La vie en commun – Lemon Tri, l’économie circulaire et solidaire en Région Sud

© Lemon Tri

« Les bons zestes » : c’est le réflexe que l’entreprise Lemon Tri veut faire adopter à tous. Mais cela ne se limite pas à une belle formule, vous allez le voir. Guillaume Pellegrin a ouvert en 2017 la filiale marseillaise de Lemon Tri. Le directeur nous détaille le rôle d’une entreprise désormais plus que jamais implantée dans la région.

En 2011, Augustin Jaclin et Emmanuel Bardin décident de créer Lemon Tri, après avoir voyagé dans un certain nombre de pays où les consignes étaient encore mises en place. Pourquoi pas en France ? Les deux amis ont conscience que les Français, s’ils trient pour la plupart chez eux, n’ont pas le réflexe en dehors – ou tout simplement, ne bénéficient pas assez de matériel qui les y encourage. Dès les premières années, Lemon Tri voit une forte croissance de son activité. En 2016, les fondateurs veulent ajouter un biais social au volet environnemental. Un parcours d’insertion dédié aux métiers de l’économie circulaire est créé. L’objectif : une cohérence qui fasse en sorte de « boucler la boucle » !

Des machines intelligentes

Dans les entreprises, les magasins, les campus, les collectivités, les hôtels, les transports, les restaurants, les lieux d’événements, les aéroports, les maisons de retraite, les stades, les centres commerciaux… La liste est longue ! Dans tous les endroits de vie, professionnelle ou de loisirs, les Français devraient trouver où et comment recycler leurs déchets. De la classique canette aux déchets industriels des entreprises, en passant par la bouteille en verre.

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Le but de Lemon Tri est d’imaginer et d’installer des machines de tri intelligentes (et incitatives) qui permettent d’optimiser les collectes et le traitement des déchets.

Marseille, première extension de l’entreprise

Le siège de l’entreprise est à Pantin (93500), mais Marseille a été la première filiale de Lemon Tri (avant Lille et Lyon), remportant le concours Med’Innovant, organisé par Euroméditerranée. Une vingtaine de personnes aujourd’hui (et entre 80 et 90 au niveau national) constitue l’équipe commerciale, logistique et les agents de collecte, mêlant les salariés permanents et les salariés en insertion.

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Lemon Tri a choisi de s’implanter dans les quartiers Nord de Marseille, puisque le constat est simple : il y a ici un taux de recyclage faible et un taux de chômage élevé : « Cela correspond aux deux missions que Lemon Tri s’est données : améliorer le recyclage, et résoudre à son niveau une question d’emploi », résume Guillaume Pellegrin.

Lemon Aide, une filiale de sens

« Lemon Tri a choisi de créer Lemon Aide, sa filiale d’insertion. Ce qui motive les salariés, c’est bien à la fois le côté économie circulaire et le travail par l’insertion économique. Cela fait partie de notre quotidien », souligne encore le directeur. Lemon Aide est le bras armé de Lemon Tri pour tout ce qui concerne la collecte. L’entreprise tient aussi à brasser hommes et femmes, ainsi que tous les âges (notamment des personnes de plus de 50 ans qui ont davantage de difficulté à retrouver un emploi) et des personnes en situation de handicap.

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Le fait de ne pas recruter en CDI pour établir un rythme de formation est clairement un défi : cela signifie recruter des salariés pour une durée courte, avec un effort d’accompagnement et de formation en parallèle. L’objectif est que les salariés en insertion prennent en main le poste et apprennent le métier, pour ensuite faire valoir cette expérience d’une durée de 8 à 12 mois en moyenne (comme chauffeur-livreur par exemple, ou encore en mécanique…) Le recrutement est exigeant, demandant une réelle implication des salariés en CDD.

L’expertise écologique de l’entreprise

« Des entreprises qui offrent les mêmes services que Lemon Tri, il n’y en a pas en Région Sud », explique Guillaume Pellegrin. Il faut dire que l’entreprise propose un conseil sur la réduction des déchets (notamment pour les PME), une collecte de ce qui est recyclable – ce qui ne l’est pas est sous-traité à des acteurs spécialisés sur le territoire. Le maître-mot est une réduction du déchet à la source, ce qui séduit beaucoup d’entreprises cherchant à réduire leur impact environnemental.

Le plus gros de l’activité se fait au niveau du secteur tertiaire : « On déroule une expertise à toutes les échelles. Les entreprises comme la CMA-CGM ou la Tour La Marseillaise, les Docks… nous font confiance », rapporte le directeur de la filiale marseillaise. Pour beaucoup de salariés, il n’est pas évident de s’y retrouver dans le tri sélectif ! Et la chaîne pour aller jusqu’à un recyclage-matière (ce que Lemon Tri garantit à ses clients) doit d’ailleurs prévoir les erreurs à chaque niveau… D’où l’importance de la communication et du volet pédagogique. « C’est là que l’on fournit un travail de qualité particulier », résume Guillaume Pellegrin.

La force du réseau

Lemon Tri a tissé un vrai réseau avec les entreprises et les partenaires (comme La Consigne de Provence, pour le réemploi des bouteilles en verre). « On n’est pas seuls dans notre coin, sourit le directeur ; on fonctionne par échanges et on bénéficie de soutiens, comme celui de la Région Sud. »

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Neuf entreprises (Les Alchimistes par exemple, qui collectent les biodéchets) ont décidé de se regrouper au sein d’un projet : l’idée est de se rassembler sur un même site dans les quartiers Nord de Marseille, pour développer une dynamique collective et complémentaire. Que des salariés en formation puissent intégrer une entreprise du projet, par exemple.

Ce côté « réseau » va d’ailleurs prendre de l’ampleur ces prochaines années, puisque le collectif (PHARE, acronyme pour « Pôle », « Humain », « Artisanat », « Recyclage », « Emploi ») a été labellisé « Pôle territorial de coopération économique » émergeant – le seul à en bénéficier en Région Sud. Qui verra un financement pour « mettre les bouchées doubles ».

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L’objectif est bien sûr de poursuivre le développement de la filiale, et d’encourager les gens au tri dès le premier échelon. Si Lemon Tri s’adresse aux entreprises (et aux lieux professionnels etc.), les citoyens prennent finalement partout le réflexe du « bon zeste » en étant bien guidés.

Jeanne RIVIERE