L’écrivain Valérie Manteau, prix Renaudot 2018 pour son excellent roman « Le Sillon », ne cache pas qu’elle a voté pour le « Printemps marseillais » dans le secteur de Sophie Camard. Aujourd’hui, sa déception est grande. Elle accuse Michèle Rubirola de « désinvolture » et de « tromperie » dans une tribune publiée par « Le Monde » et relayée par nos confrères de « France Bleu Provence ».
Ouille ! Lorsque la Droite s’indigne du « switch » ou du « roque » de Michèle Rubirola et Benoît Payan en évoquant une « mascarade » marseillaise, tout le monde dit : c’est normal. La Droite ne digère pas sa défaite. Elle a des aigreurs d’estomac. Mais s’il s’agit d’une personnalité nationale, Valérie Manteau, en l’occurrence, qui demeure dans le centre-ville de Marseille et avoue avoir cru dans la parole de Michèle Rubirola, alors là , mes aïeux, ça bouge dans le landerneau, ça jase sur la Plaine et les fissures du « Printemps marseillais » se transforment soudain en crevasses.
D’autant plus que Valérie Manteau n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. Elle a estimé que Michèle Rubirola était « de mauvaise foi ». La démission soudaine de la mairesse de Marseille lui reste en travers de la gorge, comme l’arête épineuse d’une daurade rose. « Benoît Payan, c’est peut-être quelqu’un de très bien personnellement, écrit-elle, mais l’étiquette « parti socialiste » à Marseille est assez discréditée. Il y a eu de longues négociations pendant la campagne pour savoir qui pouvait incarner le Printemps marseillais. La seule chose qui ait fait consensus, c’est que ça ne pouvait pas être Benoît Payan ».
« Déception et parole manquée »
Et paf ! Première salve. La ville de Marseille ne mérite pas un tel traitement, poursuit Valérie Manteau qui se souvient avec nostalgie de l’espoir soulevé par l’union de partis de gauche et collectifs hétéroclites constituant le Printemps : « Qu’ils sont ringards, ironise-t-elle, ces électeurs de n’avoir pas compris qu’il n’y avait nul engagement à ce que la tête de liste du Printemps soit maire alors que la ville a été recouverte d’affiches « Rubirola est là » pendant la campagne…Je regarde mon bulletin de vote sur lequel est inscrit : « Sophie Camard avec Michèle Rubirola ». Je cherche les petites lignes que je n’aurais pas vues et qui auraient mentionné ce « collectif » ou ce « tandem » avec Benoît Payan que, paraît-il, nous avons élu en connaissance de cause »…
Ouille, ouille ! Valérie Manteau se rend compte qu’elle fait partie des 66 512 électeurs marseillais qui ont été abusés par le fameux binôme inversé. Certes, cela ne fait que 13,1 % des inscrits mais la pilule a du mal à passer tout de même ! Alors, l’écrivain va remuer le couteau dans la plaie : « Tout cela est grave et traité avec beaucoup de désinvolture de la part de Michèle Rubirola et de Benoît Payan mais aussi par l’ensemble des élus du Printemps, s’agace-t-elle, il y a eu une forme de tromperie et c’est très grave ! Cela va laisser la trace d’une déception et d’une parole manquée… »
« En tant qu’électrice verte, confie Valérie Manteau, j’ai applaudi des deux mains le choix courageux de Michèle Rubirola lorsqu’elle a décidé de se désolidariser de son parti Europe Ecologie Les Verts pour demeurer dans l’union du Printemps. On découvre une femme, médecin, simple et souriante qui n’a pas les dents qui rayent le parquet. Elle est bien, elle. Voilà ce qui se dit à un an de l’élection. Puis c’est la crise de l’union de la Gauche. France Insoumise et parti communiste sont vent debout contre une candidature menée par un PS hégémonique et menacent de quitter le rassemblement ».
Fine mouche, le leader du PS, Benoît Payan décide alors de s’effacer au profit de Michèle Rubirola : « tout le monde applaudit le sacrifice de Payan pour la cause et Rubirola est adoubée dans la joie », se souvient Valérie Manteau. « J’imagine la fierté que serait l’élection à la tête d’une ville abîmée par les magouilles et la politique politicienne, d’une soignante et d’une écologiste pour notre corps social malade… »
Et patatras ! Le songe d’une nuit d’été a été balayé par le mistral politicien. Payan est entré incognito par le soupirail d’une démocratie défunte. Il est élu maire de Marseille alors qu’il n’a récolté que 2430 voix dans le second secteur. Lui ne se souvient plus des « petites lignes » du contrat. Le Printemps est en voie d’effondrement et il ne dispose même pas d’assurance ! Et comme si ce tour de passe-passe ne suffisait pas, Samia Ghali qui n’a recueilli que 5025 dans le 8eme secteur, soit 0,99 % des 505 068 électeurs inscrits à Marseille, exige désormais d’être appelée « maire-adjointe », comme si Mme Rubirola n’existait déjà plus…
José D’Arrigo
Rédacteur en Chef du « Méridional numérique »