Un vent de colère souffle sur l’Iran de manière inédite suite au décès de Mahsa Amini. Arrêtée par la police des mœurs pour un hijab mal ajusté le 13 septembre, la jeune femme est décédée trois jours plus tard à l’hôpital.
Elle aurait été battue à mort par la police. Mahsa Amini, 22 ans, est devenue malgré elle un symbole de rébellion contre le régime des Mollah en Iran. La jeune femme a été arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Sa mort a entraîné une grande vague de colère dans le pays. Plusieurs villes iraniennes sont depuis deux jours le théâtre de manifestations. La mort de Mahsa Amini a fait éclater un mécontentement contre le pouvoir en place, longtemps contenu par peur des représailles.
Des gestes symboliques
Dans les rues et sur les réseaux sociaux, la colère gronde contre le régime des Mollah. Hommes et femmes manifestent dans plusieurs villes du pays aux cris de « morts au dictateurs ». Les Kurdes d’Iran se sont aussi mobilisés à Saqqez. De violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont éclaté et des voitures de police ont été incendiées.
L’information a également fait le tour des réseaux sociaux, enflammant la toile. Des femmes se sont filmée en train de se couper les cheveux en signe de soutien à Mahsa Amini et de protestation contre le port obligatoire du voile islamique. Sur le réseau social twitter, des vidéos des manifestations circulent depuis plusieurs jours en montrant notamment des femmes, tête nue, brûler leur voile.
L’Iran subit depuis 2018 une profonde crise économique en raison des sanctions qui pèsent sur le pays. La loi sur l’obligation du port du hijab renvoie à l’identité même de l’Iran pour ses plus fervents défenseurs. Cela fait plusieurs années que la jeunesse iranienne s’organise, en dépit du danger, pour lever l’obligation du port du hijab. Initiée par des femmes, notamment Masih Alinejad, réfugiée aux Etats-Unis, ce mouvement a lancé les hashtags WhiteWednesday et LetUsTalk pour libérer la parole des femmes sur le port du voile islamique. Certaines se sont filmées têtes nues les mercredis à l’occasion du WhiteWednesday, déambulant dans les rues d’Iran prenant le risque d’être condamnées.
Une mobilisation à Paris
Dans cette même lancée, des femmes iraniennes vivant en France ont manifesté place de la République à Paris lundi 19 septembre, dont une jeune activiste, Mahya. Il y a plusieurs mois, nous l’avions rencontrée pour Le Méridional. Elle avait alors déclaré : « « Nous avons un régime qui n’hésite pas à tuer sa population. Face à cela, les femmes sont de plus en plus courageuses et de plus en plus radicales. Mais il n’est pas simple de faire bouger les choses. On se rend bien compte que la liberté, ce sera tout ou rien. »
Marie-Charlotte NOULENS
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