Drame de Furiani : le symbole de la reconnaissance, enfin

Les joueurs à la rescousse © DR

Enfin : ce jeudi 14 octobre, le Parlement, par un vote du Sénat, a acté définitivement la proposition de loi qui voulait qu’aucun match de football professionnel ne soit joué les 5 mai, en mémoire du terrible drame de Furiani du 5 mai 1992.

Retrouvez notre article publié le 5 mai 2021 : nous avions interrogé Jean-Paul Cappuri, journaliste à l’époque, blessé sur les lieux de l’accident.

Le 5 mai 1992 avait lieu en Corse le terrible drame de Furiani, qui faisait 18 morts et 2 357 blessés. 29 ans après cet accident, le combat continue pour faire du 5 mai un jour d’hommage où aucun match ne serait programmé à l’échelle nationale. La Ligue de Football Professionnel (LFP) n’a à ce jour pas accédé à cette demande. Les choses avancent tout de même dans ce sens, puisque par exemple en 2012, elle avait déplacé les matches du 5 mai au 7 mai.

Rappelons le contexte du drame : Bastia vient de se qualifier en demi-finale de coupe de France et va affronter Marseille à domicile. Jean-Paul Cappuri, alors journaliste et installé en haut de la tribune nord, se souvient et nous raconte : « C’était l’euphorie de se retrouver en demi-finale de coupe de France. Tout était prêt pour un grand match ». Mais à 20h23, 7 minutes avant le début du match, la partie haute de la tribune nord s’effondre. « Nous sommes passés de la joie au cauchemar ». Les personnes installées en haut de la tribune font une chute de 15 mètres. C’est le chaos, certains supporters envahissent le terrain afin de fuir la tribune. Une chaîne de solidarité se met en place avec les joueurs des deux équipes qui vont venir en aide aux supporters.

© DR

Sur les 36 journalistes présents en haut de la tribune, 4 sont décédés; les autres, dont Jean-Paul Cappuri, sont blessés à divers degrés. Les hôpitaux corses se retrouvent vite saturés devant le nombre de blessés qui affluent. Il faut en évacuer vers le continent à Nice et à Marseille. Dix ambulances sont également affrétées, mais c’est trop peu devant les milliers de personnes à secourir. Les plus touchées sont évacuées en urgence, les autres doivent patienter dans la souffrance. Le stade est à moitié détruit. Malgré ce drame, Bastia va vite se relever et reconstruire le stade en moins de deux ans.

Pour Jean-Paul Cappuri et toutes les personnes présentes ce jour-là, cela a été et reste un traumatisme avec lequel il a fallu apprendre à vivre. Il se souvient du lien particulier qui s’est tissé avec les journalistes ayant vécu le drame; selon ses mots, ces derniers sont devenus « plus que des amis ». Aujourd’hui à la retraite, Jean-Paul Cappuri a écrit le livre Tant de folie (paru fin avril 2021). Pour lui, c’est l’expression qui traduit le mieux la passion exacerbée que provoque depuis toujours le Sporting Club de Bastia. Après avoir suivi le Sporting durant plus de 40 ans et avoir été de toutes ses aventures, il livre dans cet ouvrage le récit de 50 matches « hors-normes » vécus au stade Armand-Cesari. Il revient sur tout : les victoires, les défaites, les soirées tumultueuses, les événements particuliers. Ce livre fait voyager le lecteur dans le temps, sur plus d’un demi-siècle d’histoire dans les entrailles de ce stade mythique.

Mayeul LABORDE

Jean-Paul Cappuri, Tant de folie, 188 pages, 49€, éditions Coletta (parution le 24 avril 2021).