mercredi 6 novembre 2024
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Emmanuel Macron à Strasbourg : repenser l’Europe

Emmanuel Macron à Strasbourg © Elysée Fb

À l’occasion de la journée de l’Europe, dimanche 9 mai 2021, Emmanuel Macron s’est rendu à Strasbourg. Il lançait officiellement la Conférence pour l’avenir de l’Europe. Son discours voulait réaffirmer la place de l’Europe; celle-ci a cependant encore beaucoup à réformer pour les prochaines années.

Depuis 14 mois, il n’y a plus de session parlementaire à Strasbourg. Le président de la République a parlé devant un hémicycle clairsemé de députés, et environ trois cents citoyens en visioconférence. Etaient également présents Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, David Sassoli, président du Parlement européen et Antonio Costa, le premier ministre portugais, président en exercice de l’Union européenne, pour représenter ces institutions.

Ce voyage symbolique d’Emmanuel Macron voulait notamment souligner le rôle essentiel de Strasbourg comme ville des institutions européennes : « Strasbourg est le foyer de ce que l’Europe a voulu et construit pour elle -même (…) C’est ici que bat le cœur de la démocratie européenne », a affirmé Emmanuel Macron dans son discours.

Il a dénoncé plus loin un « procès de l’Europe fait chaque matin, cet espèce de défaitisme ambiant ». Selon lui, l’Union européenne doit tirer des leçons de la gestion non coordonnée de la pandémie, mais peut être fière d’être « une Europe de la solidarité » : « Dans cette crise, c’est un modèle européen qui s’est affirmé. » Dans cette même optique, il a souligné le rôle phare de la démocratie : « Nous devons nous féliciter d’avoir continué à débattre (…) c’est ce qui nous définit  (…) Ce modèle productif solidaire, démocratique, c’est notre identité européenne. »

Le président de la République française a présenté le nouveau projet européen, pour « rester d’ardents optimistes et d’ardents ambitieux » : « Notre Union a besoin d’une nouvelle respiration démocratique et c’est tout le sens de la conférence sur l’avenir de l’Europe que nous lançons aujourd’hui. » Une plateforme numérique, depuis avril, est ouverte à tous les citoyens qui veulent soumettre une idée pour l’avenir de l’Europe : « Il y aura un an de débat ouvert à tous : aux institutions, aux parlements, aux partenaires sociaux, aux groupes de réflexions, à tous les citoyens. Du niveau européen à l’échelon local, de la plateforme en ligne disponible dans chaque langue, au panel de citoyens, ce sera un exercice inédit. »

Mais « prendre le pouls du continent » ne suffit pas. La coopération européenne telle que l’envisage Emmanuel Macron ne doit pas faire perdre de vue le principe de subsidiarité : que les acteurs locaux puissent agir à leur niveau, à leur échelle, et non pas dans le giron d’une Europe maîtresse et lointaine. C’est une Europe qui encourage à l’initiative des régions et des acteurs de terrain qu’il faut mettre en place. On voit les résultats que donne une telle initiative dans le cas de la Région Sud, qui a reçu en mars 2021 le prix de la Région Européenne entreprenante.

Les conclusions des concertations seront présentées au printemps 2022, à l’époque où la France assurera la présidence tournante de l’Europe, et quelques mois avant les élections présidentielles françaises. « Quelle Europe voulons-nous dans dix ans, dans quinze ans ? » Le lancement de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, et les réformes projetées, s’inscrivent  aussi dans le calendrier présidentiel d’Emmanuel Macron.

Bac 2021 : la mobilisation des lycéens continue à Marseille

Mobilisation lycéenne au Vieux-Port © Le Méridional

En raison de la crise sanitaire, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé un aménagement des épreuves du baccalauréat 2021, en philosophie et en français notamment. Mais pour l’heure, une prise en compte par contrôle continu n’est pas envisagée. Le Mouvement National Lycéen parle de « bricolage » et appelle à poursuivre les mobilisations.

© Le Méridional

Ce matin au Vieux-Port de Marseille, c’est en musique et en slogans martelés que protestent les lycéens. Marion, une élève de Terminale, nous glisse : « Ce n’est pas normal de passer un bac comme celui qui est envisagé ; dans ma classe depuis le début de l’année, quatre profs ont été absents et n’ont pas assuré les cours pendant plusieurs semaines. Et c’est comme ça pour beaucoup d’entre nous ! »  Sur Europe 1 la semaine dernière, Jean-Michel Blanquer avait déclaré qu’il était « ouvert à des aménagements possibles », mais sans « passer au contrôle continu intégral ».

Autotests dans les lycées, « une équation insoluble »

© Pxb

A partir de ce lundi 10 mai, les lycéens retournent en demi-jauge dans les établissements scolaires. Si les premières livraisons d’autotests devaient arriver la semaine dernière, beaucoup d’établissements indiquent qu’ils n’ont rien reçu, ou bien en quantité insuffisante.

Selon ce qu’avait prévu le gouvernement, les autotests devaient d’abord être distribués aux enseignants, pour qu’ils puissent s’autotester chez eux deux fois par semaine. Sur la forme du test antigénique nasal, l’autotest permet de connaître les résultats en une quinzaine de minutes. Dans un courrier adressé aux chefs d’établissements,  le ministère de l’Education nationale précise que pour les lycéens, ces tests « sont destinés exclusivement à un usage en établissement sous la supervision d’un adulte. » Le manque de personnel dans les lycées rend cependant quasiment impossible le processus. A terme, les lycéens devraient avoir l’autorisation de se tester chez eux.

Le site de la ville de Marseille indique que « La politique de dépistage sera renforcée grâce aux autotests obligatoires dans les lycées et accessibles dans les collèges. Dès le 10 mai, les lycéens pourront réaliser – une fois par semaine – un autotest sous la supervision de personnel formé. En cas de résultat positif, une confirmation par test PCR sera indispensable.« 

60 millions d’autotests sont attendus dans les établissements scolaires d’ici à l’été. Par la voix des syndicats, beaucoup d’enseignants disent craindre une organisation aux contours pour l’instant très indéfinis.

Saint-Etienne 1 – 0 OM : Marseille passe à côté

© OM

Les Marseillais ont été incapables de s’adapter dans ce match. Est-ce à cause de l’horaire moins habituel pour l’OM, qui jouait pour la première fois de la saison à 13h ? Est-ce à cause de l’annonce du départ de Florian Thauvin pour le Mexique ? En réalité, le match des Phocéens est finalement à l’image de leur saison : brouillon et frustrant. Bien pris en première mi-temps par le pressing haut des Stéphanois, les Olympiens n’ont pas réussi à revenir au score en deuxième mi-temps. Saint-Etienne, porté par un excellent gardien et un collectif uni, mérite amplement sa victoire.

En première mi-temps, les Marseillais ont eu toutes les difficultés du monde à relancer proprement. Ils se sont pourtant entêtés à vouloir relancer au sol sans changer leur animation. Ni Leonardo Balerdi, ni Duje Caleta-Car n’ont essayé de venir créer le surnombre qui aurait pu permettre cette relance. Ils n’ont pris aucun risque en restant bien alignés avec Alvaro Gonzalez. Résultat : les Phocéens ont été étouffés dans leur camp. Après seulement 30 minutes de jeu, ils avaient déjà subi 7 tirs et concédé 7 corners. Saint-Etienne ouvre logiquement le score à la 43ème minute par l’intermédiaire de Arnaud Nordin. Sur le but, Balerdi, positionné sur l’axe gauche de la défense (ce qui n’est pas habituel pour lui) manque totalement son dégagement Bien que malchanceux sur le coup, il aurait dû mieux faire. Les Stéphanois sont récompensés de leur très belle première mi-temps en menant à la pause 1-0.

Durant la deuxième mi-temps, les Marseillais reviennent des vestiaires avec un peu plus d’envie mais restent brouillons. Il faudra attendre les premiers changements pour réellement voir des actions marseillaises. En premier lieu, sur coup de pied arrêté. Mais à chaque fois, le jeune gardien stéphanois Etienne Green se trouve sur la trajectoire. Saint-Etienne paye en fin de match les efforts fournis en première mi-temps. Mais Green et un collectif soudé leur permet de tenir le score. Une belle victoire pour les Verts, qui pour la première fois depuis 1979 battent l’OM deux fois en championnat durant la même saison.

L’équipe de Marseille, avec cette défaite, rate la possibilité de s’emparer seule de la 5ème place et prend le risque de voir Rennes lui passer devant. Une après-midi à vite oublier pour l’OM.

Mayeul LABORDE

> Prochain match de l’OM : Angers/OM, dimanche 16 mai à 21h sur C8.

Un nouvel indice pour la vente de l’OM ?

©WKMC

Les rumeurs au sujet de la vente de l’OM se font de plus en plus persistantes. Certaines sources parlent d’une officialisation entre le 15 et le 30 mai. La vente, selon certains supporters, serait déjà bouclée depuis février. Entre informations et désinformations, il est difficile d’y voir clair. Une chose est sûre : lorsque l’on se rend sur le site société.com et que l’on va sur la société « Olympique de Marseille », on peut voir apparaître le nom de AL-WALID BEN TALAL. Il suffit pour cela de cliquer sur le bouton « plus d’info ». Cet onglet donne en général des informations sur l’actionnaire de la société. Alors, info ou intox ?

Le Défi de Monte-Cristo, l’incroyable traversée

Le Défi de Monte-Cristo © Paul Goldberg

Le compte à rebours a commencé. Dans deux mois, le 8 juillet, débutera à Marseille le premier volet du Défi de Monte-Cristo, une épreuve de natation en eau libre en Méditerranée. Les parcours de différentes longueurs se tiennent aux alentours des plages du Prado. Dominique Lena, fondateur et organisateur du projet, n’est pas peu fier de nous parler de cette 23ème édition.

« Je n’aurais jamais pu imaginer un tel engouement pour cette course », nous avoue en riant Dominique Lena. Il y a 23 ans, quand il a lancé ce projet un peu fou avec l’aide de quelques acteurs, nul besoin d’une organisation gigantesque : 25 nageurs au rendez-vous, le soutien d’amis et de proches. Aujourd’hui, de nombreux sponsors, et un nombre d’inscrits qui donne le vertige : 10 000 nageurs, répartis sur deux sessions, celle de juillet et celle de septembre. Après cette mise en bouche, détaillons un peu plus précisément l’aventure.

Ce n’est pas en lisant, enfant, le célèbre livre d’Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo que Dominique Lena a eu l’inspiration géniale de cette course. Mais le fameux château d’If fait bien partie de l’histoire. Etudiant à Marseille au campus de Luminy, il travaille sur l’organisation et la gestion d’événements dans le cadre de son master. En parallèle, il pratique le water-polo et fait ses classes au Cercle des Nageurs de Marseille. Deux fois par jour, à l’heure du déjeuner et le soir, il passe s’entraîner à la piscine du club, qui donne sur la mer. Autant dire que la vue du château d’If fait partie de l’univers quotidien du jeune Marseillais.  De là à l’idée qui germe, puis au projet de fin de master, et au lancement d’une course inspirée de la fuite du légendaire Edmond Dantès, il n’y a qu’un pas.

Le Défi de Monte-Cristo © Paul Goldberg

« Il y a vingt ans, il faut le dire, ce genre d’aventure en pleine nature était beaucoup moins à la mode qu’aujourd’hui. Les gens osaient moins se lancer individuellement dans de telles courses », souligne Dominique Lena. Le projet, précurseur s’il en est, se fait connaître d’année en année. A tel point que sa renommée dépasse largement les frontières nationales. Se croisent donc tant des Marseillais que des Français d’autres régions et des étrangers de plus de 70 nationalités. L’organisateur sourit de notre question naïve : « Les nageurs qui viennent du pays le plus lointain ? Il me semble bien que ce sont les Australiens ! » Des nageurs étrangers qui sont bien souvent devenus des habitués de la course. Cette année, le projet 2021 profite de l’expérience de l’année dernière. En raison de la crise sanitaire en effet, l’événement avait dû être reporté de juillet à septembre 2020. Une date qui a plu à beaucoup, permettant un entraînement régulier pendant les mois d’été !

Le Défi de Monte-Cristo © Paul Goldberg

C’est donc l’une des nouveautés de la course 2021. Deux sessions se tiendront, l’une en juillet (du 8 au 11), l’autre en septembre (du 10 au 12). Les longueurs des courses permettent la participation de nageurs professionnels (le Défi est une étape de la Coupe de France de Natation en eau libre depuis sa première année) comme de nageurs amateurs (entraînés), et des enfants.

Cette année, on compte 18 courses et 7 distances, dont deux nouvelles (6km et 4km). Notre coup de cœur : le « 5K By night », la course sur soleil couchant qui, d’après le témoignage de nageurs, apporte une ambiance unique. Le nombre restreint de participants (une cinquantaine) permet un encadrement serré, avec presque une embarcation par nageur. Les autres jours, la sécurité est aussi étroitement organisée : bouées-balises, kayaks, canoës et paddles des bénévoles, véhicules des Sauveteurs en Mer et marins-pompiers volontaires.

Le Défi de Monte-Cristo © Paul Goldberg

Côté responsabilité écologique, le projet n’est pas en reste, avec là aussi des nouveautés. Sur tout l’événement et au village du Défi, aucun déchet plastique ne sera à déplorer. Panneaux solaires, toilettes sèches, revalorisation des détritus avec la Métropole, ravitaillement en fruits et légumes locaux… les bonnes entreprises ne manquent pas et relèvent de plusieurs années d’observation.

Premier événement européen de natation en mer, le Défi de Monte-Cristo est une fierté pour Marseille. Le projet reste une aventure incroyable pour celles et ceux qui veulent se surpasser tout en vivant une ambiance unique. Les inscriptions, le calendrier et toutes les autres informations sont à retrouver sur le site du Défi de Monte-Cristo.

Jeanne RIVIERE

Au village et dès que possible, les protocoles sanitaires resteront bien sûr de mise.

Les tarifs sont très variés, allant de 6€ (1K junior) à 150€ (5K By night).

Pour pouvoir participer, vous devrez présenter soit une licence des fédérations suivantes (FFN, FFESSM & FFTRI), soit un certificat médical datant de moins de 3 mois au jour de la course, précisant la « non contre-indication à la natation en mer sur longue distance ».

Saint-Etienne/OM – Ne pas rater le coche

©OM

L’OM tient l’occasion de s’emparer enfin seul de la 5ème place en prenant 3 points d’avance sur Lens. A seulement trois journées de la fin du championnat, l’occasion est trop belle pour passer à côté.

Les compositions probables :

Saint-Etienne : Green – Debuchy, Cissé, Moukoudi, Silva – Nordin, Camara, Gourna, Bouanga – Hamouma, Khazri.

Marseille : Mandanda – Balerdi, Alvaro, Caleta-Car – Lirola, Thauvin, Kamara, Rongier, Nagatomo – Payet, Milik.

Pronostics :

Je vois l’OM s’imposer sur le score de 2-0.

Sur le compte Twitter du Méridional, les suiveurs sont moins optimistes, puisque 50% voient l’OM s’imposer avec un but d’avance.

Mayeul LABORDE

Sport de combat MMA – Un documentaire sur Arte Radio

©Arte

Le sport de combat MMA (Mixed Martial Arts) a été légalisé en France le 31 janvier 2020. Arte lance un documentaire sous forme de podcast s’intitulant « Le Gladiateur » et entièrement dédié au MMA. Il sera disponible sur Arte Radio à partir du 13 mai 2021.

Ce podcast d’une trentaine de minutes vous plongera dans la tête de Norman Paraisy, un champion français d’arts martiaux mixtes. Le MMA est un sport de combat complet, mêlant boxe, lutte au corps à corps et pugilat. Norman Paraisy revient sans fard sur son parcours, sur la peur, les douleurs et les sacrifices qui mènent à cette cage de gladiateurs modernes. Fils d’une mère professeur de latin-grec d’origine polonaise et d’un père ouvrier d’origine haïtienne, il a grandi dans les quartiers populaires de Strasbourg. Il tombe amoureux du MMA à l’âge de 16 ans, et va le pratiquer aux quatre coins du monde, puisqu’il était alors interdit en France. Sur ses 22 combats il ne compte que 4 défaites.

Sensible et cultivé, il vient mettre à terre les clichés du « bad boy » qui pratique un sport de combat. Il parle plusieurs langues, aime les livres et les voyages. Il parle du MMA avec une certaine philosophie : « On joue au foot, on joue au tennis mais on ne joue pas au MMA. ». Il ajoute: « Dans l’inconscient humain il y a une fascination réelle pour la violence ». Selon lui, cela peut expliquer cet engouement des gens pour le MMA.

Aujourd’hui âgé de 35 ans, Norman Paraisy a tourné la page de sa vie de boxeur. Il y a un an, il s’est reconverti et est devenu comédien, un métier où il retrouve cette adrénaline qu’il aime tant. On peut notamment le voir dans la saison 8 de la série « Engrenages », et il sera l’an prochain à l’affiche de « La Fracture », le dernier long-métrage de la réalisatrice Catherine Corsini.

Mayeul LABORDE

1944 : quand la Première armée française débarquait en Provence

Le débarquement sur les côtes de Saint-Raphaël © WKMC

Le 15 août 1944, ce sont plus de 300 000 soldats qui débarquent en Provence pour libérer les grandes villes du sud : Marseille et Toulon en font partie. Une opération d’une immense ampleur, commandée par le général de Lattre de Tassigny, l’homme qui, au terme des victoires de « la première armée française », représente le pays lors de la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie, le 8 mai 1945. Le livre de Claire Miot La Première armée française, de la Provence à l’Allemagne, 1944-1945 (à paraître fin mai) met en lumière de façon extrêmement fine l’histoire particulière de cette armée.

« Si le lancement de l’opération Overlord en Normandie, le 6 juin 1944, n’est pas allé de soi, celui d’Anvil-Dragoon sur les côtes provençales relève presque du miracle », souligne Claire Miot dès le premier chapitre. Jusqu’au début du mois d’août 1944 en effet, l’incertitude pèse sur l’opération.

Pourquoi cette incertitude? D’abord parce que la vision américaine et la vision britannique diffèrent, et c’est la seconde qui l’emporte dans un premier temps. L’Angleterre prône la multiplication des attaques périphériques, pour soulager les armées et desserrer l’étau qui pèse sur les opérations extérieures (débarquement en Afrique du Nord en 1942, puis opération en Sicile, libération du Maghreb etc.) Les Américains, eux, sont partisans d’un « Germany first« , qui ferait foncer les armées jusqu’à Berlin le plus vite possible. L’autre difficulté qui ralentit le lancement d’Anvil-Dragoon est l’incapacité de prévoir les mouvements de l’armée allemande.

A la conférence d’Anfa, en janvier 1943, le président des États-Unis Franklin Roosevelt a promis à de Gaulle un réarmement des divisions françaises. Le général doit négocier pour mettre en avant la légitimité de l’armée française qui s’est constituée et qui attend avec impatience de jouer un rôle dans la libération de son propre sol.

Les forces alliées s’enlisent en Italie, les tensions s’accentuent entre les Britanniques et les Américains. Alors que le lancement de l’opération Overlord et celui du débarquement dans le Midi doivent à l’origine se passer en même temps, il est question de les dissocier. Bref, le débarquement en Provence fait les frais d’un calendrier incertain, mais surtout de problématiques géopolitiques qui s’accélèrent alors que la défaite allemande commencer à se profiler. Une fois en France, l’armée de De Lattre a donc un triple rôle à jouer : militaire, politique et diplomatique.

Que dire de l’armée elle-même, des soldats ? La composition de l’armée n’a rien d’homogène : on y retrouve des volontaires des anciennes Forces françaises libres (FFL) et des conscrits, européens ou colonisés, issus de plusieurs vagues de ralliement et de recrutement dans l’empire. Claire Miot détaille aussi la méthode choisie pour aborder le sujet : étudier « au plus près des hommes », notamment au travers de la multiplication des regards (grâce aux archives judiciaires, médicales etc. par exemple) ; elle veut ainsi prendre en compte la vision de la guerre au quotidien par les soldats, ainsi que la question de l’engagement.

Lorsqu’elle débarque enfin en France, dans un contexte politique évidemment agité, cette armée joue un rôle capital, en plus de devoir être le symbole d’une unité nationale retrouvée : « Instrument de reconquête de la grandeur nationale, il lui incombe non seulement de prouver la capacité du pays à se libérer par lui-même, mais aussi de le hisser au rang des puissances victorieuses, enjeu essentiel pour compter dans le système international naissant.« 

Le débarquement de l’armée sur les côtes de Saint-Raphaël en août 1944 © WKMC

Il est sans doute vrai de dire que l’éclat de cette « Première armée française » (connue sous le nom de 2ᵉ armée puis d’armée B à partir du 23 janvier 1944, appelée enfin officiellement Première armée française en septembre 1944) a été éclipsé par le prestige de la 2ème DB (Division blindée) du général Leclerc, qui cependant n’a représenté qu’une mince contribution dans l’ensemble de l’opération Overlord. Leclerc demeure comme le symbole du libérateur de Paris. Mais le général de Lattre de Tassigny mérite aussi la reconnaissance du pays : dans l’élan de nos armées entre la Provence et Berlin, il permet à la France de reconquérir une partie de son honneur.

Un livre étayé et accessible, qui s’attache à étudier le plus précisément possible l’aventure de cette armée française libératrice.

Jeanne RIVIERE

Claire Miot, La Première armée française, de la Provence à l’Allemagne, 1944-1945, à paraître le 27/05/2021, 448 pages, Perrin, 26€.

Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure de Cachan (désormais ENS Paris-Saclay) et agrégée d’histoire, Claire Miot est actuellement détachée au Service historique de la Défense où elle poursuit ses recherches sur l’histoire de l’armée française pendant et après la Seconde Guerre mondiale, et sur l’expérience de guerre des soldats colonisés de l’Empire français. Elle est également chargée de cours à l’Université Paris-Nanterre et à l’ENS Paris-Saclay.

« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! »

© Acomar Bouches-du-Rhône DR

Le premier vers du poème de Baudelaire « L’homme et la mer » illustre à merveille l’amour inconditionnel de la mer que portent ces hommes et ces femmes engagés dans la marine française à différents niveaux. En ce jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe (8 mai 1945), nous avons l’honneur d’échanger avec Philippe Chovet, Maître Principal honoraire dans la Marine nationale, aujourd’hui président de la section Bouches-du-Rhône de l’ACOMAR (Association Centrale d’Officiers mariniers de Marins de Réserve).

Quand il s’est engagé dans la Marine nationale en 1960, Philippe Chovet n’avait en poche que ses vingt ans et son certificat d’études. Le monde de la marine ne l’a jamais lassé : en vingt-six ans de service, il a pu accomplir toutes sortes de missions ; il commence comme radiotélégraphiste (il ne doit alors jamais quitter l’amiral dont il est le chiffreur !), travaille au Secrétariat Général de la Défense Nationale à Paris (SGDN), part trois ans pour Saïgon au Consulat Général de France, rentre à Toulon, passe deux ans à la Préfecture Maritime… on se perdrait à tout énumérer. Ce que Philippe Chovet se plaît à souligner, c’est que sa carrière a commencé et s’est achevée à Marseille, alors qu’il est devenu Maître Principal.

Ce n’est pas pour autant qu’il tourne le dos à la mer : quand il quitte « l’active » en 1985, il repart pour quinze ans de réserve. Enfin, après ses 60 ans, il adhère à l’ACOMAR, pour finir président de la section. Quel est le rôle de cette fameuse association ?

L’ACOMAR

L’Association Centrale d’Officiers mariniers de Marins de Réserve regroupe des réservistes opérationnels, d’anciens marins de la Marine Nationale, Officiers Mariniers, Quartiers-Maîtres et Marins ainsi que nombre de sympathisants.

L’ACOMAR regroupe aujourd’hui 28 sections et délégations départementales réparties à travers tout le territoire français. L’association a été fondée en 1932 par Roger-Paul Courtheoux à l’initiative du Commandant Ducuing. Elle prend à cœur d’entretenir les relations entre la Nation, la Marine nationale et les forces armées. Elle apporte aussi son soutien à l’action de la Marine et à la participation à l’encadrement et l’animation de la préparation militaire marine et des jeunes gens futurs réservistes.

Le Chef de Bataillon Francis A.et le Maitre Principal Philippe Chovet (à gauche sur la photo) © Acomar13 DR

Faire connaître aux jeunes la carrière de la Marine nationale

Pour Philippe Chovet, il est très important que l’ACOMAR soit présente pour faire découvrir aux jeunes les possibilités de carrière au sein de la Marine nationale, souvent trop peu connues : « Aux forums des associations ou lors de conférences dans les collèges et les lycées, les jeunes nous posent beaucoup de questions, parfois très concrètes, et parfois plus profondes. » Le métier des armes est un engagement particulier, mais qui parle encore aujourd’hui.

L’importance de commémorer le 8 mai

Cette année, crise sanitaire oblige, le préfet a dû restreindre le nombre de participants des associations. Mais Philippe Chovet ne sera pas privé de commémoration : il a été convié par le maire de secteur du 13ème et 14ème arrondissement de Marseille, pour déposer une gerbe au Monument aux Morts du cimetière du Canet. Pourquoi est-il si important de commémorer le 8 mai encore aujourd’hui ? Pour Philippe Chovet, la réponse paraît évidente : « Commémorer la fin d’un conflit qui a fait des centaines de millions de morts, commémorer la part de victoire qu’a eue la France, commémorer la date de la victoire et de la liberté, c’est la moindre des choses. » Une magnifique conclusion de la part d’un ancien « col bleu ».

Jeanne RIVIERE