’Orange-Vélodrome », qui n’est ni orange ni vélodrome, soit rebaptisé en stade Bernard Tapie dès le 17 octobre pour la venue du FC. Lorient.

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional