L’édito de José D’Arrigo – Le journal « La Provence » dans une situation critique

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Nos confrères du quotidien « La Provence » sont à la fois « inquiets et en colère ». Ils l’ont fait savoir clairement dans un communiqué unanime de leurs syndicats Force Ouvrière (Euro sud, Sud-Presse et Corse), Syndicat National des Journalistes et Confédération Générale du Travail. Les instances de représentation du personnel de « La Provence », c’est-à-dire les membres du comité économique et social, se sont réunis en urgence pour dénoncer « le danger grave et imminent » qui pèse sur l’entreprise.

De quoi s’agit-il ? De la survie pure et simple de ce journal. Normalement, la cession du journal à Xavier Niel, déjà actionnaire minoritaire, ou à son concurrent Rodolphe Saadé, patron de la compagnie maritime d’affrètement et de la compagnie générale maritime (CMA-CGM) devrait être actée ce 7 juin par le tribunal de Bobigny. L’offre de M. Saadé est sensiblement supérieure à celle de M. Niel et devrait logiquement aboutir mais M. Niel a déjà un pied dans la place en qualité d’actionnaire minoritaire, ce qui lui donne une indéniable priorité juridique.

Les journalistes et les représentants du personnel craignent, eux, que le journal soit frappé d’une procédure de sauvegarde qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Le mandataire financier a déjà prévenu le comité économique et social que la situation financière du journal ne cessait de se dégrader et qu’il convenait d’agir au plus vite pour faire cesser cette hémorragie financière et adopter un plan de relance efficace.

« Laissez cette cession aboutir en faveur de la CMA-CGM, il en va de l’avenir de deux journaux : la Provence et Corse-Matin », avertissent les syndicats qui ne supportent plus les manœuvres dilatoires de Xavier Niel pour bloquer la vente. Sur le plan politique, la CMA-CGM peut compter sur l’appui du président de la République qui a besoin d’un journal à sa dévotion pour réussir ce qu’il appelle « Marseille en grand ».

Certes, la plupart des journalistes ont déjà penché en sa faveur lors de la campagne des présidentielles et leur idéologie alterne entre celle de leurs aînés du « Provençal » (le socialisme tendance gauche caviar) ou l’islamo-gauchisme de Mélenchon. Cette hégémonie idéologique de la gauche médiatique dans une ville comme Marseille est insupportable depuis vingt cinq ans. Fort heureusement, la renaissance du « Méridional » vient aujourd’hui apporter un nécessaire contrepoids à cette mainmise gauchiste sur les médias écrits et audiovisuels de notre région.

Croyez-vous qu’Emmanuel Macron ait été reconnaissant envers ses fidèles serviteurs socialistes ? Point du tout. Le jeudi 2 juin, lors de sa visite d’une école à Marseille, un rendez-vous avait été pris par ses collaborateurs pour recevoir les syndicats de « La Provence ». Or, le rendez-vous a été annulé in extremis pour d’obscures raisons…

Il sait pourtant que dans le cas d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation judiciaire, les salariés et les journalistes seraient en grand danger et les garanties de remboursement de la dette du groupe Bernard Tapie deviendraient très aléatoires. Les syndicats supplient donc le tribunal de Bobigny « de prononcer la cession de La Provence à la CMA-CGM pour échapper à la procédure de sauvegarde et garantir le maintien des 850 emplois concernés ».

« Le Méridional » n’a évidemment pas vocation à s’immiscer dans une décision de justice, quelle qu’elle soit, mais nous souhaitons assurer nos confrères de notre solidarité et nous espérons, avec eux, que la meilleure solution sera trouvée pour sauvegarder cette institution marseillaise dont nous ne partageons pourtant guère les points de vue. Nous espérons aussi que Rodolphe Saadé, même s’il fait partie des proches du président de la République, saura insuffler à ce quotidien aujourd’hui socialo-socialiste une nouvelle impulsion éditoriale plus respectueuse de la réalité de l’opinion publique à Marseille. Car, ne l’oublions pas, si le tirage de « La Provence » s’est réduit comme peau de chagrin au fil des années, c’est aussi parce que la plupart des lecteurs potentiels ne se sentent plus concernés par son contenu…

Bon courage à nos amis de « La Provence » pour traverser cette pénible épreuve et inspirez-vous, s’il vous plaît, des articles du « Méridional » et vous verrez que votre lectorat fera un bond en avant significatif.

José D’Arrigo, rédacteur en Chef du Méridional