Préparation, récupération, travail physique et mental ! Milos Scepanovic, l’entraîneur du CNM, s’est confié sur le travail colossal qu’il effectue avec son équipe pour préparer au mieux la fin de saison. Au lendemain des Championnats du Monde à Doha et avec en ligne de mire les JO, le monténégrin, arrivé en 2017 à Marseille, a une grande confiance en son effectif. Entretien.
C’est la reprise vendredi en compétition nationale. Il y a une majorité de joueurs du Cercle qui étaient au mondial. Vous récupérez notamment un champion du monde, un vice-champion du monde, sept joueurs de l’équipe de France… Dans quel état avez-vous retrouvé vos joueurs ?
Milos Scepanovic : On a même treize joueurs de notre équipe qui ont été dans les huit derniers, tous qualifiés pour les JO. Bien sûr, la France et les Français avec une grosse réussite. Evidemment les joueurs sont contents, ils sont motivés. Mais ils sont en même temps épuisés. Les émotions positives apportent aussi des effets négatifs sur la concentration, sur le mental, sur la préparation pour la suite de la saison qui nous attend. Après on a un champion du monde, on a un vice champion du monde, c’est vraiment agréable. C’est quelque chose qui nous fait un grand plaisir de voir nos joueurs parmi les meilleurs du monde. Ce qui nous attend est quelque chose d’extrêmement dur. On ne peut pas changer le calendrier. Nous comme les autres on doit s’adapter. L’équipe qui va le mieux s’adapter va avoir le plus de réussite dans la saison. On a un très grand nombre de matchs dans une courte période. Ca va être extrêmement difficile de s’engager de nouveau dans l’effort qu’il faut pour obtenir des résultats. Je vois l’équipe très motivée mais en même temps, je les vois fatigués. Mais comme cela arrive après une grosse compétition comme les Championnats du Monde, il n’y a rien de bizarre. Ce qui me plait c’est qu’ils font vraiment un effort mental et physique pour se remettre à un rythme de compétition.
« C’est quelque chose qui nous fait un grand plaisir de voir nos joueurs parmi les meilleurs du monde »
Milos Scepanovic sur le retour de ses joueurs des Championnats du Monde à Doha.
Par rapport à cette fatigue que vous évoquez et à ce retour de compétition, avez-vous mis en place une préparation particulière ? Peut-être avez-vous axé le travail sur le mental ou la récupération en particulier ?
Milos Scepanovic : Dans la communication déjà, avec le staff médical on fait notre max pour optimiser l’état actuel. Mais honnêtement, il n’y a pas de formule proposée par la littérature sportive pour la situation actuelle. Franchement, ça va être extrêmement compliqué. On compte sur les joueurs, sur la confiance qu’on a construit avec l’équipe. On va avoir une approche individuelle, c’est sûr. On suit, on regarde chaque entraînement. A chaque moment d’entraînement, j’essaie de voir jusqu’où on peut aller, jusqu’où on peut pousser, ce qu’on peut appliquer. Parce que si on arrive pas à appliquer un petit programme de rappel, de développement, on ne sera pas prêt et tout le long de la Ligue des Champions on va subir, on va souffrir… Les joueurs sont vides après 15 jours si on ne parle que de Championnat du Monde. 15 jours de compétition, préparation, récup’, préparation. Ils sont vides. Ils ont besoin d’un bloc de développement mais on a pas assez de temps. On a pas assez de temps pour le repos, pas assez de temps pour travailler. Mais on a déjà tout dit. Je connais mes joueurs et je crois qu’ils vont tout donner pour se remettre en rythme. C’est le mental qui va jouer le rôle le plus important en ce moment.
« On peut encore se développer pour arriver au plus haut niveau »
Milos Scepanovic sur la capacité de son équipe à progresser encore à quelques jours de la reprise
Justement, vous évoquiez la Ligue des Champions. Vendredi vous êtes à Reims. Puis vous avez un énorme déplacement à Recco en Italie contre l’une des plus grosses équipes du monde. Triple fois champion d’Europe à la suite. Vous êtes au sein d’un très gros groupe pour ce finale 8. Quels sont vos objectifs en Europe ?
Milos Scepanovic : Très gros groupe pour les huit équipes. IL n’y a rien de facile. Pour cette occasion on a travaillé dur pendant de très nombreuses années. Ce n’est pas quelque chose que l’on craint. On est content d’être là. On regarde ce défi qui nous attend. J’espère que l’on va garder la même dynamique que l’on a eu dans la première partie de la saison où on a vraiment développer un super niveau de jeu. Une super dynamique avec notre public. On a eu la piscine pleine sur les deux derniers matchs. C’est quelque chose qui fait plaisir. Avec ce que les joueurs français ont fait aux Championnats du Monde je crois que le public va venir nous supporter pour encore se développer. Parce qu’on peut encore se développer pour arriver au plus haut niveau. Je suis sûr et certain qu’on va tout donner et que l’équipe va se donner. Ils sont très motivés. On a jouer contre Recco. Triple champion d’Europe d’affilé. Ca parle pour soit. On est des compétiteurs. On va aller se battre , ne rien lâcher. On attend, je ne peux pas dire avec impatience car on est vraiment épuisé en ce moment, mais je sais que les joueurs sont contents d’avoir des opportunités comme ça.
Dans cette équipe il y a un joueur qui a été au-dessus du lot au mondial. Thomas Vernoux, MVP, meilleur buteur. Son entraîneur en sélection, Florian Bruzzo, l’a placé dans une position un peu différente, sur le côté avec la possibilité de repiquer en pointe, c’est une possibilité avec le Cercle ?
Milos Scepanovic : C’est quelque chose qu’on a très peu fait dans le passé sachant ces qualités physiques, ces qualités de mouvement. Bien sûr, c’est une option. Mais la physionomie des deux équipes est un peu différente quand même, voire très différente. On essaie de répondre aux besoins de l’équipe. Ce qu’on a sur les autres postes ou ce qu’on a pas. C’est comme ça que s’est dirigé le staff de l’équipe de France, je fais pareil. Donc je vais essayer d’optimiser l’effectif que j’ai. Mais ça reste une possibilité ouverte.
« on est parmi les clubs les plus professionnels en ce moment en europe »
Milos Scepanovic sur l’envergure du Cercle des Nageurs de Marseille avec lequel il évolue depuis 2017
Vous êtes depuis 2017 au CNM. Gardien du temple à votre arrivée, vous êtes aujourd’hui l’entraîneur de cette équipe. Vous avez senti une évolution par rapport au water-polo notamment avec les JO qui arrivent en France ?
Milos Scepanovic : Complètement. Mais j’ai du mal à parler de cette évolution. Je préfère laisser juger les autres. Je vois cette évolution, j’en suis bien conscient. Déjà dans l’esprit d’équipe, on est parmi les clubs les plus professionnels en ce moment en Europe, je le dis sans hésitation. Mais le Cercle a toujours été un très grand club de water-polo avec une grande tradition. On se sert du moment avec tout le club, le staff, les personnes qui nous suivent. Je pense que même les joueurs ne se rendent pas compte quels nombres de personnes sont engagées sur le projet. Il y a beaucoup de monde qui reste dans l’ombre. Je crois que l’on est sur une très bonne voie et on espère tous que c’est juste une étape.
Interview réalisée par Rudy Bourianne
Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné du club phocéen et du sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.
X (ex-twitter) : @R_Bourianne