On se demande parfois pourquoi Elise Lucet éprouve un besoin viscéral de s’en prendre à la terre entière. Est-ce la résultante d’une longue période de frustration au cours de laquelle elle a dû avaler moult couleuvres, durant onze ans de présentation des journaux télévisés de treize heures sur France 2 ?
Est-ce parce qu’elle ne dispose d’aucun diplôme journalistique et qu’elle n’a fait qu’une brève incursion à l’université ? Sont-ce les longues années passées dans l’ombre écrasante de Jean-Marie Cavada, un vrai journaliste, lui ?
En tout cas, chacun s’accorde à reconnaître que les méthodes journalistiques d’Elise Lucet tiennent davantage de l’inquisition que de la quête d’informations impartiales susceptibles d’étoffer une enquête équilibrée. Lucet, c’est une fausse opiniâtre et une vraie caricature. Une hystérique de l’hygiénisme et de la transparence. La façon qu’elle a de se mettre en scène, comme Christophe Hondelatte dans « Faites entrer l’accusé », signe sa forfaiture intellectuelle.
Avec son gilet de cuir noir, elle joue à plaisir les Zorro de la morale, et instruit ses dossiers à charge comme un juge d’instruction qui aurait oublié la moitié de sa mission. Lorsque le trait est trop gros, comme lors de son émission du 1er avril 2021 sur les producteurs d’alcool, et notamment Pernod-Ricard, où elle manipule quelques témoins frustrés (qui masquent leur patrimoine accumulé chez Ricard) pour accabler cette société, l’un des fleurons de l’industrie française, il devient insignifiant. Personne ne lui demande de comptes, à elle, sur son salaire de 25 000 euros mensuels que lui verse la télévision publique… Personne ne lui demande si cette somme n’est pas exorbitante au regard de son mépris affiché de l’argent ? Voilà une hystérique qui voit le mal partout et qui semble obsédée par la transparence. Mais chacun est libre de ses actes, chacun est responsable de sa consommation d’alcool. Se prend-elle pour une femme de méninges ? Une reine soleil ? Un procureur aigri ?
Son reportage sur le glyphosate (il y a cinq ans), qui ne reposait sur aucun traitement scientifique, et n’accordait aucune place au contradictoire, lui avait déjà valu 500 plaintes au Conseil supérieur de l’audiovisuel. Son agression dirigée contre Rachida Dati au Parlement européen lui avait valu d’être éreintée par la critique. Plusieurs journalistes chevronnés ont sévèrement recadré cette aventurière de l’image qui se fait passer pour une professionnelle de l’information alors qu’elle n’a, hélas, que la taille d’une speakerine.
Elle scénarise, elle fait de la sensation télévisuelle, comme dans une vulgaire série policière américaine; « Parfois, j’ai honte de faire le même métier qu’elle » avoue un de ses confrères. Il a raison. Le vrai populisme, c’est celui de Lucet lorsqu’elle incite ses interlocuteurs à l’aveu honteux et à la repentance, pour des forfaits qu’ils n’ont jamais commis… Ce n’est pas « cash-investigation », c’est trash-sensation !
Mme Lucet sait-elle, ou feint-elle d’ignorer, que Paul Ricard était un précurseur en matière de protection de l’environnement et que c’est lui qui a fondé l’Institut océanographique Paul Ricard aux Embiez, l’un des plus beaux sites de protection marine dans le monde ? Mme Lucet sait-elle, ou ne veut-elle pas savoir, que Paul Ricard et ses fils ont toujours été à l’avant-garde des avantages sociaux fournis aux salariés ? Sait-elle, ou ne veut-elle pas savoir, que Paul Ricard a été un mécène pour toute une génération de peintres et de sculpteurs ? Sait-elle qu’il a contribué à la survie du riz de Camargue grâce à la création de la Maison du Riz à Arles ?
Cette femme est une récidiviste, une hyène de la transparence à tout prix, du véganisme social, elle paraît totalement illuminée par sa propre suffisance. Elle crache dans la soupe, elle fulmine sans trop se mouiller, puis admire son œuvre en se mirant dans sa propre image. Nulle. Absolument nulle.
José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional