Pour le premier match de l’année 2023, l’Olympique de Marseille se déplace à Montpellier pour la 17ème journée de Ligue 1. Un match important puisque les Olympiens sont à 7 points de Lens, deuxième, et ont besoin de points pour recoller à la tête du classement. Ce match marque également le retour de Guendouzi dans le groupe.
Après une large victoire face à Toulouse (6-1), il y a quelques jours, les Marseillais affrontent Montpellier. Ce choc sudiste de la 17ème journée de Ligue 1 apparaît équilibré malgré l’écart au classement. L’OM a repris la troisième place avec 33 points, seize de mieux que le bilan affiché par les Héraultais (14e).
Un Montpellier en quête de stabilité
Rassuré par son succès 2-0 face à Lorient le match dernier, le MHSC espère continuer sur cette voie et faire de cette rencontre, un match référence pour la suite de la saison. Installé comme entraîneur depuis le 17 octobre, Romain Pitau a remis un peu le club à l’endroit après cette première victoire en Bretagne. Le coach devra cependant composer avec deux absents de taille, Pedro Mendes souffre d’une lésion aux ischio-jambiers et Wahbi Khazri soigne toujours une entorse de la cheville gauche. Annoncé sur le départ, Pitau pourra en revanche compter sur le latéral, Arnaud Souquet.
Pour l’OM une série de victoire à continuer
En confiance après cet écrasant succès face à Toulouse, les Marseillais ont l’occasion d’enchainer un quatrième succès consécutif en championnat. Igor Tudor ne pourra pas compter sur Samuel Gigot, sous protocole commotion après un coup lors du dernier match. Le Croate pourra quand même s’appuyer sur le retour de Mattéo Guendouzi. Opposés à la quinzième défense du championnat, les Olympiens auront une nouvelle fois l’occasion de montrer tout leurs talents offensifs. Ils devront tout de même rester vigilants puisque sur les cinq derniers matchs face à Montpellier, l’OM s’est imposé qu’une seule fois, la saison dernière lors de la première journée.
Ce sont donc deux équipes en confiance qui vont s’affronter, ce soir, à La Mosson avec pour objectif de commencer l’année comme ils ont terminé la précédente, par une victoire.
David Miège croque l’actualité avec un regard moqueur et savoureux. Retrouvez chaque fin de semaine ses dessins de la semaine dans les colonnes du Méridional.
Quel retour ! L’Olympique de Marseille s’est imposé 6-1 face à Toulouse pour la 16ème journée de Ligue 1. Une reprise de championnat parfaite pour les Olympiens, qui leur permet de passer devant Rennes et de se rapprocher de Lens au classement.
Les Marseillais ne pouvait pas rêver d’une meilleure reprise, les joueurs se sont largement imposés sur leur pelouse 6-1 face à Toulouse pour la 16ème journée de Ligue 1.
Dans un match ouvert l’OM a été dominateur et très solide tactiquement. Les Olympiens ont fait parler leurs qualités offensives face à une équipe toulousaine qui ne faisait clairement pas le poids et n’avait pas les armes pour lutter. L’OM a rapidement ouvert le score sur un centre rasant de Samuel Gigot coupé par Valentin Rongier (1-0, 13e). L’ancien Nantais a signé son premier but de la saison en championnat. Après un temps fort marseillais, les Toulousains se sont repris et se sont procuré deux belles occasions avant la mi-temps avec une tête hors-cadre de Farès Chaïbi (38e) puis une superbe parade de Pau Lopez face à Thijs Dallinga (44e). Le gardien Espagnol a comme d’habitude été très solide et à l’aise dans ses cages. Malheureusement pour les Toulousains, Rasmus Nicolaisen avait marqué contre son camp en lobant Dupé d’une tête maladroite à la suite d’une ouverture de Payet (2-0, 41e).
Au retour des vestiaires, les Phocéens ont continué de pousser. Kolasinac s’est offert un but tout en finesse (3-0, 51e). Servi par Clauss à l’entrée de la surface, Payet a montré qu’il n’avait rien perdu de sa précision avec une frappe envoyée dans la lucarne gauche de Dupé (4-0, 62e). Mais encore une fois l’OM a fini par se relâcher et Toulouse en a profité pour réduire le score sur un penalty obtenu par Veljko Birmancevic et transformé par Branco van den Boomen (4-1, 66e). Malgré ce but encaissé, les Olympiens ont encore attaqué et ont fait preuve d’efficacité. Tout juste rentré, Bamba Dieng a obtenu un penalty et Cengiz Under l’a transformé pour débloquer son compteur cette saison (5-1, 80e). Avec cette victoire l’Olympique de Marseille enchaine un 3ème succès de suite et revient en fanfare dans la course à la Ligue des champions.
Du 6 au 13 octobre s’est déroulé l’exercice Bold Hussar en Estonie dans le cadre d’un entraînement des troupes de l’Alliance atlantique. Il est un moyen de dissuasion alors que la Russie devient de plus en plus menaçante.
L’aube peine à se lever sur la Taïga. Le froid est pinçant. Il tiendra sa promesse d’un hiver rude. A l’abri dans le bois sombre, des formes s’agitent en silence. Seul le rouge flamboyant de plusieurs feux de camp marque la présence des militaires français. Dans le rétroviseur d’un VAB (véhicule de l’avant-blindé), le lieutenant Guillaume grime son visage aux couleurs de son treillis. Le départ est proche. Tous le sentent et coiffent leur casque lourd et enfilent leur gilet de combat. Un test radio rapide avec son chef de groupe, le sergent Enzo, et l’officier donne l’ordre à ses hommes d’embarquer. Il commande 32 soldats, répartis dans trois VAB. A travers l’obscurité, les véhicules se mettent en route dans un vrombissement de moteur. Le sergent Enzo a son buste à l’extérieur, par le toit. De sa position, il observe l’horizon : « Quel froid ! Il ne faut pas croire que les chasseurs alpins ne le ressentent pas, c’est une légende ! », plaisante Enzo. « On attend la formation de notre compagnie. Nous allons attaquer par l’ouest et d’autres vont attaquer à l’est. Tout le monde s’aligne pour que le capitaine coordonne l’attaque », précise le sergent. Enzo n’est pas à sa première mission à l’étranger. Il a notamment été déployé sur l’opération Barkhane, au Mali.
L’ampoule du VAB éclaire à peine les visages des militaires qui échangent quelques plaisanteries. Nous sommes dans le véhicule de tête. Le lieutenant Guillaume s’attend à une série d’embuscades. « Cette nuit, des commandos se sont infiltrés à travers les lignes adverses. Là où nous allons, il y aura beaucoup d’ennemis ! »
Depuis presque 5 mois, les soldats du 7e bataillon de chasseurs alpins sont en mission en Estonie avec les artilleurs du 93e régiment d’artillerie de montagne et les légionnaires du 2e régiment étranger de génie. Tous sont issus de la 27ème brigade de montagne et forment un contingent de 200 militaires auxquels s’ajoute 100 militaires chargés du soutien des troupes. Ensemble, ils forment ce qu’on appelle dans le jargon militaire un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA). En somme, une force armée dotée de plusieurs capacités : infanterie, artillerie et génie. Cela fait presque une semaine que les hommes du SGTIA, sous les ordres du capitaine Mayeul, dorment à la fraîche. Ils participent à l’exercice Bold Hussar, autrement dit le « le hussard audacieux » qui marque la fin de leur mission dans la région balte.
Dans l’exercice, les Français appuient les chars britanniques dans l’invasion fictive de l’Estonie. Aidés des chars danois et d’éléments britanniques, les militaires estoniens doivent repousser l’attaque. Ce scénario est créé de toutes pièces par la 1re brigade estonienne, basée à Tapa. Pourtant, il répond à une menace bien réelle venue de l’Est aux yeux des Estoniens. Selon leurs estimations, la Russie occuperait l’Estonie en 6 jours en cas d’invasion d’où la nécessité pour eux de s’entraîner.
La France est présente en Estonie depuis 2016 sous le nom de la mission LYNX. Une présence décidée en 2016 au sommet de Varsovie, suite à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, avec les chefs d’États et gouvernements membres de l’Alliance. La France s’intègre, de manière non permanente, au sein de la présence avancée renforcée de l’OTAN (eFP – enhanced Forward Presence) aussi appelée Battle Group. Il existe plusieurs eFP en Europe : en Pologne, en Lettonie, en Lituanie et plus récemment en Roumanie, pays dans lequel la France est nation cadre. Dans le cas de l’Estonie, cette force internationale est sous le commandement du Royaume-Uni, la nation cadre en Estonie, qui est elle-même subordonnée au commandant de la première brigade estonienne, le colonel Andrus Merilo. « Nous devons nous entraîner pour défendre notre pays et notre peuple contre n’importe quel ennemi, quelles que soient sa puissance et sa provenance. Depuis notre indépendance de l’URSS, nous construisons notre défense dans ce but », souligne le colonel Merilo. Sur la question des agresseurs probables, le colonel hésite puis affirme : « nos possibles agresseurs pourraient venir de l’Est. Si vous comparez la taille de l’Estonie à celle de la Russie, vous comprenez bien que nous n’y arriverons jamais seuls. L’OTAN est le moyen d’être prêt à faire face à toutes les menaces. » L’Estonie est membre de l’OTAN et de l’Union Européenne depuis 2004. La France n’en est pas à son premier entraînement interallié en Estonie. Pourtant, Bold Hussar est l’un des plus importants, en termes de moyens déployés, réalisés dans le cadre de l’OTAN avec 1 300 militaires et 44 chars lourds de combat. Il a pour but d’entraîner les Français, Estoniens, Britanniques et Danois à se battre ensemble dans le cas d’un conflit de haute intensité.
Cet exercice de grande ampleur a, cette année, une dimension plus particulière en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
« La posture de l’OTAN sur le flanc est se résumait à défense et dissuasion. Aujourd’hui, on est plus dans la posture défensive. »,
souligne une source militaire.
Suite à l’agression de la Russie, le président français Emmanuel Macron a prolongé la présence des militaires de la mission LYNX, qui auraient dû être relevés par l’armée danoise selon un système de roulement. Aujourd’hui, l’armée danoise est dans la base et les Français sont restés. Il y a donc environ 3 000 militaires à Tapa, pour une base qui peut en accueillir 2 000. Les logements sont spartiates : les Français sont installés dans des hangars aménagés en dortoirs tandis que certains éléments britanniques dorment sous tente.
Chaque nation ne qualifie pas l’ennemi de la même façon. Pour les Estoniens et les Britanniques, la menace est russe, indéniablement. Pour les Français, cela est plus complexe. La position de la France est délicate dans ce conflit : à la fois ouverte au dialogue avec la Russie et pourtant partie prenante aux efforts de l’OTAN et de l’Union Européenne pour stopper ses velléités expansionnistes. « L’Estonie n’est pas un théâtre d’opérations », tient à souligner le lieutenant-colonel Lefèvre, commandant de la mission LYNX, « Nous nous préparons au conflit de haute intensité, un conflit de bombardements. C’est important que ce sous-groupement tactique apprenne à y faire face dans un contexte interallié. Mon rôle est de m’assurer que les éléments français soient bien employés dans cette mission. Ce partage entre les nations évolue avec les besoins des Estoniens qui sont les plus importants. Mais, nous devons bien leur faire comprendre où se situe notre engagement et permettre aux Estoniens de disposer de structures de commandement. »
Bienfaits et limites de l’interopérabilité
« Débarquez ! Débarquez ! », les ordres du lieutenant Guillaume fusent à travers les bruits de détonations à blanc. Les Français sont pris dans une embuscade. Avec rapidité et malgré un équipement lourd, les soldats sautent hors du VAB et se postent à la lisière de la forêt. « L’ennemi s’est infiltré par les lisières. » Le sergent Enzo rend compte au lieutenant. Par des signes de la main, il fait avancer ses hommes. Bilan de l’action : deux « blessés » qui seront évacués dans l’hôpital de campagne. Tout est fictif mais les militaires doivent s’exercer dans les conditions du réel. Les arbitres estoniens, militaires de carrière, sont là pour y veiller. Les chars britanniques font un écran de fumée pour protéger la manœuvre.
« L’ennemi profite de tous les carrefours et tous les obstacles pour nous ralentir »,
analyse le lieutenant Guillaume,
« en plus des tirs d’artillerie. Les chars ne peuvent pas s’enfoncer dans la forêt et doivent rester sur des axes réduits, d’où notre mission de les protéger en débarquant dans les lisières. Nous sommes très mobiles. » L’ensemble des mouvements du SGTIA est coordonné par le major Nick au poste de commandement avancé.
Caché dans la forêt, le poste de commandement (PC) du Battle Group est en ébullition. Protégé par quatre véhicules blindés sur lesquels des bâches kaki sont étendues, le major Nick suit l’ensemble des mouvements de ses troupes. Les cheveux blonds en bataille, les traits tirés, le Britannique est le numéro deux de l’eFP. La radio crépite à son oreille, comme folle. « I’m quite busy », dit l’officier avec humour, « je collecte les informations du renseignement, du génie, de l’infanterie, de l’artillerie et de la cavalerie. Je suis informé de tout. » Arrivés trois semaines plus tôt, les Britanniques du King’s Royal Hussar font leur exercice d’intégration. « J’avais déjà fait un exercice similaire en Pologne en mai 2022 mais c’est ma première fois avec les Français. La communication est notre plus grand défi lorsque nous travaillons ensemble notamment au PC. » Penché sur une carte, le capitaine Maxime écoute attentivement le major Nick. Le capitaine a pour mission de faire l’intermédiaire entre le major Nick et les troupes françaises. Malgré tout, la barrière de la langue reste un défi en bout de chaîne. En témoignent les déboires de la section du lieutenant Guillaume qui vient de perdre deux VAB. « Les Britanniques nous avaient dit qu’ils avaient déminé la zone », explique le sergent Enzo, « mais en réalité, ils ont juste fait un itinéraire de contournement sans nous prévenir de la manœuvre. On a avancé en pensant que c’était bon… » Le lieutenant s’entretient avec l’observateur estonien responsable du bon déroulement du scenario. Rien n’y fait et ses deux véhicules sont à l’arrêt pour quelque temps. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Tout le monde s’accorde à dire que la communication reste un obstacle, en plus des procédures d’engagement sur le terrain différentes : « interopérabilité ne veut pas dire tout mélanger », affirme le commandant Wolf, le commandant en second du SGTIA. L’OTAN semble durablement s’installer en Europe et assurer sa défense. L’Europe de la défense est un concept qui s’éloigne à mesure que la Russie se rapproche des frontières.
La journée s’achève pour les militaires du SGTIA. Une pluie fine perle les treillis et les visages fatigués des soldats de la section. La journée a été rude, ponctuée de nombreuses embuscades allant jusqu’à l’assaut de tranchées.
« Mes hommes font leur métier donc forcément ils sont contents ce soir »,
annonce le lieutenant Guillaume,
« est-ce qu’on peut dire qu’on est prêt au combat de haute intensité ? Difficile à dire car il y a une différence entre un exercice et la guerre. On n’est jamais vraiment prêt à affronter le réel, les balles qui sifflent, les bombardements, la mort… On ne peut pas dire comment on va réagir. Par contre, on est certain d’avoir les bons réflexes et les bons automatismes grâce à nos entraînements. » La nuit ne fait que commencer. Les chars ont l’interdiction de circuler après 19 heures mais le bruit court qu’un assaut se prépare, tandis que l’épaisse Taïga a déjà englouti les militaires.
En couverture – Photo DR : Le lieutenant Guillaume commande 32 soldats dans le cadre l’exercice Bold Hussar
Marie-Charlotte Noulens est journaliste depuis cinq ans. Elle est passée par la presse locale en Normandie avant de travailler à Bangkok pour « Asie Reportages ». Elle a rejoint ensuite le magazine « Aider les autres à Vivre », pour lequel elle écrit sur des sujets de société, principalement dans des zones touchées par la guerre ou encore, autour de la précarité en Afrique, au Moyen Orient et en Asie du Sud-Est.Elle se déplace à l’étranger et livre dans les colonnes du Méridional ses analyses sur l’actualitéinternationale.
Jean-Jacques Fiorito est depuis plus de trente ans une des meilleures plumes de Marseille. Une des plus libres aussi, ce qui lui a valu des censures retentissantes. Comme il ne pouvait quasiment plus s’exprimer par écrit dans son journal « La Provence », il a décidé de s’exprimer à l’oral et son spectacle s’intitule : « La farce cachée de l’info ». Nous avons pu apprécier son one man show au théâtre du Tétard rue Ferrari à Marseille et le moins qu’on puisse dire c’est que son numéro est sacrément gratiné. Rire garanti.
« Mon journal, c’est pas un journal, c’est une maison de retraite : nos lecteurs ne lisent que la page décès. A seize ans, on se retrouve entre amis au concert. Là, à soixante seize ans, on suit les convois ».
D’emblée, le ton est donné. Fiorito se moque gentiment des titres désopilants ou burlesques qui ornent les pages du quotidien socialiste de Marseille : « Accident de la route à Marseille : trois morts dont deux graves », « accident mortel à Aix : plus de peur que de mal », « un cadavre sans tête découvert dans les calanques : la thèse du suicide n’est pas écartée », « tous à la randonnée clito-tourisme », « La préfecture annonce l’ouverture des commissariats vingt-quatre heures sur vingt-quatre, même la nuit », « Le médecin légiste confirme la mort de la victime » etc. Un tel florilège sent vraiment l’anis à deux lieues à la ronde, non ?
Fiorito est à la fois un humoriste et un « humeuriste », c’est-à-dire un poète de l’absurde, un révolté du Bounty et un prince du sarcasme. Il évoque une inversion de légende illustrant des photos : celle concernant une réunion d’amoureux de la bonne viande autour d’un gigot bien saignant était placée sous l’article relatant un triple meurtre par arme à feu et vice-versa ! Les femmes, elles, sont invitées à faire attention lors de leurs sorties nocturnes à Marseille car elles peuvent fort bien croiser la route d’une panthère ou d’un sanglier : « s’agit-il de Dominique Strauss-Kahn en peignoir ? » se demande Fiorito avec une fausse ingénuité.
Il se moque de la complaisance de certains articles, par exemple ceux qui louent le succès « indéniable » de « l’Artplexe Canebière », en face des Réformés : « vous connaissez son bilan d’un an ? Cent films projetés et une centaine de spectateurs…Y a dégun ! Avant, on avait le Capitole sur l’autre côté de la Canebière et ça marchait bien. Un coup à gauche, un coup à droite, quand va-t-on construire une salle sur la voie des trams au centre ? » Le tram ? Parlons-en : « il va à 12 km/h sur la Canebière, ironise Fiorito, c’est la vitesse moyenne d’un âne corse sous somnifère. Il doit faire gaffe aux clodos, aux alcoolos, aux vélos, aux chômeurs et aux bergers qui traversent avec leurs troupeaux. C’est plus un tram, c’est un transat ! Si ta femme accouche, ne va pas à la maternité en tram, sinon quand t’arrives le petit est déjà à la maternelle ! »
Fiorito égratigne sans méchanceté certaines actrices ou chanteurs de renom qui viennent faire la promotion d’un film ou d’un récital à Marseille et n’ont strictement rien à dire. Il se souvient même d’une certaine Camille qui était mécontente, à la louche, de son article sur sa prestation au Silo et a téléphoné au directeur de la rédaction du journal pour lui demander l’éviction de Fiorito. Ben voyons !
Il a été épaté par le show de Julio (Iglesias) qui a réussi à lui parler de sexe durant deux heures sans aborder une seule fois sa musique languissante de crooner fatigué : « dans l’hôtel où je l’ai interviewé, il y avait une foule de femmes qui se pâmaient, PPDA et Hulot auraient fait un carnage, lui Julio, son plus gros tube, c’est dans son slip qu’il est dissimulé ! »
Evidemment, il parle de l’OM, une équipe « essentielle à la santé mentale de la ville » : « Nous, ici, on a un milliard d’arabes et on n’a pas un centime, eux, à Paris, ils ont un arabe qui a versé un milliard d’euros et caracole en tête du championnat depuis dix ans ! » Fiorito ironise sur une « météorite de la politique » (Michèle Rubirola) qui est venue « camper l’été à la mairie avant de regagner son domicile l’hiver ».
Il se gausse du nouveau restaurant des Baumettes « où ceux qui en ont pris pour trente ans servent ceux qui prennent des lasagnes », il fustige les recruteurs ou « casteurs » de « Plus belle la vie » incapables d’embaucher un vrai Marseillais au Mistral ! Fiorito est un esthète du sarcasme rigolard. A la fin de l’envoi, il touche !
Le spectacle de Fiorito est, certes, encore perfectible car l’ancien journaliste doit se souvenir que le rire est contagieux et qu’il doit lui-même se marrer le premier de ses vannes pour entraîner en cascade celui des spectateurs. Il serait judicieux aussi qu’il sache mieux ménager ses effets en bâtissant un crescendo spectaculaire qui amène le public à rire à gorges déployées au fur et à mesure qu’il décline ses galéjades, ses couillonnades ou ses gaudrioles. On sourit, on rit, puis on s’esclaffe : tel est le bon tempo. Patrick Bosso a longtemps galéré avant de montrer l’exemple dans ce domaine et d’être reconnu comme le « blagueur » marseillais numéro un, celui du fou rire permanent mais aussi du faux-rire de ricochet.
Fiorito, lui, maîtrise parfaitement son dosage d’exagération et ses textes sont ciselés à la perfection, ce qui fait le charme de sa gouaille marseillaise. Mais il doit encore se « Galtiériser », comme l’entraîneur du PSG Christophe Galtier, qui a su faire oublier son accent par la persistance de son bon sens et la pertinence de ses choix. Ou si vous préférez le rugby, se « Galthiériser », comme Fabien Galthié, le sélectionneur de l’équipe de France, dont les conférences de presse et la résilience sont des modèles du genre bien au-delà de son Lot natal.
Lorsque l’ami Jean-Jacques aura acquis cette science théâtrale de la progression dans l’hilarité et dans le déroulement de la dramaturgie, il dépassera Bosso et pourra devenir une vedette du show-biz sans jamais se prendre la tête car ce n’est pas le genre de la maison Fiorito.
José D’Arrigo
Rédacteur en Chef du Méridional
Prochains spectacles de Jean Jacques Fiorito en duo avec Kamel à Paris pour la présentation de leur comédie intitulée : « Corona Bar ».