Puisqu’il faut bien compter avec lui maintenant – le covid est entré dans le paysage comme arrière-plan plus ou moins proche – autant mettre en lumière les histoires inspirantes qui en sont issues. Celle de la start-up marseillaise « My City Memory » en fait partie.
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Alexandre Matheron a 25 ans. Après un bac ES, ses études le forment à la gestion et à la comptabilité, puis au droit. En master, il bifurque à nouveau vers un master en gestion économique et création d’entreprise, côtoie le vivier de jeunes entrepreneurs Pépite Provence (Aix-Marseille Université). Aujourd’hui, il le voit comme une évidence : « Pour moi, on naît entrepreneur, on ne le devient pas si ce n’est pas ancré en nous. Ce n’est que plus tard que germent les idées et qu’on peut les faire fructifier. »
C’est en licence 3 qu’il a l’intuition de lancer sa marque. Le socle de son idée, c’est de partir de la silhouette de la ville, avec un choix de monuments (pas uniquement les plus célèbres). Le Marseillais le constate : la ligne des monuments, c’est le « résumé » d’une ville, avec tout ce qu’elle évoque. « Dans la ligne se retrouve l’essence même de la ville » : pour Marseille, quand on y arrive, on voit les tours, la Major, Notre-Dame-de-la-Garde, le David du Prado… jusqu’aux Goudes, au loin ! Une certaine « chronologie » de la ville dont les habitants sont si fiers.
Le tapis magique qui vous emmène chez vous
Alexandre Matheron commence donc à se lancer dans la création de petits objets : coques de portable, tote bags etc. Mais… arrive un moment où il lui faut choisir entre pérenniser son activité ou se tourner vers autre chose. Le covid passe par là , fige le temps, comme pour beaucoup. Pendant le confinement justement, Alexandre remarque en sortant de chez lui qu’il ne possède pas… de paillasson (à Marseille, on appelle ça des « tapis »). Or, un paillasson a une utilité pratique (et étant donné la météo clémente, c’est sans doute pour cela que si peu de Marseillais en ont), mais pas uniquement !
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Vendus comme des petits pains
« Le tapis marque l’entrée du chez soi, qui a pris une importance énorme pendant et depuis le confinement, souligne notre entrepreneur. C’est un signe de bienvenue, un aperçu de la ville où l’on habite ou dont on veut se souvenir. Les Français n’ont jamais passé autant de temps chez eux, et ce sera encore le cas dans les prochaines années. » Qu’à cela ne tienne, Alexandre Matheron en fait confectionner un. Et quand les amis reviennent, le fameux paillasson ne passe pas inaperçu… Encouragé, Alexandre en commande 200, les fait transformer (à La Ciotat), les propose à cinq boutiques : ils se vendent en deux semaines. Passé le premier étonnement, l’entrepreneur se décide à en commander à nouveau plusieurs centaines. Et ça marche ! Il fonctionne alors avec plus d’une quinzaine de boutiques marseillaises.
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Les projets ne s’arrêtent pas lÃ
De Marseille, la ville d’origine, My City Memory s’étend : à Lyon (le marché de la start-up y est en plein développement en ce moment), à Paris, à Cassis et en Provence, en Corse… Dans la ligne de mire pour les prochains mois désormais : des villes de superficie moyenne, et où d’ailleurs la concurrence est moins serrée. L’échange avec les boutiques partantes pour vendre le produit permet de définir le design de la ligne imprimée sur le paillasson.
Pourquoi pas également proposer un service de personnalisation aux entreprises ? Avec l’ajout de leur logo et une vente à la découpe. Bref, une aventure de bon augure. Mais attention : en bon entrepreneur, Alexandre Matheron ne pose rien comme acquis : « L’entrepreneuriat, c’est un défi qui rend fou et bipolaire… mais c’est incroyablement enthousiasmant ! Il faut toujours guetter les réactions, s’adapter à la demande, innover… C’est ça, être entrepreneur. » Pour celui qui attend ses premiers stagiaires, My City Memory va aussi rassembler une pépinière d’idées, dans un esprit collaboratif. Le secret : plus on parle, plus on fait naître des idées !
Raphaëlle PAOLI