Les lecteurs sont suffisamment familiers de la démocratie politique et capables d’en apprécier les agréments pour qu’il soit tentant de faire un parallèle avec la démocratie « économique ».
Dans les deux cas, il y a des « votants » et le même « suffrage universel ». Il est plus universel encore en économie car il n’y pas de condition d’âge. Les consommateurs – c’est-à -dire potentiellement tout le monde – achètent les « produits » qui leur conviennent parmi ceux proposés par « les offreurs ». Ceux-ci, en économie sont les industriels, prestataires de services et commerçants qui vivent plus ou moins bien selon que leurs produits sont plus ou moins appréciés.
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Ils peuvent même vivre très bien, sans même avoir besoin d’une majorité des « votants-consommateurs ». Ceux-ci s’engagent bien plus que par un simple bulletin de vote, puisqu’ils acceptent de dépenser leur propre argent. En compensation, s’ils sont mécontents, ils peuvent modifier leur choix instantanément. Tout le monde peut changer de restaurant plus vite que de député ou de maire…
l’offre économique est beaucoup plus concurrentielle que l’offre politique
Si le consommateur préfère épargner qu’acheter tout de suite, il peut attendre de trouver mieux. L’abstention en politique est possible mais ne permet pas de choisir le meilleur moment pour voter…
Il existe dans les deux cas une concurrence des vendeurs pour vanter et faire acheter leurs produits et services. Les « entrepreneurs politiques » vendent évidemment leurs services sous forme de « promesses électorales ». Elles sont crédibles ou douteuses en fonction de la compétence supposée des candidats et s’ils sont « sortants » jugées sur un bilan de mandat que les électeurs-consommateurs ont subi. Malheureusement il faut attendre la fin du mandat pour changer ou si l’on préfère, un élu ou une assemblée élue n’a pas de compte à rendre pendant toute la durée du mandat.
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Autre différence, le « vote » en économie est permanent : toute position économique peut être contestée à tout moment et non seulement à l’occasion d’élections, ce qui rend le marché plus sain car les acteurs doivent être beaucoup plus réactifs.
en économie, le vote est permanent
Dans un régime économique de concurrence, tout le monde peut proposer ses produits sous réserve du respect des règles du jeu économique. La publicité mensongère est punie, ce qui fait une différence avec le monde politique évidemment.
L’offre économique est ainsi beaucoup plus concurrentielle que l’offre politique : nul besoin d’être investi par un parti pour créer une entreprise ou ouvrir un commerce.
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Finalement la démocratie économique paraît mieux fonctionner : tout le monde peut participer, le système est plus souple, nul besoin d’un président omniscient pour diriger le tout !
Il existe certes des inconvénients comme le risque de manipulation. Est-ce seulement le cas en économie ? Nous reviendrons sur l’information des « clients ».
Pierre DUSSOL
Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.