La Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur regorge de trésors. De belles pépites de villages transmettent l’histoire et les fiertés du territoire. Chaque dimanche de ce mois d’août, Le Méridional a choisi de mettre en valeur, après visite, un village de la région.
On est surpris, en arrivant à Lourmarin (Vaucluse), de se sentir si dépaysé, alors même que le village se trouve à 70 km de Marseille, un peu moins d’Avignon et seulement à une trentaine de kilomètres d’Aix-en-Provence. Au pied du massif du Luberon (les Lourmarinois ne s’accordent pas sur la prononciation du nom de ce massif montagneux qui s’étend sur plus de 60 kilomètres : « Luberon » ou « Lubéron » ?) et situé non loin de la Durance (affluent du Rhône), qui marque aussi la limite avec le département des Bouches-du-Rhône, il est entouré d’arbres fruitiers et d’oliviers.
L’histoire à Lourmarin a laissé des traces : dans son nom d’abord, dont l’origine n’est pas établie, mais qui aurait été forgé par les Romains ; et des traces concrètes : vestiges d’une nécropole de la période du Bronze, ruines de forteresses romaines. Au VIIème siècle, la vague sarrasine venue d’Espagne apporte la désolation. Et plus tard, au XVème siècle, le château est édifié sur les restes d’une ancienne forteresse ; il a été très bien restauré en 1921-1923 par les soins d’un érudit et industriel lyonnais Robert Laurent-Vibert, alors qu’il allait servir de carrière de pierres… Quelques façades de maisons de l’époque Renaissance peuvent être repérées par le visiteur attentif, avec de belles fenêtres à meneaux.
Idéalement placé, le village connaît au cours des siècles une intensification des échanges commerciaux, malgré le départ de familles protestantes en 1685 lors de la révocation de l’Edit de Nantes. Autre souvenir sombre : la peste de 1720 qui, bien connue dans la région, n’épargne pas le village. A la Porte de la Cordière, de la Chapelle, de la Terrasse et des Moulins, que l’on peut encore franchir, des veilleurs étaient chargés de contrôler les personnes qui entraient ou sortaient.
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Au XIXème siècle, Lourmarin bénéficie du renouveau économique qui est alors en cours dans toute la région. Le commerce est florissant grâce à l’essor de l’agriculture et de l’artisanat. Au XXème siècle, côté historique, le village est fier de signaler que des personnalités telles que le général de Gaulle, Churchill ou la Reine mère Elizabeth (mère de Elizabeth II) sont passées par là. Côté littérature, deux grands amoureux du village : les écrivains Henri Bosco (1888-1976 – Le mas Théotime) et Albert Camus (1913-1960). Ce dernier avait décidé de réaliser à Lourmarin son rêve de posséder une maison dans le sud, grâce à l’argent de son prix Nobel de Littérature, décerné en 1957. Ce sera une maison discrète située aujourd’hui au 23 rue Albert Camus. Les deux écrivains sont enterrés au cimetière du village.
Lourmarin compte aujourd’hui moins de 1500 habitants à l’année. Labellisé parmi les « Plus Beaux Villages de France », il fait partie des lieux où se rejoignent de façon sobre l’histoire et le charme de la Provence. Avant de repartir, on peut aller flâner dans les ateliers d’artistes, et faire une provision de « gibassiers de Lourmarin », biscuits à l’huile d’olive en forme de feuille (à ne pas confondre avec les gibassiers-fougasses sucrés comme on en trouve au Four de Navettes de Marseille).
Jeanne RIVIERE