samedi 19 avril 2025
Accueil Blog Page 9

À Marseille, Notre-Dame de la Garde disparaît pour mieux renaître

Pour une fois, ce n’est pas la Bonne Mère qui veille sur Marseille, mais Marseille qui s’élève vers elle. Une pierre de Calissanne a été hissée au sommet du clocher de Notre Dame de la Garde. Geste fondateur d’un chantier colossal. Prétexte aussi à un moment rare : une ville rassemblée autour d’un même symbole, au-delà des postures et des clivages.

Les Marseillais la regardent tous les jours. Pas besoin de croire pour l’aimer. Elle fait partie du décor et du cœur et qu’il est étrange de voir le ciel de la cité phocéenne sans sa Bonne Mère. Depuis plusieurs jours, la statue de la Vierge, habituellement perchée au sommet de la basilique, s’est effacée derrière un échafaudage monumental. La Vierge dorée n’est plus là, et la ville a les yeux vides.

Alors en ce jour de l’Annonciation, sous un ciel limpide, on a levé les yeux ensemble. Une pierre de Calissanne a été hissée à plus de 200 mètres de hauteur, scellant l’acte de naissance d’un chantier historique. Un geste hautement symbolique pour une rénovation qui l’est tout autant.

La statue emblématique a subi les effets du temps. Embruns, pollution, vent et corrosion ont laissé leurs marques. Un atelier suspendu en pleine hauteur a été installé pour permettre aux ouvriers spécialisés de nettoyer, traiter et redorer la statue à la feuille d’or. Un chantier millimétré, soumis aux caprices du mistral, mobilisant plusieurs entreprises expertes. Objectif : offrir à Notre Dame de la Garde une restauration durable, censée tenir un demi-siècle.

Même le vent chante pour elle

Sur le parvis, une foule compacte. Des officiels bien sûr : le maire de Marseille, Benoît Payan ; la présidente de la Métropole et du Département, Martine Vassal ; le président de la Région Sud, Renaud Muselier… – des mécènes*, des religieux, mais aussi deux donateurs anonymes venus incarner les 30 000 autres, ceux qui ont donné un euro, cinq, dix, parfois cinquante pour une feuille d’or.

Des gens que personne n’a sollicités, mais qui ont répondu. Par attachement, par foi, ou simplement par fidélité à ce qu’ils sont. « Pour une fois, c’est elle qui avait besoin de nous, dira le père Xavier Manzano. Et nous avons répondu à l’appel. »

C’est le père Olivier Spinosa qui prend le micro en premier. Pas de grands discours, pas d’effet de manche. Il pose deux mots sur l’instant : « Bienvenue » et « Merci ». Simples, presque évidents, mais « très forts », dit-il, qui « possèdent dans votre vie humaine un immense poids ».

© Alain Robert

Il les adresse aux institutions, aux entreprises, aux fidèles, aux donateurs modestes comme aux grands mécènes. Tous ceux qui, « par fierté, affection, dévotion », sont liés à ce lieu qui dépasse la foi et le panorama. « Que serions-nous sans notre Bonne Mère ? », interroge-t-il. Une phrase qu’aucun Marseillais ne conteste, croyant ou non.

Il évoque aussi ceux que l’on ne voit pas dans les discours officiels : les ouvriers du chantier. « Personne ne grimpera jamais aussi près de la Bonne Mère qu’eux », souligne-t-il. Ces ambassadeurs d’un chantier que tous observent, là-haut, dans le silence suspendu du clocher.

Il raconte aussi cette nuit de mistral. Le vent s’engouffre dans les tubes de l’échafaudage. Une vibration étrange. Un chant. « Le mistral aussi voulait honorer ce chantier. » À Marseille, même les bourrasques ont l’accent sacré.

Contre les clichés, un autre visage

La suite, c’est Xavier Manzano qui la donne, au nom du cardinal Jean-Marc Aveline. « Ce chantier, on le fait par amour de la Bonne Mère, de Marseille et de ses habitants. »

Un message tout aussi poétique mais plus politique. « On donne souvent à Marseille le privilège des trafics, de la criminalité, des zones de non-droit. » Il s’arrête. Le silence s’installe. « Ce privilège, je le crois, est aussi une injustice. Un fascisme du regard. » Pas besoin d’en dire plus.

Ce qu’il décrit ensuite, c’est l’autre visage de Marseille. Celui qui ne fait pas la une. Celui qui se lève tôt, qui donne sans qu’on le lui demande, qui se rassemble quand ça compte. Une ville capable de se mobiliser. De se rassembler. « Depuis la venue du pape François chez nous, jusqu’ici, quand un grand projet nous mobilise, quand il s’agit d’accueillir un événement marquant, quand il faut montrer son cœur, Marseille se rassemble, au-delà des clivages et des différences, et elle sait montrer son plus beau visage. »

© Alain Robert

Ce que Marseille laisse au sommet

Le chantier durera huit mois. La statue sera nettoyée, traitée, recouverte de 40 000 feuilles d’or. Le clocher restauré pierre par pierre. Un atelier suspendu au-dessus de la ville, protégé du vent, du feu et du temps. Livraison prévue : 8 décembre 2025, jour de l’Immaculée Conception. Mais la date compte moins que le geste.

Car ce 25 mars, ce n’était pas une cérémonie. C’était une transmission. Dans la pierre montée au sommet a été glissé un parchemin, signé par tous les acteurs du projet. Un message pour les générations futures. Une trace concrète d’un moment où Marseille, pour une fois, n’a pas demandé. Elle a donné.

Narjasse Kerboua


*Les mécènes du chantier. Plusieurs entreprises du territoire ont soutenu le lancement de cette restauration : CMA CGM ; Compagnie Fruitière ; Olympique de Marseille ; Caisse d’Épargne CEPAC ; groupe Pernod Ricard ; groupe Onet ; CIC Lyonnaise de Banque ; groupe SNEF.


À La Rosière, le basket 3×3 ne fait pas que des heureux

Rosiere
Récemment refait à neuf, les playgrounds de basket 3x3 de la Rosière (12e arrondissement) ont été dépossédés de leurs paniers. Photo B.G.

À peine rénovés et pas encore inaugurés, les deux terrains de basket 3×3 du complexe sportif La Rosière (12e arrondissement) ont été dépossédés de leurs paniers, privant utilisateurs et écoles d’une pratique libre. En cause, le bruit dont se serait plaint le voisinage.

Depuis avril 2023, les terrains de basket 3×3 (prononcez « trois trois ») colorés poussent comme des champignons dans Marseille, dans les quartiers, au pied des immeubles.

Créés ou entièrement rénovés, ils font partie du « Plan playgrounds », scellé en juin 2022 entre la Ville de Marseille et la Fédération française de basket. Un projet établi en partenariat avec l’Agence nationale du sport et la Caisse d’Épargne CEPAC, pour aider au financement et à leur implantation stratégique.

Sport urbain par excellence, qui nécessite peu de frais (l’achat d’un ballon suffit) et popularisé l’été dernier par le spectacle offert aux Jeux olympiques, le basket 3×3 constitue un véritable levier d’intégration sociale et d’inclusivité. Mais aussi un enjeu de santé publique, puisqu’il est censé permettre une pratique libre et pour tous. Et un héritage concret et matériel des JO 2024 à Marseille.

En mai 2024, en préambule à leur participation au 3X Festival au Parc Chanot, les internationales françaises Jodie Cornélie et Laëtitia Guapo (au deuxième plan) s’étaient rendues sur les playgrounds de l’Estaque. Photo B.G.

Près de 1,2 million d’euros pour onze nouveaux terrains

Ainsi, dix terrains (soit vingt playgrounds de 3×3) ont vu le jour depuis deux ans à Marseille, à commencer par celui des Arnavaux (14e), à jamais le premier. Ou encore celui de L’Estaque, jouxtant le stade Vernazza (16e arr.), qui avait accueilli les joueuses de l’équipe de France Laëtitia Guapo et Jodie Cornelie en mai 2024.

Le 26 février dernier, l’adjoint aux sports Sébastien Jibrayel (qui s’est depuis fait retirer sa délégation municipale) inaugurait le terrain de la Rose Bégude, dans le 13e arrondissement. Il s’agissait du premier playground inscrit dans une 2e phase de ce plan de rénovation et de soutien au développement du basket 3×3, dans la deuxième ville de France.

Près de 1,1 million d’euros a été budgeté, pour onze nouveaux terrains : à la Rose Bégude donc, La Rosière (12e), Jean-Bouin (8e), Hermitage (15e) et Canet Larousse (14e).

Le site du complexe sportif de La Rosière devait être le suivant sur la liste des inaugurations en grande pompe. Quatre paniers « à l’ancienne » et vieillots existaient auparavant, traversés sur la longueur par deux cages de handball.

« Des travaux pour sécuriser le terrain et le mettre aux normes »

Refaits à neuf et colorés de nuances de bleus du plus bel effet, les playgrounds situés le long de l’avenue de Kallisté étaient finis, livrés et pratiqués depuis la fin d’année dernière. Comme l’indique le site de la Ville de Marseille dans une mise à jour datée du 10 décembre 2024.

Ce mercredi, le service communication de la Ville explique que le playground est « encore en cours d’aménagement, des travaux restent nécessaires afin de sécuriser le terrain et de le mettre aux normes », justifiant le retrait « temporaire » des paniers. « Ces interventions seront menées dans les meilleurs délais afin de permettre l’installation de nouveaux équipements conformes », poursuit-il.

S’il est difficile d’estimer leur fréquentation et les horaires d’utilisation, ces terrains étaient d’autant plus attendus dans un arrondissement qui en manque cruellement, puisque seuls ceux du Parc de la Moline sont répertoriés par le site interactif spécialisé, Sud Playgrounds. Et encore, l’un des quatre paniers y est actuellement cassé…

Le voisinage gêné par les nuisances sonores ?

Mais le bruit du rebond des ballons semble ne pas plaire à tout le monde à La Rosière… Si aucun terrain rénové dans le cadre de ce « Plan playgrounds » n’avait jusqu’alors fait l’objet de remontrances, certains riverains du quartier de Beaumont auraient fait part de leur courroux. Les quatre paniers ont été enlevés, ne laissant que des piliers plantés au milieu du bitume.

Privant ainsi les (jeunes) basketteurs du coin de conditions parfaites pour pratiquer leur passion librement, mais aussi les élèves des collèges et lycées alentours, utilisateurs réguliers lors de leurs cours d’éducation physique et sportive.

Selon nos informations, ce sont des voisins d’un maison mitoyenne, entre l’église Saint-Augustin et ces terrains de sport, qui ont manifesté leur désir de quiétude. Allant jusqu’à demander la pose d’un onéreux mur anti-bruit…

Sollicité par Le Méridional, le commissariat de police du 12e arrondissement tout proche n’a pas eu vent de ce problème, indiquant n’avoir enregistré aucune plainte pour tapage, ni diurne ni nocturne. Même son de cloche auprès de la Caisse d’Épargne CEPAC, partenaire premium des JOP 2024 à travers le groupe BPCE.

Photo B.G.

Le terrain de foot attenant, bientôt de la terre au synthétique

Le Ville de Marseille nous précise par ailleurs que « le recrutement d’un gardien logé est envisagé afin d’assurer une présence sur site et de prévenir d’éventuelles intrusions ».

Question nuisances sonores, les riverains de la Rosière devraient pourtant être habitués, avec le terrain de foot qui accueille en journée des élèves et les soirs de semaine des entraînements de clubs de foot.

Et ils sont loin d’être au bout de leurs peines : le terrain en terre de La Rosière, l’un des rares encore existants à Marseille, sera prochainement transformé en synthétique. Les travaux devraient commencer quand ceux, actuellement en cours au stade de Bois Luzy, seront achevés.

Benoît Gilles

Une ancienne société issue de thecamp rattrapée par ses dettes

Le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence a placé en redressement judiciaire une entité du campus d’innovation thecamp, installé sur le plateau de l’Arbois, près d’Aix-en-Provence.

La décision est tombée une semaine après l’audience tenue devant le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence. Sollicitée par la direction actuelle de thecamp, la juridiction a ouvert une procédure de redressement judiciaire ciblant la société chargée des activités liées aux startups, distincte de la structure immobilière. Un administrateur judiciaire a été nommé afin d’examiner les perspectives de redressement et de préserver les emplois, estimés à une trentaine, selon les précisions du président du tribunal, Philippe Verdun, cité par La Provence.

À l’origine du recours au tribunal, un passif pharaonique de 28 millions d’euros, contracté par l’équipe fondatrice avant la reprise de theamp en juillet 2022 par Kevin Polizzi, président de Unitel Group. Ce dernier avait injecté environ 50 millions d’euros pour relancer ce site atypique, imaginé par l’entrepreneur Frédéric Chevalier, disparu tragiquement peu avant son ouverture en 2017.

Des débuts prometteurs aux difficultés structurelles

Pensé comme un campus d’innovation de rang mondial, à la croisée des chemins entre formation, recherche, nouvelles technologies et prospective, thecamp a longtemps peiné à trouver un équilibre. Une partie de ce modèle reposait sur des activités spécifiques désormais abandonnées. « La seule société de l’univers de thecamp touchée par cette mise en redressement judiciaire est celle portant les activités historiques du site, activités que nous avons stoppées depuis », nous précise Stéphane Soto, PDG de thecamp.

Déjà placé une première fois en redressement judiciaire en 2021, thecamp avait alors cumulé plusieurs millions d’euros de dettes, dont une large part auprès des collectivités publiques : 5 M€ pour la Région Sud, 5 M€ pour le Département des Bouches-du-Rhône, 5 M€ pour les territoires d’Aix et de Marseille, et 1 M€ pour la CCI Aix-Marseille Provence. S’y ajoutent 7 M€ de dettes liées aux prêts garantis par l’État (PGE) et à des créances fiscales et sociales.

La direction avait demandé la liquidation de la société concernée, mais le tribunal a opté pour un redressement judiciaire, « considérant que d’autres pistes pourraient être explorées », ajoute Stéphane Soto.

Une activité relancée mais un héritage trop lourd

Depuis sa reprise, thecamp a engagé un repositionnement stratégique, recentré sur l’événementiel et l’accueil de formations ou de séminaires d’entreprises. En 2024, le campus a accueilli plus de 120 000 visiteurs et organisé près de 800 événements. Son chiffre d’affaires atteint 10 millions d’euros, avec un objectif de 12 M€ en 2025. Deux millions d’euros de travaux ont également été budgétés pour remettre les infrastructures en état.

Kevin Polizzi, qui porte plusieurs projets dans les domaines du numérique et de la transition, continue d’afficher sa confiance dans le potentiel du lieu. « Thecamp se porte bien et sera à l’équilibre d’exploitation cette année, ce qui est une première ! » souligne Stéphane Soto. Mais il tempère : « En l’état de ses infrastructures, elle ne pourra pas générer beaucoup de chiffre d’affaires, et donc de marge, supplémentaire. » D’où la nécessité de rationaliser les structures juridiques et d’anticiper les prochaines étapes.

Cette procédure vise à offrir un cadre permettant de protéger les emplois et de structurer un rebond sur des bases assainies. « Thecamp tourne à plein régime et les perspectives sont très encourageantes », insiste Stéphane Soto. Reste à traduire cette dynamique en modèle économique durable, dégagé du poids des errements passés.

N.K.

Reims – OM : à quelle heure et où voir le match ?

OM
L'OM de Mason Greenwood n'a plus gagné depuis le 2 mars dernier, face à Nantes. Photo Alain Robert

Après la trêve internationale, l’OM (2e) retrouve la Ligue 1 ce samedi, à Reims. Face à une équipe à la dérive (15e), voilà l’occasion rêvée de retrouver le succès suite aux revers contre Lens et à Paris.

Jamais cette saison l’OM n’avait enregistré deux revers consécutifs. Cet enchaînement s’est produit au début du mois de mars, face à Lens (0-1) et à Paris (3-1), après déjà une déroute à Auxerre (3-0) et un succès heureux face à Nantes (2-0).

La trêve internationale, qui a concerné dix internationaux (*) ces dix derniers jours, est finalement tombée à point nommé. Elle a permis aux hommes de Roberto De Zerbi d’interrompre cette série négative mais aussi de se refaire une santé au moment d’aborder le sprint final.

Photo Alain Robert

Début du sprint final avec 8 matchs à disputer

L’OM (2e) va disputer les huit dernières rencontres de Ligue 1 cette saison, lors des huit prochains week-ends, avec un seul objectif : rester sur le podium jusqu’à mi-mai pour s’assurer une place directement qualificative en Ligue des champions.

Les huit travaux de De Zerbi commencent ce samedi 29 mars, par un déplacement en Champagne face au Stade de Reims. Coup d’envoi à 17h ; une rencontre co-diffusée sur DAZN et beIN Sports 1.

L’OM spécialiste dans la relance des équipes à la dérive

Ce match de la 27e journée de L1 semble a priori déséquilibré : Reims n’a plus connu la victoire en championnat depuis le 10 novembre et s’enfonce vers la zone de relégation.

En dehors d’un parcours en trompe-l’œil en coupe de France, qui verra les Champenois se déplacer à Cannes (3e de son groupe de National 2) mercredi 2 avril en demi-finale, Reims vient d’enchaîner six nuls et neuf défaites en Ligue 1.

Mais les hommes de Roberto De Zerbi, par suffisance ou manque d’engagement, se sont récemment posés en spécialistes de fin de séries négatives de l’adversaire.

Ainsi, Auxerre restait sur dix rencontres sans succès avant d’atomiser l’OM (3-0) le 22 février, match marqué par les accusations de corruption qui ont valu plus de six mois de suspension à Pablo Longoria.

Et le 8 mars dernier, les Olympiens relançaient Lens (0-1), alors que les joueurs du Racing venaient pourtant d’encaisser quatre revers.

Voilà Leonardo Balerdi et les siens prévenus… eux qui s’étaient inclinés au stade Auguste-Delaune en mai dernier (1-0) et avaient concédé le nul au Vélodrome (2-2), fin août, lors de la 2e journée.

B.G.


* Rabiot (France), Balerdi, Rulli (Argentine), Nadir (Maroc), Kondogbia (Centrafrique), Cornelius (Canada), Gouiri (Algérie), Dedic (Bosnie-Herzégovine), Merlin (France U23), Bakola (France U18).

Reims – OM
Samedi 29 mars 2025.
27e journée de Ligue 1.
À 17 h, stade Stade Auguste-Delaune.

En direct sur DAZN et beIN Sports 1.
Arbitre : Willy Delajod.

Les rencontres.
Le classement.

SUR LE MÊME SUJET

La Nuit aux Musées éclaire le Muséum d’Histoire Naturelle

Palais longchamps, Marseille, France

La seconde édition de la Nuit aux Musées se tient ce soir au Palais Longchamp. Une soirée gratuite et ouverte à tous, placée sous le signe des océans, de la science et de la fête.

Ce soir, Marseille rallume les vitrines de ses trésors naturalistes. Le Muséum d’Histoire Naturelle, niché dans l’écrin du Palais Longchamp, accueille la deuxième édition de la Nuit aux Musées. Un événement nocturne et gratuit, orchestré par la Ville de Marseille et ses partenaires, qui promet une immersion singulière autour du thème « Solidarités, Mer et Océans ».

Un programme riche attend les visiteurs. Entre 19h et 22h, étudiants, médiateurs et scientifiques partageront leurs connaissances lors de rencontres et débats sur les grands enjeux scientifiques contemporains. De quoi nourrir la réflexion dans un lieu emblématique, où fossiles, minéraux et espèces menacées racontent les histoires de la biodiversité passée et actuelle.

Pour les plus joueurs, un rallye photo est organisé jusqu’à 23h par les étudiants en médiation scientifique, avec un photobooth et la visite de l’exposition temporaire Océans en complément. À 21h, une conférence menée par des étudiants en Sciences et Humanités viendra interroger les liens entre sciences et société.

À l’extérieur, place à l’engagement écologique et à la convivialité : les associations Sortie d’amphi et Clean my calanques sensibiliseront les visiteurs à la préservation des milieux marins, tandis que les foodtrucks régaleront les plus affamés.

Enfin, la soirée se clôturera en musique, sous les étoiles, avec les DJ sets de Pipa Wave, proposés par le Centre Culturel de Luminy. Une touche festive pour finir en beauté cette nuit un peu magique, qui n’est pas sans rappeler la comédie La Nuit au musée… mais sans tablette magique, juste la curiosité pour guide.

Philippe Arcamone

Endométriose : À Aix, un centre d’expertise change les règles

Young woman suffering from menstrual cramps at home. Gynecology

Longtemps reléguée au rang de caprice hormonal, l’endométriose est aujourd’hui l’une des pathologies chroniques les plus fréquentes chez les femmes en âge de procréer. À l’occasion de la Journée mondiale, le Dr Jean-Philippe Estrade, gynécologue-obstétricien à l’HPP d’Aix-en-Provence, alerte sur une maladie complexe, encore trop souvent minimisée. À l’Hôpital privé de Provence, un centre d’expertise tente de changer les règles.

« L’endométriose est une maladie dans laquelle un tissu semblable à la muqueuse utérine se développe en dehors de l’utérus. » C’est court, c’est simple — et c’est ainsi que la décrit l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais derrière cette définition d’apparence anodine, le Dr Jean-Philippe Estrade, spécialiste reconnu de la pathologie, déroule une mécanique biologique et culturelle bien plus vaste. Car l’endométriose, dit-il, « est une maladie qui fait mal deux fois : une fois dans le corps, une fois dans le regard médical ».

La douleur, c’est le fil rouge. Et pas qu’en période de règles. Douleurs pelviennes, digestives, urinaires, douleurs pendant les rapports, parfois même thoraciques ou scapulaires. « Le plus caractéristique, au départ, c’est la douleur cyclique. Mais ensuite, au fil du temps, le cerveau s’hypersensibilise, explique-t-il. Il intègre la douleur, l’anticipe, la généralise. C’est comme un bleu sur lequel on appuie tous les mois. »

Résultat : un cortège de symptômes souvent invisibles à l’imagerie, qui échappent aux radars diagnostiques et laissent les patientes seules face à leurs sensations. « L’endométriose, c’est comme un cancer du sein à l’envers : les symptômes arrivent avant les images. »

Et quand les examens ne montrent rien, les patientes repartent avec un verdict violent : « c’est dans votre tête ». Et pourtant, elles souffrent. Un écart qui alimente les doutes, les remises en question, et parfois le soupçon d’hystérie, au sens clinique du terme. 

« On nous a appris le traducteur pour les symptômes masculins. Mais pas pour les femmes »

Dr Jean-Philippe Estrade

« On nous a appris le traducteur pour les symptômes masculins. Mais pas pour les femmes » livre sans détour le praticien. Il dénonce une médecine encore profondément marquée par une culture paternaliste, où les douleurs des femmes sont minimisées. « Dans l’esprit collectif, une femme malade, ce n’est pas trop possible. C’est souvent elle l’aidante. Dans la famille, on s’inquiète toujours plus pour un homme. » Et le phénomène se renforce au fil des consultations : « Les femmes qui entendent qu’elles exagèrent finissent par culpabiliser. Elles arrêtent de consulter. »

Pourtant, la pathologie est loin d’être rare. Un peu trop fréquente, même, pour certains praticiens débordés. « Il y a des gynécologues qui vous disent : “Ce n’est pas possible, c’est la cinquième patiente aujourd’hui. Ce n’est pas une endométriose, c’est juste des règles douloureuses.” » Comme si le réel ne devait pas se répéter.

Écouter, examiner, proposer

Face à ce constat, le Dr Estrade, lui, a fait du diagnostic précoce et de la prise en charge globale une priorité avec en premier lieu « écouter. Dès la première consultation, on peut comprendre 90% des choses si on prend le temps de poser les bonnes questions. »

Ensuite vient l’examen clinique, « qui doit être doux, autorisé, expliqué ». Puis l’échographie, souvent plus utile que l’IRM qui vient ensuite si besoin : « dans 80 à 90 % des cas, cela permet déjà d’avoir une bonne idée. » Le traitement, quant à lui, repose sur deux piliers : soulager et accompagner.

Soulager, cela veut dire « recadrer les antalgiques, qui sont souvent pris à l’aveugle et en quantité ». Accompagner, cela veut dire proposer une contraception hormonale adaptée – quand la patiente ne souhaite pas de grossesse – ou orienter vers une chirurgie, une PMA, une préservation ovocytaire, en fonction du bilan. « Ce n’est pas une maladie qu’on soigne en ligne droite. Il faut s’adapter, en permanence. »

Mais aussi – et surtout – ne pas réduire la médecine à la molécule. « Il y a les centres de douleur chronique, les soins de support, l’alimentation, la sophrologie, l’acupuncture, le yoga… »

Luna, l’algorithme qui ne juge pas

C’est aussi pour lutter contre l’errance médicale que Jean-Philippe Estrade a cofondé Luna, avec Inès Ben Amor. Une application gratuite, validée scientifiquement et dopée à l’intelligence artificielle, qui propose un dépistage précoce et anonyme.

En quelques minutes, via une série de questions, l’outil établit un score de risque d’endométriose, et oriente vers un professionnel de santé formé à l’écoute de ces patientes. « Ce que permet Luna, c’est de poser une question — sans être jugée. La machine ne vous dira jamais que c’est dans votre tête. Elle donne un pourcentage. Et ensuite, elle vous propose un rendez-vous. »

Depuis son lancement en 2019, plus de 70 000 tests ont été réalisés et depuis avril 2024, 2 000 femmes ont été suivies via Luna, notamment à l’Hôpital privé de Provence (HPP). La structure a ouvert, il y a deux ans, un centre d’expertise pluridisciplinaire, qui propose un parcours de soins cohérent, humain, et rapide, sans renvois en boucle entre services.

Un pôle d’excellence

Avec plus de 500 interventions par an, dont 100 cas complexes, il s’impose aujourd’hui comme un pôle de référence régional. IRM, échographie, chirurgie robotique Da Vinci, plasmajet, assistance en réalité augmentée… la technologie est au service d’une approche globale, avec deux parcours hospitaliers dédiés, un suivi infirmier renforcé et des équipes aguerries.

« Une patiente doit pouvoir rencontrer la bonne personne au bon moment », résume Dr Estrade. Chirurgiens, gynécologues, médecins de la douleur, de la reproduction, sages-femmes, sexologues, sophrologues, tout le spectre de la maladie est couvert, jusqu’au suivi post-opératoire à domicile. « C’est souvent au moment où la maladie s’impose que les patientes découvrent – ou redécouvrent – leur corps.
Ce parcours, c’est aussi pour beaucoup de patientes une manière de reprendre le pouvoir sur leur corps.
»

Pour en parler sans tabou, l’HPP propose une table ronde ouverte à toutes et tous ce mercredi 26 mars à 18h30, sur le thème : « Rencontres et innovations : vers une endométriose sans douleur ? » Un rendez-vous en présence de spécialistes, à suivre sur place ou en ligne pour rompre le silence autour d’une maladie qui ne doit plus rester invisible.

Narjasse Kerboua


Table ronde gratuite — mercredi 26 mars à 18 h 30 à l’HPP
« Rencontres et innovations : vers une endométriose sans douleur ? »
En présence de médecins, sages-femmes, soignants. Diffusion en direct possible ici.

La French Tech Aix-Marseille renouvelle son board et réaffirme ses ambitions

Edition du Grand Bain 2024 au Palais du Pharo. Crédit photo: Nedim Imre

L’Assemblée générale 2025 de la French Tech Aix-Marseille a acté une nouvelle co-présidence et redessiné les priorités de l’écosystème tech local. Plus d’impact, plus de connexions, plus d’ambition.

La French Tech Aix-Marseille entame un nouveau cycle La French Tech sans rompre avec son ADN. Réunis dans l’amphithéâtre d’Aix-Marseille Université (Amu), les membres de l’association ont élu un board en partie renouvelé et une co-présidence inédite. Émilie Mercadal, fondatrice de la healthtech Rofim, et Sébastien Demech, dirigeant de Telaqua, prennent la suite de Julie Davico-Pahin. Un tandem aux profils complémentaires pour porter les ambitions 2025 de la communauté tech locale.

L’Assemblée générale mixte a permis de dresser le bilan des actions menées en 2024 et de dessiner les priorités de l’année à venir. Une feuille de route que l’équipe sortante, épaulée par l’ensemble du board, a construite autour de trois axes structurants : soutenir les startups du territoire, stimuler les coopérations avec les grands groupes, renforcer la dimension nationale et internationale. Une stratégie à plusieurs étages pour répondre à un écosystème en demande de leviers concrets, mais aussi de perspectives.

Le cap est clair. L’accélération du développement des startups reste une priorité. Cela passe par un accompagnement ciblé au financement, une meilleure mise en relation avec les grands comptes installés sur le territoire – souvent jugés difficiles d’accès – et la multiplication des passerelles business.

Le programme French Tech Sans Filtre, destiné à rompre l’isolement des dirigeants, sera poursuivi et renforcé. Objectif : favoriser des temps d’échange sincères, moins institutionnels, pour faire émerger des collaborations nouvelles.

Une tech plus inclusive et durable

En parallèle, l’ambition est clairement affichée de faire rayonner l’écosystème au-delà des frontières régionales. Des actions à l’international sont prévues, en cohérence avec les priorités de la Mission French Tech nationale. Et pour capter les tendances en amont, une Task Force Innovation sera constituée, chargée d’identifier les signaux faibles et les ruptures technologiques à venir.

Mais c’est sur le terrain de l’inclusion que la French Tech Aix-Marseille entend se positionner davantage. Une nouvelle promotion du programme French Tech Tremplin sera lancée, avec pour objectif d’accompagner des profils sous-représentés dans l’univers entrepreneurial. Le Pacte Parité, levier de transformation de la gouvernance des startups, sera mis en avant et accompagné. En parallèle, l’Observatoire des startups viendra documenter les évolutions de l’écosystème.

Enfin, en 2025, Le Grand Bain, événement phare du territoire dédié à la tech inclusive et durable, reviendra dans une version repensée, plus ouverte, plus engagée avec une édition repensée pour élargir encore les cercles de la tech engagée.

Diversité des profils pour répondre aux enjeux

La dynamique engagée ces dernières années a permis de structurer un réseau cohérent, articulé autour de partenaires historiques que sont la Métropole Aix-Marseille-Provence, la Ville de Marseille et la CCIAMP. Tous étaient présents à l’ouverture de l’assemblée : Éric Berton (AMU), Jean-Pierre Cochet (Ville de Marseille), Linda Casta (Métropole) et Morgann Rougeron (CCIAMP) ont rappelé leur engagement aux côtés de l’association.

Parmi les 31 candidats en lice, 13 ont été élus pour composer le nouveau conseil d’administration. Huit entrepreneurs, trois structures d’accompagnement, deux représentants de l’écosystème. Une composition pensée pour refléter la diversité des profils, des expertises et des enjeux à venir.

Julie Davico-Pahin laisse derrière elle une structure toujours soutenue par ses partenaires historiques : Métropole, CCIAMP, Ville de Marseille. Un écosystème qui assume désormais pleinement son rôle de locomotive tech dans le sud, et qui entend bien le faire savoir.

À l’heure des grands équilibres nationaux et des compétitions régionales, la French Tech Aix-Marseille veut garder un coup d’avance. Ni frondeuse, ni suiveuse : en mouvement.

N.K.


Le nouveau board 2025 de la French Tech Aix-Marseille
Collège Entrepreneurs : Imane Bessaih (Fiidi) ; Sami Chlagou (Cross the Ages) ; Sébastien Demech (Telaqua) ; Anton Fert (Tchek) ; Mathias Fonlupt (Entent) ; Tanguy Goetz (Neptech) ; Béatrice Leduby (Deki Ecologistic) ; Aurélie Toubol (Troov).
Collège Structures d’accompagnement : Frédéric Guilleux (Zebox) ; Annick Labat (574 Sud – Groupe SNCF) ; Alexandre Tremblay (Albert School).
Collège Partenaires de l’écosystème : Lionel Aubert (Rise Partners) ; Élodie Cesaro (Mélaw)


Gérard Gazay prend la tête de la Soleam dans un contexte de recomposition

Le maire (LR) d’Aubagne succède à Michel Roux à la présidence de la société publique locale (Soleam) qui pilote plusieurs projets structurants de la métropole Aix-Marseille-Provence. Cette nomination intervient alors que la SPL amorce une nouvelle phase de gouvernance et de rationalisation.

C’est une nomination qui s’inscrit dans un contexte de recomposition plus large du paysage de l’aménagement métropolitain. Gérard Gazay, maire d’Aubagne et vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) délégué au développement économique, a été élu ce 24 mars président de la Soleam. Cette société publique locale (SPL), fondée en 2010, intervient sur plusieurs secteurs majeurs de Marseille, mais aussi dans d’autres communes du territoire métropolitain.

Le nouvel élu succède à Michel Roux, vice-président de la Métropole délégué au projet métropolitain, qui avait lui-même été désigné en novembre dernier après la démission de l’élu marseillais Yves Moraine. La succession de présidents en quelques mois illustre les tensions et les réajustements au sein des instances métropolitaines, à l’approche des municipales de 2026.

Réorganisation en cours

Cette élection s’accompagne d’un chantier de gouvernance plus profond. Directeur général de la Soleam depuis sa création, Jean-Yves Miaux, dont le mandat arrivait à échéance le 31 mars, a vu celui-ci prolongé jusqu’à fin juin. Il laissera ensuite la place à un nouveau dirigeant, attendu au début de l’été, qui devra non seulement redresser une structure en difficulté, mais aussi poser les bases d’une fusion des opérateurs d’aménagement à l’échelle métropolitaine.

Cette stratégie de mutualisation, portée par plusieurs élus du territoire, vise à rationaliser les outils existants — Soleam, Euroméditerranée, EPA ou SPL locales — pour gagner en efficacité sur les opérations d’aménagement, d’équipement ou de renouvellement urbain. Un chantier copernicien que les municipales de 2026 pourraient toutefois ralentir.

Parmi les premiers changements concrets, Jean-Paul Kaplanski, nommé directeur général délégué en novembre 2023, voit son mandat social s’interrompre au 1er avril. Ce juriste de formation réintègre ses fonctions initiales de directeur des affaires juridiques.

Des finances à rééquilibrer

Au-delà de la gouvernance, les enjeux financiers de la Soleam pèsent lourdement sur sa trajectoire. Selon les informations du site TPBM, le budget consolidé de la SPL affichait un déficit de 556 000 euros en 2024, pour 8,2 millions d’euros de charges d’exploitation et 7,7 millions de recettes. En décembre dernier, la Métropole Aix-Marseille-Provence a dû injecter 1,2 million d’euros sous forme d’avance en compte courant afin de couvrir les besoins liés à la restructuration en cours.

Aujourd’hui dotée d’un capital de 5,91 millions d’euros, la Soleam emploie 60 collaborateurs. Elle reste majoritairement contrôlée par la Métropole AMP (66,7 %), aux côtés de la Ville de Marseille (16,9 %) et du Département des Bouches-du-Rhône (15,2 %). Six autres communes actionnaires – Allauch, Aubagne, La Ciotat, Marignane, Roquefort-la-Bédoule et Salon-de-Provence – détiennent chacune une part symbolique de 0,18 %, en lien avec les projets en cours sur leur territoire.

À moyen terme, la Soleam demeure un outil stratégique pour mener à bien les opérations d’aménagement d’intérêt métropolitain. Mais elle devra, pour cela, démontrer sa capacité à se réformer, à mutualiser ses moyens avec les autres entités existantes, et à retrouver une trajectoire budgétaire plus soutenable. La nouvelle équipe en place sera attendue sur ces trois fronts.

L.-.R.M

L’aciériste Marcegaglia forge son avenir bas-carbone à Fos-sur-Mer

Le groupe italien Marcegaglia vise une aciérie sans charbon. Deux millions de tonnes d’acier bas-carbone par an, 750 millions d’euros d’investissement. Le tout sans un centime d’aide publique… et encore quelques inconnues à lever.

La scène est posée sur les terres industrielles de Fos-sur-Mer, au cœur de la zone portuaire du Grand Port Maritime de Marseille. Là où l’usine historique d’Ascometal – rachetée à la barre du tribunal de commerce en juin dernier – avait vu ses feux s’éteindre, le groupe italien Marcegaglia entend rallumer les flammes d’une sidérurgie plus verte.

Nom de code : projet Mistral. Le plan consiste à moderniser les installations existantes et à construire une nouvelle aciérie électrique bas-carbone. Une relance industrielle d’ampleur, dans un décor qui en a vu d’autres. « Ce projet est fondamental, stratégique », affirme Antonio Marcegaglia, dans un français teinté d’Italien, devant le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci et les élus locaux. « On est très, très bien avancés, grâce à tous les interlocuteurs. »

© Alain Robert

Un site pensé comme un tout

Deux millions de tonnes d’acier standard produits chaque année dans un four à arc électrique, alimenté en ferraille recyclée et en préréduits d’origine bas-carbone, que doit fournir son voisin GravitHy, avec lequel le groupe dit travailler « très, très près » souligne le PDG qui s’apprête à entrer au capital, « en tant que petit actionnaire, mais surtout cliente majeure« .

« C’est une synergie naturelle, comme on pourrait en avoir avec d’autres projets comme NeoCarb, parce qu’on va générer très peu de CO₂ », poursuit-il. La chaleur fatale pourrait y être valorisée pour d’autres usages industriels.

À cela s’ajoutent 150 000 tonnes d’aciers spéciaux, issus des installations déjà présentes. La technologie est connue, éprouvée, mais rarement poussée à ce niveau de production en France. L’ensemble du site, pensé comme un dispositif intégré, devrait permettre de réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre, par rapport à un site classique intégrant hauts fourneaux et convertisseurs.

Voie ferrée à relancer, canal à mobiliser

Ce nouveau cycle sidérurgique impose une logistique millimétrée : deux millions de tonnes de matières premières à faire entrer, autant de produit fini à évacuer. Le port minéralier de Fos, situé à trois kilomètres, pourrait reprendre du service.

Une voie ferrée interne, aujourd’hui inutilisée, devrait être remise en service. L’approvisionnement se fera aussi par la route et peut-être par le canal, dans une logique d’intermodalité assumée.

Pour porter ce projet ambitieux, le groupe, qui emploie 7 800 salariés dans le monde et a réalisé 4,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, prévoit d’investir 750 millions d’euros en fonds propres. Aucun partenaire extérieur, aucune aide publique. Une rareté, dans un secteur habitué aux financements mixtes.

En matière d’emplois, Marcegaglia entend passer de 320 à 700 salariés en l’espace de trois ans. Le plan intègre une montée en charge progressive, avec des besoins en formation et un accompagnement à la mobilité, pour limiter l’usage systématique de la voiture.

À ce jour, il s’agirait du plus gros investissement jamais réalisé par le groupe.

Au centre, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci aux côtés du PDG Antonio Marcegaglia. © Alain Robert

Les conditions du feu vert

Jacques-Yves Floch, ancien directeur de l’usine à chaud d’ArcelorMittal à Dunkerque, a été nommé pour piloter le site. Recruté à l’automne, le polytechnicien connaît le terrain. « Si tout va bien, les travaux démarreront fin 2027, pour une mise en production fin 2028 », indique-t-il.

« Encore faut-il que les conditions soient réunies. » Et « ce ne sera pas avant plusieurs mois », reconnaît Antonio Marcegaglia. Plusieurs éléments restent à éclaircir.  Plusieurs éléments restent à éclaircir. En premier lieu : le prix de l’électricité, ressource vitale pour faire tourner le four. Le groupe attend des garanties sur la stabilité et le niveau des tarifs à long terme. Ce facteur sera déterminant dans la viabilité économique du projet.

« Il faut fournir à nos industriels des prix de l’électricité compétitifs et pérennes  », insiste Marc Ferracci, ministre délégué à l’Industrie. Une phrase adressée à EDF, mais aussi à tous ceux qui suivent avec attention le projet de ligne à très haute tension (THT) entre Fos et Jonquières (Gard).

Longue de 65 km, cette liaison 400 000 volts est censée répondre au doublement attendu de la demande dans la zone. Le fuseau de moindre impact a été acté fin 2024 mais le projet suscite une opposition farouche, notamment en Camargue et chez les agriculteurs.

Autre passage obligé : le débat public, qui s’ouvre dans le cadre de la réindustrialisation du territoire Fos-Étang de Berre. Marcegaglia doit également déposer une demande d’autorisation environnementale pour le projet, avec enquête publique et instruction ICPE à la clé.

© Alain Robert

L’acier, une affaire d’État (et d’Europe)

Sur place, Marc Ferracci, ministre délégué à l’Industrie, coche les cases : souveraineté, compétitivité, écologie. « Ce projet est au cœur de notre stratégie industrielle, lance-t-il devant les micros. Un levier de compétitivité, créateur d’emplois, et un atout face aux concurrents étrangers. »

L’acier ? « Une matière stratégique, tout comme la chimie. Elle alimente nos chaînes de valeur, de l’automobile à la défense, dont les besoins vont aller croissant dans le contexte géopolitique troublé que nous connaissons. »

Justement la défense ! Antonio Marcegaglia reste prudent, mais affirme que son groupe « a déjà les compétences techniques » pour répondre aux besoins européens, y compris militaires. L’intérêt stratégique du projet, lui, ne fait pas débat.

Le ministre enfonce le clou : efforts de décarbonation à saluer, ligne haute tension à raccorder, clause de sauvegarde européenne à muscler. « Il faut faire en sorte que des activités comme celle de cette usine soient préservées de la concurrence, notamment chinoise », insiste-t-il.

Bruxelles bouge, dit-il. Paris pousse, assure-t-il, se félicitant que la Commission européenne ait récemment annoncé « une évolution de la clause de sauvegarde dès 2025 », ainsi qu’une révision du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), qui devrait entrer en vigueur en 2026.

Dans ce paysage en mutation, au croisement d’un passé lourd et d’un avenir bas-carbone, nul doute que le « Mistral » de Marcegaglia insuffle déjà à Fos un nouvel élan sidérurgique.

Narjasse Kerboua

Foot US – Les Blue Stars de Marseille, bien plus que des « amateurs »

Blue Stars
Tous les mardis et jeudis soirs, les Blue Stars de Marseille investissent le stade de Saint-Jérôme, au pied des immeubles du Merlan, pour leurs entraînement de football américain. Photo Benoît Gilles

Parmi les meilleurs clubs français depuis trois ans, les Blue Stars de Marseille et ses 500 licenciés restent un club amateur, aux moyens limités. Plongée dans le quotidien de ses joueurs Élite qui jonglent entre sport, travail et vie de famille, réunis par la passion et beaucoup de débrouille.

Notre-Dame-de-la-Garde veille sur Marseille. Sur toute la cité phocéenne. « De Bonneveine jusqu’aux Aygalades », chantait Massilia Sound System. Justement, l’emblème de la ville se retrouve niché jusqu’au cœur du 13e arrondissement.

À Saint-Jérôme, sur le stade coincé entre les immeubles du Merlan et l’avenue hyper fréquentée menant à l’IUT, la Bonne Mère est brodée sur le torse et imprimée sur le casque des Blue Stars. Elle orne le logo du club de football américain marseillais, entouré d’une étoile évoquant les mythiques Cowboys de Dallas.

Ainsi placés sous la protection divine, ces gladiateurs sportifs des temps modernes constituent la troisième force de France depuis trois saisons, en plus de s’appuyer sur l’un des centres de formation les plus efficaces d’Europe.

Tout ce que nous réalisons, c’est grâce à de l’expertise, de l’engagement, du bénévolat et des partenaires

Didier Della Guardia, le président

Créés en 1994, au bord de la faillite en 2014, les Blue Stars jouent certes dans le championnat Élite pour la 6e année consécutive, et ils sont peu à Marseille à pouvoir se targuer d’évoluer au plus haut niveau national d’un sport collectif (l’OM, le CNM en water-polo et les Spartiates au hockey sur glace).

Mais ils sont loin, très loin, de prétendre au statut professionnel. Même en plein essor, le club de foot US reste totalement amateur. Il affiche un budget riquiqui ne dépassant pas les 300 000 euros, composé pour un tiers par du financement public. Une somme utilisée à destination de ses quelque 500 licenciés, ses six équipes de foot US, sa formation de flag football (discipline olympique en 2028) et son escouade de cheerleading.

Difficile d’exister à l’ombre d’un mastodonte comme l’OM qui phagocyte les esprits, les énergies et l’écosystème financier de la 2e ville de France, malgré la meilleure volonté du monde…

« Cela veut dire que tout ce que nous réalisons, c’est grâce à de l’expertise, de l’engagement, du bénévolat et des partenaires », résume le président Didier Della Guardia.

Blue Stars Gwinner
Le quarterback américain des Blue Stars Brandon Gwinner. Photo Benoît Gilles

Aucun joueur professionnel, un seul salarié pour la partie sportive

Sur les plus de soixante joueurs composant le roster (l’effectif) de l’équipe première, aucun n’est professionnel. Le directeur sportif et head coach Bavuong Souphanthavong est le seul salarié de la partie sportive, bien aidé par des alternants Armel Saïz et Maé Georges, en charge de la communication et de l’événementiel.

Les autres entraîneurs sont défrayés, tout comme les « imports », les deux recrues américaines (Brandon Gwinner et Dejion Lynch cette saison). La très grande majorité des joueurs payent leur licence (290€ pour les seniors, cotisation au club comprise), participent même aux frais de déplacement pour les matchs à l’extérieur (5€) et ne bénéficient d’aucune rémunération en contrepartie. Sans oublier les frais pour l’achat ou la location du matériel, obligatoire : casque, épaulières, crampons, gants…

« On reste un sport amateur », confirme Bavuong Souphanthavong. D’ailleurs, une seule formation est semi-professionnelle dans l’Hexagone, puisque les joueurs ne sont recrutés que pour six mois de l’année : les Mousquetaires de Paris, qui évoluent dans la Ligue européenne ELF.

« Les joueurs travaillent à côté, ils jouent au foot sur leur temps libre et rognent sur leur vie de famille, ils ont parfois un enfant à faire garder, poursuit celui que tout le monde appelle « Bav ». On doit prendre en compte cela. »

Ils sont étudiants, agents de sécurité ou immobiliers, comptables…

Étudiants, agents de sécurité ou immobiliers, commerçants, comptables, policiers, logisticiens… À l’image des gabarits très variés, toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées au sein de l’effectif marseillais.

Alors, les soirs d’entraînement (deux par semaine) rythmés par du rap joué en permanence par une puissante enceinte, les joueurs arrivent au compte-goutte, certains même après le début de l’échauffement. La plupart se changent dehors, sur le bord du terrain, alors que le bâtiment municipal est pour le moins vétuste.

À 19 ans, le beau bébé Youssef Nettar, international U20, n’a pas de raison d’arriver en retard : après avoir quitté en janvier son BTS analyses de biologie médicale, l’offensive linemen (rempart principal pour bloquer l’accès à son quarterback) intervient dans le périscolaire à la pause méridienne et l’après-midi, ce qui lui permet également d’aller chaque matin à la salle de sport.

De son côté, Lionnel Zahariou fait « parfois » partie des retardataires cette saison, en raison de ses « nouvelles responsabilités » (team manager chez Nike aux Terrasses du Port) et du fait qu’il a encore loupé l’examen du permis de conduire. « L’an dernier, j’étais à l’heure ! Là, c’est plus difficile. Si ça ne tenait qu’à moi, je serais ponctuel », explique le wide receiver, qui réussit toutefois à se libérer le week-end pour les matchs.

Photo B.G.

On essaie de fixer un cadre, mais il faut aussi s’adapter au rythme de chacun. Nous faisons un sport très exigeant pratiqué par des passionnés

Bavuong Souphanthavong, le directeur sportif du club et head coach de l’équipe Élite

« On essaie de fixer un cadre, mais il faut aussi s’adapter au rythme de chacun. Nous faisons un sport très exigeant pratiqué par des passionnés », résume Bavuong Souphanthavong, arrivé en 2016 quand le club végétait en Division 3.

La passion pour leur sport, voilà certainement ce qui lie profondément les Blue Stars. Et leur permet d’accepter plus facilement toutes les concessions, familiales et/ou sociales, et les efforts à fournir jusqu’au mois de juin. Le 28 précisément, date de la finale du Casque du Diamant, organisée à Chambéry.

Une routine pour éviter « de faire n’importe quoi »

« Je vais à la salle de muscu à 5 h du mat’, puis je file au travail jusqu’à 17h45, avant d’enchaîner sur l’entraînement, détaille Emmanuel Ntoumtoum, running back sur le terrain et conseiller bancaire au Crédit agricole à la ville. Comme j’ai toujours fait du foot US, ça fait partie de ma routine. Depuis le lycée, ça n’a jamais changé. »

« On est amateurs, donc cela nécessite une vraie gestion de l’agenda au quotidien. Ça permet d’avoir une vie structurée, au lieu de faire n’importe quoi », appuie-t-il.

L’humain, la formation des éducateurs et l’accompagnement des jeunes

Faute de tribunes à Saint-Jérôme, l’équipe Élite investit le stade Delort pour disputer ses matchs à domicile, à deux pas du Vélodrome. Les spectateurs viennent en masse, assistant à un vrai show, signe d’un véritable capital sympathie de la part du public marseillais.

Pour rester attractifs, malgré l’important turn-over de joueurs au gré des mutations professionnelles ou changement de vie, les dirigeants des Blue Stars misent sur l’humain, un tropisme indéniable pour Marseille ou encore la formation des éducateurs. Mais le club installé dans les quartiers Nord se fait fort d’une vocation sociale en ne lésinant pas sur l’accompagnement des jeunes.

« Quand on constitue notre effectif, on est dépendant des bonnes volontés de chacun, alors on met en avant le projet sportif, les installations, la qualité du coaching et les résultats sportifs pour attirer, précise Bavuong Souphanthavong. Et après, on essaie de faire au mieux avec ce qu’on a, ce qui est déjà très bien. »

Photo B.G.

Victoire impérative samedi face aux Argonautes d’Aix au stade Delort

Finaliste du championnat de D1 en 2023, stoppé en demie l’an passé, le club marseillais nourrit encore de grandes ambitions pour 2025, même si le début de saison n’est pas parfait. Après deux victoires, un nul et deux revers, il reçoit ce samedi son voisin aixois des Argonautes (20h), au stade Delort, à l’occasion de la 7e journée du championnat (*). La victoire sera impérative pour continuer à croire à l’objectif d’atteindre le dernier carré.

« On veut essayer de rattraper petit à petit notre retard sur les meilleurs clubs (Thonon, La Courneuve, Ndlr), explique Bavuong Souphanthavong. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, travailler sereinement, sérieusement. Ça reste du sport ; au soccer, le PSG ne gagne pas chaque année mais il le fait huit fois sur dix. C’est à peu près la même chose pour nous avec les Black Panthers et le Flash. Par rapport à nos capacités, finir tout le temps de deuxième serait déjà pas mal. »

Benoît Gilles

* Prévu le 1er février dernier, le derby entre Argonautes d’Aix et Blue Stars de Marseille comptant pour la 2e journée du championnat Élite n’avait pu se tenir, le terrain du stade Carcassonne étant impraticable. Reporté au 26 avril, le match aller se jouera donc après la rencontre retour.

SUR LE MÊME SUJET