Marseille, 111 villages – Insécurité : « Dans le 7ème, la mairie nous ignore »

Vue de la corniche Kennedy © WKMC

« Comme on dit souvent ici, il y a touriste et touriste. » Sandrine Touyon, présidente de l’association CAS7ème (club d’amitié social et culturel, bien connu de nombreux Marseillais) sait bien ce qu’elle dit. L’insécurité, elle en entend parler au quotidien dans le 7ème arrondissement. « Avec les beaux jours qui reviennent, cela ne va pas s’arranger. » Pour la présidente, ce climat entretient une impression de mal-être que ressentent beaucoup d’habitants du quartier.

Des agressions récurrentes

Le 7ème est un quartier d’importance géographique évidente. On le connaît surtout pour le front de mer, la corniche Kennedy et les plages (Catalans, Prophète…) « Ici, on a une vie de quartier au sens plein, précise Sandrine Touyon. On se connaît entre habitants, on organise souvent des événements [brocantes, collectes alimentaires etc. ndlr]. Et on partage le même constat : tous les jours, il y a des agressions dans le quartier. » Vols de sacs, de portables, de portefeuilles… Les voleurs ne déploient pas de trésors d’imagination. Les vols à l’arrachée voisinent hélas avec les rackets par la violence.

« Pendant la période du Covid, où les gens sortaient moins de chez eux, on a eu l’impression qu’il y avait une baisse des agressions, explique la présidente de l’association CAS7ème. Je dis bien l’impression seulement, car depuis, ça a explosé ! »

L’inquiétude pour les aînés

Celle qui parle du 7ème comme d’un « gros village » rapporte aussi l’inquiétude des habitants pour les aînés, et l’angoisse de ces derniers. « Beaucoup n’osent pas sortir seuls, surtout après s’être déjà fait agresser : on doit les accompagner pour tirer de l’argent au distributeur par exemple. »

Une inquiétude d’autant plus légitime avec le retour des beaux jours, durant lesquels les aînés apprécient de prendre l’air, pendant que ce n’est pas encore la grosse saison touristique.

Entre colère et résignation

Du côté des habitants, on oscille entre colère et résignation. Sandrine Touyon, quant à elle, organise régulièrement des mobilisations et des réunions pour essayer de faire bouger les choses, et avertir les habitants.

L’amertume de la présidente de CAS7ème se ressent : « C’est comme si le 7ème n’intéressait que pendant les mois d’été, ou pour la corniche. » Alors qu’une nouvelle édition de piétonnisation, « Corniche libre », aura lieu ce dimanche 27 mars, Sandrine Touyon dénonce le fait de « subir la lubie de certains » : « La mairie nous ignore. »

Ce que les habitants du 7ème demandent en priorité ? « Déjà, des horaires de commissariat plus en rapport avec la vie d’un bord de mer ! Les policiers font ce qu’ils peuvent avec leurs effectifs peu nombreux, mais on aurait évidemment besoin de ça », souligne Sandrine Touyon.

Quand des habitants ont subi un vol dans la rue par exemple, on les renvoie vers le commissariat du 1er arrondissement voisin. Beaucoup de personnes âgées, découragées, laissent souvent tomber l’affaire. « De toute façon, on leur dit en creux que cela ne sert à rien…, conclut la présidente. On a souvent affaire à des personnes qui ont été signalées X fois, et que rien n’arrête ! C’est de l’impunité pure. »

« Si la mairie ne fait rien, ça risque d’exploser un jour où un autre ; les habitants du 7ème n’en peuvent plus, ça se sent. » La présidente de CAS7ème reçoit aussi beaucoup de témoignages d’associations et d’habitants d’autres quartiers, qui vivent la même histoire.

Raphaëlle PAOLI