Le maire socialiste de Marseille a commis deux fautes majeures en l’espace de quelques jours. La première a eu lieu le 8 mai dernier. Ce jour-là, pour la première fois depuis soixante-seize ans, le premier magistrat de la ville ne s’est pas déplacé sous l’Arc de Triomphe pour assister aux cérémonies de commémoration de la victoire du 8 mai 1945. Il a préféré se retrancher dans son bureau pour rendre hommage au 7ème régiment des Tirailleurs algériens qui a contribué, il est vrai, à la libération de Marseille en août 1944.
Est-ce une raison pour dédaigner une cérémonie officielle d’hommage à tous les soldats morts pour la Libération de la France, quelle que soit leur origine, leur provenance ou leur couleur de peau ? Pourquoi faire fi, entre autres, du sacrifice des hommes du Deuxième régiment des Cuirassiers, des soldats des Forces françaises de l’Intérieur et des Tirailleurs tunisiens et sénégalais qui sont tombés en grand nombre aux côtés des Tabors marocains et des soldats du 7ème régiment des Tirailleurs algériens commandés par le colonel Chappuis ?
Pourquoi cet hommage solitaire, parcellaire, sinon partial ? Ignorez-vous, M. Payan, que c’est le commandant René Valentin qui était à la tête du Deuxième bataillon du Troisième régiment des Tirailleurs algériens, et qu’il a été tué lui aussi en donnant l’assaut ? Savez-vous que le maréchal des Logis André Keck, chef du char Jeanne d’Arc, le brigadier Roger Guillot et le radio-chargeur Maurice Clément sont morts brûlés vifs lorsque leur char a été atteint par une grenade incendiaire place du colonel Edon, en contrebas de Notre-Dame-de-la-Garde ?
Ne croyez-vous pas que ces héros de la nation française méritent un hommage au moins équivalent à celui de leur frère d’armes Ahmed Litim, mort lui aussi à Marseille le 25 août 1944 sous le feu des occupants nazis ? En réalité, si vous privilégiez ce soldat algérien, ce n’est pas sans arrière-pensées. Vous affichez de nouveau une posture électorale, comme lorsque vous étiez prétendument le second derrière Mme Rubirola. Votre objectif masqué est évident : vous vous présentez aux élections départementales dans le Premier canton de Marseille et vous souhaitez mobiliser en votre faveur à la Belle de Mai et dans le 1er arrondissement l’électorat issu de l’immigration…
Indécrottables socialistes : ils ne songent qu’à leur réélection. Alors que la France combattante se prosterne comme un seul homme devant les stèles du souvenir, alors que tous les maires des communes du département participent avec recueillement aux cérémonies, M. Payan montre son souverain mépris. Les porte-drapeaux des anciens combattants n’en sont pas revenus. La place Jules Guesde était dans un état de saleté repoussante. « Les lieux étaient infestés d’excréments et d’urine et nous n’avions aucun support pour nos gerbes », témoigne le colonel Jean-Claude Baffie, animateur de plusieurs associations d’anciens combattants.
« Le monde combattant est outré de ce manque de respect envers nos morts et à l’égard de nos anciens qui se dévouent pour honorer la mémoire de leurs glorieux frères d’armes », ajoute le colonel Baffie. Les maires étaient présents partout, sauf à Marseille. Et savez-vous ce que Benoît Payan mijotait dans son bureau ? Il tramait un mauvais coup contre un ancien Maréchal de France.
Pas n’importe lequel. Thomas Bugeaud, le gouverneur qui organisa la conquête de l’Algérie et battit Abd el-Kader près de l’oued d’Isly au Maroc. Pour Benoît Payan, cette grande figure de l’histoire de France n’est qu’un « bourreau« . Il a donc décidé de débaptiser l’école Bugeaud, et de la rebaptiser du nom du soldat inconnu algérien Ahmed Litim. Au cœur de son canton. Pour des raisons électorales dissimulées derrière de grands principes gauchisants. Voilà sa seconde faute majeure.
Demain, il débaptisera peut-être pour d’obscures raisons la place du général De Gaulle, la rue Foch ou l’avenue Joffre. Et le conseil municipal gauchiste entérinera ses décisions indignes. Les généraux De Larminat, Guillaume, Besançon ou De Lattre, qui ont libéré Marseille, doivent se retourner dans leurs tombes … et, peut-être le soldat Ahmed Litim lui-même serait-il indigné d’être utilisé par des politiciens plutôt qu’honoré par ses pairs.
José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional