La situation est loin d’être simple entre l’Irlande du Nord, le Royaume-Uni et l’Europe. Les tensions actuelles pourraient-elles mener à une « guerre commerciale » entre le voisin anglais et l’Union européenne ? La situation politique de l’Irlande du Nord se complique depuis la victoire du parti nationaliste Sinn Fein le 5 mai dernier, et le territoire devient le symbole de la crispation post-Brexit.
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A l’origine du différend, des paragraphes-clés du fameux « protocole » signé en vertu du Brexit : que prévoient ceux-ci ? L’instauration d’une frontière douanière entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. L’établissement de l’accord visait à éviter le retour d’une frontière physique en Irlande, mais aussi, de façon logique, à protéger le marché européen.
eviter le retour d’une frontière physique en irlande
Il y a quelques jours, la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a confirmé la remise en cause de ces accords. Londres veut supprimer le contrôle des biens destinés à l’Irlande du Nord venant de Grande-Bretagne. Un partage des données commerciales avec l’UE éviterait, selon l’exécutif britannique, la pénétration non-contrôlée du marché européen par la République d’Irlande.
Les incohérences de Boris Johnson
Il faut dire que le Premier ministre britannique Boris Johnson n’a rien anticipé comme il l’aurait dû : « J’ai signé le protocole. Mais j’espérais et je croyais que nos amis européens n’auraient pas nécessairement envie de le mettre en pratique », a-t-il argué lundi 16 mai depuis Belfast. Une bien piètre excuse.
protéger le marché européen
Si le gouvernement britannique se montre si pressé de régler la situation – au risque d’un conflit politique et économique avec l’Union européenne -, c’est que tout est bloqué en Irlande du Nord. Le DUP, parti unioniste démocrate, conditionne sa participation à l’exécutif après les élections législatives à un abandon pur et simple des accords initiaux du protocole. Le Sinn Fein, parti nationaliste sorti en tête de ces élections (et en faveur d’une réunification de l’île), ne demande pas de retour sur le protocole, mais ne peut choisir de Premier ministre dans ces conditions de non-participation du DUP.
tout est bloqué en Irlande du nord
Bruxelles inquiète, Londres se braque
Le gouvernement britannique pourrait bien choisir de réaménager dans son coins les accords du protocole. « Notre premier choix est une solution négociée, mais les discussions durent depuis dix-huit mois. Nous ne pouvons plus attendre, la situation en Irlande du Nord est délicate », a justifié Liz Truss. Si, pour cette dernière, les modifications unilatérales ne sont pas une « violation des engagements internationaux du pays », Bruxelles se montre inquiète. Reste à savoir ce que décideront les Européens si Londres décide bel et bien de jouer cavalier seul.
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le sinn fein ne peut nommer de premier ministre
En Irlande du Nord, le malaise plane
En Irlande du Nord, ce n’est pas la première fois que les habitants sont le jouet d’une impasse politique. Mais la situation quotidienne devient de plus en plus délicate : « L’inflation généralisée rend la vie difficile pour un certain nombre de foyers, nous rapporte une habitante de Belfast. J’ai connu toute la période des Troubles [conflit entre Unionistes et Nationalistes] ; rien de pourrait être pire qu’un retour de conflit… »
Raphaëlle PAOLI