« On ne parle pas assez ni d’économie, ni d’industrie dans les échanges avant les présidentielles », constate et répète Maurice Wolff, membre élu de la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille-Provence, ce jeudi 24 février. Les acteurs réunis dans les locaux de la Banque de France de Marseille (parmi lesquels se comptent notamment Jean-Christophe Ehrhardt, Directeur régional Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Banque de France, et Eric Sella, Adjoint au responsable des Affaires régionales Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Banque de France) sont là pour évoquer le bilan de l’année 2021 et les perspectives de l’année 2022, tant à l’échelle internationale et nationale que régionale et métropolitaine.
> A voir aussi : La France au bord de la pénurie d’électricité
La CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence réalise tous les trimestres une étude de conjoncture auprès d’un panel de chefs d’entreprise du territoire. 543 chefs d’entreprise ont ainsi répondu à l’enquête (du 20 décembre 2021 au 2 février 2022) portant sur le bilan 2021 et les perspectives 2022. Les préoccupations du pays et du territoire local se recoupent et se rejoignent.
En 2021, un rebond logique par rapport à 2020
De façon logique, l’année 2021 a vu des hausses dans la plupart des secteurs, étant donné la chute d’activité historique de 2020. A noter en particulier que l’industrie, la construction et le commerce de gros ont, en moyenne, retrouvé leur niveau d’avant-crise (voire progressé).
Un investissement globalement en retrait et une prudence des chefs d’entreprise
Il est certain que les chefs d’entreprise – notamment ceux du territoire – demeurent préoccupés par les difficultés d’approvisionnement, les prix des matières premières et de l’énergie ; sans compter les problématiques d’absentéisme, synonyme pour beaucoup d’établissements de désorganisation de l’activité. Un climat de « tension sociale » est également signalé par certains chefs d’entreprise.
De façon générale, l’investissement apparaît en retrait au 4ème trimestre de l’année 2021. Les services et le commerce de détail sont à l’équilibre. Seule l’industrie présente un solde positif.
Il faut bien le dire : les perspectives pour les prochains mois ne sont pas au beau fixe. Dans un contexte de manque de visibilité important, les chefs d’entreprise se montrent extrêmement prudents. 1/4 d’entre eux estiment que leur chiffre d’affaires va diminuer. Le baromètre métropolitain de confiance révèle ainsi une baisse de 9% entre le troisième et le quatrième trimestre 2021.
Hôtellerie Café Restauration : un secteur toujours en berne
Le secteur de l’hôtellerie est l’un de ceux qui peinent le plus à retrouver des couleurs. Il représente (avec l’industrie) un secteur très exposé aux difficultés, et les chefs d’entreprise se montrent pessimistes. Maurice Wolff le souligne : au niveau du territoire métropolitain, beaucoup de patrons comprennent que pour eux, l’économie ne redémarrera pas de la même façon (ce qui implique aussi un changement de modèle économique).
l’inflation et les tensions géopolitiques viennent obscurcir l’horizon
L’inflation et les tensions géopolitiques (à ne pas négliger) viennent obscurcir l’horizon de ces premiers mois 2022. Les Français sont inquiets par rapport à la marge de leur pouvoir d’achat (préoccupation n°1), et la campagne présidentielle complique les perspectives économiques. « Le choc pétrolier qui s’annonce va forcément venir percuter nos économies », souligne Jean-Christophe Ehrhardt. De mauvaises conjonctures donc, qui demanderont un soutien aux chefs d’entreprise et une écoute particulière sur le réseau du territoire.
> A voir aussi : Recrutement du personnel : la sonnette d’alarme des restaurateurs
Pour plus de 40% des chefs d’entreprise interrogés sur le territoire métropolitain, les thèmes prioritaires qui doivent être abordés dans le volet économique de la campagne présidentielle restent la baisse des charges sociales et des impôts de production (bien plus élevés en France qu’en Allemagne, par exemple), puis les conditions permettant d’augmenter les salaires dans un contexte d’inflation, et le soutien à l’embauche.
Raphaëlle PAOLI