Pompiers : « la sécurité civile est basée sur le volontariat »

De gauche à droite sur la photo : Richard Mallié, le contre-amiral Augier et le chef de corps Grégory Allione © Le Méridional

Depuis le 13 octobre et jusqu’au 16, le parc Chanot accueille le 127ème Congrès national des sapeurs-pompiers de France. Un événement important pour Marseille et son territoire, alors que les marins-pompiers et les sapeurs sont de plus en plus mobilisés chaque jour. Trop ? Quelques jours avant l’inauguration de ce rassemblement, Richard Mallié, président du SDIS 13, Grégory Allione, directeur du SDIS 13 et le contre-amiral Patrick Augier, commandant du bataillon des marins-pompiers de Marseille, étaient réunis pour parler des attentes des pompiers, et de leurs inquiétudes, à quelques jours du retour d’Emmanuel Macron dans la ville.

« Il y a les grands feux qui font parler des pompiers, mais il y a aussi tout le quotidien des pompiers », attaque le chef de corps Grégory Allione. Aujourd’hui, il faut dire que ceux que l’on appelait auparavant les « soldats du feu » sont mobilisés sur tous les plans : incendies et accidents (villes, forêts…), inondations, accidents de la route, mais aussi vaccination et gestion sanitaire du covid. Ils ont été au premier plan de celle-ci, quand rien n’était encore décidé, et que les autorités elles-mêmes restaient dans l’indécision. Dans certaines communes et petits villages, ils pallient l’absence des médecins.

Formés pour le risque, pas pour l’assistanat

Les pompiers sont formés pour l’urgence, pour le risque. Mais ils n’ont pas vocation à s’occuper de tous les accidents qui peuvent être gérés par d’autres acteurs. Et les trois hommes de citer quelques exemples parlants : le mari qui appelle les pompiers pour venir chercher sa femme prête à accoucher et prend tranquillement sa voiture pour les suivre alors que l’urgence n’est pas d’actualité ; le jeune qui se tord la cheville sur un terrain de foot… Le terme est un peu dur sans doute, mais réaliste : c’est une forme d’assistanat social qui ne dit pas son nom.

A côté de cela, il est indispensable de souligner que 80% des pompiers en France sont des volontaires, qui assurent 66% des interventions. « La sécurité civile est basée sur le volontariat », insiste Grégory Allione. Le système de volontariat a besoin de reconnaissance, économique notamment : des hommes et des femmes qui ont risqué leur vie pendant des années ne reçoivent, pour leur activité, et à titre de retraite, qu’une maigre compensation (en activité, moins de 10€ de l’heure). Une reconnaissance qu’il est temps de faire évoluer (cela est en cours au niveau des institutions de l’Etat).

« Les José Bové » d’aujourd’hui

Les missions des pompiers sont amenées à croître de plus en plus. « Nous, les pompiers, nous sommes les José Bové d’aujourd’hui », dit le directeur du SDIS 13 avec un demi-sourire : quand ils alertent sur la multiplication des catastrophes naturelles. De fait, ils sont de plus en plus appelés dans ce cadre-là, que ce soit pour le feu, on l’a vu cet été, ou les inondations. « Les autres départements nous apportaient leur aide durant les saisons difficiles ; mais à présent, ils doivent eux-mêmes rester mobilisés sur leur territoire », souligne Richard Mallié.

Sur quoi compter aujourd’hui ? Sur les élus qui leur font confiance, sur une réorganisation (le 112 comme numéro unique notamment), sur les changements décidés au niveau du gouvernement, sur tous les professionnels qui travaillent avec eux… et surtout, surtout, sur l’engagement des jeunes générations pour venir grossir le rang des volontaires. « Il n’y a rien à inventer, mais il y a à fidéliser et à mettre en lumière le volontariat », résume le contre-amiral Augier. La Grande Caserne est là pour ça.

Raphaëlle PAOLI