Extraordinaire figure que celle de Camille Claudel. Génie précoce découverte par les grands maîtres en un siècle où la femme n’était pas encore une artiste à part entière, elle connaît aujourd’hui l’aura qui lui a tant manqué de son vivant. Aux Baux-de-Provence, le musée Yves Brayer présente, du 12 mai au 13 novembre, une trentaine d’œuvres de Camille Claudel, prêtées notamment par des collectionneurs et par le fameux musée de Nogent-sur-Seine (Aube). L’occasion de se plonger dans la vie de l’artiste, indissociable de son œuvre.
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Ce sont trois enfants, dont deux génies, qui naissent dans cette famille bourgeoise. Camille est « l’enfant de substitution », venant en 1864 après la mort d’un tout jeune frère. Paul, futur écrivain, naît en 1868. Camille partage ses jeux et ses lectures d’enfance. L’âge et la carrière de l’écrivain les éloigneront.
Les débuts
Lorsque Camille Claudel croise Alfred Boucher pour la première fois, ce dernier a 29 ans. Il décèle dans cette jeune fille les prémices d’un génie, et conseille au père de Camille de lui faire donner une vraie formation. Elle restera influencée par ce maître. Mais c’est la rencontre avec Auguste Rodin – de vingt ans son aîné et auquel Boucher l’a confiée -, qui va révolutionner sa vie. Il a enfin gagné sa notoriété. Âgée d’une vingtaine d’années, Camille apprend tout à la fois l’art et la passion.
camille apprend l’art et la passion
Une « collaboratrice clairvoyante et sagace »
« Elle devient la collaboratrice clairvoyante et sagace, Rodin la mêle à ses propres travaux, la consulte sur tout, lui confie avec les directives du plus exigeant des maîtres, le soin de modeler les mains et les pieds des figures qu’il compose », souligne l’une des biographes de Rodin, Judith Cladel. Sublimées par l’amour, leurs créations se conjuguent à quatre mains. Pourtant, Camille trouve peu à peu un style bien personnel : portraits, mouvement (« La Petite Châtelaine », « La Valse »)…
« l’ÉlÈVE de rodin » entend être connue pour elle-même
La relation avec Rodin s’interrompt définitivement au crépuscule du siècle. « L’élève de Rodin » entend être connue pour elle-même, et s’installe dans un atelier parisien. Les commandes privées ne suffisent pourtant pas. A partir de 1903, la folie s’empare progressivement de Camille : elle vit recluse et commence à détruire ses œuvres.
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La réclusion et le déclin
La fin de la vie de Camille est triste : l’enfermement dans un asile, où sa famille ne vient pas la voir, achève la destinée d’une femme et d’une artiste exceptionnelle. C’est en 1943 seulement, qu’elle s’éteindra. Son génie sera redécouvert dans les années 1950, avec l’œuvre de Rodin. Le musée de Nogent-sur-Seine, ouvert en 2017, contribue à lui rendre l’hommage qu’elle mérite. Au musée Yves Brayer des Baux-de-Provence, l’exposition « géniale folie » offre un aperçu délicat et émouvant du talent de Camille Claudel.
Jeanne RIVIERE
« Camille Claudel, géniale folie », du 12 mai au 13 novembre 2022, Musée Yves Brayer, Les Baux-de-Provence.